Par Brandon Smith – Le 9 novembre 2017 – Source alt-market.com
Il existe une corrélation malheureuse entre les crises, les catastrophes et la psychologie de masse. Pour ceux qui ont une mémoire décente remontant assez loin dans le passé, vous avez peut-être remarqué que la fréquence des attaques et des tragédies qui se déroulent aujourd’hui dans le monde s’est accrue bien au-delà de ce qui se passait il y a 10 ans. À tel point que beaucoup dans le public ont dépassé le mode de l’indignation et ont maintenant adopté celui du laisser-aller.
La question des tueries de masse, par exemple, a inspiré un débat fiévreux sur le droit de porter des armes à feu. Pas beaucoup plus. Bien que je sois heureux que les tentatives incessantes des gauchistes d’exploiter chaque tuerie comme un outil pour leur programme de confiscation des armes soient passées au second plan, je vois une tendance dans une autre direction qui est tout aussi dangereuse. Cette tendance est un mouvement vers l’acceptation que « ces choses arrivent », au lieu d’une discussion saine sur de vraies solutions (et imposer plus de contrôle sur les armes à feu ne fait pas partie des solutions).
Il y a dix ans, la tuerie de Las Vegas aurait inspiré les médias et les discussions sur les réseaux sociaux et dans la société en général pendant au moins un an. Maintenant, l’histoire disparaît en deux semaines et elle est remplacée par dix autres. Je serais surpris que la dernière tuerie dans une église au Texas, au cours de laquelle 26 personnes ont été tuées, reste sur les chaînes d’informations pendant plus de quelques jours.
D’où vient ce laisser-aller ?
C’est un problème complexe, mais je pense que c’est lié à l’état de déclin dans une société en particulier. Dans le livre « The Undiscovered Self » de Carl Jung, l’auteur mentionne une constante au sujet de la sociopathie latente et de la psychopathie dans la plupart des cultures. Peut-être 10% des personnes au sein d’une société sont des sociopathes latents et des psychopathes, seulement 1% ou même moins en sont de vrais représentants. La plupart des personnes qui ne le sont qu’à l’état latent ne deviendront jamais vraiment dangereuses si elles vivent dans une culture saine et moralement équilibrée. En fait, ceux qui ont des traits de sociopathie intrinsèques peuvent devenir des êtres humains très performants, aptes à embrasser des carrières que beaucoup d’autres personnes évitent (chirurgiens et militaires de carrière en sont deux exemples).
Cependant, en cas de pourriture culturelle et de dégradation des principes, les influences environnementales entrent en jeu et les sociopathes / psychopathes latents ont le potentiel de muter en quelque chose de beaucoup plus dangereux. Jung examine cette dynamique comme une explication du déclin soudain et accéléré de l’Allemagne dans les années 1920 et 1930 dans le totalitarisme et le relativisme moral. Quand le 1% dérangé mentalement devient 10% ou plus, des nations entières peuvent être entraînées dans l’abîme.
Comme une épreuve de vérité, je trouve qu’il est utile de regarder la culture populaire quand on essaie de déterminer si une société est sur le point de s’effondrer dans une singularité de relativisme moral, parce que la culture populaire reflète souvent ces éléments plus honnêtement que les supposés « experts ». En examinant l’Allemagne avant sa chute, je recommande d’étudier les films de Fritz Lang ; en particulier son film M le Maudit, sorti en 1931, qui dépeint un tueur en série avec un penchant pour les enfants, mis en jugement par un groupe de criminels interlopes, non pas parce qu’ils abhorrent ce qu’il fait pour des raisons morales, mais parce que ses activités attirent trop l’attention non désirée des autorités sur leurs propres entreprises criminelles. Si le monde sombre de M le Maudit ne montre pas parfaitement le déclin de l’Allemagne, je ne sais pas ce qu’il fait.
Aujourd’hui, nous sommes constamment baignés dans une culture populaire qui penche vers un relativisme moral ; des histoires dans lesquelles les héros doivent devenir des monstres afin de vaincre d’autres monstres supposés pires. À un autre niveau, notre culture populaire nous dit que ce sont seulement les héros fantastiques, supers puissants et en cheville avec le gouvernement qui ont la capacité d’influer sur le changement et d’empêcher le désastre. De manière sous-jacente, cela ressemble au récit d’une défaite ; l’idée qu’il n’y a rien que la personne moyenne puisse faire. Et, bien sûr, nous sommes aussi bombardés d’histoires dans lesquelles la gloutonnerie et la décadence sont applaudies alors que quiconque prend une voie plus responsable est dépeint comme malheureux ou sans joie sur le long terme.
Traduisez ceci avec la tendance qui se développe, ces fusillades de masse tout autour du monde et la réaction du public. À une extrémité du spectre, dans le passé, la gauche sociopathe considérait les tueries de masse comme une occasion de renforcer le contrôle politique contre les défenseurs du droit de port des armes à feu, dans le but de parvenir à un désarmement total. Ces gens ne se soucient pas des morts, encore moins de la logique, ils se soucient seulement de faire avancer leur programme. Ils voient le pouvoir du gouvernement comme la réponse à tous les problèmes.
