Il est temps de commencer à élaborer nos politiques en conséquence. Il est temps de faire face à la vérité. Nous ne pouvons pas et ne pourrons jamais arrêter les migrations.
Par Dimitris Avramopoulos – Le 18 décembre 2017 – Source Politico
La crise des réfugiés en Europe peut se calmer, mais la migration à l’échelle mondiale ne s’arrêtera pas. Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée internationale des migrants, plus de 244 millions de personnes vivent en dehors de leur pays de naissance. La mobilité humaine définira de plus en plus le XXIe siècle. Si nous voulons être prêts, nous devons commencer à nous y préparer dès maintenant.
La migration est un problème émotionnel, sensible et politique. Il a aidé à façonner les élections en Europe et dans le monde. Mais nous ne pouvons plus parler uniquement de gestion de crise : la migration est notre nouvelle réalité. Le moment est venu de commencer à réfléchir, à parler et à agir sur les migrations de manière plus globale et à long terme, en mettant en place des politiques visant à promouvoir l’intégration et l’inclusion.
Au cours des deux dernières années, l’Europe a été principalement engagée dans le traitement des urgences immédiates de la crise mondiale des migrations et des réfugiés – et avec beaucoup de succès. Les flux irréguliers ont chuté de 63%. Plus de 32 000 réfugiés ont été réinstallés en Europe. Plus de 25 000 personnes ayant besoin de protection ont été réinstallées sur le continent, et 50 000 autres devraient arriver dans les deux prochaines années. Et des milliers de migrants ont été aidés sur le terrain en Libye en coopération avec des partenaires internationaux.
Bien sûr, il reste encore beaucoup à faire dans l’Union européenne. Nous devons tenir nos promesses d’évacuer des milliers de migrants de Libye par le biais de la réinstallation ou du retour volontaire assisté dans les mois à venir. Nous devons parvenir à une réforme complète et juste du droit d’asile d’ici juin. Nous devons également améliorer les canaux légaux pour la migration économique avec une carte bleue plus ambitieuse pour les travailleurs hautement qualifiés et lancer des projets pilotes de migration ciblée de main-d’œuvre dans des pays tiers clés.
Mais nous ne pouvons pas continuer à adopter une approche ad hoc, en pensant et en agissant avec seulement des échéances à court terme à l’esprit. Quand il s’agit de migration, nous devons penser sur le long terme. Ce n’est pas qu’un problème à résoudre ou un défi à relever. La migration est étroitement liée à nos politiques en matière d’économie, de commerce, d’éducation et d’emploi, pour n’en nommer que quelques-unes.
Malheureusement, le discours récent sur les migrations – influencé par le nationalisme croissant, le populisme et la xénophobie – a limité nos possibilités de mettre en place des politiques migratoires intelligentes et tournées vers l’avenir, tant au niveau national qu’européen.
Il est stupide de penser que la migration disparaîtra si l’on adopte un langage dur. Il est naïf de penser que nos sociétés resteront homogènes et libres de toute migration si l’on érige des clôtures. Il est imprudent de penser que la migration restera de l’autre côté de la Méditerranée, si l’on ne fait preuve de solidarité qu’en termes financiers [On pourrait déjà arrêter de les bombarder, NdT].
Nous devons commencer à être honnêtes avec les citoyens qui s’inquiètent de la manière dont nous gérerons la migration. Nous ne pouvons peut-être pas arrêter la migration. Mais nous pouvons être meilleurs, plus intelligents et plus proactifs dans la gestion de ce phénomène. Cependant, nous ne pourrons y parvenir si nous n’acceptons pas un changement d’attitude et un changement dans notre récit.
L’UE a accordé la protection à plus de 700 000 personnes l’année dernière. Elles ont trouvé la sécurité en Europe, mais nous devons également nous assurer qu’elles trouvent une maison [Pour soutenir la bulle immobilière … et les banques, NdT]. Ce n’est pas seulement un impératif moral. C’est aussi un impératif économique et social pour notre continent vieillissant – et l’un des plus grands défis dans un proche avenir.
Il y a eu récemment un débat sur la diversité et l’inclusion – y compris à travers des discussions lancées par POLITICO – mais pas assez pour susciter les changements dont nos sociétés ont besoin pour être prêtes pour les réalités du XXIe siècle.
L’intégration et l’inclusion peuvent sembler des discussions de luxe lorsque le débat est axé sur la recherche d’un accord équitable sur les réformes de la réglementation de Dublin, qui régissent le traitement des demandes d’asile dans l’UE.
Mais laisser ces considérations à long terme hors de toute discussion serait une erreur que nous avons faite par le passé et pour laquelle nous payons toujours les coûts sociaux et économiques aujourd’hui.
En fin de compte, nous devons tous être prêts à accepter la migration, la mobilité et la diversité comme nouvelle norme et adapter nos politiques en conséquence. La seule façon de rendre notre politique d’asile et de migration durable est de changer collectivement notre façon de penser.
Dimitris Avramopoulos est commissaire européen en charge de la migration, des affaires intérieures et de la citoyenneté.
Note du Saker Francophone Cet article est évidemment de la propagande libérale et pro-UE de l'oligarchie actuelle, qui déroule ici son idéologie et non une vérité révélée. C'est farci de non-dits, de mensonges caractérisés mais c'est comme cela que nos dirigeants pensent. Je vous invite aussi à lire ou relire l'article de Robert Skidelsky qui est son pendant quasi parfait. Il ne faut pas perdre de vue que ces deux articles prennent comme présupposé que la situation économique va se maintenir, que les flux énergétiques vont se maintenir, ce qui est loin d'être si évident. Ils oublient aussi que pour mettre ces migrants en mouvement, il a fallu détruire leurs pays et que, même sans guerres, de quel droit un pays peut piller les ressources humaines d'un autre comme si c'était une vulgaire marchandise. J'ai du rater un chapitre dans la charte de l'ONU. Autre argument, l'écologie. Pour atteindre nos objectifs Cop 21, ne faudrait-il pas profiter de cette vague de baby boomer qui va disparaître avec le temps pour réduire notre empreinte écologique ? J'ai bon là ? Pourquoi faire venir des migrants qui multiplient par 10 leur consommation d'énergie en passant la Méditerranée ? On pourrait même leur « envoyer nos vieux » avec une taxe payée par le « migrant » - retraité pour financer les infrastructures et le développement du pays d'accueil. En plus des emplois sur place pour fixer les populations, une fois la vague passée, les infrastructures resteraient sur place pour le bénéfice des pays d'accueil. Un deal gagnant / gagnant !
Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone