Les théories existent pour être prouvées


Par James Howard Kunstler – Le 20 mai 2022 – Source kunstler.com

James Howard Kunstler

On dit que le temps est un moyen naturel de s’assurer que tout n’arrive pas en même temps. Alors pourquoi tout semble se produire en même temps ? Ce doit être une époque anormalement étrange. Voilà l’Ukraine… notre argent ne vaut plus rien… pas d’eau pour Las Vegas… adieu Roe v Wade… les marchés financiers qui vacillent… des blessures dues aux vaccins partout… le prix du diesel qui tue les camionneurs… des pénuries de nourriture… des OVNIs… la troisième guerre mondiale… des suprémacistes blancs… pas de lait maternisé… Ouahh… baisse-toi et couvre-toi, voilà la variole du singe !

Il en va ainsi de la criticité dans les systèmes hypercomplexes, du passage de seuils à la panne, tous en même temps, des défaillances se ramifiant mutuellement en d’autres défaillances apparemment sans lien, et des choses étranges surgissant dans la poussière et les décombres comme des monstres dans un mauvais rêve. Je sais que c’est déconcertant de voir le monde s’écrouler. Pardonnez-moi alors, pendant que vous vous inquiétez de l’avenir de vos proches et de votre compte de retraite, si je me concentre sur une seule chose pour le moment : les agissements du procureur fédéral John Durham, l’avocat spécial qui examine les questions relatives au RussiaGate, la première étape de la tentative de suicide de l’Amérique.

M. Durham poursuit actuellement un petit poisson, une sardine parmi les requins et les orques de K-street, Michael Sussmann, pour avoir dit un minuscule mensonge au FBI. M. Durham est à cette tâche depuis plus de deux ans. C’est beaucoup de temps à passer sur un crime simple basé sur quelques éléments de preuve faciles à obtenir : un texto sur un téléphone portable, quelques courriels, le témoignage d’un témoin principal – et un prétexte que personne n’a jamais pris au sérieux en premier lieu : l’histoire extraordinairement idiote autour d’Alfa Bank menant à la Russie.

Donc, en 2016, l’avocat tordu Michael Sussmann de Perkins Coie, le cabinet d’avocats de DC représentant la campagne d’Hillary Clinton, demande une réunion avec son ancien collègue du DOJ, Jim Baker, maintenant avocat général (avocat principal) pour le FBI. Il possède des informations sensibles qui pourraient intéresser le Bureau. Il dit qu’il ne représente aucun client particulier dans cette affaire, qu’il se présente simplement en tant que citoyen patriote. Il insiste sur ce point plus d’une fois, notamment dans un texte, enregistré dans le nuage numérique (uh-oh), la nuit précédant la réunion. Il sort de la chaleur marécageuse du Potomac pour se rendre dans l’antre climatisé de M. Baker, au 935 Pennsylvania Avenue, et raconte une histoire à propos d’une entreprise russe appelée Alfa-Bank, dont les serveurs informatiques sont situés à proximité de la Trump Tower à New York et qui, selon lui, sont utilisés par le candidat Donald Trump pour communiquer avec les méchants en Russie.

L’histoire ne mène nulle part. Le FBI l’écarte. Il s’avère que M. Sussmann a facturé les heures passées sur ce dossier à Hillary for America, ce qui, à première vue, indique qu’il travaillait pour sa campagne à l’époque. Six ans plus tard, il est inculpé. Quoi qu’il en soit, peut-être à l’insu de M. Sussmann, le FBI, en juillet 2016, avait déjà accéléré une enquête sur la campagne de Trump sous le nom sexy de « Crossfire Hurricane » – un extrait des paroles de l’ancien tube des Rolling Stones « Jumpin’ Jack Flash » – ainsi baptisé par le super-agent sexy du FBI Peter Strzok, qui était à l’époque en train de sauter dans et hors du lit avec sa collègue Lisa Page, conseillère juridique du directeur adjoint du FBI Andrew McCabe.

Le dossier « Crossfire Hurricane » reposait (selon la personne que l’on croit, et cela reste à déterminer) sur diverses histoires farfelues mettant en scène des personnages peu reluisants tels que le « professeur maltais » (c’est-à-dire l’informateur et opérateur de la CIA) Joseph Mifsud, le diplomate australien et homme de mystère international Alexander Downer, le professeur invité de Cambridge (Ha ! Vous voulez dire le garçon de course du ministère de la Défense) Stefan Halper, et un certain nombre d’autres joueurs glissants qui tournent tous autour de l’enquête précédente du FBI, « Midterm Exam », sur les courriels « volés » sur le serveur privé non autorisé d’Hillary Clinton situé à son domicile à Chappaqua, New York. L’affaire avait été sommairement abandonnée par le directeur du FBI James Comey – qui, soit dit en passant, n’avait pas le pouvoir de décider si l’« affaire » devait être poursuivie ou non (cette décision revenait au procureur général Loretta Lynch, une vieille amie d’Hillary Clinton). Mais c’est ainsi qu’a commencé le « coup d’État » ou la « chasse aux sorcières » du FBI et du DOJ, qui a duré plusieurs années, a impliqué des dizaines de participants actifs et a culminé dans les escapades malveillantes et infructueuses de l’enquête Mueller.

Tout cela nous ramène à ce M. Sussmann, la sardine parmi les requins et les baleines – et à ma théorie de l’affaire. L’avocat spécial Durham a été nommé par l’AG William Barr pour déterminer les origines de la boule de poils géante appelée RussiaGate. Comme vous pouvez le constater, l’affaire Sussmann ne représente qu’un petit fil presque insignifiant d’un plus grand scandale. M. Durham a-t-il passé plus de deux ans sur cette affaire, à l’exclusion d’une masse énorme de mensonges séditieux, de tromperies et de rogneries commis par des dizaines de fonctionnaires du gouvernement ? Je ne le pense pas.

Maintenant, M. Durham a porté l’affaire devant le tribunal fédéral de district de DC du juge Christopher Cooper, nommé par Barack Obama. La femme du juge Cooper, Amy Jeffress, est l’avocate de la même Lisa Page de « Jumpin’ Jack Flash ». Pendant ce temps, plusieurs jurés assis au procès ont révélé qu’ils étaient des donateurs de la campagne d’Hillary Clinton en 2016 – ce à quoi on peut s’attendre dans une ville qui a voté à plus de 90 % pour Mme Clinton lors de cette élection. M. Durham devait savoir que poursuivre l’affaire dans ces circonstances serait un véritable calvaire.

Gagnant ou perdant sur Sussmann, je pense que M. Durham utilise l’affaire pour tester certains paramètres de preuve. Je pense qu’il fera volte-face dans les semaines à venir, peut-être au cours de l’été, et qu’il présentera des actes d’accusation contre de nombreux hauts responsables du DOJ, du FBI et d’autres organismes gouvernementaux pour des charges beaucoup plus graves regroupées dans un rapport RICO, pour la simple raison que le RussiaGate était manifestement une conspiration séditieuse. Par conséquent, c’est une théorie d’une conspiration. Les théories existent pour être prouvées. Les cas fédéraux sont apportés pour fournir des preuves. Si je me trompe, alors la longue enquête Durham a été une blague. Personnellement, je ne pense pas que M. Durham ait l’intention d’entrer dans l’histoire comme un plaisantin.

James Howard Kunstler

Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

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