Sur la Trussification : De la décolonisation à la désespérance, en passant par le désespoir et la farce


Par Batiushka – Le 16 octobre 2022 – Source The Saker Blog

Décolonisation : Le retrait de l’Occident d’Asie, d’Afrique et d’Europe

Les empires d’Europe occidentale ont disparu. L’Empire espagnol, en faillite, est parti le premier, au siècle dernier, les Allemands ont perdu leurs colonies en 1919 (en même temps que les Austro-Hongrois perdaient leurs colonies européennes), puis les Italiens ont perdu leurs fantasmes en Afrique pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands ont été chassés de leurs colonies d’Europe de l’Est en 1945, sans parler des Portugais qui, beaucoup plus tard, ont été chassés d’Afrique dans les années 1970. À cette époque, les Néerlandais, les Britanniques, les Belges et les Français avaient également été chassés de leurs colonies. Seuls les Danois de l’OTAN tiennent encore au Groenland, qui représente beaucoup de glace et de neige et 56 000 habitants, bien qu’Eisenhower et Trump aient tous deux voulu l’acheter. Cependant, comme les États-Unis ont leur base à Thulé, ils contrôlent effectivement le pays de toute façon.

Depuis 1947, le Royaume-Uni a été expulsé de presque partout, notamment du sous-continent indien en 1947, de la Palestine en 1948 et, de manière humiliante, de Suez en 1956 par ses « alliés » américains. Tout ce qui reste est, pour l’instant, un petit groupe de minuscules enclaves et îles comme les Bermudes, les Caïmans, Gibraltar, Sainte-Hélène, les Malouines, etc., environ 18 000 kilomètres carrés et moins de 300 000 personnes en tout, plus beaucoup de glace dans le « territoire antarctique britannique ».

Quant à la France, après son humiliation en Asie du Sud-Est en 1954, elle a été progressivement chassée d’Afrique (1946-2022) (Suez en 1956, Algérie en 1962, etc.) et bientôt, même après ses décennies d’assassinats de politiciens africains indépendantistes et d’interventions militaires, elle n’aura plus rien là-bas, même si elle possède encore quelques îles dans divers océans ici et là.

Quant à l’éphémère empire américain, au cours des cinquante dernières années, il a été largement chassé de plusieurs pays asiatiques (Vietnam (1975), Iran (1979), Irak (2011-2021) Afghanistan (2021), maintenant de la Russie (2022), et bientôt de la Chine, de l’Inde et de l’Arabie saoudite. Certes, ils s’accrochent encore au Japon, en Corée du Sud, à Taïwan et en Israël, mais plus pour très longtemps. L’Eurasie sera libérée des États-Unis.

En ce qui concerne le retrait occidental de l’Europe, le Royaume-Uni a quitté l’Europe en 2020. Il s’accroche encore à l’Irlande du Nord, à l’Écosse, au Pays de Galles et surtout à l’Angleterre, mais cela ne durera pas. C’est maintenant au tour des États-Unis d’être mis à la porte de l’Europe. Cela se passe en ce moment même en Ukraine, mais ce rejet s’étendra ensuite à l’Europe occidentale. Puis ce sera au tour de l’UE d’être expulsée de l’Europe et, finalement, les États-Unis seront expulsés des Amériques, en particulier des États-Unis.

Ne soyez pas surpris par les mots « le retrait occidental de l’Europe » ou « le Royaume-Uni est expulsé du Royaume-Uni, l’UE de l’UE et les États-Unis des États-Unis ». Ce n’est pas du charabia. Je parle de l’élimination des trois élites parasites de l’Establishment dans ces trois unions créées par l’homme. Une fois que ces élites auront disparu, ces unions purement artificielles tomberont et les peuples nouvellement souverains d’Angleterre, d’Irlande, d’Écosse, du Pays de Galles, les peuples d’Europe occidentale continentale et tous ceux d’Amérique du Nord pourront être libérés de leur zombification et pourront ainsi retrouver leurs racine, leur souveraineté et leur identité.

Désespoir

Lorsque les États-Unis sont désespérés, ils se tournent toujours vers le terrorisme, comme l’a fait et tente encore, très faiblement, de le faire la Grande-Bretagne. Sans mentionner les bourbiers créés par la CIA en Amérique latine ou en Asie, ni évoquer les détails du Golfe du Tonkin 1, nous rappelons ses bourbiers uniquement en Europe : l’installation de la junte grecque en 1967, le renversement par la CIA de De Gaulle en France en 1968, l’assassinat d’Aldo Moro en Italie en 1978, l’assassinat d’Olof Palme en 1986, et beaucoup plus récemment le vol MH17, ses attaques terroristes contre les pipelines Nordstream et le pont de Crimée, et maintenant sa tentative de forcer la Russie à utiliser des armes nucléaires, afin que les néocons sionistes de Washington puissent enfin trouver une excuse pour utiliser leurs jouets nucléaires.

Ceux qui veulent que la Russie moderne se comporte comme l’Union soviétique de Staline et raye de la carte leurs peuples frères d’Ukraine, comme l’URSS l’a fait à Berlin en 1945 (bien qu’en vérité la plupart des dégâts aient déjà été causés par les bombardements terroristes anglo-américains) ont besoin d’un léger rappel. Malgré les fantasmes et les intimidations des États-Unis, j’ai des nouvelles : l’Union soviétique est morte et le président Poutine ne veut absolument pas la récupérer. Après tout, il a vécu sa fin lorsqu’il était en Allemagne de l’Est et se souvient à quel point c’était horrible. L’objectif de la Russie n’a jamais été ni l’occupation de l’Ukraine (contrairement à l’objectif soviétique en Europe de l’Est en 1945, qui était de créer une zone tampon pour se protéger de l’Occident agressif), ni la destruction de l’Ukraine, ni le massacre de ses frères ukrainiens. Rappelons une fois de plus les trois objectifs de la Russie dans ce conflit contre le régime fantoche américain de Kiev, c’est-à-dire les objectifs de la campagne russe pour la libération des frères et sœurs russes en Ukraine de la junte fasciste. Ces trois objectifs étaient, et sont, et seront :

1. La libération du Donbass

Cet objectif a été atteint à 75 %. En fait, puisque la libération s’est avérée être non seulement celle de Lougansk (99 %) et de Donetsk (75 %), mais aussi celle de 99 % de Kherson et de 75 % de Zaporozhie, nous pourrions dire qu’elle a été atteinte à 85 %. Pourquoi la libération s’est-elle transformée en Donbass x 2, de quatre provinces au lieu de deux ? Tout simplement parce que la junte de Kiev a continuellement menacé la Crimée et le Donbass et qu’il fallait les protéger. Et si Kiev continue à bombarder le Donbass x 2 et à occuper ses champs vides, la campagne russe devra être la libération du Donbass x 3 ou même du Donbass x 4.

2. La démilitarisation de l’Ukraine

Elle est en bonne voie, déjà réalisée à au moins 50%. En fait, elle a été achevée en ce qui concerne l’armée de Kiev fortifiée par l’OTAN le 25 mars. Toutefois, étant donné que, comme la Russie s’y attendait, l’OTAN a décidé de réapprovisionner Kiev avec ses propres stocks militaires, déjà largement épuisés, la démilitarisation est toujours en cours. Mais ce n’est qu’une question de temps.

3. Dénazification

Une certaine confusion règne ici. Que signifie ce terme ? Cela signifie-t-il que la Russie envoie des enseignants pour apprendre aux Ukrainiens la différence entre le racisme nazi et l’acceptation humaine normale des personnes d’autres pays et de leurs cultures ? Non, ce n’est pas le cas. La dénazification dans le contexte occidental actuel est différente de cela. C’est le processus par lequel l’enfant occidental infantile apprend à ne plus mettre ses doigts dans la flamme. En d’autres termes, l’Occident doit s’instruire et tirer les leçons d’une expérience amère. C’est ainsi que la dénazification (et, à partir de là, le changement de régime) sera mise en œuvre dans tout le monde occidental d’aujourd’hui.

Par exemple, au cours des trois derniers mois, le yen, l’euro et la livre sterling ont tous atteint des niveaux historiquement bas par rapport au dollar américain. Cela s’explique par le fait que les taux d’intérêt américains sont plus élevés qu’ailleurs et que ses marchés financiers attirent donc les capitaux d’investissement internationaux. Après tout, pourquoi investir dans les pays européens, qui sont dépendants de l’énergie mais qui sont contraints de boycotter leur principale source d’énergie ? Vous ne voulez pas investir dans des pays en auto-faillite, qui sont engagés dans une voie suicidaire. Les États-Unis ne sont pas encore perçus comme étant en auto-faillite (mais leur tour viendra). Quel est le résultat dénaturant de tout cela ? Examinons le « cas » – et c’est un « cas », au sens médical et pathologique du terme – du Royaume-Uni.

