Par Wayan – le 15 janvier 2024 – Le Saker Francophone
Grosse grogne chez les agriculteurs européens mais les médias en parlent peu. En 2022, ce sont les agriculteurs hollandais qui avaient défié leur gouvernement. Cela fait un moment que chez les agriculteurs français, on renverse les panneaux à l’entrée des villages. Manifestations symboliques de leur mécontentement car monter sur la capitale n’a jamais changé les choses si ce n’est se prendre des coups de matraque. Maintenant, c’est au tour des agriculteurs allemands. Alors pourquoi les agriculteurs européens sont-ils mécontents ? :
« L’Allemagne est le dernier pays européen en proie à une vague de protestations turbulentes des agriculteurs. Au cours d’une semaine d’action dans tout le pays qui devrait durer jusqu’à vendredi, le secteur agricole s’oppose aux propositions de réduction des subventions aux carburants utilisés dans l’agriculture.
Des convois composés de milliers de tracteurs et de camions ont semé le chaos dans les déplacements et isolé plusieurs villes ces derniers jours. La production dans l’usine Volkswagen d’Emden, dans le nord du pays, s’est même arrêtée. La semaine dernière, le ministre de l’Economie, Robert Habeck, a été bloqué par des manifestants en colère alors qu’il tentait de débarquer d’un ferry pendant des vacances en famille.
Des manifestations similaires, marquées dans certains cas par la violence et par des empiètements flagrants sur la sphère privée des hommes politiques, ont parfois provoqué d’énormes fermetures aux Pays-Bas ces dernières années.
Visant les mesures prévues pour lutter contre la pollution chronique à l’azote, le mouvement de protestation a même donné naissance à un nouveau parti politique en 2019, le Mouvement agraire-populiste Paysan Citoyen (BBB).
En Belgique, en Espagne et en France, les agriculteurs sont également descendus dans la rue pour exprimer leur mécontentement face aux effets des réformes environnementales prévues et aux coûts élevés. La Pologne et d’autres États d’Europe de l’Est ont connu des répercussions similaires, bien que celles-ci soient largement liées à l’importation de céréales ukrainiennes bon marché dans l’UE.
Jan Douwe van der Ploeg, sociologue agraire et ancien professeur à l’université de Wageningen aux Pays-Bas, voit des points communs importants dans bon nombre de ces cas : la défense du statu quo.
Les préoccupations concernent souvent « le droit de continuer à utiliser les subventions acquises au cours de l’histoire [ou] de continuer à utiliser des énergies fossiles ou des pesticides. Ce sont tous des expressions très claires de l’agriculture industrialisée », a-t-il déclaré à DW…
Néanmoins, avec la flambée des prix des engrais et des carburants en Europe après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les agriculteurs ont déclaré qu’ils ressentaient des difficultés dans toute l’Europe, malgré des prix alimentaires beaucoup plus élevés dans les rayons des supermarchés.
Selon Anne-Kathrin Meister, de la Fédération de la jeunesse rurale allemande (BDL), les rendements agricoles ne peuvent tout simplement pas suivre l’augmentation des coûts.
« Si l’on compare uniquement l’augmentation des prix des machines, des pesticides et des engrais, le rendement n’a jamais augmenté dans la même mesure », a déclaré Meister, qui a grandi en passant du temps dans la ferme de ses grands-parents, dans le nord de la Bavière, à la DW par téléphone depuis Berlin. »
Deutche Well donne d’autres explications sur les raisons de cette grogne :
« Les manifestations « vont bien au-delà [de la suppression] des allègements fiscaux sur le diesel agricole et les véhicules », selon Karsten Hansen de l’Association allemande des producteurs laitiers (BDM). L’annonce de la réduction des subventions n’a été que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, estime-t-il.
Si l’agriculture allemande semble florissante à première vue, le tableau est plus nuancé à y regarder de plus près. Les bénéfices varient considérablement selon le type d’entreprise agricole, la région ou la taille de l’exploitation.
Depuis plus d’une décennie, le nombre d’exploitations agricoles en Allemagne diminue de plus de 1 % par an. La plupart sont de petites exploitations. Le nombre de grandes exploitations agricoles augmente.
Alors que le gouvernement allemand cherche à combler un trou de 17 milliards d’euros (18,6 milliards de dollars) dans son budget 2024, de nombreux agriculteurs ont le sentiment qu’on attend d’eux qu’ils assument une charge disproportionnée.
L’association des agriculteurs allemands est catégorique sur le fait que le gouvernement devrait revenir sur son projet de supprimer toutes les subventions au diesel d’ici 2026. S’exprimant en marge d’une réunion de l’Union chrétienne-sociale allemande de centre-droit en Bavière, le président de DBV, Joachim Rukwied, a déclaré que sinon cela signifierait une mort lente pour l’agriculture allemande. »
Cette semaine en Allemagne donc, de fortes perturbations dues aux manifestations des agriculteurs :
« Les autorités, rapporte l’AFP, ont signalé de fortes perturbations du trafic en matinée dans presque toutes les régions allemandes, du Bade-Wurtemberg et la Bavière au sud, en passant par le Land le plus peuplé d’Allemagne, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie jusqu’au nord du pays. Des embouteillages de camions ont également été observés à la frontière entre l’Allemagne, la Pologne, la République tchèque et la France. De bruyants convois de tracteurs sont notamment entrés dans les métropoles de Munich au sud, Hambourg, Brème, au nord, ou Cologne à l’ouest, paralysant en partie le trafic.
À Berlin, selon la police, plus de 500 engins agricoles ont pris position au cœur de la capitale, près de la porte de Brandebourg, qui jouxte le Bundestag. En quelques semaines, la colère des agriculteurs s’est radicalisée, constate le politologue Felix Anderl de l’université de Marbourg (Hesse) : « Il y a des acteurs comme la Fédération des agriculteurs qui organisent des manifestations déjà très imposantes. Mais il y a aussi d’autres acteurs comme la Confrérie des agriculteurs, qui suivent leur propre agenda. C’est un mouvement avec différentes mouvances, mais ils sont en tout cas très ouverts sur la droite, d’après ce que j’observe. Et puis il y a des acteurs d’extrême droite, qui utilisent ce mouvement de protestation dans leur propre intérêt. »
Ce lundi matin, la presse redoute de nouveaux débordements, après l’agression, jeudi 4 janvier, du ministre de l’Économie, Robert Habeck (membre de l’Alliance 90/Les Verts), par un groupe d’agriculteurs montés sur leurs tracteurs dans le nord de l’Allemagne. Les enquêteurs sont, entre-temps, convaincus que des individus proches de l’extrême droite, des milieux identitaires, « antivax » et autres climato-sceptiques se sont mêlés au mouvement. Et qu’eux aussi veulent tenir le pavé à Berlin cette semaine. Le ministre des Finances, Christian Lindner (FDP), a jugé « disproportionnées » les protestations d’un secteur qu’il juge par ailleurs déjà « hautement subventionné ».
Aux perturbations causées par les agriculteurs vont s’ajouter, mercredi 10 janvier, trois jours de grève nationale des transports ferroviaires à l’appel d’un syndicat de cheminots qui juge insuffisantes les propositions de l’opérateur public Deutsche Bahn sur les salaires et les horaires de travail. »
Comme ces manifestations prennent de l’ampleur et qu’il devient impossible aux médias de ne pas en parler, alors la manipulation médiatique prend le relais et associe grogne des agriculteurs et « extrême-droite » :
« Les autorités allemandes craignent des infiltrations de l’extrême droite dans la mobilisation sociale
Ce lundi, des agriculteurs allemands en colère contre des réductions d’avantages fiscaux pour leur profession ont bloqué de nombreuses routes à travers le pays, donnant le coup d’envoi d’une série de grèves et mobilisations redoutées par le gouvernement d’Olaf Scholz. Il s’agit là d’un mouvement social qui doit se poursuivre jusqu’à lundi prochain. Une grogne qui fait peur aux autorités qui craignent que ce mouvement ne soit infiltré par des extrémistes d’extrême droite.
« Des appels nourris aux fantasmes de coup d’État circulent, affirmeRobert Habeck, ministre allemand de l’Économie. « Des groupes extrémistes se forment et des symboles nationalistes sont ouvertement affichés. Il devient clair que quelque chose a dérapé ces dernières années, qui a repoussé les limites de la protestation démocratique légitime et de la liberté d’expression, de sorte que l’innommable semble désormais légitimé. L’association des agriculteurs insiste sur le fait qu’elle souhaite manifester pacifiquement et sans violence. Cependant, l’expérience de la dernière manifestation montre que cela n’est pas du goût de tout le monde. Lorsque des potences sont accrochées aux tracteurs, lorsque des convois de tracteurs se dirigent vers des maisons privées, une limite est franchie. » »
La version anglaise d’El Pais, un journal espagnol, relaie aussi ce genre d’infos :
« La crainte d’une radicalisation des protestations se répand au sein de la classe politique et des forces de sécurité. Le président fédéral Frank-Walter Steinmeier a déclaré qu’une ligne dangereuse avait été franchie : « Voir un ministre intimidé par une foule agressive lors d’un voyage privé et devoir fuir par se mettre en sécurité a choqué de nombreuses personnes dans notre pays. Moi aussi. Nous ne devrions pas l’accepter », a-t-il déclaré. Habeck lui-même a mis en garde ce lundi dans un message vidéo contre le danger d’infiltration par des groupes radicaux. « Des appels circulent avec des fantasmes putschistes, des groupes extrémistes se forment et des symboles ethnico-nationalistes sont ouvertement affichés », a-t-il dénoncé. »
Finalement la grogne des agriculteurs ne serait-il pas le premier symptôme d’une économie qui chancelle de plus en plus, malgré les déclarations optimistes des ministres de l’économie européens :
« L’économie mondiale, qui était censée rebondir après la pandémie, montre des signes de maladie persistante. Les récentes Perspectives économiques mondiales de la Banque mondiale dressent un tableau sombre du ralentissement de la croissance, marquant ce qu’elle appelle une « étape misérable » : non seulement une économie mondiale qui croît plus lentement qu’avant la pandémie, mais on s’attend à ce qu’elle croisse au rythme le plus lent depuis trois décennies : 2,4 % cette année, avec, espérons-le, une légère amélioration en 2025. Pire, l’investissement devrait augmenter de 3,7 % par an, soit à peine la moitié de la moyenne de la dernière décennie, ce qui risque de bloquer une croissance lente.
Alors que presque partout les pays sont touchés, la performance mondiale est considérablement plombée par les économies avancées, avec une croissance attendue juste au-dessus de 1 %. Même cette performance est flattée par les États-Unis, dont la croissance est estimée à 2,5% l’année dernière et qui devrait ralentir à 1,6% cette année – même si cette performance est accompagnée d’un gros astérisque par l’investissement du pays. Ce rebond a été alimenté par une énorme frénésie d’emprunts qui a récemment porté la dette nationale du pays au-delà de 34 000 milliards de dollars.
Cependant, le véritable malade de l’économie mondiale à l’heure actuelle, c’est l’Europe. À l’exception de l’Europe de l’Est, le continent a à peine connu une croissance l’année dernière et l’industrie manufacturière européenne est désormais en récession. Selon les estimations du FMI, six des dix économies les moins performantes au monde l’an dernier se trouvaient dans cette région. »
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Au Moyen-Orient, les choses continuent de s’envenimer. La dernière montée en tension est le bombardement du Yémen par les Etats-Unis, au moment même où Blinken tentait d’empêcher le Moyen Orient de s’embraser. Encore un signe de schizophrénie du gouvernement étasunien :
« Les États-Unis et la Grande-Bretagne ont lancé jeudi des frappes contre plus d’une douzaine de cibles liées aux Houthis au Yémen – quelques jours seulement après que les rebelles soutenus par l’Iran ont mené leur « plus grande attaque » à ce jour contre des navires de transport dans la mer Rouge, a annoncé le président Biden.
Ces frappes de représailles marquent la première fois que des attaques ciblent des militants houthis depuis qu’ils ont commencé à lancer leurs attaques dans la mer Rouge l’année dernière et les premières frappes déployées par les États-Unis contre les Houthis au Yémen depuis 2016.
« Ces frappes sont une réponse directe aux attaques sans précédent des Houthis contre des navires maritimes internationaux en mer Rouge – y compris l’utilisation de missiles balistiques antinavires pour la première fois dans l’histoire », a déclaré Biden dans un communiqué publié par la Maison Blanche.
