La revue de presse du 4 mars 2024


Par Wayan – le 4 mars 2024 – Le Saker Francophone

L’info de la semaine, que vous ne verrez pas en une des médias grand public, est le début de la rupture du front ukrainien face aux avancées russes et la panique que cela déclenche chez les dirigeants occidentaux :

« La prise d’Avdiivka par la Russie a été suivie par des gains continus de Moscou en Ukraine, alors que les inquiétudes grandissent quant au soutien des États-Unis aux forces de Kiev, qui, selon un expert militaire, sont « à la fois sous-équipées et en manque d’hommes sur le front ».

Les forces russes ont maintenu leur élan après le retrait de l’Ukraine, le 17 février, en partie imputé à une pénurie de munitions.

L’Institut pour l’étude de la guerre a déclaré mardi que les forces russes exploitaient les opportunités tactiques ouvertes par la prise d’Avdiivka et tentaient de pénétrer le plus loin possible dans la zone environnante avant que les forces ukrainiennes n’établissent des lignes défensives plus cohérentes.

La veille, le porte-parole du groupe des forces ukrainiennes Tavriisk, Dmytro Lykhovyi, avait déclaré que ses troupes s’étaient retirées de Stepove, à environ huit milles au nord d’Avdiivka. Entre-temps, des sources russes ont affirmé que Moscou avait pris Tonenke au sud et d’autres zones environnantes.

Les dernières cartes du groupe de réflexion de Washington, DC, montrent mardi les avancées russes dans d’autres parties de l’oblast de Donetsk, notamment à l’ouest de Bakhmut, et dans l’est et le centre d’Ivanivske, à proximité…

L’analyste militaire Mike Kofman, chercheur principal au Carnegie Endowment, a déclaré au podcast War on the Rocks que l’Ukraine « n’a pas de bonnes lignes secondaires » et qu’elle était « assez en retard en matière de retranchement sur le front ».

« Derrière Avdiivka, l’Ukraine dispose de quelques défenses, mais ce n’est pas une ligne solide », a déclaré Kofman le 24 février. « L’armée russe risque de s’essouffler, mais d’un autre côté, si elle est capable de soutenir pleinement ces offensives, l’année prochaine, ils pourraient éventuellement trouver un terrain de plus en plus ouvert », ce qui pourrait conduire vers une « pente potentiellement glissante ». »

Cette mauvaise nouvelle est donc mise sous le tapis par les médias, mais certaines réactions des politiques occidentaux montrent qu’eux le savent et commencent à être nerveux. Le secrétaire à la défense étasunien envisage finalement une victoire de la Russie en Ukraine et dramatise la situation :

« Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a averti jeudi que l’OTAN serait entraînée dans la guerre si l’Ukraine était vaincue par les forces d’invasion russes.

« Nous savons que si Poutine réussit ici, il ne s’arrêtera pas », a déclaré Austin. « Il continuera à prendre des mesures plus agressives dans la région. Et d’autres dirigeants du monde entier, d’autres autocrates, examineront cela et seront encouragés par le fait que cela s’est produit et que nous n’avons pas réussi à soutenir une démocratie. »

« Si vous êtes un État balte, vous vous inquiétez vraiment de savoir si vous serez le prochain ou non », a-t-il déclaré. « Ils connaissent Poutine, ils savent de quoi il est capable… Et franchement, si l’Ukraine tombe, je crois vraiment que l’OTAN se battra contre la Russie. » »

Lavrov a immédiatement répondu à cette déclaration d’Austin :

« Lavrov a été interrogé sur les propos d’Austin lors d’un entretien au Forum diplomatique d’Antalya en Turquie.

« Il a simplement fait un lapsus freudien en révélant ce qu’ils [les États-Unis] avaient en tête », a déclaré le diplomate russe. « Ils disaient qu’ils ne pouvaient pas permettre à l’Ukraine de perdre, parce que la Russie ne serait pas satisfaite et attaquerait ensuite les pays baltes, la Pologne et la Finlande. Il s’avère, selon les propos directs de M. Austin, que c’est exactement le contraire. Nous n’avons pas et ne pouvons pas avoir de tels projets, mais les Américains oui. » »

Manquant toujours de flegme, c’est chez Macron que cette panique est la plus visible :

« L’envoi de troupes occidentales au sol en Ukraine ne doit pas « être exclu » à l’avenir, a affirmé Emmanuel Macron, ce lundi 26 février, à l’issue d’une conférence internationale de soutien à l’Ukraine. Il a estimé néanmoins qu’il n’y avait « pas de consensus » à ce stade pour cette hypothèse.

« Nous ferons tout ce qu’il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre », a expliqué le président français. Emmanuel Macron a aussi annoncé que les alliés des Ukrainiens allaient créer une coalition pour livrer des missiles de moyenne et longue portée à l’Ukraine.

En ouverture de cette conférence, le chef de l’État avait notamment déclaré : « La Russie ne peut ni ne doit gagner cette guerre, non seulement pour permettre à l’Ukraine de continuer d’exister, mais aussi pour assurer la sécurité collective en Europe. » Un propos qu’il a aussi martelé à la fin de cette conférence. »

La réponse de la Russie à cette hypothèse fut rapide et claire :

« Un conflit direct entre la Russie et l’OTAN deviendra probablement inévitable si les États membres du bloc militaire dirigé par les États-Unis envoient des troupes en Ukraine, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Il s’exprimait après que le président français Emmanuel Macron, dont le gouvernement a accueilli lundi une réunion très médiatisée des partisans de l’Ukraine, a déclaré que les membres de l’UE « feraient tout ce qui est nécessaire pour empêcher la Russie de gagner » – y compris en déployant des forces sur le terrain pour soutenir Kiev.

Les opposants à la proposition sont parvenus à une « évaluation sobre des risques potentiels » liés au déploiement des forces de l’OTAN en Ukraine, a déclaré mardi Peskov aux médias. Cela serait « absolument contraire aux intérêts de ces nations » et de leurs peuples, a-t-il averti.

Interrogé sur la probabilité d’un conflit direct avec l’OTAN si des troupes occidentales étaient envoyées en Ukraine, le porte-parole du Kremlin a répondu : « dans ce cas, nous ne devons pas parler de probabilité, mais plutôt d’inévitabilité ».

Plus réaliste face au danger que représente une Russie en colère, les autres dirigeants européens ont tempéré :

« Le Premier ministre slovaque Robert Fico, accusé par les critiques d’être trop proche de Moscou, a déclaré après la réunion qu’il existait une désunion sur cette question entre les dirigeants européens.

« Il y a des pays qui sont prêts à envoyer leurs propres soldats en Ukraine, il y a des pays qui disent jamais – la Slovaquie en fait partie – et il y a des pays qui disent que cette proposition devrait être prise en considération », a-t-il déclaré.

Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, qui est sur le point d’adhérer à l’OTAN, a jeté un regard froid sur cette idée, affirmant que « ce n’est pas du tout envisageable pour le moment ».

Le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré dans un message irrité sur X : « Nous avons convenu hier à Paris que tout le monde devait faire davantage pour l’Ukraine. L’Ukraine a besoin d’armes, de munitions et de défense aérienne. Nous y travaillons. C’est clair : il n’y aura pas de troupes des pays européens ou de l’OTAN sur le terrain.

Un responsable de l’OTAN, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a souligné qu' »il n’y a aucun projet de troupes de combat de l’OTAN sur le terrain en Ukraine » malgré le « soutien militaire sans précédent » de l’alliance.

« Lorsque nous parlons d’envoyer des troupes, nous devons être très prudents car nous ne devons pas faire croire que nous sommes en guerre contre la Russie », a déclaré le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani. « Nous ne sommes pas en guerre contre la Russie », a-t-il déclaré.

Mais le Royaume-Uni a émis une réaction un peu plus circonspecte, le porte-parole du Premier ministre Rishi Sunak affirmant qu’il n’était pas prévu de déployer des troupes « à grande échelle » en Ukraine.

Il est entendu que les troupes occidentales éventuellement envoyées en Ukraine n’auraient pas pour mandat de combattre les forces russes mais travailleraient sur les priorités exposées par Macron lors de sa conférence de presse, notamment le déminage, la sécurisation des pays voisins comme la Moldavie et la lutte contre les cyberattaques.

« Nous ne parlons pas de soldats en première ligne, au combat, mais d’activités spécifiques, loin du front », a déclaré Rym Momtaz, chercheuse consultante à l’Institut international d’études stratégiques (IISS). »

La présence de militaires de l’OTAN en Ukraine, sous l’étiquette « mercenaires », est pourtant un « secret de polichinelle » :

« Après le tollé provoqué, Emmanuel Macron a assuré, jeudi 29 février, que chacun de ses mots était « pesé » et « mesuré ». Le fait que le chef de l’Etat prenne soin, lundi 26 février, de préciser que les discussions concernaient seulement l’envoi de troupes « de manière officielle, assumée et endossée », a aussi implicitement levé le voile sur la présence déjà effective de professionnels de divers services occidentaux sur le sol ukrainien.

Les allers et retours en Ukraine de nombreux acteurs étatiques appartenant à la sphère des services de renseignement occidentaux, souvent avec un statut militaire, sont, depuis le début du conflit ukrainien, une évidence inhérente à la conduite de la guerre, qu’il s’agisse de membres du personnel diplomatique sous couverture, de « conseillers » insérés au sein des états-majors ukrainiens ou de forces spéciales de tous types. « L’action de ces services est par nature clandestine donc en dehors du droit de la guerre », rappelle Vincent Crouzet, ancien collaborateur de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), reconverti dans l’écriture et le conseil.

La polémique a toutefois libéré la parole sur ce que d’aucuns considèrent comme un « secret de Polichinelle ». « Tous les Etats alliés sont présents en Ukraine. Il ne s’agit pas d’unités de combat, mais il y a par exemple des représentants de tous les services de renseignement », témoigne une source diplomatique ukrainienne, qui se félicite que le renforcement de la présence militaire alliée dans son pays soit « dans l’air » depuis le mois de décembre. « S’il y a des livraisons d’armes, il doit y avoir des gens qui donnent des informations pour utiliser les équipements sur place », observe-t-elle. »

L’enregistrement d’une conversation entre officiers allemands parlant « d’attaquer le pont de Crimée » vient justement d’être postée sur internet, par les services secrets russes ou la dissidence interne allemande :

« Un fichier audio source contenant ce qui serait une discussion sur une éventuelle opération allemande visant à bombarder le pont de Crimée en Russie a été mis en ligne.

L’audio de 38 minutes, daté du 19 février, est l’enregistrement d’une conversation entre quatre officiers de l’armée de l’air allemande (Luftwaffe), dont son chef, le général Ingo Gerhartz, et le chef d’état-major adjoint pour les opérations, le général de brigade Frank Graefe.

Les officiers discutaient de l’envoi par l’Allemagne de 50 missiles à longue portée Taurus en Ukraine et pensaient que la Luftwaffe pourrait fournir aux Ukrainiens des informations de ciblage sans paraître directement impliquée dans le conflit avec la Russie.

Ils ont également souligné l’obsession des Ukrainiens de cibler le pont du détroit de Kertch, soulignant que son importance était avant tout politique plutôt que militaire. À un moment donné, Gerhartz a admis que les missiles « ne changeront pas le cours de la guerre », tandis qu’un autre officier a exprimé des doutes sur le fait que même 20 tirs de Taurus ne pourraient réellement détruire le pont.

La rédactrice en chef de RT, Margarita Simonyan, a déclaré vendredi qu’elle avait obtenu le dossier auprès des responsables de la sécurité russe. Une transcription russe du fichier source a également été publiée plus tôt dans la journée. »

Cette discussion a été déclarée authentique par le gouvernement allemand :

« Le ministère allemand de la Défense a confirmé samedi l’authenticité de l’enregistrement d’une discussion confidentielle entre des officiers supérieurs de la Bundeswehr concernant la guerre en Ukraine, divulgué par les médias d’État russes.

« Selon notre évaluation, une conversation dans la division de l’armée de l’air a été interceptée. Nous ne sommes actuellement pas en mesure de dire avec certitude si des modifications ont été apportées à la version enregistrée ou transcrite qui circule sur les réseaux sociaux », a déclaré une porte-parole du ministère. »

Puis la bévue de Scholz, révélant involontairement la présence de militaires anglais et français en Ukraine pour manœuvrer les missiles à longue portée qui atteignent les villes russes :

« Olaf Scholz a déclaré lundi qu’il ne livrerait pas le Taurus, l’équivalent berlinois du Storm Shadow, car cela nécessiterait l’assistance de soldats sur le terrain, citant l’approche britannique et française avec leurs propres systèmes. M. Scholz a fait valoir que suivre le Royaume-Uni ferait de l’Allemagne un « participant à la guerre ».

Ces commentaires ont été considérés comme mettant en danger le personnel militaire et diplomatique britannique sur le terrain.

Tobias Ellwood, ancien président du comité de défense de la Chambre des Communes, a déclaré : « Il s’agit d’un abus flagrant des renseignements, délibérément destiné à détourner l’attention de la réticence de l’Allemagne à armer l’Ukraine de son propre système de missiles à longue portée. La Russie en profitera sans aucun doute pour gravir les échelons de l’escalier roulant.»

Scholz a également été critiqué par les députés de l’opposition allemande.»

Enfin, cerise sur le gâteau, l’article du New York Times révélant que la CIA travaille en Ukraine à contrer la Russie depuis « une dizaine d’années » :

« Nichée dans une forêt dense, la base militaire ukrainienne semble abandonnée et détruite, son centre de commandement n’est plus qu’une enveloppe brûlée, victime d’un barrage de missiles russes au début de la guerre. Mais il s’agit là de la partie se trouvant au-dessus du sol.

Non loin de là, un passage discret descend vers un bunker souterrain où des équipes de soldats ukrainiens traquent les satellites espions russes et écoutent les conversations entre les commandants russes. Sur un écran, une ligne rouge suit l’itinéraire d’un drone explosif se faufilant à travers les défenses aériennes russes, d’un point situé dans le centre de l’Ukraine jusqu’à une cible située dans la ville russe de Rostov.

Le bunker souterrain, construit pour remplacer le centre de commandement détruit dans les mois qui ont suivi l’invasion russe, est un centre nerveux secret de l’armée ukrainienne. Il y a aussi un autre secret : la base est presque entièrement financée, et en partie équipée, par la CIA.

“À cent dix pour cent“, a déclaré le général Serhii Dvoretskiy, l’un des principaux responsables des services de renseignement, lors d’un entretien accordé à la base.

À l’aube de la troisième année d’une guerre qui a fait des centaines de milliers de morts, le partenariat en matière de renseignement entre Washington et Kiev est l’un des piliers de la capacité de l’Ukraine à se défendre. La C.I.A. et d’autres agences de renseignement américaines fournissent des renseignements pour les frappes de missiles ciblées, suivent les mouvements des troupes russes et aident à soutenir les réseaux d’espionnage.

Mais ce partenariat n’a pas été créé en temps de guerre et l’Ukraine n’en est pas le seul bénéficiaire.

Il a pris racine il y a une dizaine d’années, se mettant en place par à-coups sous trois présidents américains très différents, poussé par des personnes clés qui ont souvent pris des risques audacieux. Il a transformé l’Ukraine, dont les agences de renseignement ont longtemps été considérées comme totalement compromises par la Russie, en l’un des principaux partenaires de Washington en matière de renseignement contre le Kremlin aujourd’hui. »

Il est nettement visible que, dans l’esprits de la majorité des dirigeants occidentaux, l’Ukraine doit rester un proxy/rempart dans le combat qu’ils mènent contre la Russie, car jamais un mot n’est dit au sujet d’éventuelles négociations de paix avec la Russie. Jusqu’à la destruction complète de l’Ukraine ? Et ensuite ? Ce sont la Pologne, la Finlande ou les Pays Baltes qui serviront de proxy contre la Russie, comme le sous-entendait Austin ?

Biden ne s’est pas directement exprimé sur le sujet mais les think-tanks étasuniens l’ont fait pour lui. Voici ce qu’en dit le CEPA (Center for European policy analysis). Tout est déjà dans le titre « Il est temps d’envoyer des forces européennes en Ukraine » et dans la conclusion de l’article :

« Toutefois, si l’UE est déterminée à parvenir à une autonomie stratégique et à garantir que l’Ukraine reste libre et indépendante, il est alors dans son intérêt vital de garantir que la Russie ne batte pas militairement l’Ukraine.

En fin de compte, l’UE a l’opportunité de mettre un terme à l’accaparement des terres impériales en envoyant hardiment des forces défensives en Ukraine. Un tel déploiement putatif mettrait un terme aux discussions actuelles sur le partage des charges, notamment à Washington. Il serait difficile pour les hommes politiques américains d’accuser les Européens de parasitisme si les forces européennes étaient déployées dans une zone de combat.

De toute évidence, la présence d’une force européenne en Ukraine comporte un risque, mais Poutine cherche à exploiter cette aversion au risque. L’UE ne peut pas se permettre de se laisser paralyser par la crainte que ses militaires subissent des pertes. Il s’agirait uniquement d’une mission défensive visant à soutenir la souveraineté et la paix du continent européen. »

On voit bien ici que, dans l’esprit des stratèges étasuniens, si l’Ukraine échoue dans son rôle de déstabilisateur proxy contre la Russie, c’est toute l’Europe qui doit prendre le relais de l’Ukraine. Les Etats-Unis restant en retrait à l’abri dans leurs terres lointaines.

Car il est de plus en plus évident que les Etats-Unis vont laisser l’Europe seule affronter le problème qu’ils ont déclenché en soutenant la révolution du Maidan en 2014 et les extrémistes qui ont pris le pouvoir à cette occasion :

« Vers 2 heures du matin mardi dernier, le sénateur républicain Ron Johnson du Wisconsin s’est présenté au Sénat et a expliqué pourquoi il s’opposait à l’envoi d’une aide supplémentaire pour aider l’Ukraine à repousser l’invasion lancée en 2022 par le président russe Vladimir Poutine.

« Je n’aime pas cette réalité », a déclaré Johnson. « Vladimir Poutine est un méchant criminel de guerre. » Mais il a rapidement ajouté : « Vladimir Poutine ne perdra pas cette guerre. »

Cet argument – selon lequel le président russe ne peut pas être arrêté, donc il ne sert à rien d’utiliser l’argent des contribuables américains contre lui – marque une nouvelle étape dans l’acceptation croissante par le Parti républicain de l’expansionnisme russe à l’ère de Donald Trump.

Aujourd’hui, l’ambivalence du Parti républicain à l’égard de la Russie a bloqué toute aide supplémentaire à l’Ukraine à un moment charnière de la guerre.

Le Sénat a adopté la semaine dernière un programme d’aide étrangère comprenant 61 milliards de dollars pour l’Ukraine par 70 voix contre 29, mais Johnson était l’un des républicains majoritaires à voter contre le projet de loi après leur combat de fin de soirée pour le bloquer. Dans la Chambre contrôlée par les Républicains, le président Mike Johnson a déclaré que sa chambre ne serait pas « précipitée » pour adopter la mesure, même si l’armée ukrainienne met en garde contre une grave pénurie de munitions et d’artillerie.

De nombreux Républicains sont ouvertement frustrés que leurs collègues ne voient pas les avantages

« Poutine est en train de perdre », a déclaré le sénateur républicain Thom Tillis de Caroline du Nord avant le discours de Johnson. « Ce n’est pas une impasse. » Le chef de la minorité sénatoriale, Mitch McConnell, du Kentucky, était l’un des 22 sénateurs républicains à soutenir le vote, tandis que 26 s’y opposaient. »

Mais pour que l’Europe exécute pleinement son rôle de proxy étasunien dans la stratégie étasunienne de déstabilisation de la Russie, il faut encore qu’elle en soit militairement à la hauteur. Le magazine étasunien spécialisé DefenseNews nous donne la recette :

« Comment l’Europe peut construire sa défense tout en conservant le soutien américain

Deux ans après avoir envahi à nouveau (??) l’Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a accompli deux choses pour l’OTAN. Premièrement, il a contribué à élargir et à revigorer l’alliance ; La Suède est sur le point de rejoindre l’OTAN. Deuxièmement, et c’est plus inquiétant, il a accru la dépendance de l’Europe à l’égard des États-Unis. Ce problème requiert une attention urgente.

Face à une Russie agressive, à une guerre d’usure en Ukraine et à l’incertitude quant à la fiabilité des États-Unis, les alliés européens, inquiets, accélèrent leurs dépenses de défense. Cette année, ils doivent atteindre collectivement l’objectif de l’OTAN consistant à consacrer 2 % de leur produit intérieur brut à la défense. Et ils ont enregistré neuf années consécutives de croissance de leurs budgets de défense.

Cependant, dépenser plus ne signifie pas nécessairement dépenser bien. L’objectif de 2 % de l’OTAN est important en tant que mesure de référence, mais il est peu probable qu’il soit suffisant pour garantir que l’Europe renforce ses défenses avant que la Russie ne reconstitue ses forces épuisées. Pour garantir que les ressources de défense sont dépensées à bon escient, des indicateurs de résultats clairs sont nécessaires pour définir ce que devraient être les capacités militaires de l’Europe.

Alors que l’alliance poursuit sa tâche la plus urgente – aider l’Ukraine à gagner – elle doit relever cet important défi à long terme qu’est le rééquilibrage de la défense transatlantique. Pour ce faire, il faudra parvenir à la quadrature d’un triangle : garantir la capacité de l’Europe à mieux se défendre contre la Russie et à gérer les crises le long de sa périphérie sud ; répondre aux aspirations européennes à une plus grande autonomie stratégique ; et maintenir la confiance que les États-Unis peuvent respecter de manière adéquate leurs engagements dans la région de l’Atlantique Nord et de l’Indo-Pacifique.

Nous avons appelé la quadrature de ce triangle « parvenir à la responsabilité stratégique européenne ».

Le sommet du 75e anniversaire de l’OTAN, cet été à Washington, offre l’occasion de concilier ces deux perspectives et de trouver un nouvel équilibre stratégique. Pour ce faire, les alliés européens devraient se concentrer sur la réalisation de deux objectifs de capacité ou de production militaire le plus rapidement possible.

Premièrement, l’Europe devrait développer ses capacités militaires conventionnelles à un niveau qui fournirait au moins la moitié de toutes les forces et capacités – y compris les outils stratégiques tels que le transport stratégique, le ravitaillement en vol et le renseignement opérationnel – nécessaires pour dissuader et, le cas échéant, pour vaincre un agresseur de grande puissance.

Si un conflit éclatait simultanément avec la Chine en Asie et avec la Russie en Europe, les États-Unis pourraient ne pas être en mesure de déployer des renforts adéquats en Europe. Les alliés européens doivent être capables de prendre le relais.

Deuxièmement, les alliés européens devraient développer des capacités leur permettant de mener des opérations de gestion de crise dans le voisinage de l’Europe sans la forte dépendance actuelle à l’égard des soutiens américains. L’objectif de l’Union européenne de développer la capacité de générer une « force d’intervention » de 5 000 personnes qui pourraient se déployer au-delà des frontières de l’UE est un début modeste mais utile. Il en faut bien davantage.

Atteindre ces deux objectifs permettrait à l’Europe de devenir le premier intervenant face à la plupart des crises dans son voisinage, en agissant par l’intermédiaire de l’OTAN, de l’UE ou de coalitions ad hoc de pays volontaires. Cela permettrait aux États-Unis de déplacer une partie de leurs forces et de leur orientation stratégique vers la région indo-pacifique sans réduction significative des capacités nécessaires pour dissuader la Russie. »

L’objectif des dirigeants étasuniens, suivis aveuglément par les européens, est donc encore une fois clairement exprimé. L’Europe doit pouvoir s’occuper de déstabiliser la Russie pendant que les Etats-Unis s’occupent de la Chine. Jamais un mot sur des possibilités de coopération avec ces deux pays.

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Une autre méthode envisagée depuis un moment par les dirigeants occidentaux pour déstabiliser la Russie serait de s’approprier les réserves monétaires et autre capitaux russes investis en Occident et qui ont été « gelés » au moment de l’attaque contre l’Ukraine. Bien sur ce serait illégal au regard du droit international mais, de nos jours, le droit international a tendance à être « fondés sur des règles » bien élastiques. Mais, comme pour les « bottes sur le terrain ukrainien », les dirigeants occidentaux ne sont pas d’accord entre eux :

« Les États-Unis et leurs alliés européens se disent déterminés à utiliser les avoirs russes gelés pour aider l’Ukraine – d’une manière ou d’une autre. Au Brésil, cette semaine, on se dispute sur la meilleure façon de procéder sans se retrouver en danger juridique ou financier.

