Prédécesseur de Julian Assange, de Chelsea Manning et d’Edward Snowden : le Dr David Kelly


Par Adam Garrie – Le 29 novembre 2018 – Source eurasiafuture.com

Le Docteur David Kelly fut un homme humble, en des temps marqués par l’esbroufe politique – un expert en armement qui s’exprimait d’une voix douce, en des temps de rhétorique guerrière. Ayant travaillé pour les Nations Unies ainsi que pour le gouvernement britannique comme inspecteur en armement de haut niveau, son nom fut brièvement connu du public quand, à l’issue d’une visite en Irak en 2003, le Dr Kelly conclut que le gouvernement de Bagdad disait vrai et était bien incapable de produire des armes de destruction massive, ni ne disposait de telles armes en réserve.

Dans un article, publié en 2003 par le journal Guardian, voici ce qu’on pouvait lire sur ce qui devint la dernière mission d’inspection de Kelly en Irak :

Une enquête britannique officielle, inspectant 2 semi-remorques découverts au Nord de l’Irak, a conclu qu’ils ne constituaient pas des laboratoires de guerre bactériologique, contrairement aux accusations de Tony Blair et du président George Bush ; ces équipement servent à la production d’hydrogène, utilisé pour remplir les ballons d’artillerie, comme les irakiens persistaient à le déclarer.

Les conclusions auxquelles sont parvenus les experts en armement employés par le gouvernement britannique constituent une source d’embarras pour le premier ministre, qui arguait que la découverte des laboratoires prouvait la détention par l’Irak d’armes de destruction massive, et justifiait la déclaration de guerre contre Saddam Hussein.

Mais voilà, un scientifique et expert britannique en armes biologiques, après examen en personne des semi-remorques sur le sol irakien, a déclaré la semaine dernière à The Observer : ‘Il ne s’agit pas de laboratoires mobiles de guerre biologique. Personne ne pourrait les utiliser aux fins de fabriquer des armes biologiques. Ils n’y ressemblent même pas. Les Irakiens nous avaient dit la vérité sur toute la ligne à leur sujet – il s’agit d’installations de production de gaz d’hydrogène, pour remplir des ballons’.

L’homme cité dans l’article était alors nommé : il s’agissait du docteur David Kelly, qui déclarait également que le dossier infâme de Tony Blair sur l’Irak était monté de toutes pièces par le gouvernement britannique pour gonfler les accusations grotesques contre l’Irak, utilisées pour justifier une invasion et une occupation illégales de la république arabe, aux sous-sols riches en pétrole. Bien entendu, la suite des événements a révélé que les affirmations de Kelly étaient vraies, et que tout ce que disait Tony Blair sur le sujet constituait un tissu de mensonges.

Peu après la publication de l’article du Guardian, Kelly fut retrouvé mort dans les bois, après s’être soi-disant coupé les veines. Il fut révélé ultérieurement que Kelly était si faible physiquement qu’il avait des difficultés à découper un steak avec un couteau. Mais il avait réussi à se sectionner les veines et à mettre ainsi fin à ses jours pour des raisons aussi obscures que suspectes.

Dans les années qui suivirent sa mort, le phénomène des lanceurs d’alertes, exposant au grand jour les comportements perfides et criminels des gouvernements occidentaux, s’est répandu. On se souvient qu’en 2010, Chelsea Manning avait fait fuiter des informations confidentielles sur les crimes de guerre étasuniens en Irak vers Wikileaks, fondé par Julian Assange pour publier ce type d’information. Ces révélations stupéfiantes avaient soulevé l’indignation publique contre la guerre alors en cours en Irak, tandis que Manning se voyait emprisonné et menacé de la peine capitale pour avoir fait fuiter ces documents à Assange. Julian Assange, éditeur de Manning, est à présent prisonnier de fait dans l’ambassade d’Équateur à Londres, et il a été récemment révélé que les USA faisaient tout pour mettre en accusation Assange, la peine de mort à la clé si les poursuites en question étaient menées à son encontre.

En 2013, Edward Snowden, ex-employé de la NSA (National Security Agency), avait lancé l’alerte sur les programmes d’espionnage intérieurs et internationaux contrôlés par les agences de renseignement étasuniennes. Il prit la fuite peu de temps après, et vit à présent en Russie, qui lui a accordé l’asile.

Les parcours de Manning, d’Assange et de Snowden sont bien connus, mais tout a été fait pour qu’une chape de silence étouffe toute discussion au sujet du lanceur d’alerte que fut le Docteur David Kelly. De quoi est-il vraiment mort ? S’agissait-il réellement d’un suicide ? Ou était-ce un meurtre, et dans ce cas, qui était derrière ?

Il s’agit de questions importantes, auxquelles George Galloway, ancien député au parlement britannique, tente de répondre dans un nouveau film. Pour assurer son indépendance, Galloway lève en ce moment des fonds sur le site de financement participatif Kickstarter. Si vous souhaitez contribuer à la réalisation du film Killing Kelly, suivez ce lien, et donnez ce que bon vous semble.

Traduit par Vincent pour le Saker Francophone

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