Par The Saker – Le 9 mars 2022 – Source The Saker’s Blog
Aujourd’hui, plutôt que de commenter les derniers développements sur le terrain, je souhaite prendre du recul et revenir sur quelques aspects basiques, mais à mon avis absolument fondamentaux, de l’opération militaire russe non seulement dans le Donbass, mais aussi dans toute l’Ukraine. En fait, commençons par là :
- Quelle était la portée généralement attendue des opérations ?
Ok, il y a BEAUCOUP de bêtises écrites à ce sujet, donc je dois clarifier quelques points fondamentaux.
Premièrement, absolument PERSONNE n’avait la moindre idée du plan réel avant que celui-ci ne soit décidé. Laissez-moi clarifier ce que je veux dire. Poutine, le Kremlin ou l’état-major russe n’ont pas « un plan », ce n’est pas comme cela que les choses fonctionnent. L’état-major russe, en particulier, est chargé de préparer des plans pour pratiquement TOUTES les éventualités. Imaginons donc que, dans le cas de l’Ukraine, ils aient le choix entre 12 plans possibles. Ce qui se passe alors, c’est qu’après avoir été pleinement informé de la situation, Poutine, en tant que commandant en chef, choisit l’un de ces plans et donne l’ordre de l’exécuter. À ce moment-là, un certain nombre de messages codés seront envoyés à diverses sous-unités, unités et formations, leur ordonnant d’ouvrir un ensemble spécifique d’instructions. Ces instructions donneront les premiers ordres à toutes les sous-unités, unités et formations concernées.
A quoi s’attendait la grande majorité des analystes ? Voici quelques options :
- La Russie attendrait que les Ukies attaquent la LDNR et aiderait cette dernière ensuite de diverses manières, allant d’un soutien indirect et déniable à un mouvement russe à grande échelle vers la LDNR.
- Les avis étaient partagés quant à savoir jusqu’où les Russes iraient. Personnellement, je pensais qu’ils libéreraient probablement les régions de Donetsk et de Lougansk, qu’ils libéreraient Mariupol, puis qu’ils se retrancheraient. J’avais tout faux, c’est le moins que l’on puisse dire.
Cette opération visant à « libérer la LDNR des attaques constantes » n’a jamais eu lieu. Poutine n’a jamais donné cet ordre. C’est absolument crucial à comprendre.
Encore une fois, cet ordre n’a jamais été donné.
Au lieu de cela, et selon ses propres mots, Poutine est arrivé à la conclusion que si la LDNR (éventuellement aidée par la Russie) se déplaçait simplement vers les frontières administratives, cela ouvrirait un long front dans lequel l’aide occidentale serait déversée. Il savait également que les forces ukrainiennes dans le Donbass étaient très concentrées, lourdement armées et « motivées », si nécessaire, par de nombreux groupes nazis purs et durs en leur sein. En fait, environ 60 à 75 % de toutes les forces ukrainiennes étaient prêtes pour une attaque éclair à la manière de l’opération « Tempête« que l’OTAN a exécutée contre les zones protégées par l’ONU (UNPA) des civils serbes en Croatie. Selon au moins un analyste bien informé, l’opération était prévue pour le 25 février. Si cela est vrai, cela signifie que la Russie n’a fait que préempter une attaque ukrainienne.
Mais ce qui est vraiment crucial, ce n’est pas cela, ce qui est crucial, c’est l’ordre réel que Poutine a donné aux forces armées russes. Ce n’était PAS « soutenir la LDNR et repousser les lignes ukrainiennes ». L’ordre donné par Poutine était totalement différent :
- Désarmer l’Ukraine
- Dénazifier l’Ukraine
La première chose à comprendre est qu’une opération visant à débloquer la LDNR aurait été une opération de niveau essentiellement tactique, avec éventuellement un développement ultérieur au niveau opérationnel (comme le bouclage des forces ukrainiennes dans le chaudron du Donbass). Mais les deux ordres disent « l’Ukraine » et non « le Donbass ».