Le désespoir

Après s’être débarrassé de son ivrogne perdant Johnson, l’Establishment britannique a perdu deux mois au cours de l’été, en pleine crise politique et économique, à permettre à 80 000 personnes, principalement âgées et riches, de choisir un Premier ministre incompétent pour 68,7 millions d’habitants – telle est la démocratie britannique, dont le reste du monde, en particulier les « autocrates » de Russie et de Chine, doit apparemment s’inspirer de toute urgence. Ainsi, dès que Truss, la pire candidate possible au poste de Premier ministre, a été soigneusement sélectionnée au cours des deux mois d’été, de nombreux commentateurs, dont moi-même, ont douté qu’elle puisse tenir jusqu’à Noël. Il semble maintenant que ce pessimisme ait été très optimiste. Selon les dernières estimations, elle pourrait, au mieux, ne pas tenir jusqu’au 1er novembre [Elle n’a finalement pas tenu plus loin que le 20 octobre, NdT].

La décision de Mme Truss d’augmenter les dépenses publiques – notamment en doublant le budget de la « défense » britannique (qui attaque le Royaume-Uni de toute façon ?) pour atteindre 50 milliards de livres sterling d’ici 2030 – d’envoyer plus de 3 milliards de livres sterling de fournitures militaires à Kiev depuis le début de l’année, de subventionner 100 000 « réfugiés » ukrainiens et, dans le même temps, de réduire les impôts des riches (que voulez-vous que le parti conservateur fasse d’autre ?) n’a pas été acceptée par Biden, le FMI et, surtout, par les marchés.

Par conséquent, le 14 octobre, Truss a laissé tomber son propre ministre des Finances, en poste depuis 38 jours, pour sa décision de mener sa propre politique économique analphabète – analphabète, comme l’a décrit de manière précise et prophétique, en juillet dernier, le rival de Truss au poste de Premier ministre conservateur, l’ancien ministre des Finances, Sunak. Ainsi, le 14 octobre, Truss a nommé un nouveau ministre des finances britannique, le quatrième en quatre mois, un homme notoirement connu pour avoir contribué à la destruction de l’abyssal « service » de santé du Royaume-Uni 2. Il va maintenant faire exactement le contraire de tout ce qu’elle avait promis trois semaines auparavant et sur la base des promesses impossibles sur lesquelles les déficients intellectuels l’ont élue.

Naturellement, la désespérée Truss impute tous ses problèmes à des « facteurs mondiaux » et en particulier à « l’effroyable invasion de l’Ukraine par Poutine ». Elle ne mentionne pas du tout les sanctions occidentales volontaires et suicidaires. Après tout, voudrait-elle admettre sa propre stupidité colossale ? Nous voyons ici comment la dénazification et, par conséquent, le changement de régime, sont déjà en train de se produire au Royaume-Uni, tout seuls, tout comme ils le feront dans l’UE et aux États-Unis. Tout ce que la Russie a à faire est de s’asseoir et de regarder les dirigeants occidentaux se détruire et entraîner leurs pays dans leur chute, jusqu’à ce que leurs peuples se révoltent, comme cela commence à se produire dans toute l’Europe occidentale, et comme cela se produira aux États-Unis (nous en avons eu un aperçu au Capitole l’année dernière) et dans ses autres colonies. C’est la dénazification, bien qu’il faille peut-être l’appeler plus précisément « Auto-Dénazification ». Ou peut-être pourrait-on simplement l’appeler « Désespoir » ? Ou peut-être simplement « Trussification » ?

Batiushka

Recteur orthodoxe russe d’une très grande paroisse en Europe, il a servi dans de nombreux pays d’Europe occidentale et j’ai vécu en Russie et en Ukraine. Il a également travaillé comme conférencier en histoire et en politique russes et européennes.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

Notes

  1. Une lecture rapide de Killing Hope de William Blum, US Military and CIA Interventions Since World War II ou de Overthrow, America’s Century of Regime Change from Hawaii to Iraq de Stephen Kinzler devrait être éclairante.
  2. Un jeune ami du Royaume-Uni m’a téléphoné le 14 octobre. Il m’a raconté comment, après des semaines et des semaines de douleurs chroniques, un médecin d’un hôpital britannique a fini par diagnostiquer un cancer chez lui. On lui a alors dit qu’il lui restait six mois à vivre, mais que les chirurgiens n’auraient pas assez de temps pour l’opérer, car « la liste d’attente est trop longue », et on lui a donné des « analgésiques » qui n’ont pas fonctionné pour le consoler de sa condamnation à mort. Le lendemain, par l’intermédiaire d’un ami, il a réservé un vol pour la Roumanie. Là-bas, en arrivant de l’aéroport, il est immédiatement reçu dans une clinique où on lui fait passer une IRM. On lui annonce immédiatement qu’il a une hernie. Le chirurgien s’est excusé en lui disant qu’il ne pourrait pas l’opérer le lendemain, mais qu’il devrait attendre le surlendemain. Un exemple de plus du système de santé « de classe mondiale » du Royaume-Uni….Trussification en effet.
   Envoyer l'article en PDF