Les États-Unis ont mis fin aux frappes ATACMS ukrainiennes sur la Russie


Par Moon of Alabama – Le 6 décembre 2024

Comme les nouvelles frappes ATACMS sur la Russie semblent avoir cessé, cette chronologie est intéressante.

18 novembre :

Les États-Unis autorisent l’Ukraine à utiliser des missiles ATACMS contre des cibles en Russie :

Ce revirement de politique, près de 1 000 jours après le début de l’invasion massive de l’Ukraine par la Russie, intervient en grande partie en réponse au déploiement par la Russie de troupes nord-coréennes pour compléter ses forces, un développement qui a suscité l’inquiétude de Washington et de Kiev, ont déclaré à Reuters un responsable américain et une source au fait de la décision.

[Note : Rien ne prouve que des troupes nord-coréennes aient été déployées par la Russie à proximité de l’Ukraine].

19 novembre et 20/21 novembre :

L’Ukraine frappe un dépôt de munitions dans l’oblast russe de Briansk, loin de toute ligne de front, ainsi que des installations militaires dans l’oblast russe de Koursk :

Le 19 novembre, six missiles balistiques tactiques ATACMS produits par les États-Unis et, le 21 novembre, au cours d’un assaut combiné de missiles impliquant des systèmes Storm Shadow britanniques et des systèmes HIMARS produits par les États-Unis, ont touché des installations militaires à l’intérieur de la Fédération de Russie dans les régions de Briansk et de Koursk.

L’incendie du dépôt de munitions de la région de Briansk, provoqué par des débris de missiles ATACMS, a été éteint sans faire de victimes ni de dégâts importants. Dans la région de Koursk, l’attaque a visé l’un des postes de commandement de notre groupe Nord. Malheureusement, l’attaque et la bataille de défense aérienne qui s’en est suivie ont fait des morts et des blessés parmi les unités de sécurité du périmètre et le personnel d’entretien.

21 novembre :

La Russie tire un nouveau missile doté d’ogives cinétiques hypersoniques sur un complexe militaro-industriel à Dnipro :

En réponse au déploiement d’armes à longue portée américaines et britanniques, les forces armées russes ont mené, le 21 novembre, une frappe combinée sur une installation du complexe industriel de défense ukrainien. Sur le terrain, nous avons également testé l’un des derniers systèmes de missiles russes à moyenne portée, en l’occurrence un missile balistique hypersonique non nucléaire que nos ingénieurs ont baptisé Oreshnik. Ces essais ont été couronnés de succès et ont permis d’atteindre l’objectif visé par le lancement. Dans la ville de Dniepropetrovsk, en Ukraine, l’un des plus grands et des plus célèbres complexes industriels de l’ère soviétique, qui continue à produire des missiles et d’autres armements, a été touché.

23 et 25 novembre :

L’Ukraine poursuit ses frappes ATACMS contre des cibles en Russie :

Le 23 novembre, l’ennemi a tiré cinq missiles opérationnels-tactiques ATACMS de fabrication américaine sur une position d’un bataillon antiaérien S-400 près de Lotarevka (à 37 kilomètres au nord-ouest de Koursk).

Au cours d’un combat surface-air, l’équipage d’un AAMG Pantsir protégeant le bataillon a détruit trois missiles ATACMS, dont deux ont atteint leur cible.

Un radar a été endommagé par la frappe. Il y a des blessés parmi le personnel. [Radar en maintenance semble-t-il, NdSF]

Le 25 novembre, le régime de Kiev a procédé à une nouvelle frappe avec huit missiles opérationnels-tactiques ATACMS sur l’aérodrome de Kursk-Vostochny (près de Khalino). Sept missiles ont été abattus par les systèmes S-400 SAM et Pantsir AAMG, un missile a atteint la cible assignée. Deux militaires ont été légèrement blessés et des objets d’infrastructure ont été légèrement endommagés par des débris de missiles.

Après enquête sur les sites attaqués, il a été confirmé que les FAU ont effectué des frappes avec des missiles opérationnels-tactiques ATACMS fabriqués par les États-Unis.

27 novembre :

Le général russe Valery Gerasimov s’entretient par téléphone avec le général CQ Brown, président de l’état-major interarmées :

Le général Valery Gerasimov est à l’origine de l’appel téléphonique de mercredi dernier avec le général CQ Brown, président de l’état-major interarmées, afin de lui transmettre cet avertissement et de discuter de l’Ukraine et de la manière d’éviter toute erreur de calcul entre les États-Unis et la Russie dans le cadre de ce conflit en cours.

