Jean-Loup Izambert et Claude Janvier – Le virus et le Président


Par Hervé – Source le Saker Francophone

"Le virus et le Président" de Jean-Loup IZAMBERT et Claude JANVIER

 

Après Trump face à l’Europe et 56, Jean-Loup Izambert revient avec un complice cette fois-ci pour un livre sur l’actualité brûlante, le coronavirus qui aura réussit l’exploit de faire se terrer le monde entier enfin surtout sa composante otanesque, étrangement ultra-sensible à cet ennemi invisible.

Il s’associe cette fois avec Claude Janvier, écrivain-polémiste pour faire un bilan de cette année extraordinaire, au sens littéral. Si le titre du livre donne l’impression qu’il ne va s’agir que de virus dans un contexte français, au fil des pages, les deux auteurs vont très largement déborder pour placer notre histoire de virus dans une perspective beaucoup plus large et riche d’enseignements.

Dans une 1ère partie sur la gestion française de la crise, les auteurs questionnent le déroulé de l’opération Macronavirus avec ses ratés de communication, ses retournements de vestes masques, l’inéluctabilité des choix politiques, sans que rien, ni personne ne puisse freiner la machine, ni à l’assemblé nationale, ni chez les magistrats et encore moins dans la presse, l’ancien 4ème pouvoir qui n’aura de cesse de devancer les désir de l’oligarchie dans un scénario qui semble écrit d’avance.

La seconde partie du livre s’éloigne du virus pour tenter de cerner les causes du désastre. On peut y lire une analyse très documentée de la déconstruction systématique du modèle social construit par nos aînés au sortir de la 2nd Guerre Mondiale, en parallèle des fuites de notre système d’imposition qui est pourtant paraît-il le meilleur du monde. Au moment où les français découvrent effarés les manques de lits, de personnels, de matériels de base, nos deux enquêteurs alignent les forfaitures d’une caste qui s’enrichit sur les cadavres laissés derrière lui par ce virus qui a bon dos pour justifier médiatiquement l’injustifiable. De part le choix des mots, des sources, ils proposent une analyse quasi marxiste de la situation, où les “écrasés”, les plus riches, les présidents exécutifs du CAC 40 notamment, pleurent des larmes de crocodiles alors qu’ils organisent l’évasion fiscale de leurs avoirs avec des complicités jusqu’aux plus hauts sommets de l’État, loin des possibles fourches de ce peuple qu’ils craignent et qui lui en subit toutes les conséquences directes, licenciements, indignités de traitement de nos seniors, mais aussi indirectes avec l’arme des lâches, l’endettement des futurs générations qui à peine sur pieds sont déjà sommés de rembourser la dette.

Enfin, surtout dans un dernier chapitre plus géopolitique, les auteurs prennent de la hauteur dans une analyse qui se rapproche largement des thèmes abordés sur notre blog. Comme aux États-Unis autour des récentes élections, il semble que les Guerres Hybrides qui ont permis à l’Empire de contrôler le monde, reviennent hanter les “démocraties” occidentales pour cette fois ci supplanter les simulacres politiques en place depuis plusieurs décennies et mettre aux pas des peuples qui votent de plus en plus avec leurs pieds. Les auteurs posent même la question du financement de l’effort militaire de l’Otan. Est-ce que cette opération coronavirus n’est pas l’occasion de détourner l’argent de la Santé vers une armée au service de l’oligarchie ? Où pire, est-ce qu’elle n’a pas été organisée pour cela ?


Interview des auteurs

Bonjour Messieurs, pourquoi cette collaboration ? Vous vous connaissiez déjà ?

Jean-Loup Izambert : Oui, Claude et moi étions déjà en train de travailler sur deux autres ouvrages, l’un sur la colonisation des esprits par les sociétés transnationales U.S., l’autre sur l’état de la France au bout d’un demi siècle de pouvoir atlantiste. Par ailleurs, je menais de mon côté une enquête sur des laboratoires travaillant pour l’armée US sur des armes biologiques offensives et une autre sur les dessous de l’Union dite « européenne ». L’apparition soudaine de la pandémie ayant pour origine le virus SRAS-CoV-2 nous a tout naturellement conduits à suspendre nos travaux en cours pour nous intéresser à cette situation nouvelle. Nous avions déjà analysé plusieurs données comme le rôle de l’Union « européenne » dans la déréglementation de l’économie ou la destruction du système de santé publique. Nos recherches nous permettaient d’avoir un éclairage plus complet sur le contexte des crises sanitaire et économique et financière que la simple comptabilité médiatique du nombre de personnes infectées ou de morts.

Vous dédiez ce livre à ceux qui ne se sont pas vendus à Big Pharma. Où en est-on de l’emprise de la corruption en France. Il ne s’agit encore que d’un mince verni de technocrates idéologisés ou tout est vermoulu ?

Claude Janvier : Nous évoquons le cas de ce que l’on désigne par Big Pharma car dans le cas d’une pandémie ce sont surtout les sociétés transnationales de la pharmacie qui sont concernées. En réalité, au-travers de Big Pharma c’est tout un système qui est en cause. C’est celui d’une oligarchie financière omniprésente dans les coulisses du pouvoir et qui se sert de l’État pour satisfaire ses objectifs d’appropriation de « nouveaux territoires économiques » par tous moyens, de la corruption de décideurs à la guerre. Nous consacrons plusieurs chapitres à cette question pour expliquer comment des « assassins financiers » préparent le lit des sociétés transnationales et comment l’Union « européenne » leur sert de relais pour opérer la déréglementation financière, économique et sociale dont ces sociétés transnationales ont besoin. Un exemple pour illustrer les dégâts de cette politique : dans le secteur de la Santé, au nom de « la liberté des entreprises », entre 2011 et 2018, la Commission européenne a recommandé à 63 reprises aux États membres de privatiser des pans entiers du secteur de la santé publique et de réduire de plusieurs milliards d’euros les dépenses publiques en matière de santé.

Résultat de cette politique : aujourd’hui 7 Français sur 10 reportent des soins ou renoncent à se soigner soit par faute de moyens financiers, soit en raison de délais d’attente trop longs ou encore de pouvoir accéder à un spécialiste. On peut effectivement dire que tout est vermoulu par le fait que dès ses origines l’organisation des « États-Unis d’Europe » a été conçue pour favoriser l’hégémonie des États-Unis. Ce diktat de Washington pour imposer son système politique et économique se réalise de diverses manières. Mais c’est surtout l’intense activité des lobbies anglo-saxons dans les centres de pouvoir de l’Union « européenne » et des États qui permet à ces sociétés de prendre des positions hégémoniques. Le cas des vaccins contre la Covid-19 en est un exemple dramatique. Ces sociétés savent que leurs vaccins pourraient présenter d’éventuels dangers. Elles n’ont pu encore identifier ceux-ci car, comme le rappelle le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), il faut plusieurs années d’observation pour avoir la preuve de l’efficacité du vaccin sur le terrain et bien connaître ses effets secondaires. Preuve en est qu’elles se gardent bien aujourd’hui d’en garantir l’efficacité complète comme la sûreté. Mais, comme elles veulent vendre massivement et rapidement ceux-ci pour réaliser des milliards de profits en profitant du climat de peur dans l’opinion publique, elles cherchent a être déresponsabilisées des effets secondaires qu’ils pourraient provoquer. Pour échapper à toute éventuelle poursuite judiciaire, elles ont traité avec la Commission européenne afin de dégager leur responsabilité des conséquences de ces possibles effets secondaires. Ce seront les États de l’Union « européenne » qui prendront en charge à leur place les indemnisations financières de personnes qui seraient atteintes par ces effets secondaires susceptibles de causer, comme cela a été mis en évidence avec d’autres médicaments, de graves préjudices physiques et même la mort dans certains cas.

Il ne faut pas s’étonner de cette compromission entre des dirigeants de sociétés transnationales et ceux de l’Union « européenne » puisque Bruxelles est aujourd’hui, après Washington, la seconde place au monde par le nombre de lobbies qui campent près de ses organes de décision. D’ailleurs, pourquoi faire tant de tapage sur ces vaccins potentiellement dangereux en l’état quand des traitements comme l’Hydroxychloroquine, l’Azithromycine ou l’Ivermectine, vulgarisée notamment par le docteur Gérard Maudrux et efficace en action prophylactique comme thérapeutique, existent ?… Le ministre de la Santé, l’administration de ce ministère et le Conseil de l’ordre des médecins ont tout fait pour mettre à l’écart ces traitements efficaces et les professionnels de santé comme les médecins généralistes et les spécialistes qui les ont utilisés avec succès ! Là est le scandale d’État !

Pourquoi focaliser le titre sur le président français, n’est-ce pas réduire le problème à une personnalité qui ne semble pas forcément être plus qu’un acteur parmi d’autres ?

J-L.I. : Le président Macron est le premier représentant de l’État français qui conduit sa politique avec son Premier ministre et son gouvernement. Il est présent au sein du premier cercle du pouvoir politique français depuis l’année 2012. Il y a exercé différentes responsabilités comme Secrétaire général adjoint du cabinet du président Hollande, puis comme ministre de l’Économie du gouvernement Valls et a été à l’initiative de différentes lois avec d’autres ministres pour privatiser des pans entiers de l’économie. Par ailleurs, il est un partisan de l’Union « européenne » et un atlantiste qui engage la France dans les aventures militaires de Washington. Il continue aujourd’hui la politique atlantiste menée par ses prédécesseurs et est à ce double titre l’un des principaux responsables de la crise sanitaire qui s’ajoute à la crise économique et financière dans laquelle il a également une part de responsabilité.

Il est donc l’acteur essentiel de la politique que connaît la France en amont et au moment de la pandémie même s’il n’est pas le seul responsable, loin de là, des désastres provoqués par ses deux Premiers ministres, leurs ministres de la Santé et de l’Économie et de nombreux hauts fonctionnaires à la tête de diverses administrations. Cela étant dit, il a été élu en mai 2017 par une minorité de Français mais une majorité de votants. En conséquence ceux qui ont appelé à voter pour lui et voté pour lui sont mal placés pour le critiquer aujourd’hui d’autant que chacun pouvait alors juger de son action dans ses précédentes responsabilités. Il n’est bien sûr pas le seul en cause comme nous le montrons dans Le virus et le président.

D’ailleurs dans votre préambule, vous ciblez des responsables à Bruxelles et à Paris ? Et Londres, Berlin, Washington ?

C.J. : Il y a des différences entre États au sein de l’Union « européenne ». Par exemple, tous les États n’appliquent pas de la même manière les recommandations de l’Union demandant de privatiser les structures de soins et de réduire de manière drastique les dépenses de santé publique. Par exemple, alors que nous avions un système de santé publique envié à travers le monde dans les années 60, aujourd’hui la Suède, la Finlande, le Danemark, l’Islande ou l’Autriche ont des systèmes de santé publique plus performants. Nous évoquons dans Le virus et le président plusieurs de ces aspects quand nous traitons de la situation du système de santé publique français et du rôle joué par l’Union « européenne » dans la gestion de la crise sanitaire dans le chapitre Mort programmée sur ordonnances. Nous avons choisi de traiter d’abord de ce qui se passe en France, comment et pourquoi la crise sanitaire s’est développée et quels rôles ont joué les dirigeants politiques à Paris et à Bruxelles puisque la France est encore membre de l’Union « européenne ».

Par ailleurs, ce virus, dont l’origine n’est pas encore établie de manière certaine, est nouveau. Il faudra donc du temps, sans doute plusieurs années, pour que les scientifiques tirent des conclusions précises sur ses caractéristiques, les moyens de le combattre préventivement et curativement, etc. Depuis le début de l’année 2020 nous assistons dans les médias français à une déferlante d’informations souvent non vérifiées et fausses, pour la plupart issues du gouvernement ou d’administrations, comme nous le montrons en reprenant l’historique de la pandémie. Un exemple parmi tant d’autres : Le Conseil scientifique, qui conseille le gouvernement en matière sanitaire, est dirigé par le Pr Delfraissy. Ce dernier déclarait à la presse le 26 octobre 2020 et je cite « …il y a 100 000 cas par jour du coronavirus. On compte les cas diagnostiqués, les non diagnostiqués et les asymptomatiques. »

Je vous laisse juge de l’énormité de ce genre de déclaration, sans qu’elle soit remise en cause par les médias mainstream. La déferlante de nouvelles alarmantes relevant plus d’une propagande honteuse que de faits réels ont conduit le général Dominique Delawarde, ancien chef du bureau Situation-Renseignement-Guerre Électronique de l’État-major Interarmées de Planification opérationnelle, à qualifier ce bourrage de crâne d’ « hystérisation de l’opinion publique ». Permettre au lecteur d’appréhender la réalité nous obligeait à limiter notre enquête au cas français qui est déjà l’un des plus complexes par la désinformation dont cette pandémie est l’objet.

Votre préfacier, le Dr Trotta, parle d’une oligarchie qui cherche par tous les moyens à s’enrichir sur le dos des peuples. Est-ce vraiment une simple question d’argent pour une oligarchie qui tient les plus grandes banques commerciales et surtout la planche à billet via les banques centrales occidentales ?

J-L.I. : L’oligarchie financière capitaliste est une classe apatride avant tout intéressée par son enrichissement. Cette course au profit maximum immédiat la conduit naturellement à tout mettre en œuvre afin de protéger ses privilèges et de préserver son système de pillage des peuples et de surexploitation. Or, celle-ci est aujourd’hui mise en cause jusqu’au cœur de plusieurs de ses principaux centres de décision. Par exemple, les Bourses de valeur peuvent plonger du jour au lendemain. Ainsi que nous le rappelons en faisant référence au travail de recherche mené par Jean-François Gayraud, haut fonctionnaire de la Police nationale spécialisé dans la criminalité économique et financière, et publié sous le titre de Le nouveau capitalisme criminel, les transactions financières se déroulent désormais dans des conditions telles que des entreprises comme Google peuvent voir leur capitalisation boursière chuter de 22 milliards de dollars en trois heures ! Mary Shapiro, la présidente de la SEC, reconnaissait elle-même, en octobre 2012, combien des marchés fragmentés et interconnectés sont particulièrement vulnérables. La chute d’une plate-forme peut ainsi se propager en « cascade » et contaminer d’autres places boursières.

Mais le « jeu de la cascade » est plus dangereux que celui des « dominos » car la vitesse des transactions « implique que des problèmes d’infrastructure, même petits, peuvent causer des dégâts majeurs ». Pour parvenir à ses fins l’oligarchie financière a besoin de contrôler l’État, la monnaie et la guerre. Sans la guerre, une guerre aujourd’hui totale et multiforme, le Capital ne pourrait jamais se reconstituer. Les grands propriétaires privés de la finance et de l’économie ont besoin de l’État pour assurer la survie de leur système comme hier la noblesse avant la Révolution de 1789. Voyez comment les dirigeants de l’État protègent la classe des oligarques en mettant ses caisses à leur disposition. Ces milliards d’euros de fonds publics annuels leur permettent de se redéployer en se concentrant. C’est aussi le cas lorsqu’ils font financer le chômage qu’ils créent par l’État ; c’est encore le cas lorsqu’ils font financer par l’État les guerres qu’ils doivent mener pour s’accaparer de « nouveaux territoires économiques ».

A moins d’être complètement aveugle ou d’une mauvaise foi grotesque, personne ne peut nier le constat que nous faisons : En France comme en Europe de l’ouest et sur certains pays d’Europe centrale et du sud, la guerre menée par l’oligarchie contre les peuples se caractérise par un état d’urgence financier – allongement de la durée du travail, blocage des salaires et des retraites, réduction de la législation du Travail, recours à une immigration massive, etc. – qui réduit les droits du travail et les droits de la sécurité sociale (santé, éducation, logement, etc.). Après que l’état d’urgence antiterroriste ait suspendu les droits « démocratiques », l’état d’urgence sanitaire achève d’enlever au peuple français le peu de libertés qu’il lui restait. Ce système devenu dictatorial, toujours sous couvert de libéralisme et d’assurer la sécurité des Français, ne peut perdurer que pour deux raisons : la peur répandue et entretenue dans le peuple à coups de mensonges d’État fortement médiatisés pour qu’ils se tienne tranquille et l’absence d’organisation politique capable de rassembler une majorité consciente des mesures à mettre en œuvre pour rompre avec ce système.

De part les sources et les termes choisis, le livre a un souffle que je qualifierai presque de marxiste ? Ce livre a été écrit dans l’élan de cette “crise” sanitaire ou était-il déjà en gestation sous cette forme, cette crise n’étant que la dernière en date d’une situation déjà profondément enracinée et le prétexte pour vous  pour cette critique de fond ?

C.J. : Il n’est nul besoin d’être marxiste pour constater les faits que nous rapportons en cherchant à les expliquer et en montrant ce qui se cache derrière certains d’entre eux. Nous avions déjà procédé à l’analyse des conséquences de la crise économique et financière pour l’un des autres ouvrages auquel nous travaillons. Cette crise sanitaire ne résulte pas de la virulence du virus SRAS-CoV-2 mais de la situation catastrophique du système de santé publique. Elle vient se greffer sur la crise économique et financière en ajoutant du malheur au malheur. Comme nous le montrons dans le chapitre intitulé Camouflage, le pouvoir politique utilise la crise sanitaire dont il est responsable pour lui faire porter la responsabilité de la crise économique et financière dont il est également responsable par sa politique. Bien avant que n’apparaisse le SRAS-CoV-2, les grands propriétaires privés de la finance et de l’économie profitaient de plus de 200 milliards de dollars annuels de fonds publics et d’exonérations fiscales et sociales de toutes sortes pour moderniser l’outil de travail – qu’ils délocalisent -, préserver l’emploi, – qu’ils assassinent -, fermant des entreprises rentables comme nous en donnons l’exemple.

Par contre, dans une opacité de gestion totale les dirigeants de ces sociétés transnationales n’oublient surtout pas d’exporter une grande partie de leurs bénéfices et de leurs fortunes dans des places off-shore. Ils reçoivent aujourd’hui de nouveaux milliards de fonds publics pour procéder à des suppressions d’emplois massives déjà programmées, pour nombre d’entre eux, avant la crise sanitaire. Les analyses et prospectives des analystes de Janus Henderson Investors (JHI), groupe anglais basé à Londres, spécialisé dans la gestion d’actifs mondiaux, dont nous publions des extraits d’un rapport très peu médiatisé, indiquaient au mois d’avril 2020 que la crise sanitaire n’aura que peu de conséquences sur les dividendes que toucheront à la fin de 2020 et 2021 les actionnaires des sociétés cotées en Bourse. Ils soulignent qu’ « un certain nombre de sociétés ont suspendu le paiement de leurs dividendes alors qu’elles avaient des bilans solides et suffisamment de liquidités pour les payer. » Ce n’est donc pas qu’ils ne peuvent pas payer les dividendes aux actionnaires mais qu’ils doivent faire profil bas pour obtenir encore plus de prêts garantis par l’État ou encore plus de programmes de rémunération des salariés !

Ce n’est pas la Covid-19 qui est responsable du fait que la France soit devenue l’un des pays les moins industrialisés d’Europe. Le secteur industriel ne représentait déjà plus que 11% de son activité économique bien avant la pandémie du SRAS-CoV-2. Comme vous le dites justement, la crise économique et financière était déjà « profondément enracinée ». C’est aussi pourquoi quand le président Macron déclare qu’il veut « reconstruire une économie forte et souveraine » après avoir contribué durant des années à la détruire et à la rendre dépendante nous disons que c’est un peu comme si une dinde voulait fêter Noël. Ou alors il doit faire procéder à la nationalisation de la société Alstom pour lui redonner sa splendeur déchue après qu’il l’ait abandonnée à la société US General Electric

Il y a un aspect de notre situation en ce début de 21ème siècle qui m’intéresse beaucoup et que je n’ai vu qu’à peine effleuré dans votre texte, la démographie. La population solvable vieillit et arrête globalement de consommer. C’est une situation de stress énorme pour les mécanismes sous-jacent comme le refinancement du système bancaire. Cette crise sanitaire n’est-elle pas aussi la résultante d’une crise plus profonde ?

J-L.I. : C’est une question qui mérite d’être soulevée car elle met en évidence une autre tromperie de certains politiciens français. La population solvable vieillit mais n’arrête pas de consommer. Elle consomme moins certains produits mais consomme différemment, se porte vers d’autres biens et services, du moins pour ceux peuvent encore consommer. Pour rappel, l’’étude de juin 2020 de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) indiquait qu’ « en tenant compte des prélèvements sociaux, la pension moyenne s’élève à 1 382 € ». 1,14 million des retraités vivaient en-dessous du seuil de pauvreté tandis que 568 000 bénéficiaient d’une allocation de minimum vieillesse. Cet argument du vieillissement de la population est déjà utilisé par les politiciens bourgeois qui veulent rallonger la durée du travail et réduire le code du Travail en une peau de chagrin. Ils « oublient » juste de dire que si le nombre de retraités augmente le nombre d’actifs en croissance est resté stable jusqu’en 2010 et devrait le rester jusqu’en 2050. Ils « oublient » également de dire, comme le rappelle l’Insee, que depuis 1960 la productivité a au moins été multipliée par 5, ce qui signifie qu’un actif de 2010 produisait 5 fois plus de richesses qu’un actif de 1960.

Et, ils « oublient » encore de dire que, selon le 8ème rapport du Conseil d’Orientation des Retraites (COR), dans les 40 prochaines années la productivité devrait encore doubler. Ils comptent sur l’ignorance de la population des réalités économiques et sociales pour lui imposer de nouvelles mesures antisociales. Ils dissimulent encore que ces vingt dernières années la richesse de la France a doublé et devrait encore doubler d’ici à 2050. Mais, surtout, ils se gardent bien de dire que ces 30 dernières années 10% de la richesse produite, soit 200 milliards d’euros, a été transférée de la rémunération du travail vers les profits, soit huit fois le déficit de la Caisse d’assurance vieillesse ! Du reste, si, d’une manière générale la population vieillit dans les pays d’Europe, les grandes banques ne s’en portent pas plus mal et adaptent leurs offres tant en direction de leur clientèle d’affaires que des particuliers. Le montant des dividendes que s’octroient les actionnaires des grandes sociétés économiques et financières n’est pas vraiment stressé par le vieillissement de la population.

Ainsi que nous le décrivons en nous appuyant notamment sur les analyses de la Janus Henderson Investors, en dix années, de 2009 à 2019, « les investisseurs sur le revenu ont, en 2019, perçu 694 milliards de dollars US de dividendes de plus qu’il y a dix ans. Les sociétés ont également, à travers le monde, versé à leurs actionnaires le montant impressionnant de 11 400 milliards de dollars US au cours des dix dernières années.» Qu’en est-il pour les sociétés françaises ? Parmi les pays du continent européen, « la France est le principal payeur de dividendes en Europe et, grâce aux importants dividendes extraordinaires de Natixis et d’Engie, a été le seul pays à afficher des paiements record en 2019. » La situation des Français s’est-elle améliorée pour autant durant la même décennie ?

Non, loin de là bien au contraire ! Sur la même période le chômage, la précarité, les difficultés pour la majorité des Français et même la pauvreté et la très grande pauvreté n’ont cessé d’augmenter. S’il y a du stress ce n’est donc pas dans les mécanismes du système bancaire mais bien dans le monde du travail qui connaît une dégradation continue de sa situation. Comme vous avez pu le lire, nous rapportons différentes études, enquêtes et témoignages sur cet aspect de l’aggravation de la crise économique et financière. Ce n’est pas le vieillissement de la population qui est responsable du fait que la France soit aujourd’hui l’un des pays d’Europe occidentale où l’on se suicide le plus, y compris parmi les professionnels de la santé : 25 suicides par jour soit en moyenne un peu plus d’un par heure, la deuxième cause de décès chez les 15-44 ans et la deuxième cause également chez les agriculteurs après le cancer. La crise sanitaire n’est qu’une résultante, parmi d’autres comme le saccage du travail ou l’aggravation de la précarité, de la crise économique et financière qui détruit le système de santé publique.

Du coup Macron a peut-être raison d’en appeler à la Guerre, non pas la Guerre contre le virus mais au passage à une économie de Guerre, administrée, calibrée, habillée par ce Grand Reset, ce green-washing pour garder le contrôle des narratives et le pouvoir ?

C.J. : Les grands propriétaires privés de la finance et de l’économie n’ont pas besoin d’un quelconque « grand reset » pour poursuivre la privatisation de la Terre et de l’humain, des terres agricoles au ventre des femmes afin de transformer le monde en un vaste marché. La guerre sous toutes ses formes – endettement de pays, sanctions diplomatiques, financières, économiques contre ceux qui s’opposent à leur hégémonie, sabotage de projets économiques entre les peuples pour imposer leurs entreprises, corruption de dirigeants, subversions et coups d’État contre les dirigeants qui veulent préserver la souveraineté de leur pays, guerre militaire totale – est à l’œuvre avec l’appui de l’État. Vous remarquerez du reste que les députés français sont particulièrement aphones sur ces questions essentielles ! Macron n’est qu’un représentant de l’oligarchie financière qui a bordé son accession au pouvoir pour défendre ses intérêts. Ses principales décisions – guerres contre des peuples, privatisations, réduction du code du Travail, désindustrialisation, suppressions d’emplois, réduction de l’espace public (santé, éducation, logement, recherche, etc.) au profit d’intérêts privés égoïstes, augmentation des taxes, diminution de l’imposition des sociétés transnationales – sont, sous couvert de libéralisme, guidées par les demandes du grand patronat.

Voyez comment il a fait bombarder la République arabe syrienne en avril 2018 à la demande de Washington ! Voyez comment il continue, à la suite de ses prédécesseurs, de détruire les systèmes de santé publique, de l’éducation nationale, de laisser liquider des entreprises rentables et performantes comme Alstom ou Arjowiggins. Peu importe que le président Macron conserve le pouvoir. L’essentiel pour l’oligarchie financière est qu’il créé les conditions afin qu’elle puisse s’approprier de « nouveaux territoires économiques ». Ceux-ci peuvent être des entreprises, à l’exemple d’Alstom, des marchés, à l’exemple des vaccins contre la Covid-19 autorisé sur la marché alors que la mise au point et l’évaluation de ces produits se sont faites à la va-vite et qu’aucun résultat de leur efficacité ou de leur dangerosité n’a été publié à ce jour, des pays, à l’exemple de l’Irak, de la Libye, de la Yougoslavie, de l’Ukraine ou d’autres pour s’en approprier les richesses. Nous décrivons comment dans plusieurs chapitres dont ceux sur Le tableau de chasse des assassins financiers et Les « écrasés ». Nous ne pouvions que nous arrêter sur ceux que nous appelons les « écrasés », ces messieurs du CAC 40 qui se plaignent du trop de charges depuis la nuit des temps et qui sont surtout la plus grosse charge dans le budget de l’État comme dans celui des entreprises qu’ils dirigent.

En toute fin de livre, vous parlez de “souveraineté retrouvée” ? Le système disperse avec habileté, les forces populaires, souveraines par définition. Comment définissez vous la souveraineté ? Et qu’allons nous retrouver ?

J-L.I. : La souveraineté c’est « le pouvoir du peuple par le peuple pour le peuple ». L’expérience montre que pour y parvenir il faut que les consciences citoyennes s’informent, s’éduquent, se mobilisent et aient l’audace de l’action, de l’utopie et, si nécessaire, de l’indiscipline pour préserver l’espoir. Sans proposition de changements radicaux, sans mobilisations populaires sur des objectifs de rupture avec le capitalisme, les Français sont condamnés à la dépendance – voyez l’affaire Alstom ou de la destruction du système de santé publique par l’Union « européenne » – et à pousser des coups de gueule épisodiques sans lendemains : Bonnets rouges (octobre 2013), Nuit debout (mars 2016), marins-pêcheurs en colère (mai 2008, mars 2014, juin 2016, octobre 2017, novembre 2018), « Mobilisation des policiers en colère » (octobre 2016), agriculteurs en colère (très souvent, mais surtout en septembre 2015 et en novembre 2018), mouvement des Gilets jaunes (depuis octobre 2018), Avocats en colère (dès janvier 2020), « Blouses blanches, colère noire » (mouvement qui se développe depuis plusieurs années et gagne en ampleur en 2020)… Et après quoi ? Rien !

Pourquoi ? Car il manque un parti révolutionnaire, en prise avec le peuple, capable d’ouvrir le débat dans tout le pays, de collecter et de synthétiser les mesures urgentes et à moyen et long terme à mettre en œuvre sans lesquelles il ne peut y avoir de changement réel, de mobiliser massivement sur ces propositions. La situation actuelle pose deux questions essentielles : le passage à une nouvelle démocratie avancée et le contrôle de la grande finance et des secteurs clés de l’économie par le politique afin de remettre ceux-ci au service de l’intérêt général. Il ne s’agit pas, bien sûr, de remplacer des énarques de gauche par des énarques de droite pour connaître la même gestion catastrophique, sur le seule base des critères de rentabilité financière, au service des mêmes intérêts de la même grande bourgeoisie affairiste. La question posée est celle de la rupture avec le système.

Ouvrons les livres de compte des sociétés transnationales et vous allez voir que contrairement aux discours des pleureuses politiciennes du pouvoir sur le thème des « caisses de l’État qui sont plus que vides » il y a de l’argent dans le pays pour bâtir une France nouvelle. Il y a même beaucoup d’argent, des milliards d’euros, à récupérer chez ceux qui s’empressent d’exporter une grosse partie des bénéfices des grandes entreprises qu’ils dirigent et des fortunes qu’ils accumulent dans des structures offshore où, comme nous le rappelons, « le secret des transactions est la règle ». Ces milliards d’euros, produit du travail des Français, ne retournent pour l’essentiel ni dans l’investissement en France ni dans les caisses de l’État pour le développement et l’amélioration des conditions de vie des citoyens. Sans souveraineté populaire, sans France libérée du carcan de l’Union « européenne » et du danger de l’OTAN, aucune de ces ruptures ne peut être engagée.

Dans cet élan marxiste, vous concluez bien évidemment sur l’idée de révolution. Sans vous demander de nous dire les augures, comment voyez-vous cette année 2021 qui s’ouvre et votre avis sur le moyen terme ?

C.J. : Est-il vraiment nécessaire d’être marxiste pour vouloir que les choses changent en France et ailleurs dans le monde ? Je ne le pense pas. Par ailleurs, s’il est un domaine où nous nous gardons bien de faire des prévisions c’est celui de la politique. L’année 2021 sera ce que les Français en feront. Toutefois, ça semble mal parti, car le Pr Delfraissy qui dirige le Conseil scientifique a annoncé le 18 décembre 2020 à la presse que 2021 ressemblera à 2020…Un autre problème de taille est, pour la France, le taux énorme d’abstentions lors de chaque élection nationale. La raison en est moins que les Français se désintéressent de la politique que le fait qu’ils ne se retrouvent pas dans les propositions d’aucun parti politique et qu’ils ne veulent plus être trompés. Du Parti communiste au Rassemblement national en passant par « les partis de la plaine et du marais », aucun parti ne propose la nécessaire restructuration du secteur bancaire, la gestion démocratique des grandes entreprises, la possibilité pour les citoyens de contrôler le travail des élus et des fonctionnaires dirigeants d’administrations, la refonte des grandes écoles comme l’ENA ou l’Ecole Nationale de la Magistrature, une réforme administrative complète mettant un terme à la bureaucratie et aux réseaux de clientélisme des anciens des grandes écoles comme l’avait proposé en 1982 le ministre communiste Anicet Le Pors auquel nous donnons la parole, etc.

Autre exemple, celui de la promotion d’une politique de paix tous azimuts. Les députés communistes ont déposé une proposition de résolution à l’Assemblée nationale pour que notre pays sorte de l’OTAN et des guerres de Washington. Mais quels autres élus la soutiennent ? C’est pourquoi nous disons que l’on ne peut affronter les réalités d’aujourd’hui et les défis de demain avec les vieilles mentalités conservatrices, les idées reçues et les institutions d’hier. Par exemple, que l’on ne vienne pas nous dire qu’une majorité de Français n’est pas favorable à quitter cette Union « européenne ». Mais, pour franchir le pas, sans doute manque-t-il une vision claire et plus précise de ce que pourrait être une Europe de la coopération et de la paix du détroit de Béring à la mer d’Irlande ? Nous sommes sans doute le continent le plus riche culturellement, historiquement, géographiquement, économiquement, politiquement et cette Union nous rabaisse à l’état de terrain vague sinistré qui devrait être voué à servir les intérêts de l’U.S. Imperium !

Cela vaut également pour les rapports du politique avec l’économique comme, de manière générale, pour la question de la démocratie. A l’ère des nouvelles technologies de l’information et de la communication, la vie démocratique ne peut plus se résumer, sous peine de disparaître, à poser un bulletin de vote dans une urne tous les 5 ou 6 ans. C’est la supériorité du mandat impératif sur le mandat représentatif qui oblige l’élu à rendre compte de son activité devant ses électeurs et à pouvoir, si nécessaire, en être démis s’il ne tient pas les engagements pour lesquels ils lui ont confié leur voix. Le mandat impératif est beaucoup moins confortable que le représentatif et l’on comprend pourquoi, depuis 1791 les Constitutions françaises, à l’exception de celle de 1793 jamais appliquée, ont interdit ce dispositif de contrôle populaire et de révocabilité des élus. Comme on dit, « la soupe est bonne » avec le système représentatif. Il maintient le peuple à l’écart du pouvoir et institue, de fait, la domination d’une élite – les « représentants de la nation » – qui s’arroge seule sans en rendre compte au peuple et sans avoir à s’expliquer de ses choix le privilège de décider de tout pour lui, y compris de la guerre pour des intérêts privés totalement étrangers aux siens !

Vous ne serez pas surpris qu’aucun parti politique français ne propose, là aussi, de rupture avec ce système. Marx disait que parvenu en fin de cycle un système politique, quel qu’il soit, secrète sa propre caricature. N’est-il pas dramatiquement sinistre de voir des français, parmi lesquels des dirigeants d’organisation syndicales, soutenir ou applaudir en mai 2017 l’élection d’un président qui leur annonçait vouloir supprimer 120 000 emplois en cinq ans dans la fonction publique alors que le pays manque déjà de médecins, d’infirmières, de spécialistes, de chercheurs, de structures de soins, d’instituteurs, de professeurs, de juges, de fonctionnaires pour le bien de l’intérêt général ?! Déjà, entre 1993 et 2018, 103 000 lits d’hôpitaux ont été supprimés par les dirigeants qui se sont succédés au pouvoir et ont appliqué à la France les recommandations de l’Union « européenne ». Dans plusieurs enquêtes menées et publiées à la fin de l’année 2020, le mensuel Bastamag.net (www.bastamag.net) recensait plus de 4 000 lits hospitaliers qui ont été fermés en 2018 puis à nouveau 3 400 en 2019.

Ces fermetures s’ajoutaient aux 69 000 places d’hospitalisation à temps complet qui ont été supprimées entre 2003 et 2017. Aujourd’hui, en pleine crise sanitaire, le président Macron, son Premier ministre et son gouvernement continuent de défaire le service public de santé. A l’heure où nous parlons, en janvier 2021, en pleine crise sanitaire, depuis le mois de mars 2020 le pouvoir continue de supprimer des milliers de places d’hospitalisation à temps complet alors que l’hôpital, qui manque déjà cruellement de moyens humains et matériels, en aurait besoin de nouvelles pour soigner les malades ! CHU de Besançon, hôpital psychiatrique du Rouvray, près de Rouen, hôpital psychiatrique du Vinatier, CHU de Nancy, CHU de Nantes, Strasbourg, Marseille, Limoges, Nice, Caen, Orsay, Reims, etc. Sans doute est-ce cette catastrophe déjà bien avancée que ce président bonimenteur désignait, lors de la dernière campagne des élections européennes, sous la formule trompeuse de « l’Union européenne qui nous protège » ?!… Les joyeux fossoyeurs de la République qui applaudissaient le candidat Macron en mai 2017 vont-ils lui faire un rappel afin qu’il puisse rejouer sa partition pour un massacre ?…

Merci messieurs

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