Par Brandon Smith – Le 20 septembre 2017 – Source alt-market.com
Je me souviens à la mi-2013, lorsque la Réserve fédérale a commencé à parler d’une « réduction » des mesures d’assouplissement quantitatif. Plus précisément, je me souviens de la réponse des analystes économiques traditionnels ainsi que de la communauté économique alternative. J’ai plaidé avec ferveur dans plusieurs articles que la Fed poursuivrait sa politique de réduction et qu’il était parfaitement logique pour eux de le faire, étant donné que la mission de la banque centrale n’est « pas » de protéger le système financier américain, mais de le saboter avec soin et délibérément. Le consensus général consistait à dire qu’une réduction du QE était impossible et que la Fed « n’oserait jamais ». Peu de temps après, la Fed a lancé son programme de réduction.
Deux ans plus tard, en 2015, j’ai soutenu une fois de plus que la Fed commencerait à augmenter les taux d’intérêt même si plusieurs sources principales et alternatives croyaient que c’était également impossible. Sans les taux d’intérêt bas, les rachats d’actions disparaitraient lentement mais sûrement, et le dernier pilier tenant les actions et l’économie générale (en dehors de la foi aveugle) serait supprimé. L’idée que la Fed aurait sciemment pris une telle action semblait être contre leur « meilleur intérêt » ; et pourtant, peu de temps après, ils ont commencé le début de la fin pour les taux d’intérêt artificiellement bas.
Le processus que la Réserve fédérale a entrepris a été long et ardu, enduit de désinformation. C’est un processus de démantèlement. Grâce à des mesures de relance sans précédent, la banque centrale a gonflé peut-être les plus grandes bulles d’actions et d’obligations dans l’histoire, sans parler d’une bulle pour mettre fin à toutes les bulles en dollar américain.
Les cours des actions en bourse sont en général peu pertinents pour comprendre le grand schéma de notre économie, mais cela n’empêche pas la population de les utiliser comme point de référence pour la santé de notre système. Cela crée un environnement plein d’illusions, tout comme le robinet ouvert du crédit bon marché a créé une illusion considérable avant l’accident de 2008.
Aujourd’hui, nous trouvons nos fondamentaux économiques en désordre complet, mais la narrative puissante du marchés des actions reste encore vivace. Pourquoi ? Parce que, encore une fois, pour une raison quelconque, personne n’est prêt à accepter la réalité que la Fed retire son soutien à l’activité financière de l’Amérique. Peu de gens, une poignée d’économistes dans le monde, pensent que la Fed augmentera les taux d’intérêt une fois de plus cette année, si jamais elle le fait vraiment, et la menace d’une réduction de bilan est l’inquiétude la plus grande dans tous les esprits. Les investisseurs au jour le jour sont totalement convaincus qu’ils tiennent la Fed par les cheveux. Je dis que la situation est totalement inverse.
Le procès-verbal de la réunion du Comité du marché ouvert de juillet de la Fed indique que bien que la banque centrale ait été le sauveur des investisseurs en valeurs mobilières pendant plusieurs années, la partie est sur le point de se terminer. Les commentaires sur les risques qu’un marché haussier pourrait poser à la « stabilité financière » ont été plus fréquents ces deux derniers mois.
Il y a seulement quelques semaines, l’ancien président de la Fed Alan Greenspan a commenté que les marchés obligataires pourraient s’effondrer et faire baisser les actions dans le même temps à cause des sur-évaluations et des taux d’intérêt croissants.
Les hausses récentes des marchés en dépit d’un flot constant de catastrophes naturelles, de menaces de guerre avec la Corée du Nord, ainsi que de « l’inflation accrue » (selon les modèles de la Fed) en raison des dégâts causés par l’ouragan Harvey suggèrent que la Fed continuera effectivement à monter les taux jusqu’à notre effondrement financier qui approche.
La prochaine réunion du FOMC se terminera le 20 de ce mois-ci, et la question est : est-ce que la Fed va créer la surprise avec une remontée des taux et / ou va-t-elle réduire son bilan ? Je crois que les chances sont beaucoup plus élevées que beaucoup ne le pensent.
Tout d’abord, soyons clair. Historiquement, le comportement prévisible de la Fed a consisté à sauter les principales actions politiques en septembre et à émerveiller les marchés avec des manœuvres renouvelées et agressives en décembre. Les personnes qui placent des paris sur une hausse de la Fed en septembre examinent ce modèle et disent « ça n’arrivera pas ». Cependant, le récit que je vois dans la rhétorique de la Fed et dans les médias traditionnels est que les marchés boursiers sont devenus des « enfants indisciplinés » et que la Fed doit devenir un « parent sévère », les mettre au pas avant d’être écrasée sous le poids de leur enthousiasme naïf.
À mon avis, la Fed continuera à faire ce qu’elle a dit qu’elle va faire – augmenter les taux d’intérêt et réduire et éliminer les stimulus, et que le récit principal sera bientôt ajusté pour suggérer que c’est « nécessaire » ; que les marchés boursiers ont besoin d’un peu de poigne.
Si la Fed veut bien suivre ses plans annoncés pour la « stabilité financière » sur les marchés, la seule mesure efficace pour ramener les marchés actions à la réalité serait une hausse surprise, une annonce surprise de la réduction du bilan ou des deux en même temps.
Si la Fed a l’intention de continuer à couper son soutien aux marchés des actions et des obligations en prévision d’une démolition contrôlée de l’économie américaine, il y a une forte probabilité au moins d’une annonce de réduction de son bilan cette semaine avec un langage fort indiquant une autre hausse des taux en décembre. Je ne parierais pas complètement contre une hausse surprise des taux même si septembre est habituellement un mois d’inaction pour les banques centrales.
Cela correspondrait à la tendance des banques centrales du monde entier de s’éloigner stratégiquement du soutien artificiel à la structure financière. La semaine dernière, la Banque d’Angleterre a surpris les investisseurs avec une indication ouverte qu’elle pourrait commencer à augmenter les taux d’intérêt « dans les prochains mois ». La Banque du Canada a surpris certains économistes avec une autre hausse des taux ce mois-ci et mentionne qu’il y en a « d’autres à venir ». La Banque centrale européenne a ouvert la voie à une réduction des mesures de stimulation selon les commentaires formulés lors de sa dernière réunion au début du mois. Et, la Banque du Japon a amorcé des mesures de réduction en juillet.
Même Forbes admet qu’il semble y avoir un « resserrement coordonné de la politique monétaire » qui arrive bien plus tôt que prévu par les médias dominants. Si vous comprenez comment la Banque des règlements internationaux contrôle les initiatives stratégiques des membres des banques centrales nationales, vous ne devriez pas être surpris que les banques centrales du monde entier poursuivent les mêmes actions et la même rhétorique. La seule différence entre l’une ou l’autre est le rythme qu’elles ont choisi pour fermer le bar après la fête.
En ce qui concerne les colporteurs de « fiat money », il y a effectivement des choses assez certaines mais la stimulation continue n’est pas l’une d’entre elles. Une chose certaine, c’est qu’ils agissent de concert, comme ils le font clairement maintenant en termes de resserrement des politiques. Une autre chose certaine est que si les banques centrales planifient un récit dans les médias traditionnels – comme celui où ils sont « préoccupés par les surévaluations dans les marchés stocks » et que les taux d’intérêt doivent augmenter, ils suivront comme ils l’ont toujours fait. Peut-être pas au rythme attendu par les médias dominants, ou celui auquel je m’attends, mais certainement quelque part entre les deux.
Enfin, il me faut mentionner à nouveau que la Fed a déjà fait cela. À la suite de l’effondrement boursier de 1929, la banque centrale a gonflé les marchés actions avec des mesures de crédit laxistes et des taux d’intérêt bas, seulement pour augmenter les taux au nom de « la réduction de l’inflation ». Cela a coupé les jambes des marchés comme avec une machette, et le reste, c’est l’histoire. Le but caché derrière cette tactique est une centralisation extraordinaire à l’échelle mondiale. La Fed n’est pas intéressée par la santé de l’économie américaine, elle s’intéresse à la globalisation totale de toutes les économies sous un seul parapluie totalitaire. Pour faire une omelette, il faut casser quelques œufs.
Bien sûr, la Fed n’organisera pas de crash du marché dans le vide. Je soupçonne que la prochaine réunion de la Fed sera suivie d’une distraction géopolitique, le candidat le plus probable étant un conflit croissant avec la Corée du Nord. Ne soyez pas trompé par ce spectacle de magie. La véritable menace pour nous est l’appareil des banques centrales et des banques internationales, y compris la BRI et le FMI. Dès maintenant jusqu’à la fin de cette année, restez vigilant.
Brandon Smith
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