Par Dmitry Orlov – Le 2 mai 2017 – Source Club Orlov
Les États-Unis semblent se préparer à une première frappe nucléaire contre la Russie. Ils ont installé des systèmes de défense antimissiles balistiques en Pologne et en Roumanie, avec l’affirmation absurde qu’ils sont là pour protéger l’Europe contre les soi-disant ICBM iraniens inexistants. Ces installations supposément défensives peuvent également être utilisées pour lancer des missiles nucléaires sur la Russie. Et récemment, les États-Unis ont placé leurs avions de combat F-35 en Estonie, à seulement quelques minutes de vol de Saint-Pétersbourg, la deuxième plus grande ville de Russie. Ces jets sont capables de transporter des charges utiles nucléaires. Sans aucun doute, ces étapes ont rendu la guerre nucléaire plus probable, même si c’est par hasard.
Il existe deux façons possibles de voir cette posture agressive : défensive ou offensive. Considérées comme des mesures défensives, sont-elles nécessaires et sont-elles efficaces ? Considérées comme des mesures offensives, sont-elles efficaces et quelles en seront les retombées (sans jeu de mots) ? Et si les États-Unis devaient se livrer à l’extrême folie de tenter une première attaque nucléaire sur la Russie, quel serait l’effet de cette folie, personnellement, sur les aspirants criminels de guerre américains qui seraient derrière un tel plan ? Devraient-ils avoir peur, très peur, et de quoi devraient-ils avoir très peur ? Nous allons y jeter un coup d’œil.
Ces dernières années, la Russie a fait des progrès très importants autour des technologies militaires et de la formation. En voici une liste partielle :
1. Des systèmes de défense aérienne (S-300, S-400, S-500) qui fermeront efficacement l’espace aérien russe jusqu’à l’orbite terrestre proche. Les Américains n’ont pas la technologie pour pénétrer ces nouvelles défenses aériennes. De nombreux composants de ces systèmes sont mobiles, et lorsqu’ils se déplacent, ils deviennent très difficiles à cibler.
2. Les systèmes de guerre électronique (Khibiny, Krasukha) qui peuvent neutraliser les navires américains, les avions et les missiles de croisière, ont récemment été mis en action en Syrie, où environ 60% des Tomahawks n’ont pas atteint la zone cible. Les forces américaines et de l’OTAN se sont révélées à plusieurs reprises incapables d’opérer dans les zones où ces systèmes sont déployés.
3. Un nouvel ICBM (Sarmat) qui n’est pas exactement un missile balistique car il peut exécuter des vols suborbitaux à volonté tout autour de la planète. Il peut délivrer de multiples vecteurs à charges nucléaires capables de manœuvres supersoniques de re-rentrée. Il n’y a aucune technologie qui puisse l’intercepter.
4. Des missiles de croisière à longue portée (Kalibr) qui peuvent être lancés à partir de petits navires ou de sous-marins près de la côte américaine et pénétrer à l’intérieur des terres. Ils sont comme les Tomahawks Américain, mais plus grands, plus rapides, plus modernes, plus difficiles à intercepter, beaucoup moins chers et, comme les événements récents en Syrie l’ont montré, beaucoup plus fiables.
5. Des forces spéciales hautement qualifiées et professionnelles dotées d’équipements ultramodernes qui peuvent se présenter à peu près n’importe où (pas de « choc et d’effroi » nécessaires), neutraliser les forces ennemies sans blesser les civils, sécuriser tranquillement la paix sans causer de pertes parmi les civils et se transformer à volonté pour fournir de l’aide humanitaire et démêler les politiques locales.
Dans l’intervalle, l’armée américaine s’est transformée en un tas de déchets indésirables, des entreprises de défense privées alimentant la frénésie et une expérience ridicule d’ingénierie sociale. Son aspect poubelle est assez clair lorsque vous considérez comment l’armée américaine est équipée : avec la technologie des années 1970, comme les chars Abrams et les véhicules blindés Bradley. La frénésie pour financer les entreprises de défense privées a rendu les militaires américains de loin les plus chers de la planète, mais, comme pour les autres rackets américains, les soins de santé et l’éducation publique, il est clair que coûter cher n’a rien à voir avec le fait d’être bon. En ce qui concerne l’ingénierie sociale, voici une description concise de ce qui s’est passé dans l’armée américaine depuis la première guerre du Golfe :
Depuis 1991, l’armée américaine s’est lentement désagrégée comme une couture. La reconnaissance du stress, l’homosexualité ouverte, les transgenres en service actif, la formation à la sensibilité, les simulateurs de grossesse pour les hommes, les stations de lactation sur le terrain, les bébés nés sur les navires de guerre américains, les femmes diplômées chez les Rangers, y compris une mère de 37 ans (c’est drôle comment les femmes y ont l’air si à l’aise), les femmes dans les NAVY SEALS, les femmes dans les unités d’infanterie de marine et les femmes dans l’artillerie (même si la plupart ne peuvent pas porter un obus de 155 mm) ne sont qu’une partie de la folie qui a eu lieu au cours des 26 dernières années, et qui a provoqué un effet boule de neige vers l’enfer sous l’administration Obama. (Lien)
Gardez à l’esprit que, dans l’ensemble, les États-Unis coulent de plus en plus dans un océan de dettes et, à ce stade, un accident financier amènerait directement à la banqueroute. Ce pays ne se développe plus économiquement mais se contracte, bien que, pour le moment, cela soit masqué par une grande variété de rackets financiers. Plus de la moitié de sa population est à un seul accident de la vie d’être totalement liquidé. La plupart des gens sont victimes de maladies mentales, sont obèses et drogués, criblés de déviances sexuelles et de vices, et atteignent des profondeurs d’ignorance en raison de l’échec du système scolaire, qui enseigne à peine plus que l’obéissance et les compétences pour passer un test.
En réponse à tous ces défis, les États-Unis pourraient simplement renoncer, réduire considérablement la taille et la portée de leur gouvernement fédéral, démanteler les bases militaires à l’étranger, ramener les troupes à la maison et chercher des moyens de renforcer leur infrastructure effondrée et leur réseau de sécurité sociale en lambeaux. Au lieu de cela, ce pays a choisi de doubler la mise. Les Américains pensent qu’ils pourraient être en mesure de préserver leur capacité de dissuasion nucléaire en menaçant la Russie à bout portant : les armes nucléaires en Pologne et en Roumanie masquant des systèmes ABM, les F-35 avec des munitions nucléaires en Estonie, à quelques minutes de Saint-Pétersbourg, etc.
Comme n’importe qui avec une bonne compréhension de la Russie moderne vous le dira, la Russie n’est absolument pas l’URSS. Elle n’a pas d’idéologie messianique au-delà de la défense de sa souveraineté nationale, du soutien des normes et des valeurs sociales et culturelles traditionnelles et de l’adhésion au droit, tant au niveau national qu’international. Non seulement ce n’est plus un empire, mais elle est allergique au concept même, après avoir été asséchée par les républiques soviétiques et les pays satellites pendant l’ère soviétique. Ses opérations militaires à l’étranger visent à empêcher la propagation d’États défaillants qui menaceraient sa sécurité. Elle n’a absolument aucun intérêt à s’engager dans une guerre à grande échelle, en particulier nucléaire. La Russie n’a aucune doctrine de première frappe nucléaire.
D’autre part, les États-Unis se réservent quant à eux le droit de frapper en premier, et c’est précisément pour cette raison que la Russie choisit de dépenser une bonne partie de son trésor national (environ 1% à 2% du PIB) pour l’étanchéité de son espace aérien, d’une part, et le développement de véhicules de frappe avec des charges nucléaires qui ne peuvent pas être interceptés d’autre part. Le but de ces préparatifs n’est pas de se préparer à attaquer les États-Unis, mais de s’assurer que ceux-ci ne songent même pas à attaquer la Russie.
Dans le meilleur des cas, tout se terminera par un appel téléphonique du Kremlin à la Maison Blanche : « Écoutez, renoncez, OK ? Il suffit de rentrer à la maison et de vous occuper de vos propres affaires. Nous ne voulons pas vous détruire avec toutes vos affaires parce que nous les voulons pour nous-mêmes. Nous n’allons pas vous tuer. Nous allons simplement vous voler et vous humilier, tout comme vous nous avez volés et humiliés dans les années 1990. Vous avez eu quelques bons siècles sous les feux de la rampe, mais maintenant, c’est fini. » Et à ce moment-là, les Américains se contenteront de conclure ce pacte, parce que c’est la meilleure de toutes les alternatives.
Ce serait le résultat rationnel : les États-Unis plient, simplement. Mais il y a deux forces irrationnelles en jeu. L’une est que les Américains sont très bons pour projeter l’ombre : l’Amérique est bonne par définition, la Russie est mauvaise parce que ce n’est pas l’Amérique, et donc les tendances perverses de l’Amérique (comme la propension à bombarder d’autres pays avec des armes nucléaires) sont projetées sur la Russie. Les Américains ne peuvent pas se faire confiance à eux-mêmes pour faire le bon choix et, par conséquent, ils ne peuvent pas faire confiance à la Russie pour faire le bon choix non plus. L’autre force irrationnelle fonctionne dans la direction opposée : les Américains sont incapables d’imaginer qu’ils ne sont pas la nation la plus puissante de la terre et, en regardant la Russie le démontrer avec ses nouvelles armes, leur seul choix, psychologiquement, est de penser que leurs propres armes doivent être encore plus géniales, malgré toutes les preuves du contraire. Il est possible que les déficients mentaux qui présentent ces tendances trouvent un moyen de déclencher une première frappe nucléaire sur la Russie. Comment, alors, cela finirait-il ?
Tout d’abord, il est absurde de penser que les Russes n’auraient aucun avertissement préalable de l’attaque. Washington fuite déjà de partout comme un tamis. Tout le linge sale est déjà suspendu pour sécher sur Wikileaks. Dans une situation où un crime de guerre de proportions étonnantes serait planifié, un certain nombre de personnes qui connaissent le plan le feraient sûrement fuiter. Ils le feraient pour au moins deux bonnes raisons : tenter de sauver leurs âmes immortelles d’une éternité en enfer ; et faire la meilleure chose moralement en essayant de sauver autant de vies que possible en faisant échec à cette attaque.
Comment cela finirait mal ? Les ordres seraient d’attaquer à un moment prédéterminé, en utilisant des bombardiers, des missiles de croisière lancés à partir de navires et des missiles balistiques lancés depuis des sous-marins – tout en maintenant le silence radio afin que les Russes ne sachent pas comment lancer des représailles. Les ICBM terrestres ne seraient pas utilisés, pour empêcher les Russes de déterminer où riposter.
Mais quelques minutes avant ce moment prédéterminé, la plupart des navires et des sous-marins seraient coulés par les torpilles à supercavitation de la Russie et les missiles balistiques anti-navires, alors qu’ils maintiendront le silence radio. De même, la plupart des bombardiers seront abattus en utilisant les systèmes de défense aérienne de la Russie, tout en maintenant le silence radio. Quelques-uns pourraient passer au travers de ce filtre initial et poursuivre aveuglément une mission déjà condamnée à l’échec.
La prochaine étape sera plus d’activité de défense aérienne combinée avec de la guerre électronique. En volant dans un très grand four à micro-ondes réglé au « maximum », presque tout ce qui parviendrait à traverser le premier filtre finirait hors-course et n’atteindrait pas la cible. Une partie des missiles ne parviendra pas à détonner et alors que d’autres iraient exploser quelque part dans la toundra à des centaines de kilomètres de la colonie la plus proche.
Maintenant, supposons qu’une seule frappe nucléaire atteigne une cible – la mauvaise cible, mais une cible néanmoins. La ville de Yopta, une population de plusieurs centaines de milliers d’habitants, serait détruite, tandis que Ust-Yopta, plus petite, située à peine à 300 km de l’épicentre, survivrait à l’explosion mais serait contaminée par des retombées radioactives.
Les Princes parfumés du Pentagone qui auraient déchaîné ce feu nucléaire écoutant attentivement ce silence radio qui dure beaucoup plus longtemps que prévu, choisiraient judicieusement de rester dans leurs bunkers en rongeant leurs ongles.
En voyant que les dégâts sont limités, les Russes devraient choisir de prendre des mesures de riposte asymétrique. Ils utiliseraient des armes conventionnelles de haute précision pour attaquer les États-Unis. Ils supprimeraient le réseau électrique, l’internet, les approvisionnements en eau, les oléoducs et les gazoducs, les ponts ferroviaires et routiers, les réservoirs de carburéacteur dans les aéroports et les réservoirs de carburant de soute dans les ports maritimes. Ensuite, ils attendraient un peu, peut-être une semaine, jusqu’à ce que les États-Unis deviennent une cible suffisamment souple pour une invasion limitée du sol.
Et c’est alors que les gentlemen en vert [Surnom des soldats russes, donné après leur opérations sans provoquer de morts en Crimée, NdT] apparaitraient. Ils auraient les listes de ceux qui ont lancé l’attaque et les coordonnées de leurs bunkers et de leurs caches. Leurs ordres seraient de les emmener tous, de préférence en vie et pas trop physiquement endommagés, et de se retirer immédiatement. Ils le feront.
Ensuite, nous aurons un Tribunal de Nuremberg fois cent. Les Princes parfumés du Pentagone seront accusés de génocide par utilisation d’armes nucléaires, le crime ultime contre l’humanité. Aucun d’entre eux ne verra plus jamais sa famille, ainsi que beaucoup d’autres choses, parce qu’ils vont passer le reste de leur vie à fouiller à la main les débris radioactifs dans et autour de la ville de Yopta, où il fait parfaitement sombre quatre mois par an. Leur travail sera de chercher des restes humains, puis de les enterrer dans des tombes creusées dans la toundra à l’aide de piquets et de pelles. Ils devraient tous mourir de cancer par exposition au rayonnement.
Les Princes parfumés seraient bien avisés de prendre préalablement des conseils psychologiques pour cesser de projeter cette ombre et dégonfler leurs égos. Ensuite, ils pourront se limiter à des activités utiles, comme le rapatriement des troupes et la fermeture des bases militaires à l’étranger.
Dmitry Orlov
Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par M pour le Saker Francophone
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