Cela signifie, par définition, que l’ordre donné par Poutine concernait une opération stratégique, couvrant l’ensemble du territoire de l’Ukraine.
En d’autres termes, tous les avis, experts ou non, qui ont été donnés sur ce que tout le monde pensait être une intervention russe tactique-opérationnelle dans le Donbass étaient totalement faux (y compris le mien !), à tout le moins faux dans la portée des opérations qu’ils supposaient.
Bon, qu’en est-il des échéances prévues ?
Voyons ce sur quoi la plupart des observateurs se sont accordés. Le consensus général était à peu près le suivant : il faudra à la Russie environ 24 heures pour transformer les forces armées ukrainiennes en unités et sous-unités plus petites et isolées qui ne seront pas en mesure de coordonner les attaques et les mouvements de force. OK, EN DÉPIT DU FAIT que la plupart des analystes s’attendaient à une attaque tactique à opérationnelle pour débloquer la LDNR, cette partie de l’« opération spéciale » a été pleinement réussie et réalisée dans les temps.
Pourquoi ?
Parce que cette frappe initiale d’attente était une caractéristique commune aux deux plans ! Quoi qu’il en soit, la PREMIÈRE chose que la Russie devait faire était de diviser les forces armées ukrainiennes en « morceaux » distincts et séparés. Là encore, les DEUX plans partaient de ce principe, et il n’est donc guère surprenant que ce soit ce qui s’est passé.
Cependant,
Alors qu’un plan visant uniquement à débloquer la LDNR aurait pu se résumer grossièrement à « tuer autant d’Urkonazis que possible, aussi vite que possible », ce n’était PAS une option pour le plan de niveau stratégique choisi par Poutine. Il y a de nombreuses raisons à cela, notamment :
- Les Russes ne détestent pas les Ukrainiens et les considèrent comme des frères (à l’exception notable des forces de la LDNR).
- Se concentrer sur la destruction des forces ukrainiennes dans le Donbass aurait laissé leurs lignes d’approvisionnement ouvertes.
- En se concentrant sur la destruction des forces ukrainiennes dans le Donbass, une grande partie de l’espace aérien ukrainien n’aurait pas été contestée, ce qui aurait ralenti les opérations aériennes et anti-aériennes russes.
- S’il est clair que la Russie veut autant de nazis morts que possible, il y a trois choses que les gens du Kremlin ne veulent PAS, et avec raison :
- Rester en Ukraine pour toujours (ou pour longtemps).
- Devoir faire la police dans cet immense pays et rétablir la loi et l’ordre partout
- Payer pour toutes les destructions.
Pour cette raison, les Russes ont fait un usage maximal de leur supériorité aérienne et de leur mobilité, mais n’ont pas pris d’assaut toutes les villes ou les fortifications ukrainiennes.
Il n’y a aucun doute dans mon esprit que les nazis et les patrons aux USA avaient correctement prédit que l’opération russe pour démembrer et désorganiser les unités ukrainiennes affecterait toute l’Ukraine, y compris les frappes à longue portée dans les arrières ukrainiens.
Ce qui leur a échappé, à mon avis, c’est que les Russes ont réussi à créer une surprise stratégique en lançant immédiatement un assaut stratégique de grande envergure. Maintenant, revoyons les échéances :
- Démembrer et désorganiser l’armée ukrainienne dans les 24 heures estimées.
- Fermeture du chaudron opérationnel derrière les forces ukrainiennes dans le Donbass : atteint en 2 semaines (en fait, c’est encore mieux, les Russes sont maintenant en train de couper les forces ukrainiennes dans le Donbass en deux plus petits chaudrons, voir la carte plus bas : (vous voyez DEUX cercles bleus, et non plus un seul !)
- Au cours des deux mêmes semaines, la Russie a libéré toute la côte de la mer d’Azov et une grande partie de la côte de la mer Noire, qui est maintenant soit sous le contrôle russe, soit sous le blocus direct de la flotte de la mer Noire.
- Toujours au cours de ces deux semaines, la Russie a pratiquement encerclé Kiev. Cette carte vous montre la situation autour de Kiev telle qu’elle est aujourd’hui. Alors que la situation du côté sud est toujours instable, que des opérations de combat ont lieu, ce qui est certain, c’est que seules de petites routes secondaires et des terrains ouverts permettent de s’échapper de la ville. Comme partout ailleurs (voir ci-dessous), les Russes ont offert des couloirs humanitaires et promis sécurité et bon traitement à tous les prisonniers de guerre ukrainiens (les nazis sont exclus, tout comme les mercenaires étrangers, ils seront interrogés et abattus). Mais en vain, la délégation nazie ne peut rien accepter car leurs patrons à DC leur disent de se battre jusqu’au dernier Ukrainien (quant aux Anglos, Polaks & Co. ils annoncent les défaites russes partout et tous les jours, mais pour une raison insondable, ils sont tous en sécurité à Lvov ou même à Varsovie. Quelle surprise !)
Et, encore une fois, tout cela a été réalisé en DEUX SEMAINES et SANS supériorité numérique !
Alors à ceux qui essaient encore de convaincre le monde que le plan russe a échoué et que les indomptables forces ukronazies sont sur le point d’encercler le Kremlin, je demande :
- Si vous n’avez aucune idée de ce qu’est la guerre moderne, pourquoi exprimer une opinion basée sur rien d’autre que les PSYOPs américaines franchement stupides et votre propre manque d’éducation nécessaire pour parler de ces questions ?
- Si vous avez une compréhension de base de la guerre moderne, veuillez citer une opération récente au cours de laquelle une si grande étendue de territoire a été prise si rapidement et par une si petite force ?
Aparté
oh, je sais. Nous avons vu récemment que la planète entière était peuplée de microbiologistes, de virologistes et d’épidémiologistes expérimentés, alors pourquoi ne pas simplement accepter qu’en plus d’être peuplés de microbiologistes, de virologistes et d’épidémiologistes expérimentés, ils sont aussi des tacticiens, des commandants de forces et des stratèges expérimentés ? Après tout, tout ce dont vous avez besoin pour être qualifié, c’est : 1) d’être inconscient de votre propre ignorance 2) d’avoir envie de prêcher 3) d’avoir un clavier et un ordinateur. Dans l’Empire du Mensonge, l’expertise réelle est tout à fait inutile. Il y a un mot en russe et en espagnol qui me vient à l’esprit, et il suggère une forte envie de manger des excréments. Je me contenterai de « scatophage » et en resterai là.
D’accord, mais les Russes n’ont-ils pas aussi connu des défaites, des échecs, des ratages et autres grimaces ?
Bien sûr qu’ils en ont eu.
Je viens de tomber sur celui-ci, et je suis tout à fait consterné. Le Kremlin disait « absolument aucun conscrit » pas plus tard qu’hier et, voilà, non seulement des conscrits, mais même des morts ! BRAVO LA PROPAGANDE DU KREMLIN, BIEN JOUÉ !
En termes de défaites réelles, non, désolé. Il y a eu plusieurs contre-attaques ukrainiennes, mais leur portée était limitée et même lorsqu’elles ont, par exemple, détruit un poste de contrôle russe, celui-ci a été rapidement rétabli et les Ukrainiens coupables ont couru pour sauver leur vie sous le feu des contre-batteries.
Les gars, soyons sérieux.
S’il y a, en gros, 150 000 Russes et 150 000 Ukrainiens qui se battent, il y aura du sang des deux côtés. Demandez à n’importe quel militaire et il vous dira que si plus de 300 000 soldats entièrement armés s’affrontent, il y aura non pas des centaines, mais des milliers de morts des deux côtés, ainsi que de nombreux civils. En fait, les planificateurs de forces et les analystes militaires ont même des formules pour calculer tout cela : le nombre de soldats engagés, les armements, le moment, etc. et, bien sûr, les pertes attendues.
