Par The Saker – Le 10 octobre 2021 – Source The Saker’s Blog
Il y a quelques années, j’ai écrit une chronique intitulée « Le Kosovo sera libéré » dans laquelle j’écrivais ce qui suit : « Le Kosovo sera le tout premier endroit en Europe où le pendule de l’histoire inversera son cours actuel ». Il semble maintenant que j’aie pu me tromper. Mais de combien ? Regardez ce gros titre aujourd’hui :
« Les Serbes de Bosnie vont « retirer leur accord » à la mise en place d’une armée, de taxes et de tribunaux communs, invoquant la « violence » du superviseur international ». Veuillez lire l’article dans son intégralité, car je ne vais pas me contenter de le répéter ici.
La grande question est la suivante : l’emprise des États-Unis, de l’OTAN et de l’UE sur la Republika Srpska va-t-elle se relâcher avant celle exercée sur le Kosovo ?
Je ne sais pas, mais je pense que c’est une possibilité. Si c’est le cas, je me serais trompé de lieu, mais j’aurais eu raison sur le principe. Deux points ici :
- Il y a aussi de très graves tensions autour du Kosovo en ce moment, alors n’excluez rien pour l’instant !
- Il n’existe pas d’équivalent du camp Bondsteel en Republika Srpska ou ailleurs en Bosnie.
Mais ce n’est même pas crucial. Ce qui est crucial, c’est ceci : quelqu’un pense-t-il encore que les États-Unis, l’OTAN et l’UE ont encore ce qu’il faut pour réattaquer, réenvahir ou même rebombarder les Serbes en Bosnie ou en Serbie (j’inclus le Kosovo dans la « Serbie » simplement parce que le Kosovo est le cœur de la Serbie, l’a toujours été et le sera toujours, quoi que veuillent les empires) ?
Sérieusement, après l’humiliation infligée par les Iraniens au CENTCOM ou l’humiliation massive et vraiment galactique (et ô combien révélatrice !) en Afghanistan ?
Sur le papier, oui, absolument.
Mais dans la réalité, non, je ne le pense vraiment pas.
D’ailleurs, les Serbes ont maintenant de très bonnes options, y compris ce que j’appelle « l’option salami » : couper de fins morceaux d’un gros salami, lentement mais de manière répétée et inexorable. Comme maintenant : les Serbes de Bosnie ont donc « retiré leur consentement » à un accord avec leurs occupants. Et alors ? La belle affaire ! Je veux dire, bien sûr, ce sont de méchants méchants méchants méchants méchants Serbes, et le gang US/OTAN/UE les déteste toujours, mais personne ne va entrer en guerre pour cela, n’est-ce pas ?
Alors, que vont faire les États-Unis, l’OTAN et l’UE ? Ils vont probablement exercer toutes sortes de pressions (menaces, pots-de-vin, etc.) sur certains politiciens serbes, ce qui aboutira à l’un des deux résultats suivants :
- les Serbes de Bosnie « retireront leur retrait »
- ou ils ne le feront pas
Dans le premier cas, tout ce que les Serbes doivent faire, c’est attendre, et couper un tout petit morceau de salami ailleurs, disons au Kosovo. Juste un petit, et voir ce que les USA/OTAN/UE feront à ce sujet. Après cela, on rince et on répète, autant de fois que nécessaire, jusqu’à ce que les salauds des États-Unis/OTAN/UE soient à court d’énergie, au sens figuré ou peut-être même au sens propre (voir ci-dessous).
Dans le second cas, les Serbes de Bosnie doivent attendre un certain temps, le temps que tout se refroidisse un peu, et couper un autre mince morceau du salami impérialiste.
Oh, et ai-je mentionné que le gazoduc South Stream passera par la Serbie et la Republika Srpska (voir aussi ici) ? Quant à l’UE, elle n’est pas exactement en train de « nager dans l’énergie » de nos jours (grâce à sa soumission idiote à l’oncle Shmuel et à Greta Thunberg !)
Mon propos n’est pas de dire que la Republika Srpska ou le Kosovo seront bientôt libérés, ni même que l’UE ne peut contourner l’une ou l’autre entité avec d’autres pipelines.
Souvenez-vous des premières années de la guerre froide, lorsque les États-Unis justifiaient leurs politiques génocidaires en Asie du Sud-Est par la tristement célèbre « théorie des dominos ». À l’époque, tout ce que cela signifiait réellement était que les États-Unis s’opposeraient à la décolonisation de la planète partout et en tout lieu. Ce n’était qu’un prétexte, et non le véritable motif ou la raison des actions américaines.
Mais aujourd’hui, je soutiens que ce processus n’a pas seulement commencé, mais qu’il est en cours depuis un certain temps déjà.
Où a-t-il commencé ? Une bonne réponse pourrait être de mentionner le Hezbollah qui a écrasé les Israéliens au Liban en 2006. Mais cela a été facile à cacher (les deux clowns sans cervelle qui ont lancé l’invasion israélienne du Liban l’ont qualifiée de « victoire » et les médias ont lavé le cerveau du public qui, pour la plupart, y a cru ou ne s’en est pas vraiment soucié car ils « savaient » qu’ils étaient « invincibles » et, de plus, les plébéiens américains et israéliens avaient leur pain et leurs jeux).
« Cela » s’est également produit ailleurs. Mais qu’est-ce que ce « cela » ?
J’appelle cela la « chute du domino de la peur » et cela se produit chaque fois qu’un pays ou une nation qui a été opprimé par l’impérialisme américain commence à perdre la peur que lui inspire la « seule hyperpuissance mondiale ». La même perte de peur dont les Libanais ont fait preuve lors de leur « Victoire divine » en 2006 est également démontrée par les Afghans aujourd’hui. Elle l’est également par l’Iran depuis la révolution islamique de 1979 ! Mais le déluge de propagande qui a suivi a caché cette réalité à l’Occident.
Mais le plantage de Kaboul est devenu le premier domino de ce type qui n’a PAS pu être caché à la vue du public.
Et, pour mémoire, les Serbes de Bosnie ont également fait preuve de cette absence de peur lors de l’agression des États-Unis, de l’OTAN et de l’UE contre la nation serbe, mais ils ont été poignardés dans le dos par les politiciens de Belgrade, tout comme les Serbes du Kosovo plus tard. C’était bien avant le Hezbollah en 2006 et, à cette époque, le monde islamique a été très efficacement dupé par les Anglos – les mêmes Anglos qui se sont ensuite retournés contre le monde islamique après l’attaque sous faux drapeau du 11 septembre.
Il est vrai qu’au début des années 90, l’Empire avait les moyens d’écraser les Serbes ou les Irakiens (qui faisaient preuve de la même absence de peur d’une part, mais aussi de la même corruption que les politiciens serbes d’autre part).
Mais cela se passait dans le lointain 1991. Il y a trois décennies. Nous vivons aujourd’hui dans un monde radicalement différent.
Qu’en est-il des soi-disant « Bosniaques » ou « Kosovars » ? Eh bien, comme toutes les « nations inventées », elles n’existeront que tant que l’oncle Shmuel aura le pouvoir de les maintenir artificiellement en vie. Donc, même SI, grand SI, les États-Unis, l’OTAN et l’UE peuvent encore mettre les Serbes au pas aujourd’hui, combien de temps pensez-vous que cela restera vrai et combien de temps de telles inventions comme la « Bosnie » ou le « Kosovo » resteront-elles viables ?
Et qu’en est-il de l’entité tout aussi artificielle connue sous le nom d’« Israël » (qui est aujourd’hui bien plus redoutée par les politiciens et les fonctionnaires américains que par n’importe qui d’autre au Moyen-Orient !) Combien de temps pensez-vous que cette entité obscène, officiellement raciste et génocidaire, va survivre ?
D’accord, peut-être pour quelques années encore, c’est possible. Mais gardez à l’esprit qu’avec chaque année qui passe, de moins en moins de nations opprimées craignent l’Empire anglo-sioniste (en principe déjà mort).
Mon conseil aux « Bosniaques », aux « Kosovars » et aux « Israéliens » serait le suivant : foutez le camp d’ici AVANT de voir une répétition de Kaboul à Sarajevo, Pristina ou Tel-Aviv ! Oh, je sais, ils ne tiendront pas compte de mon conseil, mais puisque les mêmes causes ont les mêmes effets, je m’attends pleinement à voir des « décollages » similaires de ces entités et de TOUTES LES AUTRES entités totalement artificielles créées par les empires britannique et/ou anglo-sioniste dans le passé.
Quant aux Européens, ils feraient mieux de se ressaisir, mais ils ne le feront pas : pendant qu’ils accusent la Russie de tout et n’importe quoi (y compris de leur vendre du gaz ET de ne pas leur en vendre assez !), leur politique d’immigration suicidaire et le « multiculturalisme » des élites de l’UE vont détruire le peu qui reste d’une civilisation européenne vieille de 1000 ans. Ils l’auront fait tout seul.
Comme on dit aux États-Unis « passe-moi le pop-corn, s’il te plait » !
Andrei
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone