Après une frappe ATACMS étasunienne sur une cible stratégique, la Russie annonce des représailles


Par Moon of Alabama – Le 11 décembre 2024

Il y a cinq jours à peine, je postulais que les États-Unis avaient mis fin aux frappes ATACMS ukrainiennes sur la Russie.

Aujourd’hui, cette affirmation s’est révélée prématurée :

Status-6 @Archer83Able – 13:24 UTC – Dec 11, 2024

Les restes d’un missile balistique MGM-140 ATACMS de fabrication américaine gisant dans la rue, dans la ville russe de Taganrog, après les frappes ukrainiennes de la nuit dernière.

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D’après les informations disponibles, la cible était le 325e atelier de réparation aéronautique situé à proximité de la base aérienne de Taganrog-Tsentralny.

C’est à Taganrog, sur la côte nord de la mer d’Azov, dans l’oblast russe de Rostov, que se trouve le siège de la Beriev Aircraft Company. Cette société est bien connue pour la construction d’hydravions amphibies.

Mais elle produit également l’avion Beriev 100, qui est la version russe d’un système d’alerte précoce et de contrôle aérien (AWACS). L’usine revêt donc une importance stratégique.

Le ministère russe de la défense a reconnu l’attaque mais a affirmé qu’elle avait échoué :

Au cours de l’enquête, il a été établi de manière fiable que six missiles balistiques ATACMS de fabrication américaine ont été utilisés.

Deux missiles ont été abattus par le système de défense antimissile Pantsir, tandis que les autres ont été déviés par la guerre électronique.

La chute de fragments de missiles a fait des victimes parmi le personnel. Il y a eu peu de dégâts, deux bâtiments sur le territoire technique de l’aérodrome et trois unités de véhicules militaires, ainsi que des véhicules civils dans le parking adjacent à l’aérodrome ont été légèrement endommagés (fendus par des éclats d’obus).

Cette attaque avec des armes occidentales à longue portée ne restera pas sans réponse et des mesures appropriées seront prises.

L’Ukraine n’est pas en mesure d’utiliser des missiles ATACMS à longue portée sans les renseignements et les informations de ciblage fournis par les systèmes et les spécialistes américains.

L’avertissement lancé aujourd’hui aux citoyens russes d’éviter de se rendre aux États-Unis et en Europe pourrait être lié à cette escalade :

Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, a exhorté mercredi les citoyens à « s’abstenir de voyager aux États-Unis, au Canada et, à quelques exceptions près, dans les pays de l’Union européenne » pendant la période de Noël.

Elle a ajouté que ceux qui voyageraient risqueraient d’être « traqués » par les autorités américaines.

« Dans le contexte de la confrontation croissante des relations russo-américaines, qui sont au bord de la rupture par la faute de Washington, les voyages aux États-Unis à titre privé ou par nécessité officielle comportent de sérieux risques », a déclaré Mme Zakharova.

La nouvelle frappe ATACMS intervient un jour après que le président russe Vladimir Poutine a réaffirmé la valeur stratégique du missile hypersonique Oreshnik :

Lorsqu’il y aura suffisamment de missiles Oreshnik, la Russie n’envisagera plus l’utilisation d’armes nucléaires, a déclaré le président Vladimir Poutine lors d’une réunion du Conseil de la société civile et des droits de l’homme.

« Nous améliorons notre doctrine nucléaire, nous ne la renforçons pas. En fait, nous devons maintenant améliorer le missile Oreshnik, et non la doctrine nucléaire », a fait remarquer Poutine.

« Si nous y regardons de plus près, une quantité suffisante de ces systèmes d’armes de pointe éliminera en fait la nécessité d’utiliser des armes nucléaires », a-t-il expliqué.

Les États-Unis ont d’abord espéré que la Russie ne possédait pas d’autre missile Oreshnik que celui qui a été testé lors d’une frappe sur l’usine ukrainienne de missiles Iouchmach il y a trois semaines.

Cet espoir a toutefois été démenti depuis :

À la suite de la première utilisation au combat du missile balistique à portée intermédiaire Oreshnik par la Russie, le 21 novembre, la direction principale du renseignement du ministère ukrainien de la défense a publié une évaluation de la capacité de production de l’industrie russe pour le nouveau système d’armement. On estime que la Russie peut produire jusqu’à 25 missiles Oreshnik par mois, ce qui équivaut à une production de 300 missiles par an.

Après l’attaque ATACMS (ratée) d’aujourd’hui, les États-Unis savent ce qui les attend :

La Russie pourrait bientôt cibler l’Ukraine avec un autre de ses nouveaux missiles hypersoniques Oreshnik, ont déclaré mercredi deux responsables américains, après que Moscou a utilisé pour la première fois l’une de ces armes lors d’une attaque le mois dernier.

« La Russie a fait part de son intention de lancer un autre missile Oreshnik expérimental sur l’Ukraine, potentiellement dans les jours à venir », a déclaré l’un des responsables sous couvert d’anonymat.

Les cibles d’une riposte russe se trouveront probablement – pour l’instant – en Ukraine.

C’est pourquoi les responsables américains ne semblent pas s’inquiéter, ou seulement un peu :

« Toutefois, ce missile ne change pas la donne sur le champ de bataille, mais vise à intimider l’Ukraine et ses alliés. L’Oreshnik, avec son ogive plus petite et sa disponibilité limitée, n’est pas susceptible de modifier le cours du conflit », a déclaré le fonctionnaire.

Un deuxième responsable américain a également minimisé l’impact potentiel du missile, affirmant que Moscou ne disposait que d’un nombre limité de missiles.

La Russie est donc à court de missiles ? Depuis mars 2022 ? Quand ces idiots apprendront-ils quelque chose ?

Plus les États-Unis douteront des effets des fléchettes en métal trempé frappant à MACH 10 et de la disponibilité du missile Oreshnik, plus la Russie aura besoin de frapper une véritable cible américaine.

L’installation de missiles de croisière à portée intermédiaire contrôlée par les États-Unis en Pologne pourrait bien être une bonne cible, mais d’autres pourraient tout aussi bien l’être.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

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