Ainsi, le titre « des centaines de soldats russes morts » pourrait faire des miracles pour le moral dans l’Empire du mensonge et au Banderastan, et il pourrait même effrayer beaucoup de gens en Russie, mais il n’aura exactement aucun effet sur la façon dont l’opération est exécutée par l’état-major russe.
Les gars – l’état-major russe a planifié de nombreuses opérations de ce type pendant des mois, voire des années. Et avec chaque plan, ils avaient des entrées « pertes estimées ». C’est pourquoi Poutine, son gouvernement et même les généraux russes ont essayé de faire tout ce qu’ils pouvaient pour gagner du temps et espérer une autre solution.
Mais l’Empire du mensonge n’a laissé aucune autre option. Ni aux Russes, ni aux Ukrainiens.
D’une certaine manière, les deux camps se battent pour leur propre existence.
Les Ukrainiens ne sont pas des Anglos, et beaucoup d’entre eux ont acquis une expérience du combat pendant les 8 années de guerre. Ajoutez à cela l’opération PSYOP la plus puissante de l’histoire, et vous obtiendrez de nombreux Ukrainiens qui se battront avec acharnement, tous pour des raisons différentes, dont les suivantes
- Être un vrai nazi haïssant la Russie (ils n’ont aucun espoir de pitié)
- Être un mercenaire (ils n’ont aucun espoir de pitié)
- Vous avez prêté serment à votre pays et à vos forces armées.
- Un profond ressentiment à l’égard de la Russie pour de très nombreuses raisons.
- Protection de votre unité et de vos camarades
- Blâmer la Russie pour avoir attaqué en premier et si fort
- Croire sincèrement que la Russie veut occuper l’Ukraine et recréer l’URSS.
- etc. etc. etc.
Comment évaluer « nombreux » ici ? Je ne sais pas. Mais je dirais « suffisamment pour obliger les Russes à cesser de s’attendre à être accueillis partout comme des libérateurs ». Dans certains endroits, c’est vrai. Mais dans beaucoup d’autres, ce n’est pas le cas.
Malgré les nombreux avertissements de nombreux Russes, dont moi-même et Andrei Martyanov, une ethnogenèse s’est produite en Ukraine. L’ancienne Ukraine historique (qui a existé en tant que région prospère jusqu’en 1917) a disparu, tout comme les générations d’Ukrainiens qui se considéraient comme des « Russes du centre » (le mot « petit », comme dans « petit russe », signifie « central », comme « Grèce centrale ») et les « Russes de l’extérieur » (comme dans « pas au centre ») comme des frères et des libérateurs. L’ancienne Ukraine a disparu pour toujours.
Ce que nous avons à la place est un Banderastan bizarre et laid où les nazis sont une minorité numérique, mais où ils dirigent tout, grâce à l’Empire du Mensonge, bien sûr. C’est mauvais à quel point ?
Un exemple : Odessa.
Si l’Odessa de 2022 était habitée par le genre de personnes qui y vivaient avant 1917 ou même avant 1991, il y aurait déjà eu un soulèvement, surtout avec la flotte de la mer Noire à portée de vue de la ville. Mais après le massacre de dizaines de russophones à Odessa le 2 mai 2014 (abattus, brûlés, battus à mort, torturés, etc.) et le blanchiment total de ce massacre par les autorités nazies qui a suivi, quelque chose a dû se briser dans l’esprit de nombreux résidents qui ont clairement perdu espoir, et attendre 8 ans sous le régime nazi est un enfer que je ne souhaite à personne. Je ne les condamne donc pas. Ils ont payé un prix énorme en sang.