Si vous reprenez des exemples comme les attaques de Paris ou de Mumbai et démontrez à ces adeptes de la confiscation des armes à feu que le désarmement [des citoyens, NdT] a rendu les fusillades plus faciles pour les criminels et les terroristes, ils n’écouteront pas. De toute évidence, si des citoyens, y compris les policiers hors-service, avait été armés à Paris, l’attaque aurait pu être arrêtée beaucoup plus tôt.
Dans le cas du tireur de l’église près de San Antonio, cette attaque a été interrompue par un voisin armé qui a utilisé son fusil pour repousser Devin Kelley, le forçant à s’échapper dans son véhicule. Si ce voisin n’avait pas été armé, le massacre aurait pu durer beaucoup plus longtemps. Si l’une des personnes au sein de l’église avait été armée, l’attaque aurait pu se terminer en quelques secondes, comme nous l’avons vu à Denver en 2007.
Maintenant, comme je l’ai dit plus tôt, il y a des sociopathes dans la gauche politique qui cherchent à profiter de ces scénarios, mais ces gens se sont récemment écartés du droit chemin. Sur la droite politique, malheureusement, j’ai vu une autre forme de sociopathie se lever, certains soutenant que tous les gens dans l’église de San Antonio qui n’étaient pas armés « méritaient de mourir ». C’est une mentalité tout aussi dangereuse que les manipulations à gauche. Si le mouvement de la liberté lui-même met de côté l’empathie et recourt à des méthodes sensationnalistes ou de relativisme moral pour faire avancer un agenda politique, alors nous ne faisons que précipiter la chute de notre culture, et non la protéger. Et, nous ne serions pas meilleurs que les voyous gauchistes du désarmement que nous abhorrons.
Entre ces deux extrêmes se trouve une masse coagulée de gens qui ne se soucient pas beaucoup de ces catastrophes tant qu’elles ne les concernent pas. Ce sont des gens qui ne sont pas intéressés par des solutions et qui ne veulent vraiment rien entendre à ce sujet. Ce sont ces gens qui ont tendance à devenir des débris flottant sur les marées de l’histoire ; leur manque d’intérêt finira par venir les hanter dans le futur.
Donc, si ce sont de mauvaises manières d’aborder le problème des tueries de masse, alors quelles sont les bonnes ?
Je pense qu’il est vital que les Américains, en particulier, conservent de l’empathie et se soucient des victimes de ces événements. La solution aux fusillades de masse est clairement une population responsable armée. Selon toutes les statistiques sur les tireurs actifs, la défense par les citoyens est le seul facteur qui semble faire une grande différence. Mais pour convaincre de plus en plus de gens de cela, il faut un niveau de conscience et d’empathie qui inspire la confiance, et peut-être la fraternité. Quand les gens savent que vous ne vous foutez pas éperdument d’eux et que vous ne poursuivez pas simplement un programme comme la gauche politique le fait, il est plus probable qu’ils écouteront ce que vous avez à dire.
Comme je l’ai noté dans mon article « Comment arrêter toutes les fusillades de masse« , l’attaque de Las Vegas a été organisée par quelqu’un qui était assez intelligent pour éviter un engagement à bout portant dans une ville et un État où les armes à feu dissimulées sont très courantes. Les attaques à bout portant sont de loin les plus fréquentes car elles sont généralement tentées par des personnes peu entraînées ou parce que les agresseurs sont relativement certains que leurs victimes seront désarmées dans la zone qu’elles ont choisie (zones sans armes).
L’attaquant de Vegas (ou les attaquants) a choisi d’utiliser des tactiques de type « tireur d’élite » pour prolonger le massacre. Cependant, ce que cela montre, c’est qu’une population armée est un facteur de risque pour le tireur ou un obstacle à la planification d’une attaque. Avec des forces de sécurité bien entraînées et armées qui surveillent les événements majeurs et une population également armée, il se peut qu’il n’y ait plus jamais de tueries de masse.
C’est ce dont les Américains devraient parler, mais en pratique, il n’y a pas de discussion sur cette solution au problème. Est-ce un symptôme d’effondrement imminent de notre société ? Peut-être. S’il y a eu une tâche honorable pour le mouvement de la liberté aujourd’hui, c’est d’inspirer des solutions et de maintenir un équilibre moral. Ces fusillades et autres événements de crise ne devraient pas être oubliés dans la semaine. Ils devraient à tout le moins être le point de départ d’un processus d’apprentissage, un moyen par lequel nous évoluons dans notre mode de vie, devenons plus autonomes et, par extension, plus en sécurité.
Si vous n’êtes pas un défenseur de la dissimulation [des armes, NdT] ou du port visible, vous devriez l’être. Si vous comprenez que la majorité des événements de tuerie de masse arrêtés le sont par des citoyens lambdas armés, alors la suite logique devrait être votre désir de devenir l’un de ces citoyens. En attendant, ce n’est pas à nous qui sommes constamment armés d’invectiver les victimes désarmées comme si elles « méritaient ce qui leur arrive ». Leur échec est aussi notre échec. Car si nous ne travaillons pas avec diligence pour convaincre les autres de l’importance de la légitime défense citoyenne, nous contribuons aux conditions qui ont conduit à ces massacres.
Il existe des méthodes pour endiguer la marée de l’effondrement social. Il y a réellement des solutions. Elles commencent par l’idée que chaque individu doit agir chaque jour avec des petites et des grandes actions. Le laisser-aller et la zéloterie sont les ennemis, ainsi que ceux qui encourageraient de telles mentalités.
Brandon Smith
Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker francophone