Par Andrei Martyanov – Le 21 mars 2022 – Source Reminiscence of the future
Ou la décommunisation des « 404 » [l’Ukraine comme pays qui ne répond plus, NdT] dont Vladimir Poutine a parlé le 24 février. La communauté aérospatiale est en larmes (pas tout à fait fausses) à propos du sort de l’énorme AN-225 Mria, le plus grand avion-cargo de l’histoire, qui a été détruit lors de la bataille pour l’aérodrome de Gostomel, qui se trouvait être aussi celui du bureau d’études Antonov. Voici qu’un des pilotes d’Antonov accuse la direction de la « compagnie » d’être responsable de la disparition d’un géant.
Tout cela est bien beau, mais il faut considérer l’ensemble de l’affaire dans le cadre précis de la décommunisation de l’Ukraine, à laquelle l’ensemble du bureau d’études Antonov basé à Novossibirsk a été, tout comme la Crimée en 1954, simplement donné par les pouvoirs en place, à la République soviétique d’Ukraine de l’époque, et le bureau d’études a été transféré à Kiev en 1952.
Il convient de mentionner que « 404 » n’a aucune relation avec la société Antonov qui, à toutes fins utiles, était morte depuis un certain nombre d’années et qui, avant 2014, n’était maintenue à flot que par les contrats de la Russie (depuis 2014, Antonov a produit un énorme… 2 (deux) avions). Ainsi, l’industrie aérospatiale que l’Ukraine a héritée de l’URSS en 1991 a été tuée avec succès. Tout comme l’AN-225 qui était le produit d’une coopération aérospatiale soviétique massive et le géant a été produit pour transporter principalement la navette soviétique Bourane sur son dos.
De toute évidence, 404 n’aurait pas pu recréer un tel engin, et encore moins concevoir quelque chose de similaire, pour ne pas dire plus avancé. Le résultat est symbolique :
Et il correspond parfaitement au destin de l’État ukrainien moderne dont l’idée entière repose sur un seul pilier métaphysique : L’Ukraine n’est pas la Russie. Et les Russes, dans leur écrasante majorité, sont d’accord. Dès que l’Ukraine a été retirée de l’organisme économique de l’Union soviétique mourante, elle s’est fermement engagée sur la voie d’un avenir agraire et du tiers-monde. Aussi simple que cela. À cet égard, le sort de l’AN-225 était à la fois attendu et inévitable, car l’avion fabriqué en 1985 n’était pas seulement obsolète, mais le maintien de sa structure aérienne vieillissante, âgée de 37 ans, est devenu une épreuve, surtout dans un pays qui est lui-même devenu économiquement non viable même dans les domaines de base, oubliez l’industrie aérospatiale avancée. L’aérospatiale des 404 a été entièrement décommunisée, enfin.
Oui, les efforts pour préserver cette remarquable réalisation de l’Union soviétique auraient dû être entrepris et l’AN-225 aurait pu trouver une place dans un musée aérospatial, mais Kiev s’étoufferait à l’idée de le transférer à Moscou. Eh bien, maintenant ils versent des larmes de crocodile. Hé, la nature s’est équilibrée en Ukraine – les satrapies néo-nazies du tiers-monde n’ont pas d’industries aérospatiales. Ils ne peuvent tout simplement pas se le permettre. Il y a cependant un point positif pour la Russie dans tout cela : avec les événements des trois dernières semaines, la Russie peut immédiatement commencer à fabriquer (elle a TOUTES les compétences et l’usine) l’AN-124 Ruslan modernisé, retardé en raison de problèmes de droits d’auteur, avant que le nouvel énorme avion de transport Ilyushin Slon ne sorte de la phase de R&D et n’atteigne les chaînes de montage. Comme le dit le célèbre proverbe : ceux qui sont nés pour ramper ne peuvent pas voler. Et cette sagesse est vraie. Ils ont gaspillé tout le pays, trop tard pour crier à l’avion, aussi remarquable qu’ait été Mria (rêve en ukrainien).
Andrei Martyanov
Traduit par Hervé pour le Saker Francophone