L’État Profond
Un héroïsme cent pour cent americain?
L’envers du décor

Par Iris Matthews le 25 janvier 2015

American Sniper Screenshot from youtube.com/user/WarnerBrosPicture


Préambule

Ce texte est inspiré par l’article de John Wight dans RT [Russia Today] concernant la dernière œuvre de Clint Eastwood, American Sniper, par les réactions suscitées – American Sniper divise les États-Unis  – et enfin par le silence radio à propos de l’envers du décor ce qui se passe ici et maintenant en France et en Ukraine

Le Saker Francophone

«La dépravation morale dans laquelle les États-Unis s’enfoncent est représentée par American Sniper glorifiant les exploits d’un tueur raciste. Il a reçu six nominations aux Oscars, alors que Selma dépeignant la lutte de Martin Luther King contre le racisme a été largement ignoré». [1]

Je n’ai pas le temps de traduire tout l’article de John Wight. (Cf. ci-après). Mais ce film (2014) de Clint Eastwood, grand spécialiste des films de propagande du Far West et d’un retour sur le passé, cache l’actualité qui est, par ailleurs, dissimulée par l’ensemble de nos médias grand public.

Primo, datant de 1991 (guerre du Golfe), le Plan Vigipirate est resté au niveau rouge depuis juillet 2005 (attentats de Londres) jusqu’en février 2014 et l’entrée en vigueur d’un nouveau code à deux niveaux. [2] A cause de différentes moutures de ce dispositif sécuritaire et du remaniement des services de Santé Environnement pendant le septennat de Sarkozy, la question de la teneur du chlore dans l’eau de robinet est tombée dans un flou artistique. [3] A ma connaissance aucune étude sanitaire sérieuse n’a été entreprise concernant la surchloration qui fait partie de mesures exceptionnelles ou permanentes, au gré de décisions administratives, [4] à l’insu du citoyen lambda et à la grande joie du Conseil Européen de l’Industrie Chimique ou CEFIC (acronyme de son ancien nom Conseil Européen des Fédérations de l’Industrie Chimique) la principale association professionnelle de l’industrie chimique. Or le chore – gaz de combat – est un élément halogène extrêmement réactif et – dans ces conditions d’utilisation excessives – dangereux pour la santé publique, vu sa capacité à se recombiner avec les résidus de pesticides dont la toxicité pose de plus en plus de problèmes. [5] Son introduction dans une eau de boisson remonte à la bataille de Verdun – d’où verdunisation : le tout premier nom – militaire – du procédé appelé plus tard la chloration.

Secundo, alors que les conscrits de l’armée régulière ukrainienne sont envoyés pour se faire trucider dans la boucherie qui se déroule dans la région du Donbass, les forces spéciales étasuniennes – qui se font probablement passer pour des entrepreneurs – entraînent déjà des unités ukrainiennes à moitié irrégulières. A l’instar des Contras au Nicaragua et des takfiris en Syrie, en Iraq et au Liban, il s’agit de recruter ces partisans fanatisés parmi les membres de la Garde nationale ukrainienne, composée principalement des unités d’extrémistes ayant participé aux combats du Maïdan et qui ont conduit au coup d’État contre le gouvernement légal ukrainien. Leur mission ? Infiltrer les lignes de front des fédéralistes à l’est, y perpétrer des massacres et semer le chaos. La formation de ces agents se passe à Lviv, centre historique de la Galicie, province anciennement polonaise puis autrichienne, et qui a toujours été le berceau des fascistes ukrainiens de l’ouest du pays. Une ville peuplée majoritairement de catholiques romains et de juifs plutôt que de fidèles de l’église orthodoxe, et où on parle couramment soit le polonais soit le yiddish.

A ce titre je tiens à citer ce témoignage que j’ai traduit d’un commentateur anglophone désabusé :
«Au début des années 1990, je me souviens avoir pensé qu’un nouvel hémisphère nord de paix et de prospérité était en train de naître avec l’effondrement de l’URSS. Je me suis trompé. Je n’avais pas prévu ce que je peux maintenant voir clairement : que le Deep State [État profond] des USA ne permettra pas le développement pacifique du monde non occidental, sauf s’il est sous son contrôle. Ainsi il dicte les règles du jeu en sa faveur. L’Occident est comme une sangsue qui prospère au détriment du reste du monde. Il crée le chaos où il ne peut pas exercer son contrôle. Il a violé tous les principes décents qu’il a hérités de ses ancêtres et il n’est pas digne de cet héritage. Ses habitants vivent dans un temple de la dissonance cognitive soutenue par le mal dans son Deep State [6]

On ne peut pas traduire Deep State mot à mot. Dans ce contexte, État profond ne va pas au fond des choses. Il s’agit, dans le cadre de la guerre froide, des cellules stay-behind [arrière-garde, NdT], c’est à dire des réseaux clandestins coordonnés par l’OTAN [réseau Gladio, voir ci-dessous] et implantés dans seize pays d’Europe de l’Ouest par les services secrets américains et britanniques après la Deuxième Guerre mondiale. Grâce à leurs contacts avec la pègre et les gens du milieu, disposant de caches d’armes et de munitions importantes, ces cellules visaient à combattre une éventuelle occupation par le bloc de l’Est en se tenant prêtes à être activées en cas d’invasion par les forces du Pacte de Varsovie. La plus célèbre de ces cellules, et la première à avoir fait l’objet de révélations, est le réseau italien Gladio. Effectivement c’est la racine du mal, ce terrorisme exporté par l’empire anglo-sioniste et ses vassaux européens – sans foi, ni loi.

Ronald Reagan dans Law and Order 1953

Grâce surtout à Hollywood et aux émules d’un cinéma violent et crypto-fasciste caractérisé par des personnages joués souvent par Clint Eastwood, la dissonance cognitive et la culture du mensonge ne sont pas près de s’estomper. A noter que si le terme escadron de la mort qui  s’est popularisé avec l’émergence de ces groupes en Amérique centrale et du Sud pendant les années 1970 et 1980, l’existence de telles formations à moitié irrégulières est attestée en bien d’autres lieux et époques. Ainsi, juste après la guerre de Sécession américaine, certaines équipes affiliées au Ku Klux Klan, par exemple, eurent des activités apparentées à celles d’escadrons de la mort envers les Noirs des États du Sud.

Iris Matthews

[1] Hollywood uses ‘American Sniper’ to destroy history & create myth 23 January 2015

[2] “Depuis le mois de février 2014, le code d’alerte du plan vigipirate a été simplifié avec désormais seulement deux niveaux de mobilisation qui se caractérisent par une signalétique spécifique : vigilance – logo rouge en forme de triangle, avec des côtés noirs, portant la mention «Vigipirate» ; alerte attentat – triangle identique portant la mention «Vigipirate – Alerte attentat». Ce dispositif repose sur un certain nombre de mesures permanentes concernant les principaux domaines d’activité (transports, santé, alimentation, réseaux d’énergie, sécurité des systèmes d’information…). Il prévoit également de nombreuses mesures additionnelles activées en fonction de l’évolution de la menace et des vulnérabilités. Au total, ce dispositif comprend environ 300 mesures. Le plan vigipirate comportait auparavant plusieurs niveaux d’alerte : le plus faible, classé jaune, correspondait à une menace diffuse alors que le plus élevé, écarlate, visait à prévenir le risque imminent d’attentats majeurs … ”. Quels sont les deux niveaux du plan vigipirate ?

[3] “Le plan Vigipirate est constitué de quatre niveaux d’alerte : Jaune, Orange, Rouge, Ecarlate. Depuis 2005, le plan Vigipirate est maintenu au niveau rouge [ …] La surchloration de l’eau est une des mesures prévues. Elle a pour objectif de réduire l’activité de la toxine botulique en cas de contamination du réseau. Elle permet en outre, en cas de baisse importante de la teneur en chlore, de déceler une éventuelle contamination biologique. Cette obligation est imposée par les préfets aux exploitants de toutes les unités de distribution d’eau, et prioritairement de celles qui alimentent une population supérieure à 10 000 habitants. La concentration minimale en chlore libre résiduel doit être de 0,3 mg/l en sortie des réservoirs et de 0,1 mg/l en tout point du réseau de distribution. Mesures de protection (Plan Vigipirate)

[4] Le plan Vigipirate est déclenché au stade simple le 5 janvier 1991 et activé au stade renforcé le 17 janvier 1991 à l’occasion de la guerre du Golfe. Activé de nouveau au stade renforcé le 6 octobre 1995 (attentats du RER Saint-Michel le 25 juillet et du métro Maison blanche le 6 octobre), il est appliqué sans discontinuer, notamment en 1996 lors des attentats du RER Port Royal, en juin 1998 (coupe du monde de football), en avril 1999 (frappes aériennes au Kosovo), le 11 septembre 2001, en mars 2003 (intervention américaine en Irak), en mars 2004 (attentats de Madrid), en mai 2004 (commémoration du débarquement de Normandie), en juillet 2005 (attentats de Londres), date à partir de laquelle il est resté au niveau rouge jusqu’à l’abandon du code couleur le 20 février 2014 […] 8 janvier 2015 : Le plus haut niveau du plan Vigipirate est déclenché en Île-de-France, puis étendu en Picardie à la suite de l’attaque contre Charlie Hebdo

[5] Pesticides : petit tour d’horizon 

[6] Ukraine : War In Kiev And Beyond ? 22 Janvier 2015

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