Mais le fait est que, à ce jour, il n’y a pas eu de soulèvement à Odessa.
Et ce n’est pas comme si les Russes étaient universellement salués comme des libérateurs. Oui, il y a eu quelques scènes touchantes de familles réunies à Mariupol, mais je n’ai pas vraiment observé de grandes foules de civils ukrainiens accueillant les Russes avec des fleurs, du pain et du sel.
En fait, je ne pense pas que Poutine ou l’état-major aient mal interprété la situation. En fait, j’explique la réticence évidente de Poutine à intervenir ouvertement précisément parce qu’il savait que la « simple » libération de la LDNR n’était plus une option et que toute l’Ukraine DOIT, absolument DOIT, être dénazifiée.
Poutine et l’état-major ne voulaient pas cela, ils espéraient que, d’une manière ou d’une autre, le peuple ukrainien trouverait en lui-même la force de « faire le ménage ».
Cela ne s’est pas produit et je ne le vois pas se produire de sitôt (surtout avec un quelconque degré de sincérité).
Conclusion : les PYSOP russes en Ukraine ont échoué lamentablement.
Et pas seulement en Ukraine.
Les PSYOPs russes ont échoué de manière globale. En voici quelques exemples :
- La Russie n’était pas prête pour les cyberattaques occidentales, y compris les serveurs gouvernementaux. C’est un fait.
- Les PSYOPs russes ont été écrasées et oblitérées par la PSYOP la plus efficace et la plus importante de l’histoire.
- Les relations publiques russes ont même échoué sur le plan interne, en particulier au cours de la première semaine, lorsque de nombreux Russes ont pleinement cru qu’ils n’auraient bientôt plus d’argent, plus de nourriture et, en gros, plus rien. Le Kremlin s’est efforcé d’y remédier en invitant une tonne d’experts dans les talk-shows et en faisant appel à des correspondants de guerre russes bien connus pour faire des reportages sur les lignes de front. Cela a aidé. Les chiffres du soutien à l’opération militaire spéciale ont lentement augmenté et environ 70 % des Russes soutiennent Poutine et l’opération. Mais, franchement, le mérite en revient surtout aux absurdités véritablement imbéciles débitées par la 5e colonne russe et les intégrationnistes atlantiques au pouvoir. Ils ont perdu la guerre politique interne, mais le Kremlin n’y a guère contribué.
- Les Russes ont complètement échoué à expliquer ce qui rendait cette opération « spéciale », ils ont échoué à l’intérieur de la Russie, dans la zone A, et même dans la zone B !
Alors maintenant, c’est à moi de le faire 🙁
Bon, commençons par ce que cette opération spéciale n’est pas. Ce n’est pas
- Une répétition de la Seconde Guerre mondiale ou de la Première Guerre mondiale
- Une répétition de l’une ou l’autre ou des deux guerres en Tchétchénie
- Une répétition de l’intervention militaire russe en Syrie
- Une répétition de la guerre de Corée, du Vietnam, de l’Afghanistan ou de toute autre guerre à laquelle vous pouvez penser.
- Une attaque russe à grande échelle
- La troisième guerre mondiale (du moins jusqu’à présent, mais cela pourrait changer !).
Andrei Martyanov a inventé une expression très pertinente : « opération de police à armes combinées ».
Par « armes combinées », on entend essentiellement la guerre au niveau des formations.
Une opération de police signifie exactement cela, l’arrestation/destruction de criminels.
Ainsi, une « opération de police d’armes combinées » est à proprement parler un non-sens, et c’est pourquoi les spécialistes militaires russes ne l’utilisent pas. Mais c’est une expression que j’aime bien, car elle révèle à la fois toute la portée et tout le dilemme des stratèges russes.
Comment lancer une attaque interarmes UNIQUEMENT contre des criminels et en épargnant des vies innocentes ?
La vérité est que – vous ne pouvez pas.
