Contagion économique ? Les banques centrales sont le véritable coupable


Par Brandon Smith – Le 15 août 2018 – Source alt_market


Les médias dominants ont récemment débattu sur le danger de « contagion » économique, principalement en raison du manque de liquidités en dollars sur les marchés émergents. Ce manque de liquidité est considéré comme un facteur d’instabilité dans les marchés des actions, des obligations et les marchés de change du monde entier, et cette fois-ci, la Turquie est appelée à déclencher un effet domino financier dans plusieurs pays.

Nous avons entendu parler de « contagion » avant. Il n’y a pas si longtemps, le virage politique de l’Italie vers un gouvernement soi-disant populiste a fait craindre une contagion de la dette au sein de l’Union européenne ; c’est toujours une réelle préoccupation, mais pas pour les raisons que présentent généralement les médias traditionnels.

La question de la contagion doit être examinée à l’aide d’un ensemble de paramètres différents de ceux que les médias financiers ont mis en avant. Dans leur monde, tout est question de causes et d’effet imprévisibles ; tout est aléatoire et fortuit. Tout est en train de se produire, et quand une crise frappe, tout peut être imputé à un ensemble de boucs émissaires sans liens apparents mais interconnectés entre eux.

Ils prétendront que ce sont les « populistes », les conservateurs, la philosophie conservatrice ou la notion de souveraineté nationale. Ou ils vont blâmer des concepts encore plus abstraits de « cupidité humaine » et « d’égoïsme individuel ».

Ces excuses autour des systèmes instables et des désastres proviennent d’un stratagème de propagande développé par la DARPA appelé « Théorie des dominos ». C’est l’idée largement répandue que les systèmes humains s’effondrent « naturellement » quand ils deviennent « trop ​​complexes » et tout ce qu’il faut pour commencer en mouvement est un « pivot » bien placé, tiré au bon moment. En d’autres termes, la DARPA veut que vous croyiez qu’il n’y a pas de complot organisé et que toutes les catastrophes sont causées par le hasard.

J’ai beaucoup écrit sur ce sujet dans mon article « Le mensonge des dominos : comment l’effondrement global sera vendu aux masses », publié en 2013.

Bien entendu, l’idée maîtresse et l’idée que la sur-complexité est à l’origine de tous les maux du monde aident grandement les globalistes. Car si les systèmes humains doivent être épurés ou simplifiés, quel meilleur moyen de le faire que de se débarrasser des États-nations souverains, des gouvernements et des économies et de tout centraliser dans une économie mondiale, un gouvernement mondial, un nouvel ordre mondial ?

Ce que la théorie des dominos ignore, c’est la planification stratégique minutieuse requise pour positionner tous les dominos géopolitiques dans une chaîne parfaite afin qu’ils puissent être renversés par cette personne, ce pays ou cet événement.

Les systèmes humains ont tendance à pencher en faveur de la redondance lorsque nous devons construire nous-mêmes ces systèmes – ce qui signifie que les humains préfèrent se décentraliser. Nous n’aimons pas que TOUTES les décisions soient centralisées par une seule entité dictatoriale. Nous n’aimons pas que toutes nos ressources soient contrôlées par une seule source. Nous n’aimons pas que tous les échanges et le commerce soient dominés par des monopoles. Nous n’aimons pas que notre sécurité soit déterminée par un seul gardien. Nous finissons souvent par nous rebeller contre la centralisation car c’est en fait la centralisation qui engendre la faiblesse des systèmes, et non la complexité, qui nous donne des freins et des contrepoids.

La protection de la complexité est créée par la décentralisation.

Lorsque nous examinons les véritables causes de nombreuses crises économiques et politiques dans le monde, nous trouvons généralement les globalistes et leurs agences mandatées bien au centre du jeu. Les principales d’entre elles sont les banques centrales.

Dans mon article « Tous les systèmes du vieux monde sont délibérément démolis », publié en novembre de l’année dernière, j’ai mis en garde contre plusieurs tendances susceptibles d’entraîner une instabilité économique. L’une de ces tendances serait la dislocation éventuelle de l’OTAN à partir de la Turquie. Les dirigeants turcs de Recep Erdogan ont été de plus en plus erratiques et violents, notamment après la tentative de coup d’État militaire très suspecte et vraisemblable de 2016. Le coup d’État a justifié la consolidation de leur pouvoir, alors que les opposants politiques pouvaient être systématiquement regroupés et emprisonnés.

Le récit du « coup de force » a été popularisé. D’abord en Turquie, puis en Arabie saoudite, sous la direction de Mohammad Bin Salman – deux pays qui plongent rapidement dans une dictature encore plus agressive et qui sont vitaux pour les États-Unis sur les plans stratégique et économique. Au cours des deux dernières années, les deux pays sont devenus plus distants en tant qu’alliés des USA. L’Arabie saoudite discute régulièrement de l’abandon de ses arrangements pour continuer à détenir la dette américaine en bons du Trésor et à utiliser le dollar comme monnaie pétrolière. La Turquie discute régulièrement de la possibilité de quitter l’OTAN et de mettre un terme à ses arrangements pour permettre aux actifs militaires américains de se positionner à l’intérieur de ses frontières.

Un autre récit populaire ces derniers temps a été l’idée que la guerre commerciale mondiale sera la cause de tous nos bouleversements économiques pour les années à venir. La guerre commerciale est une distraction parfaite, fournissant le carburant du chaos nécessaire pour permettre aux banques centrales pour mettre fin au soutien économique et blâmer ensuite la crise qui en résulterait sur divers « dominos » de manière aléatoire. C’est exactement ce qu’elles font.

En ce qui concerne les marchés boursiers, je pense qu’il est maintenant clairement établi que les réductions de bilan et les hausses de taux d’intérêt de la Réserve fédérale sont la principale cause (sinon la seule cause) des mouvements et des baisses des marchés actions. Presque chaque baisse majeure des actions se produit 7 à 10 jours après que la FED ait vendu des actifs de son bilan. On peut étudier les réductions de bilan progressives de la FED au cours de l’année sur son propre site Web et les comparer aux mouvements du Dow Jones ou du S&P.

En juillet, par exemple, j’ai dit à mes lecteurs de s’attendre à une reprise des marchés en raison des réductions du bilan de la FED au cours de ce mois. La FED a maintenu son bilan stable pendant presque tout le mois de juillet, ne le réduisant que 12 milliards de dollars à la fin du mois. En conséquence, les marchés ont rebondi. En août, la FED en a déjà coupé plus de 20 milliards de dollars et devrait le réduire davantage dans les deux prochaines semaines, ce qui indiquerait une chute agressive des actions ce mois-ci ou en septembre. La FED contrôle quand et comment les marchés boursiers s’effondrent… du moins pour le moment.

Cette corrélation et cette causalité évidente sont rarement, voire jamais, mentionnées dans les médias dominants. Au lieu de cela, on parle de « contagion » causée par la Turquie et la guerre commerciale.

Les coupes de bilan de la FED ne causent pas seulement des ravages sur les marchés boursiers. Les marchés des économies des pays émergents sont devenus de plus en plus tributaires du flux de dollars bon marché et des actifs financiers stimulés par les mesures de relance de la FED au cours des dix dernières années. Si vous vous demandiez où la plupart de ces fonds de renflouement et d’assouplissement quantitatif allaient au fil des ans et que vous n’avez pas étudié l’audit du TARP, vous pourriez être surpris de constater que des milliers de milliards de ces prêts bon marché venaient de banques étrangères plutôt que des banques américaines. Cela comprenait les pays émergents.

Des pays comme la Chine, l’Inde, le Brésil et même la Turquie ont tous utilisé des flux de trésorerie facilités provenant des banques centrales comme la FED pour soutenir leurs marchés obligataires et manipuler leurs devises et leurs actions. L’Inde, par exemple, s’est plainte ouvertement de la décision de la FED d’augmenter ses taux d’intérêt et de réduire son bilan, avertissant que cela provoquerait une instabilité sur les marchés mondiaux tributaires de la circulation du dollar.

La fin du QE par la FED frappe d’abord les marchés émergents et principalement en termes de valeurs monétaires. Le raffermissement du dollar (par rapport au commerce sur le Forex) est à l’origine d’importants dégâts dans le commerce sur le Forex et dans d’autres secteurs, les investisseurs retirant des fonds des marchés émergents en raison d’un taux de change moins favorable. Mais cela ne signifie pas nécessairement que les actifs basés aux États-Unis en bénéficieront.

L’économie des États-Unis est la prochaine qui va fondre, car la dette des entreprises se situe maintenant à des niveaux record. Le seul autre filet de sécurité pour les marchés américains au cours des dernières années a été le rachat d’actions de sociétés, qui ont été financées par des prêts sans intérêt de la FED et d’autres banques. Alors que la FED continue à relever ses taux d’intérêt, les coûts de la dette des entreprises vont exploser et ces rachats d’actions vont se réduire. Après cela, chaque nouvelle réduction du bilan de la FED entraînera une chute encore plus spectaculaire du Dow Jones.

En fin de compte, les marchés émergents vont chercher des alternatives au dollar comme réserve mondiale s’ils ne reçoivent pas les médicaments de stimulation dont ils sont devenus si dépendants. Cela se produit déjà en Chine et en Russie alors qu’ils abandonnent les bons du Trésor américain et dédollarisent en faveur d’autres actifs comme l’or.

Les marchés internationaux souffrent donc des retraits de liquidités dus à la Réserve fédérale, nous avons des marchés boursiers américains sous la menace de renversement en raison des hausses de taux d’intérêt de la Fed et des décharges de bilan, et nous avons le statut de monnaie de réserve mondiale du dollar sous la menace alors que de nombreux pays cherchent des alternatives après s’être sentis abandonnés par la Fed enlevant le bol de punch. Les tentacules multiples enveloppent l’économie mondiale et sont tous attachés à la même source.

Il semblerait que la seule « contagion » soit celle des banques centrales ; surtout la Réserve Fédérale. Pourtant, tout ce dont nous entendons parler dans les médias, ce sont les discussions sur la guerre commerciale et les dominos comme la Turquie. Le public est régalé de mensonges, conditionné à accepter de fausses explications sur la véritable cause d’une crise sur le point de se produire ; une crise que les banquiers centraux sont délibérément en train de construire pour pouvoir promouvoir plus tard la philosophie de la « simplification » et la centralisation d’un seul monde comme une panacée.

Brandon Smith

Note du Saker Francophone

Voici un article pour expliquer le mécanisme de rachat d'actions ou buyback. Pour mémoire, Brandon Smith pose un regard particulier sur le monde, depuis sa position de libertarien américain, développant l'hypothèse d'une entente généralisée des élites sur le dos des peuples. Il avance ces arguments, d'autres, anti-systèmes eux-aussi, voient le monde bien différemment.

Traduit par Hervé, relu par Cat pour le Saker Francophone

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