Les pays occidentaux ont gelé environ 260 milliards d’euros (282 milliards de dollars) de titres et de liquidités, dont plus des deux tiers sont placés dans l’Union européenne. Ils conviennent tous que ces fonds devraient rester interdits à la Russie, à moins que celle-ci ne s’engage à aider à la reconstruction de l’Ukraine. Mais ils ne s’entendent pas sur la question de savoir s’il est licite de franchir le Rubicon en saisissant purement et simplement les actifs. Le défi consiste donc à extraire les fonds sans les épuiser… »

Car les fonds étant surtout placés en Europe, c’est mettre la confiance en « l’Euro, monnaie de réserve internationale » en péril :

« La France et l’Allemagne, ainsi que la Banque centrale européenne, ont exprimé la plus grande prudence. Ils s’inquiètent des représailles russes visant les actifs européens dans ce pays, ainsi que de leur impact sur la stabilité financière et sur le statut de l’euro en tant que monnaie de réserve, selon des sources proches du dossier. Le danger, avance-t-on, est qu’une décision aussi drastique créerait un précédent, poussant d’autres pays à éviter de détenir leurs réserves en monnaies occidentales au cas où ils seraient un jour soumis à des sanctions similaires.

« Nous n’avons pas de base légale pour saisir les avoirs russes maintenant », a déclaré mercredi le ministre français des Finances Bruno Le Maire après une réunion des ministres des Finances du Groupe des Sept à Sao Paulo. « Nous devons travailler davantage. » »

Là encore les Etats-Unis poussent l’Europe sous le wagon :

« WASHINGTON — La secrétaire au Trésor, Janet Yellen, a apporté mardi son soutien public le plus ferme à l’idée de liquider environ 300 milliards de dollars d’actifs gelés de la Banque centrale russe et de les utiliser pour la reconstruction à long terme de l’Ukraine.

« Il est nécessaire et urgent que notre coalition trouve un moyen de libérer la valeur de ces actifs immobilisés pour soutenir la résistance continue de l’Ukraine et sa reconstruction à long terme », a déclaré Yellen lors d’un discours à Sao Paulo, au Brésil, où le Groupe des 20 ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales se réunissent cette semaine. »

Je crois qu’il existe de solides arguments juridiques, économiques et moraux internationaux pour aller de l’avant. Ce serait une réponse décisive à la menace sans précédent que représente la Russie pour la stabilité mondiale », a-t-elle déclaré. »

Biden lui-même a mis son grain de sel :

« Le président Joe Biden pousse ses collègues dirigeants du Groupe des Sept (G7) à progresser sur un plan visant à utiliser les avoirs russes gelés pour financer Kiev d’ici leur réunion en juin, a rapporté jeudi Bloomberg, citant des personnes proches du dossier.

Alors que le Royaume-Uni et le Canada préconisent tous deux la saisie des actifs souverains russes bloqués pour financer davantage l’armée ukrainienne et sa reconstruction, la France et l’Allemagne émettent toutes deux des réserves. »

Même certains européens sont prêts à se jeter d’eux-mêmes sous le wagon :

« Les avoirs russes qui restent gelés en Occident devraient être confisqués en réponse au décès du militant de l’opposition et militant anti-corruption Alexeï Navalny, a déclaré le député allemand Norbert Rottgen.

Cet argent devrait être utilisé pour fournir davantage d’armes à l’armée ukrainienne afin qu’elle puisse être utilisées dans le conflit avec la Russie, a suggéré Rottgen dans son discours devant le Bundestag mercredi.

La législation qui permettrait la confiscation d’environ 300 milliards de dollars d’actifs détenus par la banque centrale russe, qui ont été bloqués par les États-Unis et l’UE après le déclenchement du conflit entre Moscou et Kiev en février 2022, devrait être intitulée « Lois Navalny,  » il ajouta. »

Alors, en attendant de tout confisquer, l’Union européenne vote une loi pour s’accaparer les intérêts générés par ces avoir gelés :

« BRUXELLES, 12 février (Reuters) – L’UE a adopté une loi visant à mettre de côté les bénéfices exceptionnels réalisés sur les actifs gelés de la banque centrale russe, a-t-elle annoncé lundi, constituant une première étape concrète vers l’objectif du bloc d’utiliser cet argent pour financer la reconstruction de l’Ukraine.

L’UE et le Groupe des Sept (G7) ont gelé quelque 300 milliards d’euros (323 milliards de dollars) d’actifs de la banque centrale russe à la suite de l’invasion de l’Ukraine par Moscou. L’UE et le G7 débattent depuis plus d’un an si et comment ces fonds peuvent être utilisés.

Les États-Unis ont lancé l’idée de confisquer purement et simplement les avoirs, mais les responsables européens considèrent que cela est juridiquement trop risqué.

Les deux tiers de ces fonds se trouvent dans l’UE, la majorité étant détenue par la chambre de compensation belge Euroclear. Jusqu’à présent, seuls les impôts sur les actifs en Belgique ont été affectés à un fonds dédié à l’Ukraine géré par le gouvernement belge.

La loi adoptée lundi signifie que les dépositaires centraux de titres (CSD), tels qu’Euroclear, n’auront pas le droit d’utiliser leurs bénéfices nets et devront séparer les revenus des actifs russes.

Elle s’applique aux institutions détenant plus d’un million d’euros (1,1 million de dollars) d’actifs de la Banque centrale de Russie.

