Par Wayan – Le 4 septembre 2023 – Le Saker Francophone
Cette semaine nous allons montrer que la source profonde des problèmes géopolitiques actuels vient du fait que les pays occidentaux s’accrochent à leur prestige passé et refusent d’admettre que le reste du monde est en train de les rattraper et demande qu’ils changent de rapport avec eux. Rapport d’égal à égal et non plus de domination. Plus d’interférence dans les affaires intérieures des autres pays etc… Mais il semble que les vrais dirigeants des pays occidentaux, c’est-à-dire les fonds de pensions, les multinationales et le Complexe militaro industriel, que je regroupe dans le terme « les puissances financières », ne l’entendent pas de cette oreille et ne veulent pas abandonner l’ancien système dans lequel le monde occidental décidait de la marche du monde global. Pour cela ils empêchent tout dirigeant occidental prônant un tel changement de relation, en particulier aux Etats-Unis, d’accéder au pouvoir.
Mais commençons par l’exemple de la relation de la France avec ses anciennes colonies africaines.
La relation France-Afrique
Le discours de Macron montre que la France s’accroche au vieux système de la « Françafrique », malgré ses dénégations. Le gouvernement français prétend avoir abandonner son paternalisme néocolonial mais ses actes montrent le contraire. On le voit bien avec la crise au Niger. Tout ce qu’il obtiendra c’est que le pays va se tourner vers la Russie et la Chine pour survivre économiquement et militairement. Mais observons les faits.
Cela commence par une demande du Niger :
« Le régime militaire a demandé le départ de Sylvain Itté, lui donnant 48 heures pour quitter le pays, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères du gouvernement mis en place par les putschistes.
“La France a pris connaissance de la demande des putschistes”, a indiqué en réponse le ministère des Affaires étrangères à l’AFP. “Les putschistes n’ont pas autorité pour faire cette demande, l’agrément de l’ambassadeur émanant des seules autorités légitimes nigériennes élues”, a-t-il expliqué.
Face “au refus de l’ambassadeur de France à Niamey de répondre à l’invitation” du ministère “pour un entretien” vendredi “et d’autres agissements du gouvernement français contraires aux intérêts du Niger”, les autorités “ont décidé de retirer leur agrément à M. Sylvain Itté et de lui demander de quitter le territoire nigérien sous quarante-huit heures”, indique le communiqué des putschistes. »
On remarquera au passage que l’ambassadeur de France a refusé une invitation au ministère des affaires étrangères nigériens, montrant ainsi que la France a décidé de s’ingérer complètement dans la politique nigérienne en refusant tout contact avec le nouveau gouvernement. La France continue donc à vouloir dicter sa volonté à ce pays. Mais ce n’est, dit Macron, ni du paternalisme ni du néocolonialisme, c’est de la protection de la démocratie. Cette excuse ne marche pourtant plus aux yeux du peuple africain car on ne compte plus les fois où la France a soutenu un gouvernement pourtant issu d’un coup d’Etat dans les pays d’Afrique.
« Le président français Emmanuel Macron a réfuté ce lundi 28 tout « paternalisme » mais aussi toute « faiblesse » de la France en Afrique, alors que le Sahel fait face à une « épidémie de putschs », dernièrement au Niger. « Ni paternalisme, ni la faiblesse parce que sinon on n’est plus nulle part », a-t-il dit devant les ambassadeurs de France réunis à l’Élysée, en appelant aussi les pays du Sahel à avoir une « politique responsable » en la matière.
« La faiblesse que d’aucuns ont montrée à l’égard des putschs précédents a nourri des vocations régionales », a-t-il déploré. »
Mais le gouvernement nigérien lui aussi est prêt à « réfuter toute faiblesse » :
« Selon cette lettre du ministère des Affaires étrangères datée de mardi, l’ambassadeur Sylvain Itté “ne jouit plus de privilèges et immunités attachés à son statut de membre du personnel diplomatique de l’ambassade de France”.
Ses “cartes diplomatiques et visas” ainsi que ceux des membres de sa famille “sont annulés”, précise la lettre, ajoutant que les services de police nigériens “sont instruits afin de procéder à l’expulsion” de Sylvain Itté. »
Réponse de la France par l’intermédiaire de l’armée :
« Jeudi, le porte-parole de l’état-major français, le colonel Pierre Gaudillière, a prévenu que “les forces militaires françaises sont prêtes à répondre à tout regain de tension qui porterait atteinte aux emprises militaires et diplomatiques françaises au Niger” et que “des dispositions ont été prises pour protéger ces emprises”. »
Ces décisions du gouvernement français sont faites pour le bien de la France diront certains. Est-ce bien sûr ? Car il est de plus en plus évident que les peuples africains ne veulent plus de l’ancien système « paternaliste » et vouloir le maintenir à tout prix est complètement contre-productif. En se mettant le Niger à dos la France risque surtout de perdre une de ses sources d’approvisionnement en uranium. En restant ouverte aux négociations, elle la garderait. Elle payerait son uranium peut-être un peu plus cher mais une plus équitable répartition des richesses est un processus inévitable, demandé par les africains.
Et puis voilà qu’un énième coup d’Etat, au Gabon cette fois et encore largement soutenu par la population, vient montrer que les peuples africains aussi veulent la fin de l’ancien système, un mélange de néocolonialisme et de corruption des élites locales :
« Les résultats de l’élection présidentielle étaient à peine proclamés dans la nuit du 29 au 30 août, avec la victoire d’Ali Bongo réélu pour un troisième mandat, que des militaires sont apparus à la télévision, sur la chaîne Gabon 24 abritée au sein même de la présidence. Ils ont annoncé la dissolution de “toutes les institutions de la République” en raison de “la grave crise institutionnelle, politique, économique et sociale” que traverse le pays.
