La route vers 2025 [4/4] :
un avenir très prometteur si nous l’exigeons


Michael KriegerPar Michael Krieger − Le 24 avril 2018 − Source libertyblitzkrieg

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Lorsque tout le gouvernement, domestique et étranger, dans les petites choses comme dans les grandes, sera concentré à Washington, centre de tout pouvoir, il rendra impuissants les contrôles existants d’un gouvernement sur un autre, et deviendra aussi vénal et oppressif que le gouvernement dont nous nous sommes séparés.

− Lettre de Thomas Jefferson à C.Hammond, 1821

Les trois premières parties de cette série se sont concentrées sur la réalité évidente que l’Amérique impériale n’est pas seulement considérée de plus en plus comme un État voyou par le monde entier, mais qu’elle est aussi devenue nuisible et parasitaire pour son propre peuple. Il est devenu très clair que l’empire n’est pas compatible avec le gouvernement constitutionnel.

Au fur et à mesure que le pouvoir et les ressources sont devenus de plus en plus centralisés à Washington DC, le peuple américain a souffert. Nous avons souffert d’un système économique et financier de plus en plus truqué, d’un empiétement continu de l’État sécuritaire sous la forme d’une surveillance massive et d’une militarisation de la police et d’une industrie de guerre qui accapare implacablement de plus en plus de richesses.

Comme le savent tous ceux qui ont lu la Constitution américaine, ce n’est pas ainsi que l’Union était censée fonctionner. En effet, les fondateurs étaient obsédés par l’idée de tomber dans le piège des empires européens puisqu’ils savaient comment ces histoires se sont terminées. Au niveau fédéral, une séparation des pouvoirs entre les trois branches du gouvernement : le législatif, l’exécutif et le judiciaire était un élément clé de la Constitution. Le but spécifique ici était d’empêcher une accumulation de pouvoir central excessif dans un secteur spécifique du gouvernement.

Bien que cette séparation des pouvoirs existe toujours sur le papier, elle a été érodée à un degré très dangereux. Quand il s’agit de la guerre, que le pouvoir législatif est censé déclarer, le Congrès a choisi d’abdiquer sa responsabilité et permet tout simplement à l’exécutif de faire ce qu’il veut. Nous l’avons vu avec Obama et nous le voyons avec Trump. La séparation des pouvoirs est complètement ignorée quand il s’agit de meurtre sanctionné par l’État et ce n’est pas une mince affaire. Tout aussi inquiétant, une quatrième branche du gouvernement a également émergé, complètement anarchique et irresponsable, il s’agit du pouvoir extraordinairement dangereux exercé par les agences de renseignement américaines, qui fournit un autre exemple de la distance que notre peuple a parcourue.

Au-delà d’une séparation des pouvoirs au niveau fédéral, les fondateurs ont veillé à ce que les différents États disposent d’une autorité de gouvernance indépendante à part entière afin de poursuivre leur objectif de décentralisation du pouvoir politique. Ceci a été inscrit dans le dixième amendement de la Constitution et se lit comme suit :

« Les pouvoirs non délégués aux États-Unis par la Constitution, ni interdits par elle aux États, sont réservés aux États, respectivement, ou au peuple. »

La raison pour laquelle je signale tout cela, c’est parce que les pères fondateurs voulaient que les États-Unis soient un projet de décentralisation politique. Non seulement le pouvoir régional (de l’État) était censé être étendu par définition, mais il a également veillé à séparer les pouvoirs au niveau fédéral. Il semble clair que l’objectif premier de la Constitution était d’empêcher l’accumulation d’un pouvoir excessif (centralisation) chez une personne ou un groupe de personnes. C’était révolutionnaire pour l’époque.

Si vous regardez honnêtement les États-Unis aujourd’hui, vous ne verrez pas un gouvernement constitutionnel. Les politiciens s’en foutent, les agences de renseignement s’en foutent, et la personne moyenne ne s’en soucie pas non plus. Notre évolution nationale vers une force impériale dominant le monde a transformé la République en un super État centralisé.

La plupart d’entre vous comprennent déjà tout cela. Là où les choses deviennent intéressantes, c’est que ce super État centralisé, alias l’empire américain, risque de connaître un sérieux effondrement dans les années à venir sous le poids de la corruption excessive, de la mauvaise gestion et de la perte du consentement des gouvernés. Les citoyens américains progressent rapidement dans la courbe d’apprentissage quant à la façon dont les choses fonctionnent vraiment et ils ne sont pas très heureux.

Je crois qu’un tel effondrement est essentiellement inévitable à ce stade, ce qui signifie que nous devrions concentrer notre énergie sur ce qui viendra ensuite. Beaucoup d’Américains vivent dans le déni total depuis des décennies. Une partie considérable du public, soit n’a pas admis que les États-Unis étaient un empire mondial, pour commencer, soit qu’il considère cela comme une bonne ou juste chose. En outre, il accepte la structure centralisée actuelle de la gouvernance des États-Unis comme appropriée et logique. Il y a cette croyance erronée que la chose principale que nous devons faire est d’« élire les bonnes personnes ». Je ne suis pas d’accord. Ce dont nous avons besoin, ce sont des structures politiques plus appropriées.