« La décision d’aujourd’hui, conforme à la position du G7, clarifie (…) le statut juridique des revenus générés par les CSD en relation avec la détention d’actifs russes immobilisés et fixe des règles claires pour les entités qui les détiennent », a déclaré le Conseil de l’UE, un organe législatif qui regroupe les États membres. »

Observant cela de près la Chine prévient que la confiance, déjà bien érodée, envers les monnaies occidentales va encore se dégrader :

« Même si les détails juridiques de ces projets restent flous, il est évident que peu importe à quel point l’Occident glorifie ou légitime ses tentatives de s’approprier les avoirs russes gelés, cela ne contribuera pas à résoudre le problème russo-ukrainien. Certains hommes politiques occidentaux peuvent penser que la confiscation des avoirs russes pourrait être utilisée comme une démonstration de soutien à l’Ukraine et comme une arme contre la Russie, mais ceux qui ont une réelle connaissance du système financier mondial sont conscients que cette mesure ne mènera qu’à un résultat désastreux. Cela ne compliquera pas seulement les problèmes entre la Russie et l’Ukraine, mais entraînera également de graves conséquences pour le système financier international.

Par exemple, certains des avoirs gelés de la Russie en Occident sont des obligations d’État. Si l’Occident devait s’emparer de ces actifs au nom de son soutien à l’Ukraine, cela nuirait à la crédibilité de son propre passif. Quelle que soit la manière dont l’Occident justifie sa confiscation des actifs souverains de la Russie et légalise le processus en modifiant ses lois et réglementations, ce qui compte vraiment est la façon dont les investisseurs et les pays qui achètent également la dette américaine et européenne perçoivent la question.

Si le cas russe les amène à prendre conscience que les risques géopolitiques peuvent également entraîner des défauts de paiement de la dette souveraine des pays occidentaux, et que les interprétations et les changements des lois et réglementations dans ce domaine échappent totalement à leur contrôle, la dette du Trésor, autrefois considérée comme une valeur refuge, pourrait ne plus être considérée comme sûre face aux défis géopolitiques.

Un tel défaut pourrait avoir des conséquences sur l’ordre financier mondial, dans la mesure où les pays extérieurs au camp occidental éviteraient d’utiliser le dollar et l’euro pour régler leurs échanges commerciaux et rejetteraient les obligations d’État occidentales à moins qu’elles ne puissent être évitées.

Après tout, dans cet environnement international complexe, personne ne saurait si ses actifs souverains seraient un jour saisis par l’Occident, une fois que l’Occident aura ouvert la boîte de Pandore de la confiscation. »

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A Gaza, c’est la famine qui prend le relais des bombes dans le génocide des gazaouis par l’armée israélienne :

« Six enfants sont morts de déshydratation et de malnutrition dans des hôpitaux du nord de Gaza, a déclaré le ministère de la Santé du territoire palestinien assiégé, alors que la situation humanitaire catastrophique dans l’enclave assiégée s’aggrave.

Deux enfants sont morts à l’hôpital al-Shifa de la ville de Gaza, a indiqué mercredi le ministère. Plus tôt, il a rapporté que quatre enfants étaient morts à l’hôpital Kamal Adwan, dans le nord de Gaza, tandis que sept autres restaient dans un état critique.

« Nous demandons aux agences internationales d’intervenir immédiatement pour éviter une catastrophe humanitaire dans le nord de Gaza », a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé, Ashraf al-Qudra, dans un communiqué, alors que les attaques israéliennes sur Gaza se poursuivent. »

L’armée israélienne pousse même l’infamie jusqu’à utiliser les rares camions transportant un peu de farine aux gazouis comme piège mortel :

« Plus d’une centaine de civils sont morts et au moins 760 ont été blessés en se ruant sur des camions d’aide humanitaire, dans le nord de la bande de Gaza, alors qu’ils attendaient ces camions, ce jeudi 29 février, selon le ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir dans l’enclave palestinienne. « Le bilan du massacre de la rue al-Rashid à Gaza-ville s’élève désormais à 104 morts et 760 blessés », a déclaré dans un communiqué le porte-parole du ministère de la Santé du Hamas, Ashraf al-Qudra, révisant à la hausse un premier bilan hospitalier qui faisait état d’au moins 50 morts.

Pour expliquer ce qu’il s’est passé, le directeur des urgences de l’hôpital al-Chifa, dans la ville de Gaza, Amjad Aliwa, ainsi que plusieurs témoins ont d’abord indiqué à l’AFP que des soldats israéliens avaient tiré sur « des milliers de citoyens » qui se précipitaient vers des camions d’aide humanitaire dans un rond-point de l’ouest de la ville, alors que le territoire est au bord de la famine.

Des Palestiniens racontent en effet avoir été forcés ces derniers jours à manger du fourrage animal ou à abattre des animaux de trait, pour se nourrir. Pour l’ONG israélienne B’Tselem, qui défend les Palestiniens, « si les habitants de Gaza meurent de faim, c’est à cause de la crise humanitaire qu’Israël a intentionnellement créée. »

À Gaza, l’incident est baptisé le « massacre de la farine ». Mohamed, un habitant du nord de Gaza, résume ce qu’il sait de cet événement tragique, au micro de notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa. « Je vous répète ce que m’ont raconté des témoins oculaires : à l’aube, il y a eu une importante bousculade près d’une position de l’armée israélienne. Ensuite, plusieurs salves de tirs sont parties d’un char israélien en direction de la foule. Il y a eu plein de morts, et des blessés. » »

Comme d’habitude Israël nie :

« De son côté, selon l’armée israélienne, 30 camions d’aide sont entrés dans Gaza par le point de passage de Kerem Shalom tôt dans la matinée et se sont dirigés vers le nord, rapporte le média israélien Haaretz. En arrivant à la jonction de la ville de Gaza, les camions ont été pris d’assaut par les habitants, ont affirmé les forces de défense israéliennes (IDF), ce qui a entraîné la mort de dizaines de personnes « piétinées ». « Alors que le convoi est entré dans le nord, des milliers de personnes se sont précipitées sur les camions, ce qui a provoqué une bousculade dans laquelle des dizaines de Gazaouis ont été blessés et tués, certains d’entre eux renversés par des camions », a indiqué un responsable de l’armée à l’AFP. »

Et comme d’habitude Israël ment :

« Le chef d’un hôpital de la ville de Gaza qui a soigné certains Palestiniens blessés dans l’effusion de sang entourant un convoi humanitaire a déclaré vendredi que plus de 80 % avaient été touchés par des tirs, suggérant qu’il y avait eu des tirs nourris de la part des troupes israéliennes.

Le Dr Mohammed Salha, directeur par intérim de l’hôpital Al-Awda, a déclaré à l’Associated Press que sur les 176 blessés amenés à l’établissement, 142 avaient été blessés par balle et les 34 autres présentaient des blessures causées par une bousculade. »

Malgré ces actes génocidaires de plus en plus indéniables, les gouvernements occidentaux continuent de censurer ceux qui prennent la défense des palestiniens, même si ce sont des israéliens :

« Au moment de recevoir son prix, Yuval Abraham monte sur scène avec son coréalisateur palestinien Basel Adra. Yuval Abraham prononce ce discours. « On se tient ici, devant vous. Avec Basel, nous avons le même âge. Je suis Israélien, Basel est Palestinien. Dans deux jours, nous retournerons sur une terre où nous ne sommes pas égaux. Je vis sous un régime de loi civile. Basel vit sous un régime de loi militaire. Nous habitons à une demi-heure l’un de l’autre, mais moi, j’ai le droit de vote et Basel ne l’a pas. Je suis libre de me déplacer comme je le veux sur cette terre, mais Basel, comme des millions de Palestiniens, est enfermé en Cisjordanie occupée. Cette situation d’apartheid entre nous, cette injustice, doit cesser ».

Ce discours est qualifié d’ « antisémite », par la télévision publique israélienne. Et à Berlin, là où il a été prononcé, les autorités allemandes le jugent « inacceptable ». Notamment le maire de Berlin. « L’antisémitisme n’a pas sa place à Berlin, et cela vaut également pour la scène artistique. J’attends de la nouvelle direction de la Berlinale qu’elle veille à ce que de tels incidents ne se reproduisent plus », a réagi le maire de Berlin, Kai Wegner.

Depuis, Yuval Abraham reçoit des menaces de mort. Il a dû annuler son vol retour en Israël. Des militants de l’extrême droite israélienne se sont rendus à son domicile familial. Les membres de sa famille ont également été menacés et ont dû fuir vers une autre ville israélienne. Malgré ces pressions, le jeune réalisateur reste droit dans ses bottes. Il dit « assumer chacun de ses propos ».

Il pointe l’irresponsabilité des médias israéliens. Et l’instrumentalisation de ses propos par des politiciens allemands dont le but, selon lui, est « de faire taire toute critique à l’encontre d’Israël ». La porte-parole du gouvernement allemand affirme « qu’il est inacceptable que l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre n’ait pas été mentionnée » lors du discours à la Berlinale. »

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La guerre en Ukraine a mis en évidence le décalage entre la capacité d’armement russe et occidentale, en faveur de la Russie. Les préjugés occidentaux décrivant une armée russe faible ont été désintégrés par la réalité du terrain ukrainien. Du coup les dirigeants occidentaux parlent de recalibrer leurs « industries de la défense » alors qu’elles bénéficient déjà d’un budget conséquent, en particulier aux Etats-Unis.

Nous terminerons donc par cette analyse du journal spécialisé étasunien Responsible Statecraft sur ce sujet :

« Biden veut mettre les États Unis sur le pied de guerre permanent

La nouvelle « stratégie industrielle de défense » est une aubaine pour les fabricants d’armes, pas tellement pour les Américains moyens

Par Julia Gledhill – Le 23 Février 2024 – Responsible Statecraft

La Maison Blanche entraîne les États-Unis dans un gouffre budgétaire dont ils ne pourront peut-être pas sortir.

L’administration Biden surdimensionne l’industrie de la défense pour répondre aux obligations en matière d’armement à l’étranger au lieu de faire des compromis essentiels à tout budget efficace. Sa nouvelle stratégie industrielle de défense nationale présente un plan visant à « catalyser le changement générationnel » de la base industrielle de défense et à « faire face au moment stratégique » – un moment dominé rhétoriquement par la concurrence avec la Chine, mais ponctué par le soutien américain à la lutte de l’Ukraine contre la Russie et la campagne militaire israélienne à Gaza.

Au lieu de réévaluer sa stratégie maximaliste de sécurité nationale, l’administration Biden l’accélère. Elle propose une génération d’investissements pour développer une industrie de l’armement qui, globalement, ne parvient pas à respecter les normes de coût, de calendrier et de performance. Et si sa stratégie est une indication, l’administration n’a aucune vision sur la manière de réduire à terme la capacité militaro-industrielle américaine.

À la fin de la guerre froide, le budget de la sécurité nationale a diminué. Les Aspin, alors secrétaire à la Défense, et son adjoint William Perry ont convoqué les dirigeants de l’industrie pour encourager leur consolidation lors d’une réunion qui est devenue plus tard connue sous le nom de « La Cène ». Les fabricants d’armes devaient unir leurs forces ou cesser leurs activités. Ils ont donc fini par réduire leurs effectifs de plus de 50 maîtres d’œuvre à seulement cinq. Et tandis que les entrepreneurs devaient réduire leur capacité industrielle, une consolidation incontrôlée a créé le secteur de la défense monopolistique que nous connaissons aujourd’hui – un secteur qui dépend fortement des contrats gouvernementaux et jouit d’une grande liberté pour fixer les prix.

Au cours des décennies qui ont suivi, les entrepreneurs ont tiré parti de leur pouvoir économique croissant pour s’ouvrir les portes de Capitol Hill. Ils ont consolidé leur influence économique et politique pour parer à tout risque de futures réductions de la sécurité nationale, quels que soient leurs résultats ou l’environnement géopolitique.

Développer la base militaro-industrielle au cours d’une génération ne ferait que renforcer davantage le pouvoir des fabricants d’armes dans notre économie, approfondissant ainsi le fossé dans lequel les États-Unis se sont enfoncés pendant des décennies en augmentant continuellement leurs dépenses de sécurité nationale – et en en distribuant environ la moitié aux sous-traitants. Les États-Unis dépensent plus pour la sécurité nationale que les dix pays suivants réunis, dépassant la Chine de plus de 30 %.

Ironiquement, l’administration reconnaît dans sa stratégie que « la sécurité économique et la sécurité nationale de l’Amérique se renforcent mutuellement », déclarant que « la force militaire de la nation dépend en partie de notre force économique globale ». La stratégie indique en outre que l’optimisation des besoins de défense du pays nécessite généralement des compromis entre « le coût, la rapidité et l’échelle ». Il ne mentionne pas la qualité de la production industrielle – sans doute le plus gros compromis que le gouvernement américain ait fait en matière d’approvisionnement militaire.

Prenons, par exemple, le bombardier B-2, l’avion de combat F-35, le navire de combat Littoral, le V-22 Osprey et bien d’autres exemples d’échecs qui durent depuis des décennies. Plus récemment, le Government Accountability Office a signalé que même si le nombre de grands programmes d’acquisition de défense a diminué, les coûts et les délais de livraison moyens ont augmenté.

Alors, que retire réellement l’armée de l’augmentation des dépenses de sécurité nationale ? Moins pour plus : moins d’armes que ce qui était demandé, généralement en retard et au-delà du budget, et, la plupart du temps, dysfonctionnelles. Les échecs d’acquisition sont l’une des principales raisons pour lesquelles le Congressional Budget Office prévoit que les dépenses d’exploitation et de maintenance dépasseront largement le taux d’inflation au cours de la prochaine décennie – un problème budgétaire considérable pour une armée qui ne prévoit apparemment pas de réduire ni la structure de ses forces ni sa capacité industrielle, plutôt l’inverse, en fait.

La nouvelle stratégie industrielle de défense nationale de Biden indique spécifiquement que les États-Unis doivent « s’orienter de manière agressive vers des capacités innovantes de nouvelle génération tout en continuant à mettre à niveau et à produire, en volumes importants, les systèmes d’armes conventionnelles déjà en service ». Ironiquement, l’armée a passé plus de deux décennies à développer le F-35, une technologie de nouvelle génération pour laquelle le Pentagone n’a toujours pas donné le feu vert pour une production à pleine cadence.

Investir davantage d’argent dans une base industrielle composée d’entreprises trop grandes pour faire faillite n’augmentera pas la quantité ou la qualité de sa production. Mais c’est exactement ce que préconise la stratégie. L’une des priorités est « d’institutionnaliser la résilience de la chaîne d’approvisionnement ». Il s’agit d’un objectif important, mais le gouvernement propose au Pentagone de s’y attaquer, en partie en investissant dans des « capacités de production inutilisées », ce que la stratégie définit comme « une capacité excédentaire qu’une entreprise ou une organisation maintient au-delà de ses besoins de production actuels ».

Mais construire des usines vides n’est pas synonyme de résilience de la chaîne d’approvisionnement. C’est gaspiller de l’argent dans des infrastructures inutiles, créant ainsi une motivation de profit pour inciter les fabricants d’armes à fabriquer davantage d’armes. Et pour une industrie qui tire constamment la sonnette d’alarme sur la nécessité de « signaux de demande » cohérents de la part du Congrès, les projets du Pentagone d’investir une génération d’argent des contribuables américains dans des « capacités de production inutilisées » ressemblent beaucoup à jeter par la fenêtre le principe de l’offre et de la demande. Dans ce cas, les États-Unis pourraient tout aussi bien envisager de nationaliser l’industrie de la défense, qui manque déjà de concurrence et dépend presque entièrement du gouvernement. Pourquoi ne pas éliminer la recherche du profit ? Ce n’est pas comme si gagner de l’argent poussait les entrepreneurs à produire des produits de qualité dans les délais ou dans les limites du budget.

Outre la résilience de la chaîne d’approvisionnement, une autre priorité définie dans cette stratégie est « l’acquisition flexible ». L’objectif affiché est de réduire les coûts et les délais de développement tout en augmentant l’évolutivité. Dans la poursuite de cet objectif, l’administration propose « un processus d’exigences flexible » pour les contrats pluriannuels et l’expansion des contrats pluriannuels en général. Il estime qu’à mesure que les priorités changent dans un « environnement de menace en évolution », les livrables des sous-traitants devraient également changer. Mais associer des exigences flexibles à un nombre croissant de contrats pluriannuels conduit au désastre.

Avant que la Russie n’attaque l’Ukraine, les contrats pluriannuels étaient relativement rares – limités aux gros avions et navires. Le Congressional Research Service note que les économies estimées sur ces programmes se situent historiquement entre 5 et 10 %. Mais ce ne sont là que des estimations, et elles pourraient ne pas s’appliquer à d’autres munitions actuellement produites dans le cadre de contrats pluriannuels. Le rapport confirme également que les économies réelles sont « difficiles à observer », en partie parce que le Pentagone ne suit pas l’évolution des coûts des contrats pluriannuels.

Ce n’est pas parce que les contrats pluriannuels sont plus courants qu’ils sont moins chers. Et tandis que le Pentagone affirme que les contrats pluriannuels donnent aux sous-traitants le soi-disant signal de demande dont ils ont besoin pour augmenter leur production, les sous-traitants ne dépensent généralement pas leur argent supplémentaire pour identifier des gains d’efficacité ou pour réaliser des investissements en capital pour augmenter la production à moindre coût – et le Pentagone ne vérifie pas.

La stratégie propose également « une expansion agressive de la capacité de production ». Il note qu’en temps de paix, l’acquisition d’armes tend à se concentrer sur « une plus grande efficacité, rentabilité, transparence et responsabilité ». Prenant garde de ne pas affirmer que les États-Unis sont en temps de guerre, la stratégie oppose la politique d’acquisition en temps de paix à « l’environnement de menace d’aujourd’hui », appelant à une « politique d’acquisition en période de crise » qui revitalise la base industrielle et déplace l’attention de l’efficience et de l’efficacité vers la garantie que les entrepreneurs soient « mieux dotés en ressources ». Mais les entrepreneurs n’ont pas de problème de ressources, et la « politique d’acquisition en cas de crise » met les États-Unis sur un « pied de guerre permanent ».

Les législateurs doivent remettre en question la stratégie maximaliste de sécurité nationale de l’administration en remettant en question sa volonté d’étendre de manière aussi drastique la capacité militaro-industrielle. Il est essentiel qu’ils le fassent, non seulement parce que les États-Unis sont limités dans ce qu’ils peuvent produire et fournir à d’autres pays, mais aussi parce que la cupidité de l’industrie de l’armement est sans limites – et sans voies de sortie ni contraintes, le gouvernement américain pourrait découvrir dans 20 ou 30 ans qu’il est dans un fossé dont il ne peut plus sortir.

Julia Gledhill »

A lundi prochain

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