Voici donc ce que les Russes ont apparemment décidé :
- Commencer par un assaut tactique contre les forces ukrainiennes dans le Donbass.
- Contourner toutes les fortifications et villes ukrainiennes qui ne sont pas disposées à se rendre.
- Transformez votre assaut tactique en un assaut opérationnel en encerclant la TOTALITÉ des forces ukrainiennes dans le Donbass.
- Longez la côte pour libérer Mariupol (tactique), puis continuez vers l’ouest (développement opérationnel).
- Nettoyer le ciel ukrainien et obtenir rapidement la suprématie aérienne, réduisant ainsi considérablement la capacité des nazis à courir, et les Ukrainiens à garder leurs lignes d’approvisionnement ouvertes.
- Une fois le ciel sécurisé (pas tant des avions ukrainiens que des défenses aériennes), engagez pleinement votre aviation à voilure tournante et à voilure fixe pour la reconnaissance, le soutien aérien rapproché, le déplacement des forces, etc.
- Bloquez les principaux centres nazis : Mariupol (combats bien à l’intérieur de la ville), Nikolaev (combats tout autour de la ville), à Kharkov (encerclée), Tchernigov (encerclée), Odessa (presque encerclée) et Kiev (presque encerclée).
- Ensuite, attendez que la ville se rende. Pour cela, la ville devra d’abord se débarrasser des nazis locaux, bien sûr. S’ils n’y parviennent pas, ils devront alors lancer des assauts urbains spécialisés pour libérer la ville et tuer tous les nazis, mais leurs ordres devront être de sauver leur propre vie avant de sauver celle des autres. Cela implique donc un mouvement progressif très lent et délibéré dans la profondeur de la ville.
- Ensuite, détruisez l’artillerie à longue portée qui frappe ENCORE la LDRN depuis plusieurs endroits (Avdeevka). Ensuite, bloquez les forces restantes et attendez qu’elles se rendent. Demandez instamment aux commandants ukrainiens d’éviter un carnage inutile et de déposer les armes. Si tout le reste échoue, disons dans une semaine environ, éliminez-les. Littéralement et rapidement : une fois que toutes les zones contrôlées par les Ukrainiens auront été déclarées « zones de tir ouvert », il faudra moins de 24 heures au matériel russe vraiment lourd pour libérer complètement le Donbass.
- Ensuite, libérez d’abord le sud, c’est-à-dire toute la côte de la mer Noire.
- Ensuite, commencer à déplacer les forces vers la direction générale de l’Ukraine centrale (au sud de Kiev) et attendre des décisions plus stratégiques de la part de l’état-major russe et du Kremlin.
Cela fonctionnera-t-il ?
Franchement, je n’en suis pas si sûr.
Je crains que les États-Unis et Joe « Biden » aient décidé que la meilleure chose pour eux est d’avoir autant d’Ukrainiens morts que possible. Et ce n’est pas un moyen de parvenir à une fin, c’est la finalité : faire en sorte qu’autant de nègres des steppes et de nègres des neiges s’entretuent.
C’est le seul et unique plan de l’Occident pour l’Ukraine : (exemple tiré de CNN)
J’aimerais pouvoir placer des espoirs dans le peuple ukrainien.
Franchement, je ne le fais pas. Je pense que plusieurs décennies de propagande conjointe des États-Unis et de l’Union soviétique (oui, ils étaient d’accord sur ce point !), suivies de 30 ans de propagande nazie enragée, puis de deux guerres civiles dans le Donbass et d’une répression MASSIVE contre des MILLIERS de personnes dans toute l’Ukraine ont brisé l’esprit de ceux qui ont survécu à tout cela.
Encore une fois, je ne les blâme pas. Je les vois simplement comme un peuple (principalement) brisé.
Oh, j’espère toujours et je prie pour une insurrection libérant la belle ville d’Odessa, mais l’espoir meurt en dernier : quant aux prières, elles ne sont jamais perdues.
