Le blues de l’État profond


Par James Howard Kunstler – Le 19 décembre 2016 –  Source kunstler.com

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De peur que vous ne vous étonniez, non seulement je n’ai pas voté pour M. Trump (ou Hillary), mais je me suis réjoui de lui jeter l’opprobre pendant la campagne électorale. Juste pour que vous sachiez, je ne me fais pas son avocat, mais je suis alarmé par l’État profond (la Maison Blanche + le gang des agences de renseignement) qui semble maintenant essayer de pirater le vote du collège électoral contre lui.

Les manchettes déployées partout la semaine dernière, « La Russie a piraté les élections », ont été conçues par les joueurs de l’État profond pour conduire de façon sournoise un public largement ignorant à penser que la Russie a en quelque sorte interféré avec le processus de vote, ce qui n’était pas possible puisque les machines à voter ne sont pas branchées sur Internet. Et puis ce message a été répété sans cesse par les réseaux câblés et les journaux selon la règle numéro un de la propagande : si vous répétez quelque chose assez souvent, le public l’avalera.

Ce mème malhonnête a également été conçu pour distraire le public de la substance des emails divulgués par WikiLeaks – à savoir les escroqueries et la ruse du Comité national démocratique (DNC), et les trafics d’influences d’Hillary Clinton et de la Fondation Clinton, qui avaient flirté avec un acte d’accusation l’été dernier, et avaient quand même renforcé son image publique déjà connue d’une personne sans scrupules.

Le New York Times a notamment travaillé sur cette histoire de la Russie qui aurait piraté les élections jusqu’à l’écœurement, disant dans son édition de dimanche :

La CIA a conclu que Moscou a fait pencher la balance pour aider M. Trump à gagner grâce à la divulgation de courriels démocrates piratés, ce qui a fourni des munitions pour les nombreuses et pernicieuses fausses attaques contre Mme Clinton sur les médias sociaux.

Fausses attaques ? Quoi, ces compères d’Hillary n’ont-ils pas fait pencher la balance de la DNC pour aider Hillary contre Bernie Sanders ? Laissé Donna Brazille donner à Hillary les questions au préalable ? Laissé la secrétaire d’État Hillary consacrer plus de temps aux demandeurs étrangers en fonction de leurs contributions à la Fondation Clinton, et en accélérant les transactions d’armes pour les gros donneurs ? Permis de recueillir des millions de dollars pour des conférences en suçant les banquiers du Too-Big-To-Fail ? Permis au journalistes du Times, du WashPo et de CNN de prendre la direction des relations publiques comme agents d’Hillary ?

Pensez aussi à la manière dont le mème de l’État profond voulant que la « Russie a piraté les élections » a été amplifié au maximum, comme par coïncidence, la semaine précédant le vote du collège électoral, tel un effort de dernière minute lancé par les médias mourants, les hardis partisans d’Hillary, un groupe de célébrités hollywoodiennes, pour persuader les délégués des collèges électoraux de changer leurs voix pour priver Trump de sa victoire.

Le président Obama a fait de son mieux pour amplifier le message en prétendant que le président russe Vladimir Poutine était derrière le soi-disant piratage parce que « pas grand-chose ne se passe en Russie sans, vous-savez, Vladimir Poutine », tout comme pas grand-chose n’échappe dans notre vieille New England puritaine sans l’implication d’Old Scratch. Donc, maintenant, nous avons un nouvel être diabolique pour remuer les imaginations paranoïaques d’un public déjà divisé et perturbé.

Hillary et ses partisans ont affirmé avec véhémence que « dix-sept agences de renseignement » sont d’accord avec l’évaluation selon laquelle la Russie a piraté les élections. Ce qui pourrait être la plus grande nouvelle pour le peuple américain, c’est d’entendre qu’il y a actuellement dix-sept agences de ce genre. Peut-être Mme Clinton ou M. Obama pourraient-ils expliquer exactement ce qu’il y a derrière la CIA, le FBI, la DIA, la NSA et le DHS. Personnellement, je me sens moins en sécurité sachant qu’il y a tant de services de surveillance supplémentaires s’infiltrant à travers chaque faille numérique de tout un chacun.

Il y a eu un certain chagrin parmi les observateurs plus prudents devant le fait que ni les divers chefs de bande des services de renseignements, y compris James Clapper, directeur général du Renseignement national, ni la Maison Blanche n’ont fourni le début d’une preuve que WikiLeaks avait obtenu les emails d’Hillary par l’intermédiaire des Russes. On pourrait même supposer que nous aurions découvert le piratage en piratant les Russes, peut-être même l’iPhone personnel de M. Poutine – mais, attendez un instant… Nous ne nous mêlons pas des affaires des autres nations. Nous n’utilisons pas Internet pour espionner n’importe qui.

Il sera intéressant de voir comment M. Trump s’entend avec la bande des services de renseignement quand (et si) il arrivera réellement dans le bureau ovale. Il est agréable de penser qu’il va virer un tas d’entre eux, puis virer un tas de plus, et peut-être jeter un regard dur sur ces dix-sept organismes de sécurité et de surveillance et peut-être fermer certains d’entre eux. Pendant ce temps, leur activité commence à ressembler à la tentative de coup d’État contre laquelle je vous ai mis en garde il y a quelques mois.

Pardonnez-moi de changer de sujet si vivement, mais il y avait une autre page de couverture dans le New York Times ce dimanche, qui dit tout au sujet de ce qui passe par la tête de la Vieille Dame grise [New York, NdT] ces jours-ci. Voici cette citation sur ce que les femmes pensent vraiment des hommes :

Comme le pays se prépare à revenir à la loi masculine blanche, notre condition commune durant toutes ces 240 dernières années sauf huit, nous devrions penser plus profondément pourquoi nous faisons si peu confiance aux hommes, y compris ceux à qui nous pouvons être mariées. Trop d’hommes déçoivent tant nos attentes tout en étant finalement récompensés par des prix comme la présidence.

James Howard Kunstler

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