« Ces attaques ont mis en danger le personnel américain, les marins civils et nos partenaires, mis en péril le commerce et menacé la liberté de navigation. »
L’Australie, Bahreïn, le Canada et les Pays-Bas ont offert leur soutien aux frappes américano-britanniques, a ajouté Biden. »
Attaque du Yémen qui s’est faite sans l’autorisation du Congrès, mais ce dernier laissera faire :
« Alors qu’un certain nombre de Républicains ont critiqué l’opération – parmi lesquels le représentant de tendance libertaire Thomas Massie – plusieurs membres du propre parti de Biden ont également critiqué la décision.
La représentante démocrate du Michigan, Rashida Tlaib, a fait valoir que Biden n’avait pas l’autorité nécessaire pour approuver l’action militaire, affirmant qu’il « violait l’article I de la Constitution » et que les Américains étaient « fatigués d’une guerre sans fin ».
D’autres Démocrates, dont Ro Khanna, Val Hoyle et Mark Pocan, ont présenté un argument similaire, Khanna écrivant un long article sur X (anciennement Twitter) affirmant que Biden « doit se présenter au Congrès avant de lancer une frappe contre les Houthis au Yémen et nous impliquer dans un autre conflit au Moyen-Orient. C’est l’article premier de la Constitution. Je défendrai cela, que la Maison Blanche soit démocrate ou républicaine », a-t-il ajouté.
Le sénateur républicain Mike Lee s’est ensuite prononcé sur les frappes en déclarant : « Je suis totalement d’accord avec [Ro Khanna]. La Constitution compte, quelle que soit l’affiliation à un parti. »
Un bombardement peu utile :
« Une grande partie de la capacité offensive des Houthis reste intacte après les frappes aériennes menées par les États-Unis
Les frappes ont porté atteinte à la capacité du groupe à mener des attaques complexes de missiles et de drones, ont déclaré des responsables américains, mais l’identification des cibles s’est avérée être un défi. »
Comme le fait remarquer une analyse de Bloomberg, les Etats-Unis sont pris dans leur propre piège au Moyen-Orient :
« Il y a au moins deux points de vue que l’on peut adopter sur la décision américaine, rejointe par la Grande-Bretagne, de frapper des cibles Houthis au Yémen vendredi matin. Même si elles sont totalement contradictoires, les deux seraient correctes.
La première est que c’était inévitable. Tant sur le plan politique que pour conserver une dissuasion crédible contre de nouvelles actions hostiles de l’Iran et de ses mandataires, ne rien faire n’était tout simplement pas une option pour le président Joe Biden. Le deuxième point de vue, et sans doute la raison pour laquelle il a d’abord hésité, est qu’il y a peu de chances de succès et un risque mesurable d’escalade.
Si les objectifs stratégiques des États-Unis sont de restaurer la libre circulation des échanges commerciaux à travers la mer Rouge, d’empêcher la guerre entre le Hamas et Israël à Gaza de déclencher une conflagration régionale et de contrecarrer les efforts iraniens visant à stopper la normalisation d’Israël vers un Moyen-Orient stable et prospère, alors le feu et le soufre de ce matin risquent de se révéler contre-productifs.
En fait, on ne peut s’empêcher de penser que les États-Unis, comme Israël après le 7 octobre, dansent sur un air qui a été écrit pour eux par une milice voyous dans un quasi-État en faillite qui n’a pas grand-chose à perdre. »
Je dis « leur propre piège » car il suffirait que les Etats-Unis obligent Israël à arrêter le carnage à Gaza pour que les choses se calment et ils en ont les moyens (ne plus livrer de munitions, couper les financements, ne plus soutenir à l’ONU…) mais ils s’empêchent de le faire, préférant se retrouver embourber dans un conflit général au Moyen Orient. Toujours le même comportement autodestructeur, une caractéristique majeure du monde occidental du XXIeme siècle.
La tournée Blinken au Moyen-Orient, cette semaine, n’était donc que « de la poudre aux yeux ». D’abord un vague agrément avec les « pays arabes » :
« Selon le porte-parole de Blinken, Matt Miller, les pays arabes sont prêts à s’associer aux États-Unis pour trouver des solutions à court et à long terme pour les Palestiniens de Gaza, mais seulement si Israël est disposé à les rejoindre.