28 novembre :

Poutine annonce la réponse aux frappes des 23 et 25 novembre :

La nuit dernière, nous avons mené une frappe globale en utilisant 90 missiles de ces classes et 100 drones, atteignant avec succès 17 cibles. Il s’agissait d’installations militaires, de sites de l’industrie de la défense et de leurs infrastructures de soutien. Je tiens à souligner une fois de plus que ces frappes ont été menées en réponse aux attaques continues contre le territoire russe à l’aide de missiles ATACMS américains. Comme je l’ai dit à maintes reprises, de telles actions entraîneront toujours une réponse.

Il semble que le message de la Russie soit enfin parvenu à son destinataire.

5/6 décembre :

Lors d’une nouvelle attaque contre la Russie, l’Ukraine a utilisé des drones à voilure fixe, mais pas de missiles ATACMS :

La nuit dernière, les forces armées russes ont déjoué une nouvelle tentative du régime de Kiev de lancer une attaque terroriste à l’aide d’un drone à voilure fixe contre les installations de la Fédération de Russie.

Trente-trois drones ukrainiens ont été interceptés par des systèmes de défense aérienne alertés au-dessus de la région de Koursk. Quatorze drones ont été abattus au-dessus du territoire de la région de Voronej, onze au-dessus de la région de Koursk, sept au-dessus de la région de Belgorod et un au-dessus de la République de Crimée.

En outre, l’aviation navale de la flotte de la mer Noire a détruit deux véhicules de surface sans équipage qui se dirigeaient vers la péninsule de Crimée dans les eaux de la mer Noire.

Depuis l’appel téléphonique de Gerasimov (et le discours de Poutine), AUCUN rapport n’a fait état de nouvelles frappes ATACMS (ou Storm Shadow) sur la Russie !

Lors de l’annonce des dernières frappes, M. Poutine a également décrit les effets des frappes de missiles hypersoniques :

Le système déploie des dizaines d’ogives à tête chercheuse qui frappent la cible à une vitesse de Mach 10, ce qui équivaut à environ trois kilomètres par seconde. La température des éléments d’impact atteint 4 000 degrés Celsius, ce qui se rapproche de la température de surface du soleil, qui est d’environ 5 500 à 6 000 degrés.

Par conséquent, tout ce qui se trouve dans l’épicentre de l’explosion est réduit en morceaux, en particules élémentaires, et se transforme essentiellement en poussière. Le missile est capable de détruire même des structures fortement fortifiées et situées à des profondeurs importantes.

Au cours de plusieurs interviews accordées ces derniers jours, le professeur Ted Postol du MIT a exprimé son désaccord (vidéo) avec l’affirmation de Poutine. Postol décrit les impacts de l’Oreshnik comme des explosions superficielles peu profondes d’une force équivalente à environ 1,5 fois le poids d’un explosif TNT. Avec un poids d’ogive estimé à 100 kilogrammes, l’impact de chacune des 36 ogives de l’Oreshnik ne serait pas plus important que celui d’une petite bombe ordinaire. Cela les rendrait pratiquement inutiles contre tout ce qui n’est pas des cibles de grande surface.

Je doute que Postol ait bien compris :

  • Poutine est généralement très bien informé et n’a pas l’habitude de faire de fausses déclarations. S’il affirme que les ogives Oreshnik ont des capacités de pénétration en profondeur, il est probable qu’elles en aient.
  • Cela n’aurait guère de sens pour les Russes de faire la démonstration de l’Oreshnik sur des cibles renforcées, comme le sont les bunkers de l’usine de machines de Yuzhmash, s’il n’avait pas d’effets significatifs sur ces cibles. Il s’agirait d’un bluff qui pourrait être et serait immédiatement annulé par le spécialiste du Pentagone inspectant les lieux et observant les effets.
  • Les États-Unis prennent la frappe au sérieux. Ils ont réagi en cessant de soutenir d’autres frappes ATACMS ukrainiennes sur la Russie.

Les experts en armement comme Postol ont peu d’expérience des projectiles hypersoniques, qui frappent à une vitesse dix fois supérieure à celle du son. Je pense que son évaluation est sincère. Il applique également les mises en garde nécessaires. Mais je doute que lui, comme la plupart des autres experts, ait une expérience suffisante des effets des projectiles hypersoniques de type fléche pour étayer davantage ses affirmations.

Je recommande donc, ne serait-ce que par excès de prudence, de supposer que les affirmations russes sur les capacités de destruction de bunkers des missiles Oreshnik sont bien réelles.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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