Par James Howard Kunstler – Le 6 octobre 2017 – Source kunstler.com
La guerre, les enfants,
Ce n’est qu’à portée de tir
Ce n’est qu’à portée de tir
– Gimme Shelter / The Rolling Stones
En souriant comme le Chat du Cheshire d’« Alice au Pays des merveilles », le Golem d’Or de la Grandeur prononçait cet interlude de fin d’automne : « le calme avant la tempête ». Hmmmm. Voilà un message bien cryptique. C’était moins d’une semaine après avoir « cassé » verbalement le secrétaire d’État Rex Tillerson pour avoir « perdu son temps » en essayant d’atteindre diplomatiquement « Little Rocket Man … » [le président de la Corée du Nord, NdT] auquel Rex a riposté, traitant le président de « crétin ».
Ordinairement – disons, au cours des 220 dernières années de l’existence de cette nation – parler comme ça entraînait une démission (pensez donc, il n’y a pas d’autres exemples d’échanges de cette nature). Tillerson doit penser que pour le bien du pays, il ne peut pas démissionner, et Dieu sait quelles sortes de notes désespérées sont échangées entre le Département d’État et le Pentagone.
Le Pentagone, là où, bien sûr, sont retranchés les généraux, désignés avec amour par le président comme « mes généraux », comme s’ils sortaient d’un coffre rempli de soldats de plomb dans la salle de jeu de la Maison-Blanche. Il y beaucoup à ruminer la dessus. Par exemple, peut-être que les généraux ont attendu plus d’un demi-siècle d’avoir une bonne excuse pour pilonner un adversaire vraiment odieux, juste pour voir à quel point notre artillerie est efficace. Ou peut être pas. Peut-être sont-ils tous des gens extraordinairement tempérés et judicieux, opposés à la violence apocalyptique. Ou peut-être qu’ils piétinent d’impatience en attendant d’être lâchés en liberté par POTUS… Ou peut-être qu’ils veulent corriger et museler le président… Et peut-être l’emmener dans une bétaillère avant de le noyer dans le Potomac. Pour l’instant, il est amusant de ruminer sur ces choses, les possibilités sont si riches.
Mais on nous dit que c’est le calme avant la tempête. Comme par hasard, ce matin, le Centre national des ouragans a décelé une tempête appelée « Nate » qui cible la Nouvelle-Orléans, dimanche. Maintenant, ce serait un événement dont les États-Unis se passeraient bien, compte tenu de la façon dont les choses se sont dégradées météorologiquement cette année. Restez en ligne pour de futurs développements.
Mais je doute que le président y faisait référence l’autre jour. Nous entrons dans un espace-temps où beaucoup de choses pourraient mal tourner. Ce qui m’y fait penser, c’est que les marchés boursiers ont atteint de nouveaux records l’autre jour, alors que Porto Rico est détruit du jour au lendemain ou que des centaines de personnes sont prises dans une fusillade à Las Vegas – et cela sans compter sur les conditions globales de l’économie américaine, avec la moitié de la population rurale plongeant dans les vapeurs d’opium, avec la fermeture de 10 000 succursales de grandes chaînes de magasins cette année, et avec les crédits auto arrivant à terme sur un marché de l’automobile dépendant de ces prêts-menteurs regroupés dans des titres pourris. On peut aussi aborder le problème de la dette dont les pustules s’accumulent sous le plancher.
Les senteurs épicées d’un accident financier remontent, ce dernier attendant son heure. Je ne pense pas que Trump se réfère à cela non plus, mais que se passera-t-il au moment même où nous aurons décidé de pilonner la Corée du Nord ? Ou, alternativement, si Rex Tillerson, Mike Pence et un certain nombre d’autres politiciens supérieurs décident que c’est le moment pour Trump de s’en aller ? Le président est aujourd’hui sans amis, et c’est plus que très imprudent. Je veux dire, pour le bien du pays, Mesdames et Messieurs, qu’est-ce qu’ils attendent ?
Est-ce que ses généraux le défendent ? Non. Même pas en rêve. Je me demande quel sera le nom de code de leur coup. Opération « virons ce con » ? Tout ce spectacle commence à ressembler à un film des Frères Coen. Quand le moment sera venu, j’espère qu’ils réaliseront un documentaire sur ces étranges journées d’octobre 2017.
James Howard Kunstler
Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone
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