Nasrallah: La victoire de Gaza ouvre la voie à la libération totale de la Palestine


Résumé détaillé du discours du secrétaire général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, du 25 mai 2021, à l’occasion du 21e anniversaire de la libération du Liban.


Le 9 juin 2021 − Source Resistance News


Dieu soit loué. Salutations au Prophète et à sa famille. Que la paix soit sur vous, ainsi que la miséricorde de Dieu.  Je m’excuse de n’avoir pas prononcé de discours depuis la journée d’al-Quds, j’étais un peu souffrant et le suis toujours [Nasrallah avait clairement des difficultés à respirer et toussait; c’était une pneumonie, pas Covid, malgré la propagande israélienne habituelle sur une maladie en phase terminale, comme le prouve sa capacité à faire un discours de deux heures en direct le 25 mai, et par son apparence saine lors de son discours d’une heure du 8 juin].


Les jours passés ont vu des événements historiques que j’ai suivis de près, mais ne pouvais pas parler publiquement malgré ma volonté. Je parlerai longuement des événements de Gaza dans ce discours. Verset coranique: «Et ne vous relâchez pas dans la poursuite de l’ennemi: si vous souffrez des épreuves, ils souffrent des épreuves semblables; mais vous avez l’espoir de Dieu tandis qu’ils n’en ont pas.» (S. IV, v. 104).

Le mois de mai a vu des événements malheureux (la Nakba) et d’autres heureux (la Libération du Liban le 25 mai 2000). Félicitations au peuple de Palestine qui a ajouté une nouvelle victoire, de Gaza à Jérusalem aux territoires occupés en 1948. Condoléances aux familles des martyrs et meilleurs vœux de rétablissement aux blessés. Félicitations en particulier aux cadres de la Résistance et au peuple de Gaza qui ont patiemment enduré la barbarie israélienne.

Je félicite également les Libanais en ce jour de la libération. Je veux que le peuple libanais, en particulier les nouvelles générations, n’oublie pas que cette Libération du 25 mai 2000 est le résultat de longues années de sacrifices de la part de nombreuses factions libanaises et résistantes, pas seulement le Hezbollah. Rappelons la mémoire des martyrs du Hezbollah, du mouvement Amal, des autres mouvements patriotiques, des résistants libanais et palestiniens, ainsi que de l’armée libanaise et des martyrs de l’armée syrienne. N’oublions pas les martyrs civils libanais, hommes, femmes et enfants, victimes de la guerre civile et des massacres israéliens. Enfin, il faut mentionner les martyrs de la Résistance et le soutien du peuple à cette Résistance. Je ne parle pas seulement du sud du Liban, mais de la Bekaa, berceau du Hezbollah, et de tout le Liban. Le 25 mai 2000 (date de l’expulsion des dernières forces israéliennes d’occupation du Liban) fut la victoire de tout le Liban, de Beyrouth, du Nord, de chaque territoire du Liban. Le pays tout entier a contribué à façonner cette victoire.

Je me souviens en particulier du martyr Sayed Abbas Mousawi (ancien secrétaire général du Hezbollah), assassiné par Israël avec sa femme et son enfant; le martyr Cheikh Ragheb Harb; le martyr Imad Moghniyeh; le martyr Sayed Zulfiqar. Toute une caravane de martyrs du Hezbollah.

Outre la Résistance libanaise et le peuple libanais, il faut saluer la position officielle libanaise incarnée par le président Émile Lahoud, Nabih Berri et Salim al-Hoss, ainsi que la position majoritaire du gouvernement libanais qui a soutenu la Résistance et sa légitimité. Tout cela a permis d’obtenir la Libération, et d’éviter la guerre civile que préparait Ehud Barak (pour dévaster le Liban après le départ des troupes israéliennes).

Je salue également le soutien syrien de Hafez al-Assad et de Bachar al-Assad, et le soutien de l’Iran, de l’imam Khomeini et de l’imam Khamenei. Et je salue particulièrement le rôle de Qassem Soleimani dans la victoire de 2000, même si son nom et son rôle étaient tenus secrets à l’époque. Cette Libération a inauguré l’ère des victoires du monde arabo-musulman. Le 25 mai 2000, j’ai dédié cette victoire au peuple palestinien, la libération de la Palestine et d’al-Quds (Jérusalem) étant le but ultime. Cette victoire a ouvert une nouvelle culture, de nouvelles valeurs, imposant de nouvelles équations stratégiques claires. En 2000, de nombreux dirigeants sionistes ont parlé des conséquences désastreuses que cette retraite humiliante aurait. Yitzhak Shamir, sur la tombe de Ben Gourion, a parlé de la victoire du Hezbollah comme de quelque chose qui pourrait conduire à la disparition d’Israël. Puis ont eu lieu la première Intifada en 2000, et la Libération de Gaza en 2005.

La Résistance armée populaire a établi deux bases fortes au Liban et à Gaza, que l’ennemi voulait détruire. Il a échoué, accumulant les défaites et renforçant la Résistance, que ce soit lors de la guerre de 2006 contre le Liban, ou des guerres de 2008, 2012 ou 2014 à Gaza. Le siège de Gaza depuis plus de 15 ans, les campagnes d’assassinats, etc. ont également échoué. La dernière guerre de 11 jours est très différente. Mais toutes ces guerres gagnées par le camp palestinien et libanais ont confirmé et renforcé le chemin de la Résistance.

J’en viens maintenant à la dernière bataille nommée «L’épée d’al-Quds» par la Résistance palestinienne. Je n’entrerai pas dans les détails, mais expliquerai pourquoi c’est une grande victoire et ce qu’elle annonce pour l’avenir de la lutte contre Israël. Le début était à al-Quds, avec l’insistance d’Israël sur le nettoyage ethnique d’al-Quds et du quartier de Cheikh Jarrah, les attaques contre les Palestiniens, empêchant les fidèles de prier à al-Aqsa pendant le Ramadan (les Palestiniens des territoires de 1948, 1967 et Jérusalem elle-même). Israël a fait de son mieux pour empêcher les fidèles d’aller à al-Quds et al-Aqsa, et a agressé à plusieurs reprises ceux qui ont réussi à s’y rendre.

Il y avait une menace réelle contre al-Quds, ce qui a poussé la Résistance à Gaza à lancer un ultimatum historique à Israël: cessez votre nettoyage ethnique à Cheikh Jarrah et vos assauts contre les croyants à al-Aqsa, ou nous interviendrons militairement. La menace a été mise à exécution par le Hamas et le Jihad islamique, qui ont lancé leurs roquettes/missiles à l’heure promise.

Toute cette crise a été causée par la stupidité de Netanyahu et des dirigeants israéliens, leur arrogance, leur orgueil, leur mépris et leur sous-estimation des Arabes, des traits qui sont une constante dans l’histoire d’Israël. Toutes les guerres précédentes avaient la même cause, et cet ennemi restera aveugle, arrogant, stupide, faisant des erreurs et des erreurs de calcul qui conduiront à sa chute et à sa disparition. L’imam Khomeini a dit: «Louange à Dieu qui a rendu nos ennemis stupides». Netanyahu et les Israéliens croyaient pouvoir s’emparer de Jérusalem et la judaïser, expulser les familles palestiniennes, les remplacer par des colons juifs, agresser les fidèles musulmans et chrétiens, sans que rien ne se passe, juste des protestations vides de sens. Ils l’ont fait, jugeant les Arabes vaincus et ayant rationalisé et accepté leurs relations avec Israël. Ils croyaient que le monde arabe avait abandonné la cause, que les Palestiniens des territoires occupés en 1948, de Cisjordanie et de Gaza étaient impuissants.

L’ennemi n’a jamais même imaginé que Gaza puisse réagir militairement pour défendre al-Quds et al-Aqsa. Cela n’était venu à l’esprit de personne au sein de l’entité sioniste, ni chez les dirigeants politiques, ni chez les chefs militaires, ni chez les services de sécurité. Mais Gaza a surpris à la fois l’ennemi et l’ami. Israël n’avait pas imaginé une telle chose et a donc persévéré dans son agression aveugle à al-Quds (Jérusalem). C’est pourquoi Israël a été surpris et vaincu. La décision de Gaza est historique et ses leçons doivent être comprises. Auparavant, toutes les guerres à Gaza avaient des causes liées à Gaza : réaction aux assassinats ou aux agressions israéliennes à Gaza, lutte contre le sévère siège de Gaza, etc. Les calculs de la Résistance étaient encore purement gazaouis, ne protégeant que les habitants de Gaza. Mais ce qui s’est passé lors de ce dernier round, c’est que Gaza est intervenue pour protéger al-Quds (Jérusalem), Cheikh Jarrah, al-Aqsa.

Cette décision est historique, exceptionnelle, et bouleverse les choses. La Résistance savait qu’elle se dirigeait vers la guerre, les massacres, la destruction de Gaza. Mais la Résistance de Gaza était prête à se sacrifier pour défendre al-Quds (Jérusalem) et al-Aqsa.

Gaza et tous ses habitants se sont sacrifiés pour préserver le troisième lieu saint de l’Islam, se considérant comme en charge et responsables. C’était une décision d’un haut niveau de djihad et de sincérité, et c’est pourquoi elle a eu cette énorme influence, secouant les Palestiniens dans toute la Palestine occupée, avec le soutien des réfugiés et du monde entier, à l’exception de la minorité de zombies (dictateurs arabes) qui ont normalisé leurs relations avec Israël. Les manifestations à la frontière libano-israélienne, jordano-israélienne et partout dans le monde, le soutien populaire et la victoire finale ont été exceptionnels, à la mesure de cette décision exceptionnelle de la Résistance de Gaza.

Les sionistes doivent le comprendre, tout comme la communauté musulmane et l’Axe de la Résistance, mais je m’adresse à l’ennemi et à ses dirigeants: cette expérience doit vous conduire à refaire tous vos calculs. Vous devez savoir que mettre la main sur al-Quds et al-Aqsa est une ligne rouge. Assassinats ici ou là, expropriations ici ou là, assiégeants ici ou là n’ont rien à voir avec le fait de poser des mains sur al-Quds et al-Aqsa, nos lieux saints, comme en témoignent ce qu’a fait Gaza, les promesses faites et tenues par les Résistance à Gaza. Ils étaient sincères et se tiendront prêts à refaire ce qu’ils ont fait si al-Quds et al-Aqsa sont à nouveau menacés ou profanés. Toutes les factions de l’Axe de la Résistance (Iran, Syrie, Hezbollah, PMU d’Irak & Yemen) étaient en contact permanent, heure par heure pendant cette guerre. À l’avenir, nous veillerons à ce que toucher à al-Quds et à al-Aqsa implique non seulement Gaza, mais l’ensemble de l’Axe de la Résistance. La Résistance à Gaza a imposé une nouvelle équation: si Israël met la main sur al-Quds et al-Aqsa, Gaza entre en guerre. Ce que nous devons maintenant imposer, c’est que si Israël met la main sur al-Quds et al-Aqsa, alors il y aura une guerre régionale !

L’ensemble de l’Axe de la Résistance doit être prêt et le dire clairement à Israël: nous ne permettrons jamais que la mosquée al-Aqsa soit mise en danger. Car le résultat de toute guerre régionale ne peut être que l’éradication de l’entité sioniste. C’est cette nouvelle équation qui nous permettra de protéger la ville sainte d’al-Quds et ses lieux saints musulmans et chrétiens. Nous y travaillons très sérieusement. Quand nos lieux saints sont en danger, il n’y a plus de ligne rouge, plus de calcul (ce sera la guerre totale). Je n’analyserai pas toutes les conséquences de cette guerre, mais j’en soulignerai quelques-unes:

  1. L’âme de la Résistance a refait surface dans tous les Palestiniens, qui se sont unis et soulevés comme un seul homme, à Gaza, en Cisjordanie, dans les territoires occupés en 1948, les réfugiés palestiniens partout dans le monde, etc. La division et la dislocation sont terminées: le peuple palestinien est uni.
  2. La cause palestinienne a été relancée partout dans le monde. Elle a été considérée comme enterrée une fois pour toutes par Trump et la normalisation, mais cette cause a repris sa place de choix partout dans le monde, dans tous les médias, tous les esprits et toutes les consciences.
  3. L’identité palestinienne et le rêve de libération ont été remis sur le devant de la scène.
  4. La croyance à la Résistance armée et à l’Intifada est redevenue le meilleur choix pour obtenir la Libération. L’âme de la Résistance est revenue dans nos peuples.
  5. Toutes les affirmations des normalisateurs, qui disaient que les Palestiniens eux-mêmes avaient abandonné la cause, se sont avérées fausses. Les Palestiniens ont prouvé qu’ils restaient attachés à leur cause et prêts à faire tous les sacrifices.
  6. Le processus de normalisation lui-même est en danger, ainsi que tous les régimes arabes qui s’y sont engagés.
  7. Le deal du siècle est définitivement enterrée. La Résistance à Gaza et l’échec israélien à gagner ont poussé l’administration Biden à abandonner les concessions de Trump. Biden a remis Jérusalem-Est sur la table et a appelé les Israéliens à ne pas exproprier les habitants de Cheikh Jarrah. Le cœur du deal du siècle était de donner tout al-Quds à Israël, mais cela est oublié maintenant. Bien sûr, Biden n’est pas intervenu pour des raisons humanitaires, mais parce qu’il a vu l’impuissance d’Israël et le risque d’explosion dans la région, ce qui a contrecarré ses propres priorités internationales.
  8. Le vrai visage d’Israël, barbare, sanguinaire, massacreur d’enfants, raciste et suprémaciste juif, est clairement revenu aux yeux et à l’esprit de tous, malgré l’emprise d’Israël sur les médias et les réseaux sociaux. Israël se moque bien de l’opinion du monde arabe, mais pas de celle du monde occidental, et nous avons vu que même les pays de l’UE ont été contraints de condamner Israël d’une manière ou d’une autre, et de le mettre dans une position délicate.
  9. L’un des résultats politiques les plus importants est que la boussole du conflit dans la région s’est à nouveau posée sur Israël, après des années de guerres civiles, la création de faux ennemis comme l’Iran, etc. Aujourd’hui, il est clair pour le monde entier (et pas seulement dans le monde arabo-musulman) que l’ennemi de l’humanité, de la justice, de la vérité, l’entité raciste et criminelle est Israël et personne d’autre.

Après avoir discuté des conséquences politiques de cette guerre Gaza-Israël, j’en viens maintenant aux conséquences militaires. Il faut tenir compte des échelles (dans ce conflit asymétrique): d’une part, Israël possède une armée régulière d’un État, soutenu par les Etats-Unis, qui dispose de la force aérienne la plus puissante de la région, et d’autre part, Gaza, en état de siège depuis plus de 15 ans, est un tout petit territoire entouré de toutes parts, avec +2 millions d’habitants, et une géographie ingrate (du point de vue des opportunités de Résistance: pas de montagnes, etc.). Certaines armes de Gaza sont importées et d’autres sont fabriquées localement. Mais on voit bien que malgré leurs possibilités très limitées, et le contrôle total d’Israël sur l’information (Gaza est sous surveillance constante par tous les moyens : drones, surveillance électronique, espions, etc.), Gaza a su faire preuve de courage, de sagacité et de victoire et lutte contre l’un des États les plus puissants militairement du monde.

J’exposerai rapidement les conséquences militaires de ce conflit:

  1. L’entrée de Gaza dans l’équation de protection d’al-Quds, d’al-Aqsa et de Cheikh Jarrah. En fait, Gaza est entré dans les problèmes de toute la Palestine, passant de la défense à l’attaque.
  2. Malgré le siège sévère, la Résistance a pu grandement améliorer ses capacités fusées/missiles & combattantes. Pendant 11 jours, ils ont continué à tirer des roquettes et des missiles malgré les meilleurs efforts d’Israël, ses avions, ses drones, ses frappes d’artillerie, etc.
  3. Gaza a même prouvé sa capacité à tirer des roquettes et des missiles à des moments annoncés à l’avance, au point que certains frères ont été surpris, conseillant de ne pas donner cette information à l’ennemi (ce qui lui permettrait de mieux se défendre), mais c’était un point de force (guerre psychologique).
  4. Le nombre de roquettes et missiles tirés était très important, des centaines chaque jour, ce qui reflète des stocks très importants et une grande habileté. Le type de roquettes et missiles tirés, les cibles touchées, les dégâts infligés, tout était très puissant.
  5. Tout cela a secoué l’État d’Israël comme jamais auparavant. Tous les pays peuvent traverser des guerres civiles, des crises très éprouvantes, et y rester. Mais Israël est un État factice et artificiel qui a été ébranlé au point que son existence même a été remise en question. Israël est un État dont la condition préalable à l’existence est la sécurité. Si la sécurité n’est plus au rendez-vous, tous les Israéliens (qui ont tous la double nationalité) retourneront de là où ils viennent: Europe, E-U, Australie… A la première (grave) tempête, la société israélienne fera ses valises et partira! Cela distingue Israël de tous les autres pays: les Palestiniens, malgré 1948 et 1967, sont restés attachés à leur terre. Ils sont prêts à se sacrifier par centaines de milliers pour y retourner, jusqu’à ce jour. Ils n’ont pas abandonné leur territoire! Mais Israël, non! Les Israéliens ont leur deuxième passeport prêt, leur valise prête, et ils partiront au premier orage: si ni le gouvernement ni l’armée ne peuvent les protéger, pourquoi resteraient-ils? Cette conséquence, à savoir ébranler Israël à ce point, est sans précédent, même pendant la guerre de 2006. Jamais une aussi grande zone d’Israël n’avait été sous les tirs de roquettes: Tel Aviv, Beer-Sheva, Ashdod, les aéroports, le Néguev… 70% des Israéliens se sont enfermés dans des abris pendant 11 jours! Le pire pour Israël n’était pas les pertes matérielles, mais les pertes psychologiques: les avertissements retentissaient partout, introduisant la terreur dans leurs cœurs. Peu importe que les roquettes atteignent leur cible ou non!
  6. En plus de toutes les pertes économiques et du sentiment d’insécurité à l’intérieur, il en est de même à l’étranger: qui va venir investir en Israël sans garantie de sécurité pour ses investissements, sans stabilité? Le rêve d’Israël de devenir un hub économique/financier en Méditerranée est terminé!
  7. Pour la première fois, les territoires palestiniens occupés en 1948 sont entrés en révolte. Ce n’est plus seulement Gaza et la Cisjordanie. Tous les dirigeants israéliens reconnaissent qu’il s’agit d’une menace existentielle pour Israël!
  8. La Résistance à Gaza était aussi exceptionnelle: la manière dont ils ont mené le combat, la manière dont ils se sont préparés à une invasion terrestre, au point que l’ennemi n’a pas osé mettre le pied à Gaza, tout cela est une immense victoire.
  9. La Résistance a su présenter à son peuple, au monde entier et à ses ennemis une brillante image de victoire.

D’un autre côté, voyons les échecs de l’ennemi, comme l’admettent leurs fonctionnaires et experts:

  1. Absence de succès stratégique au bout de 11 jours. Rien!
  2. Les officiels israéliens parlent de succès tactiques, mais ceux-ci sont insignifiants pour une armée aussi puissante: détruire des tunnels, tuer des cadres, c’est négligeable! Le tir de roquette n’a pas pu être arrêté et Israël ne savait même pas d’où il venait. Même lorsqu’ils connaissaient à l’avance l’heure des salves de roquettes, leurs avions et leurs drones étaient incapables de les localiser. Le Dôme de fer fut également un échec. Le chiffre d’interception de 90% est un mensonge, il ressemble plus à 50-60%. Les dégâts prouvent que leur chiffre de 90% pour le Dôme de fer est un mensonge. La preuve de l’échec du Dôme de fer est aussi le fait que Netanyahu a demandé une aide militaire à Biden, qui l’a immédiatement accordée. Les roquettes ont continué à frapper toute la Palestine occupée!
  3. L’échec du piège tendu à la Résistance à Gaza, qu’Israël s’apprêtait à neutraliser depuis des années, mais l’armée israélienne s’est révélée impuissante.
  4. L’échec à empêcher les armes d’atteindre la Résistance. Les roquettes ne se sont pas arrêtées et auraient pu être lancées à ce rythme pendant des mois. Israël est incapable non seulement de savoir où sont les roquettes, mais n’a aucune idée de leur nombre, ce qui est un échec colossal de leur renseignement.
  5. L’échec à localiser (et assassiner) les principaux chefs militaires. Israël a proposé plusieurs noms, dont le commandant du Hamas Mohamed Dayf, mais ils n’ont pas réussi à les tuer. Que certains (commandants mineurs sur le terrain) aient été tués est normal dans une guerre, mais c’est loin de ce qu’Israël voulait.
  6. Israël, tant en termes de dirigeants politiques, militaires et sécuritaires, a été incapable, comme je l’ai dit, non seulement d’anticiper, mais même d’imaginer que Gaza entrerait en scène militairement pour protéger al-Quds, al-Aqsa et Cheikh Jarrah, tout comme Israël était incapable d’anticiper ou d’imaginer que toute la Palestine se soulèverait face à l’agression israélienne à al-Quds.
  7. Le pire, c’est qu’Israël s’est retrouvé complètement abasourdi, perdu, ne sachant que faire de cette explosion imprévue de toutes parts.

Et maintenant je pose une question au chef d’état-major de l’armée israélienne, Aviv Kokhavi, ce soi-disant «philosophe» qui, depuis 3 ans, repense la stratégie d’Israël, organise des manœuvres colossales, etc. Sa pensée principale était que l’infanterie était la base pour remporter la victoire. Mais ce grand penseur stratégique a mordu la poussière contre Gaza, malgré toutes ses mesures, toutes ses manœuvres, tous ses préparatifs. Il n’y a même pas eu d’incursion terrestre à Gaza! C’est une marque humiliante de leur défaite.

Je ne prétends pas qu’Israël est incapable de mener une opération terrestre majeure, non, mais je prétends que le moral des troupes israéliennes est façonné par la peur: ils sont terrifiés à l’idée d’une opération terrestre, que ce soit à Gaza, au Liban ou n’importe où. Malgré leur technologie, leur armement, leurs avions, leurs chars, etc., ils ont une peur bleue de mener une opération au sol. Ils sont toujours hantés par leur sanglante débâcle en 2014 à Gaza (+60 soldats tués), avec des soldats dont ils ne savaient même pas s’ils étaient vivants ou pas. Que la soi-disant armée la plus puissante de la région ait si peur est un échec stratégique majeur.

Enfin, Israël n’a pas réussi à présenter ne serait-ce qu’une image de victoire, encore moins une vraie victoire ! Les sondages indiquent que pas plus de 20% des Israéliens considèrent qu’Israël a gagné. Voilà pour la description, les conséquences et les leçons à tirer de cet affrontement à Gaza.

Je viens maintenant au Liban. En ce jour de commémoration de la libération du Liban, j’assure au peuple libanais que le Hezbollah n’a jamais été mieux loti qu’aujourd’hui. Nous sommes plus puissants que jamais (armes, nombre, expérience, préparation, foi, courage, moral, etc.). Je dis aux Israéliens de ne pas être stupides, de ne pas être arrogants, de ne pas se méprendre sur le Liban. Les règles d’engagement restent valables (la moindre agression contre le Liban déclenchera une riposte). Vous avez fait une grosse erreur de calcul avec Gaza et vous avez vu ce que cela vous a coûté, alors imaginez ce que ce serait avec le Hezbollah, qui est dans une bien meilleure situation que Gaza! Malgré les sanctions et les difficultés, nous ne sommes pas en état de siège! Nous ne tolérerons aucune agression contre notre territoire ou notre population!

Troisième point, les masses qui soutiennent le Hezbollah restent fermement attachées à la Résistance malgré les difficultés économiques, ce qui ne changera pas le soutien massif de notre base populaire. Le Président du Liban, Michel Aoun, continue de soutenir la Résistance et les droits du Liban. Il en va de même pour le gouvernement et le Parlement. Toutes les sanctions et menaces étasuniennes n’affaiblissent ni la Résistance ni ceux qui la soutiennent.

Quatrième point, au niveau de nos comptes en suspens avec Israël, nous ajoutons — à nos 2 martyrs à Damas à venger — le martyr Mohamad Tahan, tué à la frontière libano-israélienne alors qu’il manifestait sans armes pour la Palestine. Je renouvelle mes félicitations et condoléances à sa famille. Ce sang sera vengé: nous avons eu la patience de ne pas le venger tout de suite, mais nous l’ajoutons aux comptes en suspens (et il se vengera tôt ou tard).

Tahan
Cinquième point avant la conclusion: la formation d’un nouveau gouvernement est la clé de tout. Il n’y a pas besoin de la démission du président Aoun, ni de la démission du Premier ministre Hariri chargé de former le gouvernement, ni de la démission simultanée des deux. Ce qui empêche la formation d’un gouvernement, ce sont des obstacles purement internes.

Il existe deux solutions:

  • soit Hariri s’assoit avec Aoun le temps qu’il faut pour parvenir à la formation d’un gouvernement. Le Liban est entre vos mains.
  • soit un ami intervient pour vous aider, comme Nabih Berri, le président de la Chambre des députés. Chacun doit les aider à parvenir à la formation d’un gouvernement pour sauver le pays. Il n’y a pas d’autre solution. Le pays doit aller de l’avant, la situation économique et sociale désastreuse ne supporte pas le vide.

En conclusion, en repensant à tout ce qui s’est passé au cours des derniers jours, mois et années, le Moyen-Orient a traversé les 10 années les plus difficiles qu’il ait jamais connues. Des pays entiers ont été ciblés pour la destruction. Mais l’Axe de la Résistance a contrecarré ces plans. L’Axe de la Résistance a non seulement préservé le Moyen-Orient, mais a également permis à la Palestine de se tenir debout et de remporter des victoires. S’il n’y avait pas eu l’Iran qui a affronté Daech aux côtés des forces locales en Irak et en Syrie, où en serions-nous? Que serait devenu le Liban, les autres pays? L’Iran a surmonté la menace d’une guerre (étasunienne), a triomphé des sanctions et se dirige vers les élections présidentielles. ISIS est presque éradiqué en Irak. Tout l’Irak a soutenu Gaza et la Résistance. La Syrie se remet de l’État islamique et organisera également des élections présidentielles demain. Le Liban tient malgré tout. Mais imaginez quelle serait la situation en Palestine si l’Iran, la Syrie et le Liban avaient été vaincus? Où serions-nous, avec tous les régimes normalisés avec Israël? Aujourd’hui, le monde arabo-musulman se tient aux côtés de la Palestine, d’un bout à l’autre, et rejoint le camp de la Résistance au moins au niveau des populations.

Et en termes de forces politiques et militaires, le Yémen a rejoint l’Axe de la Résistance, et il est prêt à partager son pain avec Gaza malgré la famine là-bas [Nasrallah est ému aux larmes] : la solidarité du Yémen affamé avec la Palestine, prêt à partager le pain, même celui qui lui manque, tandis que les monarchies pétrolières milliardaires se normalisent avec Israël ! C’est cette attitude qui nous rend optimistes pour l’avenir.

La libération d’al-Quds est plus proche que jamais et la disparition d’Israël est très proche. L’indépendance, la stabilité, la paix noble et digne sont l’avenir de notre région.

Je remercie tous ceux qui ont soutenu la Résistance, d’une manière ou d’une autre, en premier lieu la République islamique d’Iran et Sayed Khamenei, ainsi que l’âme de Hajj Qassem Soleimani qui a consacré plus de 20 ans à renforcer notre région. Quand il est venu à notre aide, il n’avait pas un seul cheveu blanc sur la tête, et quand il est parti, tous ses cheveux avaient blanchi. Je salue l’âme de ce grand martyr, Soleimani, qui a tout sacrifié pour la région et la Palestine, infatigable même quand d’autres se sont fatigués.

Que la paix et la miséricorde de Dieu soient sur vous.

Sayed Hassan Nasrallah

Traduction Alexandre MOUMBARIS

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