Ukraine – Porochenko a provoqué un conflit avec la Russie pour obtenir des pouvoirs dictatoriaux – Il a échoué


2015-05-21_11h17_05Par Moon of Alabama – Le 27 novembre 2018

Le président ukrainien Petro Porochenko a tenté de soutenir son taux d’approbation pour les prochaines élections en provoquant un incident militaire. C’était un pari et ça a échoué.

Trois bateaux ukrainiens, un remorqueur et deux canonnières, ont tenté de naviguer depuis la mer Noire à travers le détroit de Kertch jusqu’à la mer d’Azov. Le détroit de Kertch est une eau territoriale de la Russie depuis que la Crimée a voté pour rejoindre la Russie. Le « passage innocent » est autorisé mais nécessite le respect des lois et règlements des eaux territoriales.

Carte de profondeur – Mer d’Azov Bleu foncé – moins de 5 mètres, bleu clair – moins de 10 mètres, blanc – moins de 13,5 mètres agrandir

L’Ukraine n’accepte pas la décision du peuple de Crimée et insiste sur le fait que la péninsule fait toujours partie de son territoire. Le président ukrainien Petro Porochenko a envoyé les bateaux avec l’ordre de ne pas coordonner leur passage avec les autorités russes. Les marins capturés le confirment. Il voulait évidemment provoquer une réaction violente de la part de la Russie.

Le gouvernement de l’Ukraine a pratiquement reconnu que la mission avait une intention néfaste :

« Les services de sécurité de l’État ukrainien ont déclaré que ses officiers de renseignement faisaient partie de l’équipage de navires de guerre ukrainiens saisis par la Russie lors d’une confrontation près de la Crimée. 

L’agence SBU a déclaré mardi dans un communiqué que les officiers menaient des opérations de contre-espionnage pour la marine ukrainienne, en réponse à une ‘pression physique et psychologique’ des services d’espionnage russes. Il n’en a pas dit plus, mais a exigé que la Russie arrête une telle activité. 

Les services de renseignement russes du FSB ont annoncé lundi dernier qu’il y avait des officiers du SBU à bord des navires ukrainiens, qualifiant ce fait de ‘provocation’ organisée par l’Ukraine. » 

Quelle est la vraie raison pour laquelle ces agents étaient à bord des canonnières ukrainiennes ?

Et pourquoi l’équipage du remorqueur était-il armé de mitrailleuses lourdes ?


Quelques marins ukrainiens ont été légèrement blessés lorsque les garde-côtes russes ont tiré sur l’un des bateaux.


Les canonnières de la classe Gurza-M ont été construites sur un chantier naval que Porochenko possédait à cette époque. Il a profité de leur commande. Ils peuvent être utiles pour la surveillance des rivières mais pas de la mer.

Les garde-côtes russes n’ont eu aucun problème pour désarmer les navires et capturer les équipages. Un tribunal de Crimée a ordonné que les marins soient détenus pendant deux mois supplémentaires, le temps de répondre aux accusations de violation de frontière.

En 1988, les États-Unis ont tenté d’organiser une acrobatie similaire dans la mer Noire. Deux navires de la marine américaine équipés de matériel d’espionnage ont pénétré dans les eaux territoriales soviétiques près de la Crimée. Ils ont été virés (vidéo) par des navires soviétiques et ont été suffisamment intelligents pour partir avant que la situation ne dégénère.

L’intention de Porochenko était de provoquer un incident lui permettant de se présenter comme président de guerre. Les élections approchent et tous les sondages le montrent inférieur à 10% et loin derrière deux autres candidats. Il a tenté d’utiliser l’incident pour introduire la loi martiale dans toute l’Ukraine.

La loi martiale donnerait à Porochenko le plein contrôle du pays. Il pourrait supprimer n’importe quel gouvernement régional ou local, mettre un terme à l’opposition politique et censurer les médias. Il serait en mesure de reporter indéfiniment les prochaines élections.

En juillet dernier, Yulia Tymoshenko, qui est en tête des sondages pour les prochaines élections, avait averti que Poroshenko prendrait cette mesure (traduction automatique) :

« Le dirigeant de Batkivshchyna, Yulia Tymoshenko, affirme que l’un de ses principaux concurrents à la prochaine élection présidentielle, le chef d’État en exercice, Petro Poroshenko, aurait concu un ‘plan extrêmement dangereux’ pour perturber le scrutin en intensifiant la guerre au Donbass et en imposant la loi martiale en Ukraine. Le politicien a fait une telle déclaration sur la chaîne de télévision UA First.
Timochenko a déclaré que Porochenko ‘ne veut pas’ de tenir des élections présidentielles afin de ‘garder le pouvoir’… ».

Il a essayé de faire peur au Parlement pour qu’il accepte ses plans :

« ‘Les données des services de renseignement parlent d’une menace extrêmement sérieuse’, a déclaré Porochenko dans un discours télévisé lundi, brandissant une pile de papier qui, a-t-il déclaré, était un rapport de renseignement détaillant les forces russes massées près de la frontière. Lors d’une session du Conseil de sécurité des Nations Unies convoquée à la demande de l’Ukraine lundi soir, le représentant du pays, Volodymyr Yelchenko, a affirmé que les ports de Marioupol et de Berdyansk situés dans la mer d’Azov étaient menacés. »

C’est bien sûr un non-sens total. La Russie n’a aucun intérêt à déclencher une guerre avec l’Ukraine. Elle n’a rien à y gagner.

Le Parlement doit voter sur l’introduction de la loi martiale et les partis d’opposition ont reconnu le tour de force de Porochenko pour ce qu’il était. Ses plans ont été rejetés. Porochenko s’est retiré avec son plan. Au lieu de la période de loi martiale renouvelable de 60 jours qu’il souhaitait, il a dû se contenter de 30 jours. Et cela ne suffisait toujours pas :

« Les partis politiques rivaux – la Patrie de l’ancien Premier ministre Ioulia Timochenko, le Parti social-dépendant du maire de Lviv Andriy Sadovyi et du populiste Oleh Lyashko – ont exigé de nouvelles concessions. Ils souhaitaient une confirmation immédiate, plutôt que la simple promesse, que les élections se dérouleraient le 31 mars. Ils ont cherché à limiter la loi martiale à un certain nombre de régions plutôt qu’à l’ensemble du pays et se sont opposés à tout projet de limitation des libertés constitutionnelles des Ukrainiens. Leur crainte n’était pas seulement que la campagne soit limitée, mais que Porochenko obtienne des pouvoirs quasi dictatoriaux. »

Il y aura désormais une loi martiale limitée, mais seulement dans les régions limitrophes de la Russie ou de la mer Noire. L’opposition et ses soutiens étrangers s’assureront que son utilisation ne deviendra pas incontrôlable. Il y aura un appel limité de troupes de réserve, mais la plupart des réservistes l’ignoreront probablement. Avec la date des élections fixée au 31 mars par le parlement, Porochenko ne dispose d’aucun outil juridique pour la reporter. À moins bien sûr qu’il réussisse à provoquer une vraie guerre, soit avec les rebelles qui tiennent les oblasts de Donetsk et Lougansk, soit avec la Russie elle-même. Les bellicistes fous de l’Atlantic Council l’invitent à faire exactement cela :

« Même si l’Ukraine est sous-estimée, elle a des options. Elle peut entreprendre des opérations pour lever le blocus, même si elles seraient probablement infructueuses étant donné les forces envoyées par Moscou. Néanmoins, elle ne peut accepter passivement cette atteinte à sa souveraineté et à son intégrité. L’Ukraine doit envisager avec la plus grande attention une opération spéciale susceptible de perturber le pont construit par Moscou sur le détroit de Kertch, qui relie la Crimée à la Russie. Mais ce n’est pas tout. L’Ukraine devrait inviter les États-Unis et l’OTAN à envoyer une flotte de navires armés pour se rendre à Marioupol, la principale ville de la côte de la mer d’Azov, et défier la Russie de tirer ou d’empêcher l’OTAN d’exercer son droit de visite dans les ports ukrainiens. Ces navires devraient être armés et munis d’une couverture aérienne, mais avoir pour instruction de ne pas tirer s’ils ne sont pas agressés. »

Même Porochenko n’est pas assez bête pour répéter sa provocation manquée dans le détroit de Kertch. Le pont de Kertch est gardé. Ses piliers sont énormes car il a été construit près d’une faille, il est capable de résister aux tremblements de terre. Une unité de sabotage devrait apporter plusieurs tonnes d’explosifs puissants pour en endommager un. Pour atteindre Marioupol dans la mer d’Azov, les navires doivent traverser le détroit de Kertch. Le passage est un canal artificiel très étroit avec seulement 8 mètres de profondeur. Hors du canal tout navire dont le tirant d’eau est supérieur à 2-3 mètres n’a aucune marge de manœuvre pour naviguer. La Russie n’a même pas besoin de bateaux ni d’avions pour le protéger. Quelques canons le long de la côte peuvent facilement contrôler le passage. Aucun commandant de marine sensé ne tentera de passer le détroit par la force.

La Russie a  déjà prévenu, mettant en garde contre toute nouvelle manœuvre « téméraire » et déployant un système de missiles anti-navires  dans le détroit de Kertch afin de s’assurer que toute nouvelle provocation aurait des conséquences mortelles.

Poroshenko pourrait commencer une provocation ailleurs. Il pourrait tenter de reconquérir l’aéroport de Donetzk. Mais si ça le démange de perdre encore plus de combats, une guerre à part entière est hors de question. L’armée de Kiev a le moral bas et serait vaincue en quelques jours.

Le règne de Porochenko est catastrophique pour l’Ukraine. Dans plusieurs villes, le chauffage central et l’alimentation en eau chaude sont interrompus. Dix mille personnes devront geler au cours de l’hiver, certaines jusqu’à la mort. Depuis l’arrivée au pouvoir de Porochenko, des millions de travailleurs ukrainiens compétents ont fui ou sont allés travailler à l’étranger, pour la plupart en Russie. Les régions les plus industrialisées sont fermement entre les mains des rebelles. La majorité de la population est pauvre, la bureaucratie totalement corrompue et le pays au bord de la faillite.

Des dizaines d’affaires de corruption seront probablement engagées contre Porochenko lui-même dès qu’il perdra le pouvoir. S’il est intelligent, il quittera l’Ukraine le jour même de la fin de son mandat. Les réactions internationales ont montré que Porochenko n’avait plus aucune valeur. Alors que les pays russophobes, Pologne et Pays baltes, ont appelé à davantage de sanctions contre la Russie, les poids lourds européens, l’Allemagne et la France, ont appelé à une désescalade et à des négociations directes entre la Russie et l’Ukraine. (Merkel lui dit fermement de se retirer). La réaction américaine a été tardive et faible. Trump a renvoyé le problème aux Européens.

Petro Porochenko quittera la scène politique en homme méprisé. Mais il sera également beaucoup plus riche après avoir dépouillé l’État ukrainien partout où il le pouvait. Les Ukrainiens devraient récupérer leur argent avant de le renvoyer à l’étranger.

Moon of Alabama

Traduit par jj, relu par wayan pour le Saker Francophone

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