Mais je crains qu’à moins que quelque chose de majeur ne change bientôt, l’« opération policière combinée » abandonne son dernier objectif et devienne une véritable opération combinée visant à occuper, désarmer et dénazifier toute l’Ukraine, à l’exception peut-être de la zone que j’appelle le mini-Banderastan (voir la carte ici).
Si cette décision est prise, la Russie devra alors envoyer d’importants renforts en Ukraine. Cela peut peut-être encore être évité, mais seulement si les forces qui entourent actuellement les Ukrainiens dans le chaudron du Donbass (enfin, les deux chaudrons à l’intérieur du plus grand chaudron du Donbass, en réalité) sont rapidement mises à disposition.
La Russie doit également augmenter de façon DRAMATIQUE ses opérations aériennes MAINTENANT, c’est à dire « immédiatement ! », ce qui pourrait signifier le déplacement d’unités plus importantes (régiments aériens) en Russie occidentale.
Enfin, et surtout, qu’en est-il de l’Empire du Mensonge ?
Oui, je veux parler des rumeurs sur les brigades de volontaires, les MiG-29 polonais volant avec des pilotes Ukies depuis les bases de l’OTAN et toutes les autres conneries.
Franchement, voici comment je vois les choses : J’ai totalement abandonné l’Ouest. Et par là, je veux dire deux choses totalement différentes :
- J’ai renoncé à toute notion d’honneur, de vérité, de dignité, de courage, de compassion, de décence ou de tout autre petit signe d’espoir de la part d’une civilisation qui est déjà morte et dont le dernier héritage à notre planète sera l’Empire du Mensonge et tout ce que cela implique. En d’autres termes, je suppose que le niveau de mal et de corruption des élites dirigeantes occidentales (TOUTES, pas seulement les politiciens) est infini et qu’il n’existe aucune action ou idée qui serait jugée « trop mauvaise » ou « trop horrible » pour ces gens. Mes derniers mots à leur sujet seront tirés du discours de Tempelton de 1983 d’Alexandre Soljenitsyne : « Devant la multitude de ceux qui ont péri et qui sont opprimés aujourd’hui, que Dieu soit leur juge. »
- J’ai également renoncé à toute notion de bon sens ou même à un sain instinct de conservation. Ce n’est pas que les élites occidentales ne soient pas assez narcissiques pour se soucier de leur triste sort, pas du tout. Mais elles ne sont pas assez intelligentes/éduquées pour réaliser qu’elles regardent la dévastation potentielle de tout l’hémisphère nord de notre planète, y compris l’ensemble des États-Unis et du Royaume-Uni – sans parler de la Pologne ! Les Polonais pensent que les Anglos les couvriront et les Anglos pensent que les Russes ne sont pas sérieux. Cette combinaison unique de lâcheté et de mal pourrait bien provoquer la fin de notre monde.
Donc, pour répondre à la question ci-dessus : ce que pensent les gens de la zone A n’a vraiment aucune importance.
Cela fait les grands titres de la presse en phase terminale et cela donne un sentiment de triomphe à certains zombies qui regardent la télévision.
Pour moi, cela signifie ceci : bien que j’espère continuer à écrire des analyses sur cette guerre, j’en ai officiellement fini de déboulonner les nombreuses idioties encore répandues par les PSYOPs occidentales.
Ce que j’ai écrit ci-dessus est ma version d’un mini-cours intensif sur les réalités militaires de base, 4000 mots, et je suis maintenant sûr que :
- Ceux qui ont « compris » ont compris et n’ont pas besoin une répétition
- Ceux qui n’ont pas « compris » ne comprendront jamais.
- Et le rapport entre ceux qui ont « compris » et ceux qui n’ont pas compris ne fait aucune différence.
Pourquoi ?
Parce que la Russie a déjà gagné la guerre militaire et parce que la Russie a déjà perdu la guerre des relations publiques.
Andrei
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone