2023 – Le futur est arrivé : La fin de 500 ans de civilisation des conquistadors


Par Batiushka − Le 1er janvier 2023 − Source The Saker Blog

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Avant-propos

On dit souvent que le complexe de supériorité systémique de l’Europe occidentale, une maladie qui consiste en une domination et une exploitation auto-justifiées du monde environnant, a commencé avec la première « Croisade » (1096-1099). Techniquement, c’est vrai, mais avant cela, il y a eu d’autres événements que nous pourrions appeler « pré-croisades ». Par exemple, il y a eu le massacre de 4 500 Saxons à Verden en 782 par le chef barbare franc Charlemagne. Ce bain de sang a constitué le fondement de l’Europe franque, qui subsiste encore aujourd’hui en tant que noyau des mensonges de l’UE. Après l’effondrement de l’Europe de Charlemagne et une période de consolidation, 200 ans plus tard, survinrent les événements du début du XIe siècle qui présageaient exactement la fin de la première croisade. Il y eut d’abord la croisade franque de la « Reconquista », qui commença à s’accélérer au XIe siècle en Ibérie. Puis vinrent les croisades ou conquêtes « normandes » (en fait, il s’agissait des campagnes collectives de tous les rebuts francophones de l’Europe du Nord-Ouest) en Sicile, en Italie du Sud et en Angleterre en 1066.

Comme ces « pré-croisades », les « conquêtes » génocidaires de la première croisade se sont déroulées essentiellement à l’intérieur de l’Europe, ou à proximité, au Proche-Orient. Ces expéditions militaires de type viking, dirigées à cheval et opérant à partir de châteaux, se sont étendues à l’Europe occidentale (les terres celtes envahies à partir de la base franque en Angleterre) et à l’Europe orientale (les pays baltes et la Russie). Cependant, la révolution est venue de l’exportation de cette mentalité eurocentrique agressive vers des terres lointaines par les « Conquistadors » (même mot) dans ce que nous appelons aujourd’hui l’Amérique latine, il y a 500 ans. Ils étaient le fruit de l’aventure impérialiste et capitaliste de Christophe Colomb en 1492 et ont été suivis par les aventures lucratives de De Gama en Afrique australe et en Inde en 1497. Elles ont déclenché une révolution mondiale car elles ont conduit au génocide et au pillage d’autres peuples dans le monde entier et à la destruction de leurs civilisations. Clive de l’Inde, Rhodes de l’Afrique, Clinton de la Serbie, Bush de l’Irak et Biden de l’Ukraine n’étaient que les conquistadors des temps postérieurs. Cependant, nous assistons aujourd’hui à la fin de leur civilisation de conquistadors.

Notre grande réinitialisation

Ainsi, nous arrivons maintenant à la fin de l’année 2022, année carrefour vitale, et à une révolution qui ne se produit qu’une fois tous les 500 ans. Ce que nous attendions depuis tant d’années est désormais là. La date du 24 février 2022 est déjà entrée dans l’histoire du monde. Avec le refus incroyablement agressif de Washington de permettre au régime fantoche de Kiev d’accorder la liberté au peuple du Donbass, la Russie a été obligée de se tourner vers le plan de défense B, vers la mobilisation partielle et la démilitarisation et la libération de toute l’Ukraine et même au-delà, comme les attitudes suicidaires du monde occidental l’y obligeront. Une opération limitée a dû être transformée par l’agression occidentale en une guerre à grande échelle et les États-Unis/Ouest/OTAN se sont privés de la paix et de la prospérité par leurs sanctions suicidaires. Cela signifie la fin de la civilisation des conquistadors occidentaux. Ainsi, nous essayons de scruter l’horizon en 2023 et au-delà. Que se passera-t-il une fois la guerre ukrainienne terminée ?

Certains qui suivent les reportages occidentaux sur le conflit peuvent être surpris par ces déclarations. Cependant, ces reportages ont été un étrange mélange de fantasmes délirants/de pensées positives et de propagande pure et simple, organisée par les services secrets et les agences de relations publiques occidentales, omettant la vérité, la logique et la réalité. Des journalistes vénaux ont reçu l’ordre de rapporter ces absurdités d’en haut – sinon, ils auraient perdu leur carrière et leurs revenus. Ces reportages ont été essentiellement destinés à essayer de garder les peuples occidentaux sous contrôle face aux difficultés qu’ils rencontrent en raison des décisions suicidaires de leurs élites politiques contrôlées par les États-Unis.

L’élite américaine utilise les maigres ressources de ses vassaux de l’OTAN (ses soi-disant « alliés »), en utilisant comme champ de bataille l’Ukraine et comme chair à canon les Ukrainiens et les mercenaires. Mais la victoire russe est inévitable, même si elle est retardée parce que les États-Unis font délibérément et suicidairement de l’Ukraine leur second Vietnam. L’élite occidentale veut se battre « jusqu’au dernier Ukrainien ». (« Nous ne nous soucions pas du nombre d’Ukrainiens qui vont mourir. Combien de femmes, d’enfants, de civils et de militaires. Nous nous en moquons. L’Ukraine ne peut pas prendre la décision de paix. La décision de paix ne peut être prise qu’à Washington. Mais pour l’instant, nous voulons continuer cette guerre, nous nous battrons jusqu’au dernier Ukrainien. » Richard Blake, ancien sénateur américain [Même si la phrase semble couleur du camp néoconservateur, difficile de sourcer cette citation ou son auteur présumé, NdT]). Par conséquent, elle fournit immoralement toutes sortes d’armes mortelles pour que des centaines de milliers d’autres de ces Slaves trompés meurent ou soient mutilés.

Même si certains au sein de l’OTAN osent envoyer davantage de dizaines de milliers de « volontaires » se faire massacrer en Ukraine directement, et non en se faisant passer pour des Ukrainiens, comme avec les très nombreux milliers de mercenaires principalement polonais actuellement, dont beaucoup ont déjà été tués, cette victoire est toujours inévitable. Compte tenu de l’agression et de l’intransigeance de l’Occident, la Russie se prépare à une guerre continentale à grande échelle depuis 2014. Même si l’année prochaine l’armée polonaise avec ses nouveaux 200 000 réservistes armés jusqu’aux dents par les USA, attaque, la Russie est prête. Bien que les prophéties des anciens indiquent mai 2024 comme la fin de cette guerre longue de dix ans (l’élite américaine l’a commencée en 2014 par le biais de ses marionnettes ukrainiennes payées pour), les prophéties sont toujours conditionnées par la repentance et nous ne devrions pas essayer d’en prédire les détails exacts. Quoi qu’il arrive, les prochaines années vont voir des transformations révolutionnaires dans le monde entier à la suite de cette guerre.

Le nouvel ordre mondial

L’événement le plus dramatique après sa défaite en Ukraine sera certainement le retrait des États-Unis, qui seront expulsés d’Eurasie, un processus qui a commencé au Vietnam et s’est poursuivi en Irak et en Afghanistan. Le nationaliste Trump voulait se retirer volontairement, mais il n’a pas été autorisé à le faire. Par conséquent, le retrait humiliant des États-Unis se fera par la force, comme ce fut le cas à Kaboul. « Yankees, go home », chante le monde entier, y compris de nombreux Européens de l’Ouest, fatigués de la tyrannie américaine. En Eurasie, les États-Unis n’occupent plus que quelques îles (Taïwan, Japon, Singapour), les extrémités de deux péninsules (Corée et Europe occidentale) et le bord de mer d’Israël. Ils devront quitter tous ces territoires, à l’exception des parties non palestiniennes d’Israël. Taïwan reviendra naturellement à la Chine, le Japon devra trouver sa propre voie, en se réconciliant avec une Corée réunifiée et en se soumettant économiquement à la Chine. Pour l’Europe occidentale, voir ci-dessous.

Une fois rentrés, les USA devront panser leurs plaies et être désoligarchisés par une révolte populaire. La dédollarisation de l’économie mondiale est déjà en cours, avec des conséquences très graves pour l’économie américaine désindustrialisée. L’Empire américain va subir une désimperialisation, comme les Empires européens après 1945, et devra, si possible, trouver une sorte d’unité, d’identité et de souveraineté dans sa situation hautement polarisée, hautement endettée et hautement fragilisée. En dehors des États-Unis, le monde entier chante « Yankees, go home », mais à l’intérieur des États-Unis, les Américains ordinaires chantent : « Feds, go home ». C’est la même chose. Le marécage doit être asséché. Le départ des États-Unis d’Europe occidentale après leur occupation de quatre-vingts ans signifiera la fin de l’OTAN, déjà bien désarmée et futile. La faillite suicidaire des pays européens entraînera également la fin du bras politique et économique de l’OTAN, l’UE.

Cela signifiera la reconfiguration de la pointe de la péninsule européenne et sa resignification, un processus qui a déjà commencé en Hongrie. Dans les Balkans occidentaux, le camp Bondsteel, la deuxième plus grande base américaine au monde, sera abandonné, et la Serbie, le Monténégro, le Kosovo et la Bosnie se réorganiseront dans le monde post-américain, le monde de la justice tant attendue. L’avenir de l’Europe ne se trouve pas à des milliers de kilomètres de l’autre côté de l’Atlantique, mais à l’est, à côté, dans ses sources naturelles d’énergie, de nourriture, d’engrais et de produits manufacturés. Après tout, l’Europe en tant que continent séparé est une pure fiction, une construction artificielle créée à partir de la masse continentale eurasienne et coupée de celle-ci pour des raisons purement politiques. L’Europe est sur le point de l’apprendre, car elle retourne à ses racines, que seule la Russie a conservées. Une Europe dirigée par la Russie offre la perspective d’une unité d’Eurasie du Nord souveraine mais confédérale « d’un océan à l’autre », en fait, de Reykjavik à Tokyo. C’est l’avenir, dans lequel les États-Unis ne sont absolument pas pertinents. Leur « ordre basé sur les mensonges » de chaos génocidaire est terminé.

En Russie même, la transformation a déjà commencé, avec des membres perfides de la « classe créative » qui ont rejoint leur foyer spirituel en Israël, avec Pougatchova et Zelensky, ainsi qu’au-delà des frontières, en Géorgie et en Finlande. Ce processus d’épuration et la russification de la Russie, de l’Ukraine et du Belarus qui s’ensuivra iront loin. Après les déviations de 200 ans de Russie impériale – et il y avait alors de très graves déviations – sinon le tsar Nicolas II n’aurait pas voulu revenir à la Russie préimpériale, à la « Rus », et il n’y aurait jamais eu 1917 -, 75 ans de soviétisation marxiste et 30 années corrompues d’américanisation et donc d’oligarchisation, la transformation est loin d’être terminée. Il y aura un grand et radical rafraîchissement et nettoyage de l’identité nationale après cette période inouïe de décadence et de corruption, qui s’étend finalement sur plus de 300 ans. Toutes les institutions russes, y compris l’Église encore soviétisée, ainsi que ses petites branches fondées par des émigrés après 1917, seront transformées. L’Église russe intransigeante, libérée des changeurs de monnaie, surgira des ruines embarrassantes du passé. Le passé est révolu. L’arrivée de l’avenir en 2022 a rendu tout cela si peu pertinent.

Le nouvel ordre chrétien

En ce qui concerne les versions actuelles du christianisme occidental, le protestantisme (1517-2017) est en grande partie une force épuisée dans le monde occidental, sa date de péremption de 500 ans est dépassée. De même qu’il a été lancé par la technologie de l’imprimerie, il a été achevé par la technologie de l’internet. Le puritanisme prêchait « haïr le péché et surtout haïr le pécheur », maintenant son descendant tout aussi agressif, le wokisme, prêche « aimer le pécheur et surtout aimer le péché ». En d’autres termes, tout est permis. Les églises autrefois pleines du protestantisme ferment par centaines chaque année dans le monde occidental. C’était ce que c’était, une parenthèse moralisatrice et suprématiste dans l’histoire, à la fois pour le bien, comme le respect des promesses, l’honnêteté, l’intégrité et la droiture morale, et pour le mal, comme l’exploitation impitoyable et non durable des ressources humaines et naturelles, y compris l’esclavage, l’obsession de l’argent et des économies, ainsi que le philistinisme ennuyeux et iconoclaste provoqué par un sectarisme borné, et la répression tragique, rigide, littéraliste, moralisatrice, contre-nature et pharisaïque de la nature humaine, provoquant une hypocrisie et une misogynie crasses, jusqu’à l’abattage des femmes comme « sorcières ».

Quant au catholicisme romain, qui jette le bébé avec l’eau du bain, il a été repris par la CIA au début des années 60 pour servir de bélier politique contre l’URSS. Et lui aussi est en grande partie une force épuisée (1054-2054 ?) dans le monde occidental. La pédophilie dissimulée et la misogynie des clercs frustrés et obligatoirement célibataires, dont certains sont des pervers, maintenant exposés, sont en train de la tuer. Il n’est pas étonnant que certains disent que le pape actuel est le dernier. Cependant, si le catholicisme peut être libéré des laquais politiques américains et européens et débarrassé de son sécularisme millénaire inhérent, il peut au moins revenir à ses racines (le protestantisme, en tant que mouvement d’opinion protestataire schismatique et fractionné, n’a en soi aucune racine à laquelle retourner). Libéré de Rome, le peuple que l’on appelle aujourd’hui « catholique » peut refleurir sous de nouvelles formes, en particulier en Amérique latine, en Afrique et dans certaines régions d’Asie, à condition que le catholicisme devienne indigène, mais reste traditionnel, et que les mariages presque universels, mais hypocritement dissimulés, du clergé du Sud puissent être reconnus officiellement. Cela signifie que le catholicisme devra se débarrasser du Moyen Âge occidental sécularisé et corrompu et revenir à l’esprit de la foi catholique préromaine de l’Europe occidentale du premier millénaire.

En ce qui concerne l’Église orthodoxe non occidentale, les 200 millions de personnes qui composent les quinze branches locales actuelles de l’Église orthodoxe, la révolution de la désoccidentalisation sera tout aussi radicale. Actuellement, il y a les 7%, les 14 millions de membres des églises grecques de Constantinople, de Grèce, de Chypre, d’Alexandrie et de Jérusalem. Une fois que l’Establishment américain, qui se tient derrière eux et se mêle intensivement de leurs affaires, se sera retiré, la liberté leur sera enfin accordée. Quant à l’Église russe, les 70% ou 140 millions, tout comme pour les 23% ou 46 millions des autres Églises non grecques, en Roumanie, Serbie, Bulgarie, Géorgie, Antioche, Macédoine, Pologne, Tchécoslovaquie et Albanie, la révolution sera aussi nécessairement radicale. Elles devront toutes être libérées de la maladie occidentale de la mondanité :

Jésus entra dans le temple de Dieu, chassa tous ceux qui vendaient et achetaient dans le temple, renversa les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient des colombes, et leur dit : Il est écrit : « Ma maison sera appelée maison de prière ; mais vous en avez fait une caverne de voleurs ».

Postface

Toute la politique russe des vingt-deux dernières années visant à évoluer vers un monde multipolaire/polycentrique est en train de porter ses fruits. Les quatre grands, la Russie, la Chine, l’Inde et l’Iran, sont rejoints par de nombreux pays de tous les continents du Sud au sein d’énormes et puissantes organisations non occidentales comme les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), l’OCS (Organisation de coopération de Shanghai) et l’UEE (Union économique eurasienne), pour former un nouveau G20 qui remplacera le vassal américain défaillant.

Désormais, ce monde multipolaire/polycentrique, intrinsèquement anti-centralisateur, se traduira par des ramifications partout. La centralisation ancienne et ratée, qui a toujours entraîné la corruption dans son sillage, va progressivement disparaître et les gens pourront être vus pour ce qu’ils sont. C’est un avertissement à tous les tyrans et les intimidateurs qui ont promu des unions et des institutions artificielles dans le monde entier. Vos secrets sont en train d’être découverts. Votre temps est écoulé. Nous ne mourrons pas à genoux, mais vivrons debout. Il est temps pour la désimperialisation et la resouverainisation de pays entiers et d’âmes individuelles.

Batiushka

Recteur orthodoxe russe d’une très grande paroisse en Europe, il a servi dans de nombreux pays d’Europe occidentale et j’ai vécu en Russie et en Ukraine. Il a également travaillé comme conférencier en histoire et en politique russes et européennes.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

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