Dès les premières heures de la journée, des milliers de Gabonais sont descendus dans les rues dans plusieurs villes pour faire part de leur joie et célébrer les militaires. »
La génération montante en a ras le bol et les militaires le sentent. Reste à voir maintenant la bonne foi des militaires :
« Je suis pleine d’espoir. Il y a un énorme sentiment de trop-plein au Gabon, et pas que ces dernières années. C’est toute ma vie qui a été dans ce pays sans liberté, où on ne voyait aucun progrès, il n’y avait que des mensonges et de la corruption. Je ne peux pas dire que j’ai confiance dans ce nouveau pouvoir, on ne peut pas être sûrs de son impartialité, mais malgré l’incertitude il y a un vrai sentiment de libération…
Le ressenti c’est que l’armée s’oppose à reconnaître la victoire d’Albert Ondo Ossa. Bien sûr, la première chose qu’on voulait c’est de ne plus jamais voir le nom de Bongo associé à la présidence de la République, mais au final on se pose la question : des alliés d’Ali Bongo sont restés, c’est un de ses gardes, les plus proches gardes, qui a les rênes du pouvoir maintenant…Est-ce que ça sera accepté par la population ? Je ne fais pas confiance à l’armée pour rendre le pouvoir aux civils. On entend parler d’une transition de deux ans, peut-être plus, ce n’est pas bon signe. »
https://observers.france24.com/fr/afrique/20230830-gabon-coup-etat-bongo-reaction-liberation-oligui
Pendant que Macron confond diplomatie et « faiblesse », la Chine continue d’étendre son soft power sur le continent :
« Le président algérien Abdelmadjid Tebboune, a annoncé au début du mois, un important programme de réalisation de lignes ferroviaires dans le cadre d’un partenariat algéro-chinois.
Il s’agit de réaliser 6 000 kilomètres de lignes ferroviaires du Nord au Sud et d’Est en Ouest, afin de de mettre en place un maillage du territoire national.
Karim Allam, économiste algérien estime que “le développement de 6 000 kilomètres de voies ferrées permettra à l’Algérie de connaître une croissance économique phénoménale.” »
« Le président chinois Xi Jinping et le président béninois en visite [en Chine], Patrice Athanase Guillaume Talon, ont conjointement annoncé l’établissement d’un partenariat stratégique entre les deux pays vendredi à Beijing et ont assisté à la signature d’une série de documents de coopération sur l’initiative “la nouvelle Route de la soie”, le développement vert, l’économie numérique, les produits agricoles et la santé publique. »
https://www.globaltimes.cn/page/202309/1297406.shtml
Cette interview de Védrine et De Villepin montre que, là encore, ceux qui n’ont plus de carrière à protéger s’expriment plus librement et confirment qu’il est nécessaire que la France change sa relation avec les pays du sud et l’Afrique en particulier :
https://www.youtube.com/watch?v=SrwL24xqq5Q
On notera au passage que Védrine a la mémoire très sélective quand il insiste sur le fait que « la France n’est intervenue en Afrique qu’à la demande des gouvernements en place ». Kadhafi n’avait jamais demandé à la France d’intervenir en Lybie. Mais l’esprit humain est ainsi fait, il oublie facilement ce qui ne cadre pas avec sa vision des choses.
Pour la même raison, les leçons de la période coloniale ont été oubliées par les européens. Si, à l’époque, les gouvernements coloniaux avaient concédé aux revendications légitimes d’accession à la vie politique du pays par les indigènes, l’inévitable décolonisation se serait faite en douceur, sans morts et sans rancunes. Mais les colons ne voulaient pas abandonner leur ancien système non plus. Du coup, la plupart ont tout perdu.
La relation Occident-Russie/Chine
En Ukraine, ce sont les Etats-Unis et l’Europe qui s’accrochent désespérément à un vieux système. Celui du confinement de la Russie de peur qu’elle devienne, par sa taille et sa population, la puissance dominante en Europe. Pourtant, comme pour la Chine, rien dans son histoire ne vient justifier une telle peur.
Par contre l’histoire montre que la Russie fut souvent attaquée mais jamais vaincue. Leçon de l’histoire oubliée là encore. En 2023 la Russie ne se laisse toujours pas abattre économiquement, les sanctions n’ont pas marché, ni militairement, alors le recours aux mensonges s’accentue. :
« La contre-offensive ukrainienne a percé la première ligne de défense russe, a déclaré le général Mark Milley.
L’Ukraine est en train de percer des défenses complexes et de faire des progrès soutenus, a déclaré le général en chef.
Le général Milley a déclaré que la progression était “sanglante, longue et lente”, mais que cela n’était pas inhabituel en temps de guerre. »
https://www.businessinsider.com/ukraine-crossed-first-line-russian-defense-gen-milley-2023-8
MoA nous explique le niveau de mensonges et ce qu’il signifie :
« David Ignatius, le correspondant de presse de la CIA, a transmis le dernier message de la Maison Blanche sur l’Ukraine. Celle-ci continue de faire pression pour que l’on se batte jusqu’au dernier Ukrainien :
Alors que les responsables de l’administration Biden évaluent la lenteur des progrès de l’Ukraine dans la contre-offensive de cet été, ils discutent franchement avec Kiev de ce qu’ils considèrent comme les “leçons à en tirer“. Pour l’administration, l’essentiel est que cette guerre se poursuivra probablement l’année prochaine et que les États-Unis et leurs alliés doivent continuer à aider l’Ukraine à aller de l’avant. »
Il semble que les dirigeants européens soient en accord avec l’administration Biden :
« Les nations de l’UE devraient former plus de troupes ukrainiennes qu’elles ne le font actuellement, a déclaré mercredi le plus haut diplomate de l’Union, Josep Borrell, à l’issue d’une réunion informelle de ses ministres de la défense. Le fonctionnaire a appelé à la formation de 10 000 conscrits ukrainiens supplémentaires d’ici la fin de l’année. »
https://www.rt.com/news/582112-eu-intensified-training-ukrainian-conscripts/
Borrell devrait pourtant savoir que des civils entraînés à la hâte ne sont que de la chair à canon.
« L’Allemagne prévoit de concentrer ses efforts sur la fourniture aux forces ukrainiennes de pièces d’artillerie, de munitions et de systèmes de défense aérienne, a déclaré mercredi le chancelier Olaf Scholz à l’issue d’une réunion à huis clos du gouvernement. Berlin souhaite que les armes envoyées à Kiev soient “immédiatement efficaces”, a-t-il déclaré, ajoutant que la plupart des Allemands sont censés soutenir la politique “soigneusement pesée” du gouvernement à l’égard de l’Ukraine. »
https://www.rt.com/news/582106-germany-immediately-effective-weapons-ukraine/
Mensonges conscients ou déni inconscient de la réalité de la part de ces élites ? Ce « fils de la nouvelle révolution américaine », un ancien agent de la CIA, est dubitatif :
« Les généraux à la retraite suivants, Stan McChrystal (retraité de l’armée américaine), Phillip Breedlove (retraité de l’US Air Force), Ben Hodges (retraité de l’armée américaine) et David Petaeus (retraité de l’armée américaine) apparaissent sur les chaînes d’information du câble pour offrir leur «sage» analyse de la guerre en Ukraine et ils ont tous une chose en commun : ils se trompent à un degré stupéfiant. Je suis choqué par leur incapacité à analyser objectivement la situation. Au lieu de cela, ils répètent les mêmes mèmes de propagande – les troupes russes sont mal dirigées ; les troupes russes sont des conscrits et sont mal entraînées ; les troupes russes ont un moral déplorable ; l’armée russe est fragile et se brisera sous la pression ; et la Russie est en train de perdre.
Il ne s’agit pas d’hommes sans éducation et ils ont fait preuve d’un certain degré de compétence lorsqu’ils se sont vu confier le commandement de forces importantes. Alors pourquoi se trompent-ils si systématiquement sur des faits fondamentaux ?…
Que se passe-t-il ? Sommes-nous en train d’assister à une débâcle fondée sur la pensée de groupe ou ces généraux sont-ils les otages de leurs maîtres économiques ? En d’autres termes, ils mentent pour être payés. »
Les dirigeants occidentaux s’accrochent au vieux système dans lequel la Russie et la Chine doivent être des ennemis. Il leur est impossible d’envisager des relations apaisées de coopération avec ces deux pays qu’ils s’entêtent à considérer comme des menaces pour leur hégémonie :
« Le “comportement agressif” de la Chine en mer de Chine méridionale, y compris l’utilisation de canons à eau par ses garde-côtes contre un navire philippin, doit être contesté et contrôlé, a déclaré dimanche le commandant de la septième flotte de la marine américaine.
Le vice-amiral Karl Thomas a assuré les Philippines du soutien des États-Unis face aux “défis communs” dans la région : “Mes forces sont ici pour une bonne raison.
La Septième Flotte, dont le siège est au Japon, est la plus importante des flottes déployées à l’avant de la marine américaine. Elle exploite jusqu’à 70 navires, compte environ 150 aéronefs et plus de 27 000 marins. »
Ce n’est pas la Chine qui place une telle armada proche des cotes étasuniennes mais c’est elle qui a un « comportement agressif ». C’est une incroyable inversion des faits pour perpétuer le « mythe de l’ennemi ».
Quant à l’exemple utilisé par ce vice-amiral disant « y compris l’utilisation de canons à eau par ses garde-côtes contre un navire philippin », voici l’exemple du terrible comportement agressif chinois auquel il fait référence, qui avait fait la une des journaux étasuniens il y a quelques semaines :
https://www.youtube.com/watch?v=2nAMxZxRU94
« L’administration du président américain Joe Biden a approuvé un transfert militaire à Taïwan dans le cadre du programme de financement militaire à l’étranger (Foreign Military Financing, ou FMF), un programme normalement utilisé pour les États souverains, selon une notification envoyée au Congrès.
La notification, dont Reuters a pris connaissance mercredi, informe les commissions du Congrès de l’intention du département d’État d’engager jusqu’à 80 millions de dollars de fonds FMF en faveur de Taïwan. »
« “Taïwan est déjà un pays indépendant, sous le nom de République de Chine”, indique le rapport de la commission [parlementaire britannique]. “Taïwan possède toutes les qualités requises pour devenir un État, notamment une population permanente, un territoire défini, un gouvernement et la capacité d’établir des relations avec d’autres États ; il ne lui manque qu’une plus grande reconnaissance internationale.
Selon la présidente de la commission, Alicia Kearns, du parti conservateur au pouvoir, c’est la première fois qu’un rapport du parlement britannique fait une telle déclaration. “Nous reconnaissons la position de la Chine, mais nous, en tant que [commission des affaires étrangères], ne l’acceptons pas”, a déclaré Mme Kearns à POLITICO. “Il est impératif que le ministre des affaires étrangères défende fermement et vocalement Taïwan et qu’il dise clairement que nous soutiendrons le droit de Taïwan à l’autodétermination. »
Et quand la Chine aura une réaction de mauvaise humeur face à ces incessantes provocations, les médias vont dire : « la Chine a un comportement agressif », « la Chine est un danger pour la sécurité mondiale »…. Exactement comme ils ont fait avec la Russie.
Moa nous transmet l’analyse d’un occidental spécialiste de la Chine qui tente d’expliquer l’intérêt pour les Etats-Unis d’envoyer des hauts fonctionnaires en visite en Chine pour discuter coopération d’un côté et de la provoquer à tour de bras de l’autre :
« Je ne pense pas que Blinken, Yellen et consorts avaient l’intention de les persuader du contraire au cours de ces voyages. Ce n’était qu’une intention de façade.
Leur véritable objectif était d’ordre théâtral, et les Américains étaient leur véritable public : Ils devaient s’assurer que les Américains ne comprennent pas les efforts de Gina Raimondo pour frapper les Chinois, bien en dessous de leur ceinture, pour ce qu’ils sont : les tentatives d’une nation non compétitive de gêner une puissance économique montante.
…
Le régime Biden gagne du temps pour remilitariser l’extrémité occidentale du Pacifique.
Les seules personnes censées comprendre le contraire sont les Américains, qui ne sont pas censés regarder Washington provoquer et poursuivre une deuxième guerre froide. Les Américains sont censés regarder les fonctionnaires américains – raisonnables, constructifs, bien intentionnés – faire tous les efforts possibles pour parler aux Chinois malgré leur réticence obstinée à coopérer. »
En Syrie aussi, les Etats-Unis s’accrochent à leur ancien système de domination du Moyen Orient, une vaste zone pétrolière, en refusant de quitter un pays alors que le gouvernement en place refuse leur présence :
« Le général Mark Milley, président de l’état-major interarmées américain, a déclaré à la télévision jordanienne le 24 août que les forces américaines qui occupent illégalement des champs pétroliers dans le nord-est de la Syrie y resteront dans un avenir prévisible pour “combattre ISIS”.
“L’idéologie n’est pas encore morte, et certains terroristes d’ISIS errent encore dans les déserts de Syrie et un peu en Irak, ce qui représente une menace”, a déclaré Milley à la chaîne de télévision jordanienne Al-Mamlaka.
“Il y a encore des combattants en petits groupes en Syrie et en Irak (…) et si nous devions nous retirer soudainement, ces forces pourraient se reconstruire. La situation est donc bien meilleure qu’elle ne l’était. Mais elle nécessite toujours un certain niveau d’engagement. Nous disposons donc d’un nombre modeste de forces en Syrie et en Irak”, a-t-il ajouté.
Le chef de l’armée américaine a également déclaré que la décision de quitter la Syrie incombait au président Joe Biden.
“Je ne peux pas imaginer que les États-Unis se retirent un jour de [l’Asie occidentale]. Je pense que nous resterons engagés pour de nombreuses années et décennies à venir”, a-t-il souligné. »
https://new.thecradle.co/articles/us-military-occupation-of-syria-hinges-on-isis-threat-milley
Pourtant, comme le montre cet article d’un journal étasunien, le Los Angeles Time daté de 2016, les Etats-Unis n’ont jamais vraiment su contre qui et avec qui combattre/financer en Syrie. L’important à l’époque était que ces milices renversent Bachar El Assad, l’important maintenant est de garder une présence militaire au cœur du pays :
« Les milices syriennes armées par différents éléments de la machine de guerre américaine ont commencé à s’affronter dans les plaines entre la ville assiégée d’Alep et la frontière turque, soulignant le peu de contrôle que les officiers de renseignement et les planificateurs militaires américains ont sur les groupes qu’ils ont financés et entraînés dans cette guerre civile acharnée qui dure depuis cinq ans.
Les combats se sont intensifiés au cours des deux derniers mois, les unités armées par la CIA et celles armées par le Pentagone se tirant dessus à plusieurs reprises tout en manœuvrant dans un territoire contesté à la périphérie nord d’Alep, ont confirmé des responsables américains et des chefs rebelles.
À la mi-février, une milice armée par la CIA appelée Fursan al Haq, ou Chevaliers de la droiture, a été chassée de la ville de Marea, à environ 30 km au nord d’Alep, par les Forces démocratiques syriennes soutenues par le Pentagone, qui arrivaient des zones contrôlées par les Kurdes à l’est. »
https://www.latimes.com/world/middleeast/la-fg-cia-pentagon-isis-20160327-story.html
Comme pour la France en Afrique, les Etats-Unis utilisent l’argument du terrorisme pour justifier leur présence en Syrie. Pourtant, ni le gouvernement syrien ni le gouvernement irakien n’ont demandé au gouvernement étasunien de les protéger des terroristes. D’autant plus que sans financement ces « terroristes » ne terroriseraient plus beaucoup, ni longtemps.
L’argument occidental disant : « sans nous le terrorisme prospère. Sans nous vous serez attaqués, avec nous vous serez protégés » est une méthode bien connue des siciliens.
Pourtant cette attitude impérialiste coute énormément aux contribuables :
« Au 29 août 2022 cette dette totale US se monte à 102 015 milliards de dollars soit 372% du PIB US, 97% du PIB mondial, 35 fois le PIB français…1
Elle a donc augmenté de près de 10 000 milliards de dollars en 1 an (depuis mon dernier point de situation du 17 août 2022), beaucoup plus rapidement que les trois années précédentes ou l’augmentation annuelle n’était que de 6000 milliards de dollars par an…)
Sur ce montant considérable, la dette fédérale, celle de l’État US, dont on parle le plus souvent en géopolitique, n’est que de 32 817 milliards de $, en augmentation de 2163 milliards en 1 an, soit 121,8% du PIB US, le 29 août 2023. Elle n’était que de 22 356 milliards de $ (105,5% du PIB) en juin 2019.
Elle continue de croître au rythme de 5,6 milliards de dollars par jour (moyenne sur les 12 derniers mois). On réalise sur ce seul chiffre que les soutiens militaires et financiers US à l’Ukraine ne peuvent se faire que par un accroissement continu et significatif de la dette, ce qui a conduit l’agence de notation Fitch à dégrader la note de l’économie US, après l’agence Standard and Poors qui l’avait déjà fait en 2011 et l’agence chinoise Dagong qui l’avait fait en 2018.2
Cette dette fédérale est, pour 76,9%, détenue par les Américains eux-mêmes (fonds de pensions, épargne des citoyens, compagnies d’assurance, institutions financières privées ou étatiques). La question n’est plus de savoir si ce système de fonctionnement de l’économie US fondé sur un océan de dettes va s’effondrer, mais quand »
https://reseauinternational.net/ou-en-est-la-dette-us-situation-au-17-aout-2023/
En gros cela veut dire que les industries du Complexe militaro industriel et autres profiteurs de guerre sont financés par une dette acquise auprès « des américains eux-mêmes », une dette qu’ils n’ont visiblement aucune intention de rembourser vu son augmentation incessante. Il est évident qu’une telle politique ne peut qu’entrainer des troubles intérieurs et des velléités de changement de la part du peuple, comme nous allons le voir dans le prochain chapitre.
Les élections étasuniennes
Finalement, derrière le « bloc occidental », ce sont les puissances financières étasuniennes dirigeantes qui s’accrochent au vieux monde, alors que les populations sont bien plus prêtes au changement. Ce qui se passe aux Etats Unis pour les futures élections présidentielles le montre bien.
Les puissances financières qui dirigent les médias ont recours autant à la censure qu’à la propagande pour empêcher une partie grandissante du peuple de choisir ceux qui pourraient les amener vers un nouveau système, un système dans lequel les Etats-Unis n’interfèrent plus sur les autres pays, ne dépensent plus inconsidérément pour garder sa main mise sur le reste du monde mais dépense pour garder son peuple et son infrastructure à des niveaux de pays développés.
Quant à ceux qui pensent que le déclin des pays occidentaux est une illusion, c’est peut-être qu’ils restent enfermer dans leur tour d’ivoire. Les signes factuels montrant cette décadence sont nombreux mais ignorés par les médias grand public. En voilà un pour cette semaine :
« Mais nous ferions mieux de nous y habituer dans la mesure où le travail des enfants fait un retour en force. Un nombre impressionnant de législateurs déploient des efforts concertés pour affaiblir ou abroger les lois qui ont longtemps empêché (ou du moins sérieusement inhibé) la possibilité d’exploiter les enfants.
Prenez une grande respiration et réfléchissez à ce point : le nombre d’enfants au travail aux États-Unis a augmenté de 37 % entre 2015 et 2022. Au cours des deux dernières années, 14 États ont présenté ou adopté des lois annulant les réglementations qui régissaient le temps de travail des enfants, réduisaient les restrictions sur les travaux dangereux et légalisaient les salaires minimums pour les jeunes. »
Nous allons observer maintenant la censure et la propagande faite pour oblitérer ou démoniser les trois candidats qui veulent faire sortir les Etats-Unis de cet ancien système. Tout est fait pour orienter le choix du peuple vers les candidats qui soutiennent l’ancien système et le détourner de ceux qui prônent, sincèrement ou pas, un changement systémique.
Les cas de Kennedy, de Ramaswamy et de Trump le montrent bien. Le premier se déclare Démocrate, les deux autres Républicains. Malgré leurs étiquettes politiques et leurs personnalités bien différentes ils ont une chose en commun ; vouloir prendre les choses en main pour sortir le pays de l’ancien système dans lequel il est en train de s’enliser. C’est justement ce point commun qui déplait aux puissances financières et c’est pourquoi les médias les traitent de la même manière, quelques soit leur étiquette et personnalité politique, la censure d’abord puis la diabolisation.
Là encore je tiens à préciser que je ne défends par la politique prônée par ces candidats, je n’y ai aucun intérêt personnel vivant loin de tout cela, je mets juste en relief le traitement médiatique, et judiciaire pour Trump, qu’ils subissent. Un traitement qui n’est pas un signe de saine démocratie, pour parler gentiment.
Commençons par le cas le moins connu car le plus récent, Vivek Ramaswamy :
« Vivek Ganapathy Ramaswamy, né le 9 août 1985, est un homme d’affaires américain et candidat politique. Il a fondé Roivant Sciences, une société pharmaceutique, en 2014. En février 2023, Ramaswamy a déclaré sa candidature à l’investiture du Parti républicain à l’élection présidentielle américaine de 2024.
Ramaswamy a commencé sa campagne en affirmant que les États-Unis sont au milieu d’une crise d’identité nationale précipitée par ce qu’il appelle « de nouvelles religions laïques comme le COVID-isme, le climatisme et l’idéologie du genre ». Il critique également les initiatives environnementales, sociales et de gouvernance d’entreprise (ESG). En août 2023, Forbes estimait la valeur nette de Ramaswamy à plus de 950 millions de dollars ; sa richesse provient des entreprises biotechnologiques et financières. »
https://en.wikipedia.org/wiki/Vivek_Ramaswamy
C’est le premier débat des primaires Républicaines qui a fait connaitre ce petit jeune :
« Le Washington Post, FiveThirtyEight et Ipsos ont réalisé un sondage avant et après le débat d’hier soir auprès d’électeurs potentiels des primaires républicaines et des caucus, y compris ceux qui ont regardé le débat.
Ils ont estimé que le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, était le plus performant mercredi soir, 29 % des électeurs républicains qui ont regardé le débat estimant qu’il s’était le mieux comporté. Il a été presque égalé par Vivek Ramaswamy, un ancien cadre de l’industrie pharmaceutique, qui a obtenu 26 % des voix. Ces résultats peuvent surprendre, car M. DeSantis s’est généralement tenu à l’écart de la mêlée lors d’un débat houleux, alors que M. Ramaswamy a reçu et distribué de nombreux coups de griffe. »
Qu’un inconnu sorte en deuxième position aux premières primaires est un signe que son discours a plu au public. Quel est donc ce discours ? Peu de média en parlent vraiment alors qu’il s’est bien placé aux primaires. C’est déjà un signe de censure. Mais NPR, le média public étasunien a quand même pondu un article :
« Un Trump plus jeune et plus extrême
Les positions controversées de M. Ramaswamy consistent notamment à qualifier le changement climatique de canular, à dire qu’il réduirait le financement à l’Ukraine, à soulever des questions sur l’implication potentielle du gouvernement dans les attentats du 11 septembre et à vouloir relever l’âge du droit de vote à 25 ans – une proposition qui a été repoussée même par son propre personnel.
“Dieu est réel. Il y a deux sexes”, a-t-il déclaré dans une partie de son discours de clôture. “Les combustibles fossiles sont indispensables à la prospérité humaine. Le racisme inversé est du racisme. Une frontière ouverte n’est pas une frontière”.
Ramaswamy s’est positionné comme le prochain Donald Trump de son parti, bien que plus jeune et plus à droite. Il défend également M. Trump, le qualifiant de “meilleur président du XXIe siècle” et promettant que, en tant que président, il le gracierait s’il était condamné. Il a également appelé les autres candidats à faire de même.»
https://www.npr.org/2023/08/28/1196283078/vivek-ramaswamy-republican-primary-trump
Ou Yahoo News :
« Vous avez peut-être remarqué que Vivek Ramaswamy est la saveur politique du moment, grâce à sa performance super-caféinée lors du débat politique du parti républicain du 23 août.
En interrompant constamment ses collègues candidats à la présidence avec une série d’imbécillités arrogantes, Ramaswamy a attiré l’attention des classes politiques bavardes.
Depuis le débat, il a décroché des interviews sur « Meet the Press » de NBC, CNN et Fox News, où il a généralement redoublé d’opinions spectaculairement ignorantes sur le 11 septembre, le 6 janvier, le réchauffement climatique et la politique israélienne.
Le programme sur le changement climatique est un canular… La réalité est que plus de gens meurent à cause de mauvaises politiques en matière de changement climatique qu’à cause du changement climatique réel.
Vivek Ramaswamy propose des non-faits stupides
Mais il y a un aspect plus fascinant dans l’apothéose soudaine de Ramaswamy dans le firmament politique. Dans sa quête pour conquérir la position de grand ignorant dans la course présidentielle encore naissante, il a complètement écarté l’ancien titulaire de ce fauteuil, Robert F. Kennedy Jr.
Vous vous souvenez de RFK Jr., n’est-ce pas ? Il est le descendant d’une grande famille démocrate libérale qui a pris la coloration d’un républicain anti-science pour défier, putativement, le président Biden à l’investiture démocrate pour 2024.
Kennedy et Ramaswamy partagent quelques techniques rhétoriques. La première consiste à renverser un intervieweur avec un déferlement d’affirmations et d’affirmations si accablantes que son interlocuteur a peu de possibilités de dire un mot, et encore moins de contrer ses faussetés en rassemblant minutieusement les faits. »
Le reste de la presse ne parle de lui que pour évoquer une anecdote sans intérêt avec Eminem :
« Après avoir interprété “Lose Yourself” d’Eminem à la foire de l’Iowa, le candidat républicain à la présidence, Vivek Ramaswamy, a été prié par le vrai Slim Shady d’arrêter.
À la demande d’Eminem, BMI, une organisation de gestion des droits d’exécution, a informé la campagne de Ramaswamy qu’elle n’accorderait plus de licence pour l’utilisation de la musique du rappeur dans le cadre de la campagne. Dans une lettre adressée à la campagne le 23 août, BMI déclare avoir “reçu une communication de Marshall B. Mathers, III, professionnellement connu sous le nom d’Eminem, s’opposant à l’utilisation par la campagne de Vivek Ramaswamy des compositions musicales d’Eminem”, selon une copie de la lettre obtenue par CNN. »
L’article de CNN finit quand même sur un paragraphe évoquant sa campagne présidentielle, sans rien dire de son étonnant résultat aux primaires :
« À 38 ans, M. Ramaswamy est le plus jeune candidat à la présidence et il s’est appuyé sur sa jeunesse pour faire valoir qu’il peut s’adresser à un groupe d’électeurs plus jeunes et plus diversifiés que ses rivaux républicains.
“Je pense être le seul candidat capable de remporter une victoire à la Reagan, comme en 1980, avec une coalition multiethnique et de classe ouvrière, en particulier avec des personnes qui ne sont pas seulement plus âgées, mais aussi des personnes plus jeunes que nous intégrerons à notre parti”, a déclaré M. Ramaswamy à la presse après un événement de campagne à Indianola, dans l’Iowa, vendredi dernier. »
https://edition.cnn.com/2023/08/28/politics/vivek-ramaswamy-eminem/index.html
Ramaswamy détruit donc allègrement toutes les barrières du politiquement correct. Le réflexe, voulu par les médias, est donc de le balayer d’un revers de la main en pensant « encore un hurluberlu ». Si vous voulez, mais alors comment expliquer que cet inconnu ait soulevé l’enthousiasme des électeurs Républicains pendant le débat. En prétendant qu’un quart de ces électeurs, des gens qui se soucient de politique puisqu’ils ont assisté au débat, sont aussi des hurluberlus. Un peu prétentieux comme explication. Elle revient à dire que les quelques 50% de la population votant pour Trump, puisque Ramaswamy « c’est du Trump en plus extrême », sont aussi des hurluberlus. Une explication peu raisonnable et certainement pas réaliste.
Je vous propose l’explication alternative. Ramaswamy a convaincu le public avec des arguments non politiquement correct mais logiquement expliqués, qui tiennent la route et ont donc convaincu. C’est juste la manière dont les médias présentent ses arguments qui le fait passer pour un huluberlu :
« On peut entendre Vivek (plus facile, son prénom, et si amical) sur des dizaines de vidéos tant il a été la vedette du débat, et d’ailleurs sélectionné comme tel par un échantillon-type de la chaîne de ‘The Hill’, – gagnant du débat pour huit personnes sur quinze, devant DeSantis avec 4 sur 15. Son abattage est absolument fabuleux, une marée inarrêtable de 38 ans d’âge, d’une famille richissime venue de l’Inde et installée aux USA dans les années 1960. Vivek lui-même a fait des affaires pour son compte, dans la High-Tech, avec beaucoup de réussite.
Son populisme conservateur, voire traditionnaliste, est dévastateur. Vivek a conservé beaucoup de ces traits qu’on retrouve chez les Indiens, à la fois un bon usage de la modernité, à la fois une prise en compte des valeurs des forces populistes.
Il ne s’agit pas ici de s’attacher à la personne elle-même mais de considérer qu’il s’effectue aux USA un surgissement de personnalités à très fortes influences, effectives ou potentielles, défiant le Système dans toutes ses exigences. »
https://www.dedefensa.org/article/rapsit-usa2023-les-candidats-brics
The American Conservative lui a ouvert ses pages. Il a pu ainsi s’exprimer directement, sans que ses dires soient transformés. Soudain l’huluberlu disparait :
« La doctrine de Washington est une bonne source d’inspiration pour commencer. J’éloignerai notre nation des folies sanglantes du néoconservatisme et de l’internationalisme libéral à l’étranger pour l’orienter vers une stratégie de défense affirmée de notre patrie. Nous ne serons plus l’Uncle Sucker. Plutôt que de dépenser des milliards pour projeter notre puissance dans des vides mondiaux où nos alliés ne dépensent pas pour la maintenir eux-mêmes, nous remettrons l’Amérique au premier plan – comme George Washington l’a préconisé – en nous recalibrant et en tenant compte de nos véritables intérêts…
Ma campagne vise essentiellement à rétablir l’identité nationale américaine. Au terme de mes deux mandats, les Américains auront repris leur pays aux élites non élues. Nous connaîtrons à nouveau, à juste titre, la fierté nationale. Mieux les Américains comprendront leur identité nationale, mieux le monde nous comprendra aussi. Je serai honnête avec nos partenaires à l’étranger comme je le serai avec nos propres citoyens : le travail du gouvernement américain consiste exclusivement à représenter les intérêts des Américains. J’affirme en outre que mieux nous, Américains, comprendrons notre identité nationale, mieux le monde comprendra notre identité internationale. Nous recherchons toujours la paix, le commerce et l’amitié avec toutes les nations. Nous restons attachés à notre propre souveraineté, au-dessus de toutes les illusions internationalistes qui promettent le paradis sur terre, même si nous continuons à rechercher la paix, le commerce et l’amitié avec d’autres nations. Nous sommes une seule nation sous l’égide de Dieu, conscients de la déchéance de notre monde, résignés à l’aborder avec réalisme, mais animés par la certitude que notre liberté et notre prospérité peuvent faire naître dans le cœur des peuples étrangers l’espoir de ce qui est possible lorsque la plus grande nation fondée sur la liberté est en fait la version la plus forte d’elle-même à l’intérieur de ses frontières. »
https://www.theamericanconservative.com/a-viable-realism-and-revival-doctrine/
Et le politicien raisonnable qui apparait alors nous permet de comprendre pourquoi le Complexe militaro industriel et les puissances financières qui s’appuient dessus ont décidé de le faire passer pour un hurluberlu.
Parallèlement, les puissances financières ont tendance à favoriser les Démocrates, dont les idées sont bien plus politiquement correctes, et même à tricher pour les favoriser :
« Les chercheurs de MRC Free Speech America ont recherché sur Google les “sites web de la campagne présidentielle”, mais le moteur de recherche n’a pas affiché un seul candidat républicain sur sa première page de résultats, la veille du premier débat des primaires présidentielles du parti républicain, mercredi. Le site web de la campagne du président Joe Biden, bien sûr, est apparu comme deuxième résultat de recherche, de même que le site web de la campagne de l’opposante démocrate Marianne Williamson, qui est apparu comme cinquième résultat. »
Ou à coincer financièrement les journalistes un peu trop indépendants et qui sortent du politiquement correct, en particulier quand il s’agit de l’Ukraine et d’Israël :
« Gofundme a gelé pour une durée indéterminée les dons à The Grayzone “en raison de préoccupations externes”. Les actions de la société font suite à une campagne de répression contre notre personnel par les gouvernements britannique et ukrainien. »
https://thegrayzone.com/2023/08/28/gofundme-freezes-grayzone-fundraiser/
Quant à Trump, son interview par Tucker Carlson sur Twitter, aux mêmes heures que le débat de la primaire, a attiré plus de spectateurs que le débat :
« Le premier débat des primaires présidentielles républicaines américaines pour l’élection de 2024 a été regardé sur Fox News mercredi soir par 11,1 millions de personnes, selon l’agence de notation Nielsen, bien loin du record établi en 2015.
1,7 million de personnes supplémentaires ont regardé le débat en prime time sur Fox Business Network, selon Fox, ce qui porte l’audience totale à 12,8 millions de personnes. »
« Sur l’interview de Carlson publiée sur X, le nombre de vues affichait 236 millions de vues au moment de la publication, depuis la mise en ligne de la vidéo il y a 21 heures.
Cependant, la mesure sur X n’indique pas le nombre de vues que la vidéo de Carlson a réellement reçu.
Mashable peut affirmer qu’au moment de la publication de cet article, jeudi soir, l’interview de Carlson sur Trump a été visionnée 14,8 millions de fois sur X. »
Comme la méthode de l’acharnement judiciaire n’a pas l’air de lui porter tort, une nouvelle affaire lui tombe sur le dos, selon la fameuse méthode « si cela ne marche pas, rajoutons en une autre dose » :
« Pour la procureure générale de l’État de New York Letitia James, qui est la représentante locale du ministère de la Justice, les preuves sont accablantes. Dans des documents qu’elle a transmis au juge de la Cour suprême locale, elle estime que Donald Trump a manipulé pendant dix ans l’évaluation des actifs de ses sociétés.
Le magnat de l’immobilier l’aurait fait tantôt à la hausse ou à la baisse, selon ses besoins du moment : échapper à l’impôt ou obtenir des prêts avantageux. »
Plus bas dans l’article il est quand même succinctement précisé :
« Letitia James va demander à ce que l’ancien président et trois de ses enfants ne puissent plus gérer l’organisation Trump et qu’ils écopent d’une amende de 250 millions de dollars. « Face à ces preuves irréfutables, la cour n’a pas besoin d’un procès pour déterminer que les accusés ont considérablement gonflé la valeur de leurs actifs », estiment les services de la magistrate, qui est une élue du Parti démocrate, dans un document judiciaire. »
Mais là encore :
« Donald Trump aurait trouvé un moyen de tirer profit de sa récente arrestation. Selon POLITICO, un porte-parole représentant sa candidature à l’élection présidentielle de 2024 a déclaré avoir généré 7,1 millions de dollars grâce à sa désormais célèbre photo d’identité judiciaire, prise après s’être rendu aux autorités à la prison du comté de Fulton jeudi dernier (24 août). Sur ce montant, 4,18 millions de dollars auraient été collectés pour la seule journée de samedi (26 août). »
https://www.yahoo.com/entertainment/donald-trump-reportedly-raised-7-123713630.html
Sa popularité reste incontestable malgré/grâce à l’acharnement judiciaire qu’il subit. Et dire que c’est parce que ses électeurs (environ 50% des votants étasuniens) sont des abrutis d’extrême droite comme lui, c’est s’enfermer là aussi dans un déni de réalité peu raisonnable. Non il a un tel soutien car, en bon commerçant, il sait dire à ses clients ce qu’ils veulent entendre : « laissons tomber l’impérialisme étasunien, rentrons à la maison et occupons-nous de redresser le pays », programme qu’il résume par son fameux slogan « Make America great again ». Ce qui n’est pas du tout un programme d’extrême droite comme le prétendent les journaux pour le diaboliser mais un programme, comme celui de Ramaswamy, qui fait écho dans l’esprit d’un nombre croissant d’électeurs étasuniens. Par contre ce programme déplait aux puissances financières.
Même ce désir populaire de changement qui est derrière le succès d’un Kennedy, d’un Ramaswamy ou d’un Trump est la cible de campagnes de dénigrement médiatique. Une chanson pop étasunienne chanté par un amateur en a fait les frais au point que France 24 s’est fendu d’un article sur le sujet. Encore un bel exemple de manipulation des consciences :
« “Rich men north of Richmond” : le nouvel hymne de l’extrême droite américaine
La chanson “Rich men north of Richmond” est entrée, lundi, directement en première place des hits américains du classement Billboard. Un succès qui semble sorti de nulle part, tant son auteur, Oliver Anthony était inconnu jusqu’à présent. Mais il reflète l’irruption de la guerre idéologique dans le domaine du divertissement. »
Donc une chanson d’amateur devient « le nouvel hymne de l’extrême droite ». Mais pourquoi donc ? :
« Sa complainte country à la gloire des “petites gens” oppressées par le grand méchant gouvernement au nord de Richmond (à Washington) est apparue directement en première place du célèbre classement Billboard des 100 singles du moment. C’est la première fois en 75 ans d’histoire de ce top 100 qu’un “artiste” sans antécédent musical, sans contrat avec un studio et sans promotion d’aucune sorte sur les radios généralistes réussit cet exploit, a confirmé le site de Billboard. »
Donc quand on chante « la gloire des petites gens oppressés par le gouvernement » et que l’on a du succès on est « d’extrême droite » ? Brassens, Moustaki, Ferrat et bien d’autres seraient morts de rire s’ils pouvaient entendre un tel non-sens. Mais France 24 reste sérieux dans ses bottes.
« Si son succès a un petit air de victoire de David contre le Goliath de l’industrie musicale, c’est un David poussé par les hordes de fans de Donald Trump.
Oliver Anthony se plaint de ces “richards” qui veulent “tout contrôler”, de ces “bons” emplois de l’Amérique profonde qui ne rapportent plus rien et des taxes qui n’en finissent pas de s’accumuler. Le chanteur saupoudre le tout de références au mouvement conspirationniste QAnon et à ses thèses farfelues dépeignant l’élite politique comme des dangereux pédophiles. »
Là encore les médias tournent un phénomène de ras-le-bol populaire en un groupe de farfelus (pour changer d’hurluberlus) conspirationnistes et, bien sûr, d’extrême droite.
D’ailleurs les paroles de cette chanson données en exemple le prouvent tout à fait :
« J’ai vendu mon âme
Travailler toute la journée
Des heures supplémentaires
Pour un salaire de merde
Pour que je puisse m’asseoir ici
Et gâcher ma vie
Rentrer à la maison
Et noyer mes problèmes
C’est une putain de honte
Ce que le monde est devenu
Pour les gens comme moi
Et les gens comme vous… »
C’est sûr ce n’est pas du Brel, niveau poésie, mais y voir de l’extrême droite complotiste tourne carrément à l’hallucination.
Quand même l’auteur de l’article finit par dénicher un lien « sérieux » avec l’extrême droite :
« Et, dans le cas de “Rich men north of Richmond”, le New York Times a repéré que la chanson a connu un nombre record de téléchargements payants sur iTunes, suggérant que des internautes d’extrême droite ont sorti leur portefeuille pour placer leur “nouvel hymne” en top du Billboard 100. Ces seuls téléchargements ont rapporté plus de 80 000 dollars à Oliver Anthony. »
Donc le fait que des milliers de jeunes ou moins jeunes qui se sont retrouvés dans les paroles de cette chanson l’ont téléchargé « suggère » qu’ils sont d’extrême droite. Le niveau de « journalisme » du New York Times est hallucinant.
Quant à la conclusion elle reste au même niveau de … :
« Les succès du chanteur Oliver Anthony et du film “Sound of freedom” permettent aussi à l’extrême droite de “démocratiser leurs théories du complot”, souligne le Washington Post. “Rich men north of Richmond” représente, à cet égard, le cheval de Troie par excellence de ce mouvement politique. “Son message général peut plaire à un public plus large”, souligne Adam Behr. En effet, il est surtout question de critiquer des élites politiques déconnectées des réalités du terrain… et l’extrême droite n’a pas le monopole de ce discours. Mais Oliver Anthony y ajoute en filigrane ses théories du complot qui peuvent ainsi faire leur petit bonhomme de chemin. »
En conclusion donc, se « plaindre des richards qui veulent tout contrôler » sont des idées qui pourrait faire « leur petit bonhomme de chemin » dans l’esprit de la population. C’est pourquoi elles sont dangereuses et il est nécessaire de les diaboliser en les traitant « d’extrême droite ». France 24 et les autres médias grand public sont là pour cela, comme le montre un tel article.
A lundi prochain.
Note du Saker Francophone : N’oubliez pas de participer à la nécessaire ouverture d’esprit de vos connaissances, tant matraqués par la propagande médiatique, en leur envoyant un copié/collé de cette revue de presse, ou son lien.