Tucker Carlson et le sort des Gilets jaunes


Par Tom Luongo − Le 5 janvier 2019 − Source tomluongo

Tom LuongoJe dois transmettre mes sincères félicitations à Tucker Carlson. Sa salve d’ouverture pour 2019 restera dans les mémoires. C’était un tour de force rhétorique d’une durée de quinze minutes.

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Amalgamant le capitalisme vautour de Mitt Romney, l’immigration incontrôlée, la corruption politique et la destruction de la famille dans la classe moyenne, Carlson a raconté une histoire qui, si tout le monde retirait ses œillères idéologiques pendant quelques minutes – moi y compris –, serait tout simplement une description du musée des horreurs.

La thèse de Carlson est que la famille américaine se désintègre. Il a raison. Mais ce n’est pas qu’en Amérique. Partout dans le monde, la globalisation a été le mot d’ordre des politiques publiques, en Europe aussi.

Les Gilets jaunes en France ont commencé par une protestation contre la hausse de la taxe sur le carburant diesel, destinée à soutenir les initiatives de lutte contre le changement climatique, et sont devenues une véritable révolte contre la globalisation, le néolibéralisme et les institutions du gouvernement français.

C’est la prochaine étape du soulèvement populiste tant redouté des « Déplorables » de Hillary Clinton. Et il a franchi les frontières. C’est le genre de révolution de couleur que je peux soutenir, pas les fausses concoctées par des oligarques du genre de George Soros.

Mais ce que j’ai trouvé intéressant, c’est la manière dont Carlson a réuni tous les aspects des décisions de politique publique qui ont créé ce terreau d’incitations perverses.

En bref, la globalisation a embourgeoisé les villes et appauvri les campagnes. Les perspectives d’emploi en milieu rural ont disparu dans de nombreuses régions, pas seulement aux États-Unis, mais aussi en France, en Italie, en Grèce, etc.

Mais, parallèlement, le coût de la vie dû à la financiarisation excessive de l’économie dans les villes a atteint un point tel que les travailleurs de la classe moyenne vivent comme des fourmis pour faire face aux dépenses écrasantes.

Voilà pourquoi les Gilets jaunes protestent en France – et maintenant au Canada, à Taiwan, en Belgique et même pour un bref instant, au Royaume-Uni.

Les seuls gagnants dans cet environnement sont ceux qui impriment, décident et diffusent cet argent – les Mitt Romney, les Jamie Dimon et les Nancy Pelosi.

Et si vous remarquez bien, vous voyez que chaque fois que quelqu’un propose quelque chose de rationnel pour changer cette dynamique, il est dénoncé comme « réactionnaire » ou « menaçant » ou, dans le pire des cas, « populiste ».

Pour moi, cela signifie que cette dynamique, ce processus n’a pas été une confluence accidentelle de facteurs. Que ce n’est pas la conséquence malheureuse de la corruption ordinaire inhérente à notre système politique, mais quelque chose de bien plus sinistre.

C’est une politique voulue.

Ce qui me ramène à Tucker Carlson. À la suite de sa première diatribe, Carlson fulmina contre Rick Wilson, une image caricaturale des experts corrompus, s’il devait y en avoir une.

C’est la prochaine étape de l’attaque contre l’Amérique rurale. Tout d’abord, il a fallu détruire leur capacité à mener une vie stable, à élever des enfants et à transmettre la richesse d’une génération à l’autre.

Ensuite, ce fut l’importation des pires personnes du reste du monde, dispersées  en fonction du code postal afin d’empêcher toute révolte potentielle de certains États par le biais des urnes, en faisant basculer les votes dans les conscriptions hésitantes.

Nous en sommes maintenant au stade du dénigrement et de la déshumanisation. Ce sont les préparatifs que nos dirigeants mettent toujours en place avant de partir en guerre contre quelqu’un.

Dans le passé, il y a toujours eu un groupe de basanés maléfiques de l’autre côté de l’océan.

Aujourd’hui, ce sont les déplorables Blancs, à moitié édentés et trop stupides pour comprendre pourquoi ils doivent être exterminés.

La diatribe d’Hillary contre le « panier de Déplorables »  lui a fait perdre l’élection, mais aujourd’hui elle pousse une grande partie du pays à haïr les électeurs de Trump, et pas seulement ce dernier.

Afin que, lorsque l’effondrement inévitable de ce système se produira, tout soit d’abord imputé à Trump aux cris insupportables de « Je vous l’avais bien dit », puis aux électeurs de Trump eux-mêmes.

Ne vous y trompez pas, c’était une politique voulue. C’était le but de la longue marche à travers les institutions. Et l’effondrement à venir, auquel tout le monde à Wall Street et dans K Street se prépare, nécessite un bouc émissaire.

Pendant ce temps, la vraie solution nous fait face et si nous voulons éviter ce résultat, nous devons cesser de sur-réagir [émotivement] aux mots que les gens disent et rechercher les raisons pour lesquelles ils les disent, le sens caché.

Dans un monde saturé de communication, paradoxalement nous en manquons totalement. Comme je comprends cette vidéo, je ne reproche pas à Carlson son attaque contre le capitalisme de marché devenu une religion. Je sais que c’est une personne qui pose les bonnes questions et cherche des solutions.

Parce que si nous recommencions à nous parler l’un à l’autre – en nous écoutant, plutôt que de parler à l’autre pour être simplement entendu, nous pourrions facilement savoir qui était derrière tout cela depuis le début.

J’ai mon Gilet jaune, et toi ?

Tom  Luongo

Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

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2 réflexions sur « Tucker Carlson et le sort des Gilets jaunes »

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