Les prémices de la guerre en Ukraine. Le 18 février 2022


Par Moon of Alabama – Le 18 février 2023

Le 18 février 2022, un vendredi, la Russie s’est alarmée de la forte augmentation des bombardements dans le Donbass :

MOSCOU (Reuters) – Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’est alarmé vendredi de la forte augmentation des bombardements dans l’est de l’Ukraine et a accusé la mission spéciale de surveillance de l’OSCE de passer sous silence ce qu’il considère comme des violations ukrainiennes du processus de paix.

Les forces gouvernementales ukrainiennes et les séparatistes pro-russes s’affrontent depuis 2014 dans la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, dans un conflit qui, selon Kiev, a fait quelque 15 000 morts.

Washington et ses alliés ont fait craindre que la recrudescence des violences dans le Donbass ne fasse partie d’un prétexte russe pour envahir l’Ukraine. Les tensions sont déjà élevées en raison du renforcement militaire russe au nord, à l’est et au sud de l’Ukraine.

Moscou dément planifier une invasion.

« Nous sommes très préoccupés par les rapports de ces derniers jours – hier et avant-hier, il y a eu une forte augmentation des tirs d’obus utilisant des armes interdites par les accords de Minsk« , a déclaré M. Lavrov, en référence aux accords de paix visant à mettre fin au conflit.

Les milices des républiques du Donbass ont commencé à évacuer les civils :

Les séparatistes soutenus par la Russie ont fait monter les civils dans des bus pour les évacuer des régions séparatistes de l’est de l’Ukraine vendredi, un tournant choquant dans le conflit. L’Occident estime que Moscou prévoit d’utiliser ce conflit pour justifier une invasion totale de son voisin.

Les sirènes d’alerte ont retenti à Donetsk après que cette région et l’autre « République populaire » autoproclamée de Louhansk ont annoncé l’évacuation de centaines de milliers de personnes vers la Russie, les femmes, les enfants et les personnes âgées passant en premier.

Quelques heures plus tard, une jeep a explosé devant le bâtiment du gouvernement rebelle dans la ville de Donetsk, capitale de la région du même nom. Des journalistes de Reuters ont vu le véhicule entouré d’éclats d’obus, une roue ayant été projetée par l’explosion. Les médias russes ont déclaré qu’il appartenait à un chef de milice.

Le gouvernement ukrainien a déclaré qu’il ne prévoyait aucune offensive et qu’il ne visait en aucune façon les civils.

De nombreuses réunions et appels ont eu lieu entre les dirigeants « occidentaux » et Lavrov et Blinken ont accepté de se rencontrer :

Antony Blinken doit rencontrer le ministre russe des affaires étrangères, Sergei Lavrov, la semaine prochaine, alors que le secrétaire d’État américain a prévenu que la crise en Ukraine était un « moment de péril pour la vie et la sécurité de millions de personnes« .

Le département d’État américain a déclaré jeudi soir que M. Blinken avait accepté une invitation à rencontrer M. Lavrov à condition qu’il n’y ait pas d’invasion de l’Ukraine. Cette démarche permet d’espérer que les canaux diplomatiques restent ouverts, alors que les avertissements américains d’une invasion imminente se font de plus en plus insistants.

« S’ils envahissent l’Ukraine dans les prochains jours, il sera clair qu’ils n’ont jamais été sérieux en matière de diplomatie« , a déclaré Ned Price, porte-parole du département d’État. M. Blinken a déclaré plus tôt dans la journée de jeudi qu’il avait envoyé une lettre à M. Lavrov pour lui proposer une rencontre en Europe.

Une nouvelle série de réunions entre les dirigeants occidentaux commence vendredi, avec le président américain, Joe Biden, qui organise une conférence avec les dirigeants du Canada, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, de la Pologne, de la Roumanie, de la Grande-Bretagne, de l’Union européenne et de l’OTAN.

La vice-présidente américaine, Kamala Harris, doit également arriver à Munich pour plusieurs jours de discussions avec des dirigeants du monde entier, dont le chancelier allemand, Olaf Scholz, la ministre britannique des affaires étrangères, Liz Truss, et le président ukrainien, Volodymyr Zelenskiy.

Le président russe Vladimir Poutine a tenu une réunion avec le Conseil de sécurité de la Russie.

La discussion a porté sur la situation autour de l’Ukraine et sur les tensions croissantes qui sont provoquées par des forces extérieures. Le Président a informé les participants à la réunion, de manière très détaillée, de ses contacts internationaux de la semaine, y compris les réunions en face à face et les conversations téléphoniques. Ils ont également échangé des opinions sur les garanties de sécurité pour la Russie.

Poutine a également eu un entretien avec le président du Belarus, Alexandre Loukachenko. Lors de la conférence de presse qui a suivi, les deux hommes ont déploré le comportement apparemment déraisonnable de leurs homologues internationaux.

Poutine :

En réponse à une demande du président Lukashenko, j’ai parlé de mes récentes réunions avec des dirigeants étrangers sur la fourniture par les États-Unis et l’OTAN de garanties de sécurité à long terme et juridiquement contraignantes pour la Russie. Nous pensons qu’il est à la fois logique et compréhensible que cette question concerne également nos alliés bélarussiens.

Nous avons discuté de la situation concernant les demandes de la Russie à l’égard de l’Occident, dont les plus importantes concernent la non-expansion de l’OTAN, le non-déploiement de systèmes d’armes de frappe à proximité de la frontière russe, et le retour du potentiel militaire et de l’infrastructure du bloc en Europe à l’état de 1997, lorsque l’Acte fondateur Russie-OTAN a été signé.

Comme je l’ai dit précédemment, malheureusement, les États-Unis et les autres membres de l’alliance ne semblent pas prêts à considérer sincèrement ces trois éléments centraux de notre initiative. Dans le même temps, ils ont avancé un certain nombre d’idées de leur cru concernant la sécurité européenne, notamment les missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée, et la transparence militaire, dont la Russie est ouverte à la discussion. Nous sommes prêts à poursuivre la voie des négociations à condition que tous les points soient examinés dans leur intégralité, en liaison avec les principales propositions de la Russie, qui constituent pour nous une priorité inconditionnelle.

Le président Lukashenko et moi-même avons également abordé le conflit intra-ukrainien. Le processus de règlement reste bloqué ; malgré tous nos efforts, ni les contacts au niveau des conseillers des dirigeants des pays du format Normandie, ni les consultations avec nos partenaires ne sont utiles.

Kiev ne respecte pas les accords de Minsk et, en particulier, s’oppose fermement à un dialogue direct avec Donetsk et Lougansk. Kiev sabote essentiellement les accords sur la modification de la Constitution, sur le statut spécial du Donbass, sur les élections locales et sur l’amnistie – sur tous les points clés des accords de Minsk. En outre, fondamentalement, les droits de l’homme sont massivement et systématiquement violés en Ukraine, et la discrimination à l’égard de la population russophone est fixée au niveau législatif.

Le président du Belarus et moi-même sommes convenus que les accords de Minsk sont la clé du rétablissement de la paix civile en Ukraine et de la réduction des tensions autour de ce pays. Tout ce que Kiev doit faire, c’est s’asseoir à la table des négociations avec les représentants du Donbass et convenir de mesures politiques, militaires, économiques et humanitaires pour mettre fin au conflit. Plus tôt cela se produira, mieux ce sera. Malheureusement, à l’heure actuelle, nous assistons à l’inverse – la situation dans le Donbass s’aggrave.

Lukashenko :

Compte tenu de l’urgence de la situation, le président et moi-même avons consacré beaucoup d’attention aujourd’hui à cette question et discuté des actions conjointes potentielles en réponse au comportement agressif de nos partenaires occidentaux. Je tiens à souligner une fois de plus que personne ne souhaite une guerre, ni même une aggravation de la situation ou un quelconque conflit. Nous, Russes et Biélorusses, n’avons pas besoin de cela.

En tant que personnes bien au fait de cette question, vous comprenez probablement que cela ne dépend même plus de nos voisins, y compris l’Ukraine. Vous voyez aussi clairement de qui dépend l’escalade des tensions près de nos frontières. Pour la première fois depuis des décennies, nous nous trouvons au seuil d’un conflit qui pourrait, malheureusement, entraîner une grande partie du continent tout entier dans un maelström.

Nous sommes témoins de l’irresponsabilité et, excusez-moi d’être direct, de la stupidité de certains politiciens occidentaux. Il n’y a aucune logique ou explication raisonnable à la conduite des dirigeants des pays voisins, à leur désir vraiment morbide de marcher sur le fil.

Le président de la Russie a décrit avec beaucoup de tact l’aggravation de la situation dans le Donbass. Malheureusement, c’est vrai. Les gens là-bas sont prêts à fuir la région et sont probablement déjà en train de fuir, comme nous le savons. Ce n’est pas normal. J’ai l’impression que certains politiciens qui occupent des postes élevés et responsables dans le soi-disant monde libre sont tout simplement pathologiquement dangereux à la fois pour leurs associés et, surtout, pour leur propre peuple.

L’histoire était en train de se répéter.

Via @PaulEckstein – Remarquez le Turc le Chinois en train de regarder et de se marrer.

La mission spéciale d’observation de l’OSCE sur la ligne de cessez-le-feu dans le sud-est de l’Ukraine a signalé le 18 février 2022 que le nombre de violations du cessez-le-feu avait à nouveau augmenté de manière significative. Des échanges d’artillerie ont eu lieu sur de nombreuses parties du front.

Dans la région de Donetsk, le SMM a enregistré 591 violations du cessez-le-feu, dont 553 explosions. Au cours de la période précédente, il avait enregistré 222 violations du cessez-le-feu dans la région.

Dans la région de Louhansk, la Mission a enregistré 975 violations du cessez-le-feu, dont 860 explosions. Au cours de la période précédente, elle avait enregistré 648 violations du cessez-le-feu dans la région.

Depuis le mercredi 16 février 2022, le nombre de violations du cessez-le-feu et d’explosions a augmenté chaque jour.

La carte montre les explosions, les petits points noirs, des deux côtés de la ligne de cessez-le-feu. Bien que seules quelques-unes des centaines d’explosions aient été localisées et marquées sur la carte, le décompte des points noirs indique 56 impacts du côté du Donbass et 22 du côté de la ligne de cessez-le-feu contrôlé par le gouvernement. Les échanges d’artillerie semblent être devenus plus inégaux qu’auparavant.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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