L’effondrement du commerce mondial et le spectre de la dépression


Par Tyler Durden – Le 15 mai 2019 – Source Zero Hedge

tyler durdenAlors que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine reprend de plus belle, les investisseurs jettent de nouveau un regard inquiet sur la baisse des volumes d’échanges mondiaux, qui, comme l’écrit Bloomberg aujourd’hui, « menace de ralentir le rebond tant attendu de l’économie mondiale et pourrait même plonger sa longue décennie d’expansion dans le doute si le conflit devient incontrôlable. »

« Juste au moment où des signes présageant une reprise se préparaient, les tensions commerciales sont redevenues une menace crédible et significative pour le cycle économique », a déclaré le chef économiste de Morgan Stanley, Chetan Ahya, soulignant un « grave impact sur la confiance des entreprises » suite à la guerre de taxation des échanges commerciaux.

Certes, même avant la dernière guerre commerciale, la croissance mondiale et le commerce souffraient déjà, comme l’ont récemment confirmé les tristes données économiques de la Chine, qui montraient que la production industrielle, les ventes au détail et les investissements ont tous reculé en avril, dépassant les prévisions des économistes.

Une détérioration similaire a été observée aux États-Unis, où les ventes au détail ont diminué de manière inattendue en avril, tandis que la production industrielle a reculé pour la troisième fois en quatre mois. En Europe, même si l’économie allemande est sortie de la stagnation et a connu une croissance de 0,4% au premier trimestre, « les perspectives restent fragiles face à un effondrement du secteur manufacturier qui sera à nouveau mis à l’épreuve par la guerre commerciale ». En conséquence, la confiance des investisseurs dans la plus grande économie d’Europe s’est affaiblie de manière inattendue ce mois-ci pour la première fois depuis octobre.

Pour cadrer la menace, une étude de Bloomberg Economics a calculé que environ 1% de l’activité économique mondiale est en jeu dans les biens et services échangés entre les États-Unis et la Chine. Près de 4% de la production chinoise est exportée vers les États-Unis et tout ce qui frapperait ses fabricants se répercuterait sur les chaînes régionales d’approvisionnement avec Taiwan et la Corée du Sud parmi les pays à risque.

Les livraisons des États-Unis vers la Chine sont plus limitées, mais 5,1% de sa production agricole y est dirigée, tout comme 3,3% de ses produits manufacturés.

Les craintes macro-économiques se répercutent une fois de plus à la base et la semaine dernière, le géant des puces Intel a chuté après avoir évoqué une « vision plus prudente de l’année », et le fabricant de boissons italien Davide Campari-Milano SpA a noté ce mois-ci « des incertitudes géopolitiques et macro-économiques. »

« L’économie mondiale connaît un ralentissement important depuis un certain temps », a déclaré James Bevan, directeur des investissements de CCLA Investment Management. « Les gens doivent juste se réveiller et regarder les données commerciales. »

Mais le meilleur moyen de visualiser à quel point la menace pesant sur les flux commerciaux mondiaux et sur l’économie mondiale en général est grave est le tableau ci-dessous illustrant l’évolution annuelle du commerce mondial, mesurée par la Direction des statistiques commerciales du FMI, fournies par Ian Lyngern de la BMO [Banque de Montréal]. Il montre l’effondrement absolu des exportations mondiales, réparties en trois catégories :

  1. Exportations vers le monde (les plus faibles depuis 2009),
  2. Exportations vers les économies avancées (également au plus bas depuis 2009),
  3. Exportations vers l’Union européenne (flirtant avec le plus bas de 2009).

En bref, même avant la dernière vague d’escalade des querelles commerciales, le commerce mondial était tombé à des niveaux jamais vus depuis la dernière crise financière. On ne peut que se demander ce qu’il adviendra après cette dernière escalade entre les États-Unis et la Chine …

global trade IMF may 2019

Dans son commentaire sur le graphique ci-dessus, Lyngen écrit : « Alors que les estimations des conséquences de la reprise de la guerre commerciale commencent à refléter l’appréhension croissante qui règne sur divers marchés, nous sommes frappés par l’ampleur de la baisse des exportations ».

Mercredi, les marchés n’ont clairement pas été touchés par la baisse des exportations, ni par aucune autre nouvelle négative en rapport avec ce fait, le Dow s’arrachant, annulant sa chute totale du matin en s’échangeant à plus de 100 points dans le vert au dernier contrôle.

Tyler Durden

Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

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