Pravda américaine : notre grande purge des années 1940

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DISPARU


Préambule du Saker

L'auteur, Ron Unz, d'origine juive [paramètre à connaître - sans plus - pour situer sa prose dans le contexte ambiant, et pour qu'on ne puisse pas dire que ça n'a pas été dit, haine de soi oblige], après une carrière politique mouvementée, a développé un site web d'archivage de documents d'actualité ancienne, il a pu alors alors constater à quel point les faits historiques étaient dénaturés par les pouvoirs dominants pour instrumentaliser leurs politiques.

Ron UnzPar Ron Unz – Le 11 juin 2018 – Source The Unz Review

Bien que je me sois plaint de lui ces dernières années, pendant les dix ans durant lesquels Paul Krugman a officié au New York Times, je le considérais comme le seul chroniqueur national digne d’être lu. Bien sûr, beaucoup d’autres ont ressenti la même chose, et Krugman s’est régulièrement rangé parmi les voix libérales les plus influentes du pays. Il a gagné cette position grâce à son attitude particulièrement affirmée contre les projets du président George W. Bush pendant la guerre en Irak, tandis que son prestige était comblé par l’obtention du Prix ​​Nobel d’économie en 2007.

Mais peu de personnes se souviennent probablement que quelques années seulement après le début de sa chronique, un effort concerté avait été déployé pour faire pression sur le Times afin de le renvoyer, campagne menée par le blogueur Andrew Sullivan, alors ardent partisan de Bush. Étant donné le rythme soutenu des dures accusations et le climat de cette période, j’avais craint que cela ne réussisse. Supposons maintenant qu’il ait été interdit de tout accès aux médias en 2002 et que l’aventure de Bush en Irak ait été un succès, plutôt que le désastre total qu’elle est devenue. Dans quelques décennies, est-ce que quelqu’un se souviendrait de Krugman, à l’exception d’une note historique de bas de page évoquant les défaitistes égarés que notre héroïque président « W » avait heureusement vaincus ?

Peut-être qu’en 2040, toute mention du nom de Krugman attirerait un regard vide ou évoquerait un vague sentiment qu’il était une sorte d’activiste radical peu recommandable, peut-être avec une tendance pro-islamiste et même soupçonné d’avoir joué un rôle dans l’attaque du 9/11. L’histoire a toujours été écrite par les vainqueurs politiques, ce qui était particulièrement vrai à une époque précédent l’arrivée d’Internet, qui a affaibli le monopole total de nos médias établis.

C’est certaines des idées qui m’ont progressivement traversé l’esprit au milieu des années 2000, lorsque j’ai découvert des anomalies remarquables lors de la création de mon site d’archivage de contenu, un système destiné à fournir un accès pratique à des millions d’articles provenant des publications les plus influentes de l’Amérique des 150 dernières années. Comme je n’avais jamais vraiment étudié l’histoire américaine, mes vues étaient généralement très conventionnelles, formées d’un mélange des cours d’histoire pour les nuls que j’avais suivis et de ce que j’avais absorbé, au fil des ans, dans tous les journaux et magazines que je lisais.

Plusieurs des noms les plus fréquents que j’ai rencontrés dans les prestigieux et respectables périodiques américains du passé me sont relativement bien connus, mais d’autres ne le sont pas. C’était un sentiment étrange de voir la présence écrasante d’écrivains complètement obscurs ou que j’ai toujours considérés comme appartenant à la frange radicale peu recommandable, distribuant leurs tracts polycopiés, en colère au coin de la rue, plutôt que des personnages respectés ornant régulièrement les pages de The New RepublicForeign Affairs, et The Nation. Ma compréhension du passé était manifestement erronée.

Prenons le cas de John T. Flynn, probablement inconnu aujourd’hui de tous les Américains sauf un sur cent, et encore. Suite à mes explorations idéologiques beaucoup plus larges, je l’avais parfois vu être salué comme une figure importante de l’ancienne droite, un des fondateurs de l’American First Committee et ami des sénateurs Joseph McCarthy et de la John Birch Society, bien que faussement diffamé par ses opposants en tant que proto-fasciste ou sympathisant des nazis. Ce genre de description semblait former dans mon esprit une image cohérente, bien que quelque peu contestée.

Alors, imaginez ma surprise de découvrir que, tout au long des années 1930, il avait été l’une des voix libérales les plus influentes de la société américaine, un écrivain en économie et en politique dont le statut aurait pu être, à peu de choses prés, proche de celui de Paul Krugman, mais avec une forte tendance à chercher le scandale. Sa chronique hebdomadaire dans The New Republic lui permit de servir de locomotive pour les élites progressistes américaines, tandis que ses apparitions régulières dans Colliers, hebdomadaire illustré de grande diffusion, atteignant plusieurs millions d’Américains, lui fournissaient une plate-forme comparable à celle d’une personnalité de l’âge d’or des réseaux de télévision.

Dans une certaine mesure, l’importance de Flynn peut être objectivement quantifiée. Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de mentionner son nom devant une libérale cultivée et engagée née dans les années 1930. Sans surprise, elle a séché, mais s’est demandé s’il aurait pu être un peu comme Walter Lippmann, le très célèbre chroniqueur de cette époque. Lorsque j’ai vérifié, j’ai constaté que dans des centaines de périodiques de mon système d’archivage, il n’y avait que 23 articles publiés par Lippmann dans les années 1930 mais 489 par Flynn.

L’importance de Flynn au début de sa carrière vient de son rôle capital au sein de la Commission sénatoriale Pecora en 1932, qui avait mis au pilori les notables de Wall Street pour l’effondrement du marché boursier en 1929 et dont les recommandations avaient finalement abouti à la création de la Securities and Exchange Commission et d’autres réformes financières importantes. Après une carrière impressionnante dans le journalisme de presse écrite, il était devenu chroniqueur hebdomadaire pour The New Republic en 1930. Bien que sympathisant, au départ, avec les objectifs de Franklin Roosevelt, il devint rapidement sceptique quant à l’efficacité de ses méthodes, notant la lenteur de l’expansion des projets de travaux publics et se demandant si la NRA [National Recovery Administration] tant vantée n’était pas, en fait, plus profitable au big business qu’aux travailleurs ordinaires.

Au fil des années, ses critiques à l’encontre de l’administration Roosevelt se firent plus sévères pour des raisons économiques et, finalement, de politique étrangère, ce qui entraîna une très forte hostilité de l’administration. Roosevelt a commencé à envoyer des lettres personnelles à des rédacteurs en chef exigeant que Flynn soit exclu de tout organe de presse américain de premier plan. En conséquence il a peut-être perdu la rubrique qu’il tenait à New Republic, immédiatement après la réélection de FDR en 1940, et son nom a disparu des périodiques grand public. Cependant, au fil des années, il a écrit plusieurs best-sellers qui attaquaient violemment Roosevelt. Après la guerre, sa signature apparaissait parfois dans des publications beaucoup moins influentes et plus traditionnelles. Il y a dix ans, le libertaire Ludwig von Mises Institute a republié quelques livres de Flynn et une longue introduction du professeur Ralph Raico a esquissé une partie de ce contexte.

Les adeptes de ma bibliothèque locale à Palo Alto organisent une vente mensuelle de livres, au cours de laquelle les articles sont vendus pour une somme dérisoire. Je passe habituellement voir les rayons par curiosité pour ce que je pourrais trouver. Il y a quelques années, j’ai remarqué l’un des livres de Flynn sur FDR, publié en 1948, et l’ai acheté pour $0.25. Les documents présentés sur les pages jaunies de The Roosevelt Myth m’ont ouvert les yeux.

N’importe qui peut écrire un livre pour ne rien dire. Si un obscur écrivain de droite formulait des accusations étonnantes contre un président libéral, je ne ferais peut-être pas beaucoup attention. Mais si Paul Krugman avait passé des années à exprimer des doutes croissants sur l’efficacité de la politique de Barack Obama, puis s’était finalement retourné contre lui et avait publié un best-seller national dénonçant son administration, ses opinions auraient certainement beaucoup plus de poids. Il en fut donc ainsi avec les accusations de Flynn contre Roosevelt.

Je ne suis pas un expert de l’ère du New Deal, mais le travail de Flynn semblait écrit avec sobriété et persuasion, bien que dans un style journalistique provocateur, et il fait toutes sortes d’affirmations que je n’avais encore jamais vues. Mon système logiciel fournit des critiques de livres croisées et j’en ai lu une douzaine. Quelques-unes de l’époque de la publication du livre étaient extrêmement critiques, dénonçant le contenu du travail de Flynn comme un non-sens total écrit par quelqu’un de notoirement fou « haïssant Roosevelt ». Mais aucune réfutation spécifique n’a été fournie, et le ton général ressemblait beaucoup à celui des nombreux éditoriaux de  Wall Street des années 2000, qui ont publié des dénonciations générales de livres écrits par des des fous « haïssant Bush ». En fait, toute la revue de 1949 consistait en une phrase unique : « Du pur venin d’un professionnel haïssant FDR ». Cependant, d’autres revues plus récentes, certes tirées du camp des libertariens, ont été extrêmement favorables. Comme je n’ai pas une grande expertise, je ne peux pas juger efficacement.

Mais les affirmations de Flynn étaient extrêmement précises, détaillées et spécifiques, y compris de nombreux noms, dates et références. Le plus étonnant, accusait les Roosevelt d’avoir manifesté un degré extraordinaire de corruption financière familiale, dont il a affirmé qu’il était peut-être sans précédent dans l’histoire américaine. Apparemment, malgré son passé riche et élitiste, le fils aîné de FDR, Elliott, n’a jamais fréquenté un collège et n’avait pratiquement aucune qualification professionnelle. Mais peu après l’accession à la présidence de son père, il a commencé à solliciter d’importants paiements personnels et des « investissements » auprès de riches hommes d’affaires qui avaient besoin des faveurs du gouvernement fédéral en pleine croissance, ce qui semble avoir été fait avec la pleine connaissance et l’approbation de FDR. La situation ressemblait un peu aux activités notoires de Billy Carter à la fin des années 1970, mais l’argent en jeu s’élevait à $50 millions actuels. Je n’en avais jamais entendu parler.

Le cas de la Première Dame, Eleanor Roosevelt, était encore plus choquant. Elle non plus n’avait jamais été à l’université et n’avait apparemment reçu que peu d’éducation formelle. Peu de temps après l’investiture de FDR, elle a entamé une grande campagne de publicité personnelle très bien payée pour des produits de consommation grand public tels que le savon et a encaissé toutes sortes d’autres paiements importants, au cours des années suivantes, de diverses entreprises, en particulier de celles qui dépendent de manière décisive des décisions réglementaires du gouvernement. Imaginez si de récentes premières dames, telles que Michelle Obama ou Laura Bush, étaient constamment vues dans les publicités télévisées pour des voitures, des couches ou des fast-foods. Les versements qu’Eleanor a personnellement reçus au cours de la douzaine d’années du mandat de FDR auraient atteint $150 millions actuels. C’était aussi quelque chose que je n’avais jamais soupçonné. Et tout cela se passait au plus profond de la Grande Dépression, quand une fraction énorme du pays était désespérément pauvre. Peut-être que Juan et Eva Peron n’ont tout simplement pas embauché les personnes compétentes en relations publiques ou ont simplement visé trop bas.

Évidemment, la croissance sans précédent des dépenses et du pouvoir réglementaire du gouvernement fédéral au cours des années du New Deal a accru les possibilités de ce type de corruption personnelle dans des proportions énormes. Mais Flynn note à quel point la situation semblait étrange puisque la fortune héritée de FDR montrait qu’il était entré en fonction en tant que l’un des plus riches présidents des temps modernes. Et pour autant que je sache, son successeur, Harry S. Truman, a quitté la Maison-Blanche à peu près aussi pauvre qu’il y était entré.

Certaines des autres affirmations choquantes de Flynn étaient plus faciles à vérifier. Il fait valoir que le New Deal était en grande partie un échec et, à l’appui de cette affirmation, il note que lorsque FDR est entré en fonction en 1933, il y avait 11 millions de chômeurs et qu’en 1938, après six ans de dépenses et de déficits gouvernementaux énormes et la création de l’imbroglio des programmes du New Deal il y avait… 11 millions de chômeurs. Cette revendication semble être exacte.

En réalité, Flynn allègue que fin 1937, FDR s’était orienté vers une politique étrangère agressive visant à impliquer le pays dans une guerre étrangère importante, principalement parce qu’il pensait que c’était le seul moyen de sortir de sa situation économique et politique désespérée, un stratagème qui n’était pas inconnu pour les dirigeants nationaux au cours de l’histoire. Dans sa chronique du 5 janvier 1938 sur la New Républic, il avertit ses lecteurs incrédules de la perspective imminente d’un important renforcement de la marine et des moyens militaires, après qu’un important conseiller de Roosevelt lui aurait vanté, en privé, les mérites d’un grand conflit de « keynesianisme militaire » et d’une guerre majeure qui résoudraient les problèmes économiques apparemment insurmontables du pays. À cette époque, une guerre avec le Japon, qui portait peut-être sur des intérêts en Amérique latine, semblait être l’objectif recherché, mais l’évolution de la situation en Europe a rapidement convaincu FDR que fomenter une guerre générale contre l’Allemagne était la meilleure solution. Les mémoires et autres documents historiques obtenus ultérieurement par des chercheurs semblent généralement soutenir les accusations de Flynn en indiquant que Roosevelt a ordonné à ses diplomates d’exercer une énorme pression sur les gouvernements britannique et polonais pour éviter tout règlement négocié avec l’Allemagne, entraînant ainsi le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en 1939.

Une telle politique étrangère interventionniste aurait représenté un renversement remarquable des promesses de Roosevelt. Tous mes livres d’introduction à l’histoire ont toujours indiqué qu’un Congrès à tendance isolationniste avait adopté diverses lois sur la  neutralité au milieu des années 1930, malgré la forte opposition de FDR, et que celles-ci étaient censées le menotter. Mais, selon Flynn, FDR avait non seulement initialement proposé cette législation sur la neutralité à ses alliés du Congrès, mais avait en réalité fait de son plaidoyer et de son soutien personnels pour ces lois l’une des pièces maîtresses de sa campagne de réélection de 1936, lui permettant de gagner le Mid West contre le gouverneur du Kansas, Alf Landon. Une fois encore, Flynn fournit une description très spécifique et détaillée de cette histoire. Sans surprise, Wikipédia fournit un compte-rendu opposé, totalement conventionnel.