Plus je vis et apprends, plus je suis convaincu que la grande majorité des décisions doivent être prises au niveau local, par les personnes vivant dans les communautés directement affectées. L’idée que nous avons besoin de discuter et de nous chamailler sans fin pour convaincre une petite majorité du Congrès de voter d’une manière particulière pour adopter une loi qui s’appliquera alors à 325 millions de personnes est idiote. Dans un pays aussi vaste et diversifié que les États-Unis, vous êtes assuré de rendre presque tout le monde malheureux tout le temps. Même si j’admets que certaines questions transcendent la gouvernance locale, ces problèmes sont, de loin, beaucoup moins nombreux que nous sommes amenés à le croire. Presque toutes les décisions qui affectent la façon dont les gens vivent leur quotidien devraient être décidées au niveau local par les communautés, et non par un géant bureaucratique et facilement corruptible à des milliers de kilomètres.

Alors que l’empire américain va s’affaiblir dans les années à venir, la pire chose que nous puissions faire est de donner plus de pouvoir à Washington D.C. C’est, en premier lieu, une accumulation excessive de richesse et de pouvoir dans ce marécage qui nous a amenés au point de nous effondrer. Au contraire, j’aimerais que nous pensions à l’intention originale de notre document fondateur en redécouvrant l’importance du pouvoir politique décentralisé.

De plus, nous avons maintenant accès à des outils dont nos pères fondateurs n’auraient jamais pu rêver. Les communications instantanées et l’accès à l’information mondiale à portée de main ont rendu la démocratie représentative obsolète − en votant pour que quelqu’un vote pour nous − et nous n’avons jamais eu une meilleure occasion de rétablir la souveraineté de l’individu. Cela ne veut pas dire que je prévois un monde sans structures de gouvernance. Je pense que les êtres humains ont tendance à vouloir créer des communautés fondées sur des règles et ce n’est pas une mauvaise chose. Le principe majeur est qu’une telle collaboration devrait être volontaire et organique, contrairement aux structures politiques qui dominent actuellement notre planète.

Dans l’état actuel des choses, nous sommes tous nés dans des États-nations particuliers, et la plupart d’entre nous devons alors vivre le reste de notre vie sous une structure de gouvernance que nous n’avons jamais acceptée. Le principal facteur déterminant le genre de gouvernement dans lequel vous vivez est le morceau de terre sur lequel vous êtes né. Vous n’avez fondamentalement pas le choix de la façon dont vous êtes gouverné, tout est déterminé par le caractère aléatoire de la naissance. Est-ce que cela a du sens pour qui que ce soit ?

Cela n’a pas de sens pour moi parce que je crois que chaque être humain devrait avoir la possibilité de vivre comme il l’entend. De plus, le paradigme vers lequel nous devons nous diriger consiste en des structures de gouvernance caractérisées par des règles sans maître. D’un point de vue critique, ces règles doivent être acceptées volontairement, par les différents participants, dans une multitude d’unités politiques décentralisées que j’aimerais voir apparaître un jour. Idéalement, vous aimeriez aussi disposer de beaucoup de fluidité pour pouvoir passer d’une unité à une autre. Quelqu’un à un moment donné de sa vie pourrait trouver un type d’idéal de communauté autonome, puis s’intéresser à un modèle très différent à mesure qu’il grandit. En 2018, presque chacun naît dans un modèle de gouvernance/État-nation particulier − pas de son propre choix − puis y reste coincé pour le reste de sa vie. Cela ressemble à une manière très primitive et non libre de structurer la vie politique pour les êtres humains. Le futur modèle que je préférerais voir s’enracinerait dans des systèmes de gouvernance éthiques qui valorisent la liberté et la flexibilité plutôt que la coercition et la rigidité qui dominent la vie politique dans le monde aujourd’hui. La gouvernance devrait être décentralisée et les relations politiques devraient être volontaires.

Croyez-le ou non, je pense que le principal obstacle auquel nous sommes confrontés pour faire de ce type de vision une réalité est nous-mêmes. La plupart d’entre nous ont tendance à penser à l’intérieur de la boîte, ancrant ce qui peut être réalisé à ce qui a été accompli jusqu’à présent. Cependant, la vérité est que nous pouvons créer n’importe quel type de monde que nous voulons. Si un nombre suffisant d’entre nous commence simplement à croire que nos structures politiques actuelles sont trop centralisées, bureaucratiques, corrompues et non libres, alors nous pouvons les rejeter et évoluer vers un nouveau paradigme. C’est pourquoi j’aime toujours dire, nous avons déjà les outils, nous avons juste besoin de la volonté.

Quand vous allez à l’épicerie vos possibilité de choix pour le dentifrice et le shampooing sont presque infinies, mais quand il s’agit de choses vraiment importantes, telles que le genre de règles de gouvernance dans lesquelles nous vivons, ou quel type d’argent nous utilisons, nous n’avons pratiquement pas le choix du tout. L’émergence de Bitcoin sur la scène a déjà remis en question cette rigidité statique en matière d’argent. Le prochain domaine à aborder sera la gouvernance.

En Liberté.

… Fin

Michael Krieger

Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

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