Abstraction faite du niveau extraordinaire de corruption financière dans la famille, alléguée par Flynn, son portrait de FDR me rappelle plus le « W » [Bush fils] que tout autre président récent. Nous devons nous rappeler que « W » s’était présenté aux élections en promettant une politique étrangère « humble » et la suppression de divers types de profilage anti-musulman du gouvernement, mais il a rapidement fait volte-face lorsque les attentats du 11 septembre lui ont donné l’occasion d’entrer dans les livres d’histoire en tant que « président de guerre ».

L’arrière-plan de la publication du livre fournit une indication des obstacles à la publication auxquels se heurtent les critiques de la politique gouvernementale. En dépit de la réputation démesurée de Flynn et de ses précédents best-sellers, son manuscrit a été rejeté par pratiquement tous les grands éditeurs et, désespéré, il s’est finalement tourné vers une obscure maison d’édition irano-américaine. Pourtant, malgré un lancement aussi peu propice et son exclusion presque complète des principaux médias, son livre a rapidement atteint le deuxième rang sur la liste du New York Times. À peine une décennie plus tôt, il était au sommet de l’influence américaine et la liste noire des grands médias n’a apparemment pas encore complètement réussi à étouffer sa mémoire.

Flynn était peut-être la personnalité publique la plus en vue qui a disparu de la visibilité publique à cette époque, mais il n’était guère le seul. Alors que je commençais à explorer le contenu global de tant de publications qui avaient influencé nos idées depuis le XIXe siècle, j’ai détecté une discontinuité significative centrée sur une période donnée. Un certain nombre de personnes – de gauche, de droite et du centre – qui avaient si bien figuré, jusqu’à ce point, disparaissent soudainement, souvent de façon permanente, au début de la Grande Purge américaine des années 1940. Je m’imaginais parfois un peu comme un jeune chercheur soviétique sérieux des années 1970 qui a commencé à fouiller dans les fichiers d’archives moisies du Kremlin, oubliées depuis longtemps, et fait des découvertes étonnantes. Trotski n’était apparemment pas le célèbre espion nazi ni le traître décrit dans tous les manuels, mais avait été le bras droit du saint Lénine lui-même pendant les jours glorieux de la grande révolution bolchevique, et était resté pendant quelques années dans les rangs les plus élevés de l’élite du parti. Et qui étaient ces autres personnages – Zinoviev, Kamenev, Boukharine, Rykov – qui ont également passé ces premières années au sommet de la hiérarchie communiste ? Dans les cours d’histoire, ils étaient à peine mentionnés, en tant qu’agents capitalistes mineurs qui ont rapidement été démasqués et ont payé leur traîtrise de leur vie. Comment le grand Lénine, père de la Révolution, aurait-il pu être assez idiot pour s’entourer presque exclusivement de traîtres et d’espions ?

Mais contrairement à leurs analogues staliniens quelques années plus tôt, les victimes américaines disparues vers 1940 ne furent ni abattues ni envoyées au goulag, mais simplement exclues des principaux médias qui définissent notre réalité, les effaçant ainsi de notre mémoire, de sorte que les générations futures ont progressivement oublié qu’elles avaient jamais existé.

Parfois, des échos de leur existence antérieure sont restés dans les contextes contemporains les plus improbables. Par exemple, au début des années 2000, lorsque je parcourais de temps en temps des sites de la frange d’extrême droite, je pouvais parfois voir des références favorables à un individu totalement inconnu appelé « Harry Elmer Barnes », qui semblait avoir été un idéologue fasciste des années 1930 oublié depuis longtemps.

Imaginez mon étonnement après avoir découvert que Barnes avait été l’un des premiers contributeurs du magazine Foreign Affairs, et le principal relecteur de cette vénérable publication depuis sa fondation en 1922, alors que son statut parmi l’un des premiers universitaire libéraux américains se manifestait par ses nombreuses apparitions dans The Nation et The New Republic au cours des années 1920. En effet, on lui attribue un rôle central dans la « révision » de l’histoire de la Première Guerre mondiale, afin d’effacer l’image caricaturale de l’innommable méchanceté allemande, laissée en héritage de la malhonnête propagande de guerre produite par les gouvernements opposants britannique et américain. Et sa stature professionnelle a été démontrée par ses trente-cinq livres ou plus, dont bon nombre d’ouvrages académiques influents, ainsi que par ses nombreux articles dans The American Historical Review, Political Science Quarterly et d’autres revues de premier plan.

Il y a quelques années, j’ai parlé de Barnes à un éminent universitaire américain dont les activités en sciences politiques et en politique étrangère étaient très similaires, et pourtant le nom ne lui disait rien. À la fin des années 1930, Barnes était devenu un critique de premier plan des propositions de participation américaine à la Seconde Guerre mondiale. En conséquence, il avait définitivement « disparu », ignoré par tous les grands médias, alors qu’une importante chaîne de journaux était fortement incitée à mettre fin brutalement, en mai 1940, à sa rubrique nationale publiée de longue date.

À de nombreux égards, la situation de Barnes était caractéristique de ceux qui étaient condamnés à la purge. Bien que beaucoup de critiques féroces de la présidence du FDR semblent avoir souffert de nombreuses enquêtes gouvernementales et du harcèlement du fisc au cours des années 1930, le mouvement américain contre une implication dans une nouvelle guerre mondiale semble avoir été le facteur principal d’une vaste purge d’intellectuels publics et d’autres opposants politiques. L’influence combinée de l’establishment de la côte Est pro-britannique et de puissants groupes juifs a été utilisée pour se débarrasser des opposants dans les médias, et après que les Allemands ont rompu le pacte Hitler-Staline en attaquant l’URSS en juin 1941, les communistes et autres gauchistes on également participé à cet effort. Les sondages semblent avoir montré que près de 80% de l’opinion publique américaine était opposée à une telle implication militaire. Toute personnalité politique ou médiatique influente donnant la parole à cette super-majorité populaire devait être réduite au silence.

Plus d’une douzaine d’années après sa disparition de notre paysage médiatique national, Barnes a réussi à publier Perpetual War for Perpetual Peace, un long recueil d’essais d’érudits et autres experts traitant des circonstances entourant l’entrée de l’Amérique dans la Seconde Guerre mondiale. Il a été édité et distribué par un petit imprimeur de l’Idaho. Sa propre contribution consistait en un essai de 30 000 mots intitulé « Le révisionnisme et le blackout historique », qui abordait les énormes obstacles rencontrés par les penseurs dissidents de cette période.

Le livre lui-même était dédié à la mémoire de son ami l’historien Charles A. Beard. Depuis le début du XXe siècle, Beard était une figure intellectuelle de haute stature et de la très grande influence, cofondateur de The New School à New York et président de l’American Historical Association et de l’American Political Science Association. En tant que principal partisan de la politique économique du New Deal, il a été extrêmement loué pour ses opinions.

Pourtant, une fois qu’il s’est retourné contre la politique étrangère belliqueuse de Roosevelt, les éditeurs lui ont fermé leurs portes et seule son amitié personnelle avec le responsable de la presse de l’Université de Yale a permis à son volume critique de 1948, Le président Roosevelt, et l’avènement de la guerre, 1941 de paraître. La réputation immense de Beard semble avoir commencé à décliner rapidement à partir de ce moment, de sorte que l’historien Richard Hofstadter pouvait écrire en 1968 : « La réputation de Beard se présente aujourd’hui comme une ruine imposante dans le paysage de l’historiographie américaine. Ce qui était autrefois la plus grande maison du pays est maintenant une survivance ravagée ». En fait, « l’interprétation économique de l’histoire », autrefois dominante, de Beard pourrait presque être considérée comme faisant la promotion de « dangereuses théories du complot », et je suppose que peu de non-historiens ont même entendu parler de lui.

Un autre contributeur majeur au volume de Barnes fut William Henry Chamberlin, qui pendant des décennies avait été classé parmi les principaux journalistes de politique étrangère des États-Unis, avec plus de quinze livres à son actif, la plupart d’entre eux ayant fait l’objet de nombreuses critiques favorables. Pourtant, America’s Second Crusade, son analyse critique, publiée en 1950, de l’entrée de l’Amérique dans la Seconde Guerre mondiale, n’a pas réussi à trouver un éditeur traditionnel et a été largement ignorée par les critiques. Avant sa publication, sa signature apparaissait régulièrement dans nos magazines nationaux les plus influents, tels que The Atlantic Monthly et Harpers. Mais par la suite, son activité s’est presque entièrement limitée à des lettres d’information et à des périodiques de faible tirage, appréciés par un public conservateur ou libertaire restreint.

Aujourd’hui, sur internet, tout le monde peut facilement créer un site Web pour publier son point de vue, le rendant immédiatement accessible à tout le monde. En quelques clics de souris, les médias sociaux tels que Facebook et Twitter peuvent attirer l’attention de millions de personnes sur des documents intéressants ou controversés, en se passant ainsi totalement du soutien des intermédiaires établis. Il est facile pour nous d’oublier à quel point la dissémination d’idées dissidentes était extrêmement ardue à l’époque des rotatives, du papier et de l’encre, et de reconnaître qu’une personne exclue de son média habituel aura peut-être besoin de nombreuses années pour retrouver toute sa place.

Et cette situation sous estime réellement les énormes obstacles auxquels se sont heurtés Flynn, Barnes et des auteurs similaires, qu’eux-mêmes n’avaient probablement pas pleinement reconnus à l’époque. Il ne faut pas oublier qu’au début des années 50, la télévision et les films commençaient à peine à remplacer  les autres formes de médias dans leur audience et influence, mais les trois réseaux et la poignée de studios hollywoodiens commencèrent à profiter d’un outil  puissant pour orienter l’interprétation populaire des événements historiques et de tous les autres types d’information. Ainsi, bien que les nombreuses personnalités d’autrefois, dont nous avons discuté, conservent parfois une présence dans les livres, les magazines à faible tirage et même certaines émissions de radio, leur exclusion totale de la télévision et des films les a effectivement transformés en ectoplasmes.

Compte-tenu de la prospérité et de la tranquillité intérieure aux États-Unis dans les années 1950, la plupart des Américains ordinaires étaient raisonnablement satisfaits et ne voyaient pas la nécessité de remettre en question la véracité de ce qu’ils entendaient et voyaient sur leurs écrans magiques, qu’ils soient petits ou grands. Si des intellectuels autrefois éminents, mais maintenant à moitié oubliés, cherchaient à revenir sur la pertinence des décisions politiques prises 15 ou 20 ans auparavant, ils n’attiraient inévitablement qu’une faible audience.

L’année 1940 a semblé marquer le point culminant où certaines des voix dissidentes les plus importantes dans les médias nationaux ont été écartées ou intimidées. Une fois cela accompli, le paysage stratégique s’est évidemment éclairci, facilitant ainsi des manœuvres politiques qui auraient pu être beaucoup plus difficiles dans un climat de surveillance minutieuse par la presse.

DesperateDeceptionCompte tenu de l’énorme opposition populaire à une intervention militaire, les perspectives d’un troisième mandat, sans précédent, pour Roosevelt pouvaient sembler difficiles, puisqu’il serait obligé de s’engager fermement dans cette position isolationniste, au risque d’être battu par son adversaire républicain, issu d’un parti majoritairement anti-interventionniste. Mais dans l’un des rebondissements les plus improbables de toute l’histoire politique américaine, la Convention Républicaine, organisée en juin 1940, à Chicago, choisit comme candidat l’obscur Wendell Willkie, un homme fortement interventionniste qui n’avait jamais exercé de fonction publique et qui, juste quelques mois auparavant, avait toujours été un démocrate engagé. Il y a deux décennies, l’historien Thomas E. Mahl a abondamment documenté le fait que les agents de renseignement britanniques avaient joué un rôle crucial dans cette tournure extrêmement inattendue, employant même peut-être des moyens mortels. La course entre Roosevelt et Willkie qui en résulta ne laissa donc pratiquement aucun choix aux électeurs en matière de politique étrangère, et FDR fut réélu dans un immense raz-de-marée électoral, lui permettant ainsi de mener une politique étrangère beaucoup plus agressive.

Alarmé par la crainte grandissante de voir les États-Unis attirés dans une autre guerre mondiale sans que les électeurs aient eu voix au chapitre, un groupe d’étudiants en droit de Yale a lancé une organisation politique anti-interventionniste qu’ils ont baptisée « The America First Committee ». Ce groupe a rapidement atteint 800 000 membres, devenant ainsi la plus grande organisation politique de base dans notre histoire nationale. De nombreuses personnalités publiques l’ont rejoint ou l’ont soutenu, avec à sa tête le PDG de Sears, Roebuck, et ses jeunes membres étaient les futurs présidents John F. Kennedy et Gerald Ford, ainsi que d’autres notables tels que Gore Vidal, Potter Stewart et Sargent  Schriver. Flynn a officié comme président du chapitre de la ville de New York, et le principal porte-parole de l’organisation était le célèbre aviateur Charles Lindbergh, qui depuis des décennies était probablement classé comme le plus grand héros national des États-Unis.

Pendant toute l’année 1941, une foule considérable à travers le pays a assisté aux rassemblements anti-guerre menés par Lindbergh et d’autres dirigeants, avec des millions d’autres écoutant les émissions de radio des événements. Mahl montre que les agents britanniques et leurs sympathisants américains ont entre-temps poursuivi leurs opérations secrètes pour contrer cet effort en organisant divers groupes politiques activistes prônant l’implication de l’armée américaine, en employant des moyens, normaux ou illégaux, pour neutraliser leurs opposants politiques. Des individus et des organisations juifs semblent avoir joué un rôle extrêmement disproportionné dans cet effort.

Parallèlement, l’administration Roosevelt a intensifié sa guerre non déclarée contre les sous-marins allemands et d’autres forces navales de l’Atlantique, cherchant sans succès à provoquer un incident susceptible d’entraîner le pays dans la guerre. FDR a également inventé les propagandes les plus bizarres et les plus ridicules visant à terrifier les Américains naïfs, par exemple en prétendant avoir la preuve que les Allemands – qui ne possédaient pas de marine de surface importante et étaient complètement bloqués par la Manche – avaient ourdi des plans concrets pour franchir des milliers de kilomètres dans l’océan Atlantique afin de prendre le contrôle de l’Amérique latine. Des agents britanniques ont fourni des falsifications grossières à titre de preuve.

Ces faits, maintenant fermement établis par des décennies d’études, fournissent le contexte nécessaire au discours célèbre et controversé de Lindbergh lors d’un rassemblement de l’America First en septembre 1941. Lors de cet événement il a accusé trois groupes « de pousser ce pays à la guerre, les Britanniques, les Juifs et le gouvernement Roosevelt », déclenchant ainsi une énorme tempête d’attaques et de dénonciations de la part des médias, notamment des accusations généralisées d’antisémitisme et de sympathies nazies. Étant donné les réalités de la situation politique, la déclaration de Lindbergh constitue une illustration parfaite de la fameuse boutade de Michael Kinsley selon laquelle « une gaffe, c’est quand un politicien dit la vérité – une vérité évidente qu’il n’est pas supposé dire ». Mais en conséquence, la réputation autrefois héroïque de Lindbergh a subi des dommages énormes et permanents, les échos de la campagne de diffamation ont été entendus pendant les trois dernières décennies de sa vie, et même bien au-delà. Bien qu’il n’ait pas été totalement exclu de la vie publique, sa réputation n’a plus jamais été la même.

Pendant ce temps, la volonté de FDR de faire entrer l’Amérique en guerre se poursuivait par plusieurs voies parallèles. Au fil des ans, des historiens diplomates ont démontré que, face à une opposition nationale aussi obstinée à une intervention militaire directe en Europe, le gouvernement Roosevelt avait pris de nombreuses mesures visant à provoquer directement une attaque japonaise et à ouvrir ainsi une « porte dérobée pour la guerre », selon le professeur Charles C. Tansill qui a par la suite intitulé ainsi son important livre de 1952 sur cette histoire. Ces mesures comprennent un gel complet des avoirs japonais, un embargo sur le pétrole, absolument vital pour l’armée japonaise, et le rejet sommaire du plaidoyer personnel du premier ministre japonais en faveur de la tenue de négociations au plus haut niveau avec le gouvernement afin de maintenir la paix. Dès mai 1940, FDR avait ordonné que la flotte du Pacifique quitte son port d’attache de San Diego pour se rendre à Pearl Harbor, sur l’île d’Hawaii, décision fermement contestée par James Richardson, son principal amiral, car étant inutilement provocatrice et dangereuse, celui-ci a été licencié.

L’attaque japonaise du 7 décembre 1941 a en fait marqué le succès de la stratégie de Roosevelt en mettant l’Amérique en guerre. En effet, certains spécialistes ont même fait état de nombreuses preuves montrant que les plus hauts niveaux du gouvernement des États-Unis étaient parfaitement au courant de l’attaque imminente et l’avaient laissée faire pour garantir qu’un nombre suffisamment important de victimes américaines balayeraient tous les obstacles populaires à  une implication à grande échelle dans la guerre mondiale.

Il y eut aussi un attentat très étrange immédiatement après l’attaque de Pearl Harbor, un incident qui a suscité beaucoup trop peu d’intérêt. À cette époque, les films étaient le média populaire le plus puissant et, bien que les non-juifs constituaient 97% de la population, ils ne contrôlaient qu’un seul des principaux studios. Peut-être par hasard, Walt Disney était également la seule personnalité hollywoodienne de haut rang au sein du camp anti-guerre. Et au lendemain de l’attaque surprise par le Japon, des centaines de soldats américains ont pris le contrôle des studios Disney afin d’aider à défendre la Californie contre les forces japonaises situées à des milliers de kilomètres, l’occupation militaire se poursuivit pendant huit mois. Examinez ce que les esprits suspects auraient pu penser si le 12 septembre 2001, le président Bush avait immédiatement ordonné à ses militaires de s’emparer des bureaux du réseau CBS, affirmant qu’une telle mesure était nécessaire pour aider à protéger la ville de New York contre de nouvelles attaques islamistes.

La plupart d’entre nous vivons dans le cadre confortable de ce que nous avons appris et croyons donc que cela est vrai, et sortir de ce cocon protégé implique souvent des ajustements mentaux considérables. C’était certainement le cas pour moi il y a une douzaine d’années, alors que je remarquais de plus en plus la nette divergence entre les affirmations et les implications contenues dans mes livres d’histoire et les faits réels contenus dans les pages de vieilles publications d’époque.

L’idée de l’existence, dans le passé, d’une purge radicale des dissidents dans les médias me paraissait beaucoup plus facile à accepter, après que j’ai moi-même été témoin de quelque chose de similaire il y a quelques années à peine, visant à éliminer les obstacles à une guerre étrangère américaine.

Dans la ferveur patriotique qui a suivi les attentats du 11 septembre, peu de médias nationaux ont osé contester les plans et les propositions de l’administration Bush, la chronique de Paul Krugman dans le Times constituant une exception très rare. L’expression de « sentiments antipatriotiques » au sens large pouvait avoir de graves conséquences sur une carrière. Cela était particulièrement vrai des médias télévisés, qui avaient une portée beaucoup plus grande et qui étaient donc soumis à des pressions plus extrêmes. En 2002 et 2003, il était très rare de trouver un opposant à la guerre en Irak sur les réseaux de télévision ou parmi les tout nouveaux câblo-opérateurs, et même MSNBC, le moins populaire et le plus libéral parmi ces derniers, a rapidement lancé une répression idéologique brutale.

Pendant des décennies, Phil Donahue avait été l’un des pionniers des émissions de talk show télévisés dans la journée, et en 2002, il a obtenu de très bonnes audiences sur MSNBC. Mais au début de 2003, son émission a été annulée. Une note de service divulguée indiquait que son opposition à la guerre imminente en était la cause. Le conservateur Pat Buchanan et le libéral Bill Press, tous deux critiques de la guerre en Irak, ont animé un talk show de haut niveau sur le même réseau, leur permettant de débattre avec leurs opposants plus pro-Bush, mais il a également été annulé pour des raisons similaires. Si les animateurs de débats les plus célèbres et les programmes les mieux notés du réseau câblé ont fait l’objet d’une résiliation sommaire, des personnalités de rang inférieur ont certainement tiré les conclusions appropriées concernant les risques de franchissement de certaines lignes idéologiques.

Mon vieil ami Bill Odom, le général trois étoiles qui a dirigé la NSA pour Ronald Reagan et l’un des plus éminents représentants de la sécurité nationale à Washington DC, a également été mis sur une liste noire par les médias pour son opposition à la guerre en Irak. De nombreuses autres personnalités médiatiques ont « disparu » à peu près au même moment et, même après que l’Irak a été universellement reconnu comme un désastre énorme, la plupart d’entre elles n’avaient jamais retrouvé leur perchoir.

À cette époque, l’internet débutant était déjà en place, et ainsi ces disparitions de personnalités des médias, souvent remarquées par des commentateurs en colère, ont donc été moins radicalement efficaces. Buchanan n’a peut-être plus d’émission sur la télévision par câble, mais ses commentaires acerbes sont toujours disponibles sur le Web et il en va de même pour les autres. Cependant, l’impact politique d’un auditoire composé de milliers de lecteurs de sites Web sélectionnés est très différent de celui d’un auditoire national composé de millions de téléspectateurs.

Lorsque nous cherchons à comprendre le passé, nous devons veiller à ne pas nous baser sur une sélection restreinte de sources, surtout si une des parties était victorieuse à la fin et dominait complètement la production ultérieure de livres et autres commentaires. Avant l’existence d’internet, cette tâche était particulièrement difficile, nécessitant souvent un effort considérable de la part des chercheurs, ne serait-ce que pour examiner les volumes reliés de périodiques jadis populaires. Pourtant, sans une telle diligence, nous pouvons faire de très graves erreurs.

La guerre en Irak et ses conséquences ont certainement été l’un des événements centraux de l’histoire américaine au cours des années 2000. Cependant, supposons que dans un avenir lointain, certains lecteurs ne disposent que des archives de The Weekly Standard, National Review, de la page d’opinion du Wall Street Journal et des transcriptions de FoxNews pour leur apporter une compréhension de l’histoire de cette période, peut-être avec les livres écrits par les contributeurs au médias précédemment cités, je doute que, à part une petite fraction de ce qu’ils liraient, le reste puisse être qualifié de mensonge pur et simple. Mais la couverture massivement biaisée, les distorsions, les exagérations et surtout les omissions ahurissantes leur fourniraient sûrement une vision totalement irréaliste de ce qui s’était réellement passé pendant cette période importante.

Au cours des quinze dernières années, j’ai progressivement acquis la conviction que c’est exactement la même chose pour une grande partie de l’histoire américaine que j’avais toujours cru connaître.

Ron Unz

Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

Note du Saker Francophone

L'ère de la communication a totalement modifié les procédés d'élimination de la dissidence. 

Dans l’archaïque URSS, afin de réduire au silence les voix hérétiques, il fallait, après un procès expéditif, les envoyer en Sibérie ou en hôpital psychiatrique pour s'en débarrasser, processus bureaucratique laborieux, et moralement critiquable. 

Mais, le progrès n'ayant par définition pas de limites, l’avènement des moyens de communications modernes, radio, télé, etc., permet aujourd'hui d'envoyer les dissidents dans les oubliettes des médias pour ne plus entendre parler d'eux tout en sauvegardant la vertu inoxydable du censeur, imperméable à la critique, puisque les faits, sans procès, même expéditif, ne sont établis que  par... l'establishment, of course...
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1 réflexion sur « Pravda américaine : notre grande purge des années 1940 »

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