« Nous avons voyagé dans neuf pays et rencontré les dirigeants de chacun d’entre eux, et avons pu conclure des accords avec tous ces partenaires arabes, ainsi qu’avec la Turquie, disant qu’ils étaient prêts à avoir ces conversations, ils étaient prêts à se coordonner avec les États-Unis et ils étaient prêts à prendre de réelles mesures pour améliorer la vie du peuple palestinien à Gaza et à examiner comment reconstruire Gaza et établir une gouvernance dirigée par les Palestiniens à Gaza », a déclaré Miller à Andrea Mitchell de MSNBC vendredi.
« Mais ils n’étaient disposés à le faire que s’ils avaient un partenaire de l’autre côté en Israël et si Israël était prêt à prendre des mesures concrètes et réelles pour établir un État palestinien indépendant », a poursuivi Miller. »
Or il est évident maintenant qu’Israël ne veut pas d’Etat palestinien.
Puis des rumeurs de désaccord avec Abbas, le chef de l’Autorité palestinienne :
« Le président palestinien a reçu Blinken mercredi au siège présidentiel de la ville de Ramallah.
Citant des sources anonymes, la chaîne de télévision a déclaré que les responsables palestiniens avaient demandé à Blinken de faire pression sur Israël pour qu’il débloque les fonds fiscaux palestiniens.
Les responsables ont déclaré à Blinken : « Si vous ne pouvez pas débloquer les fonds, comment pourrez-vous faire pression sur Israël pour parvenir à la paix et à un État palestinien ? »
Blinken aurait renouvelé son appel à une réforme de l’Autorité palestinienne et de ses services de sécurité.
Les Palestiniens ont répondu en disant : « Vous devriez vous réformer et réformer votre politique à l’égard de la question palestinienne. » »
Car c’est Israël qui récolte les taxes douanières en Palestine et les redistribue à l’Autorité palestinienne selon son bon vouloir.
Il a fini sa tournée en déclarant qu’Israël doit accepter de travailler avec l’Autorité Palestinienne :
« Blinken a visité ces derniers jours les voisins arabes d’Israël pour discuter des plans concernant la future gouvernance de Gaza et l’intégration au Moyen-Orient. Il est actuellement en Israël pour des entretiens avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son cabinet de guerre, formé après les attaques du 7 octobre perpétrées par des militants palestiniens du Hamas qui, selon Israël, ont tué 1 200 personnes.
Blinken a déclaré lundi en Arabie Saoudite que les États de la région souhaitaient une intégration avec Israël – un objectif majeur pour Netanyahu, qui souhaite améliorer les liens économiques à travers le Moyen-Orient. Mais cette normalisation des relations nécessiterait une « voie pratique » vers un futur État palestinien, a déclaré Blinken.
Lors de la conférence de presse de mardi à Tel Aviv, Blinken a refusé de décrire la manière dont Netanyahu et son cabinet ont répondu à son appel en faveur d’un État palestinien, mais a déclaré qu’Israël devrait prendre « des décisions difficiles, faire des choix difficiles » pour profiter de l’opportunité offerte par l’intégration régionale.
Quatre États arabes ont officialisé leurs liens avec Israël dans le cadre de pactes connus sous le nom d’accords d’Abraham : les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc. Les négociations américaines visant à parvenir à un accord normalisant les relations entre Israël et l’Arabie saoudite ont été interrompues lorsque le conflit à Gaza a éclaté en octobre.
Blinken a déclaré qu’Israël devait soutenir les dirigeants palestiniens « qui sont prêts à diriger leur peuple vivant côte à côte en paix avec Israël », une référence apparente à l’Autorité palestinienne (AP), qui exerce une autonomie limitée en Cisjordanie occupée.
« Et Israël doit cesser de prendre des mesures qui compromettent la capacité des Palestiniens à se gouverner efficacement », a ajouté Blinken, critiquant l’impunité pour les violences commises par les colons juifs extrémistes en Cisjordanie, ainsi que pour l’expansion des colonies, les démolitions et les expulsions. »
Dernier exemple en date des actions de l’armée israélienne en Cisjordanie :
« Des images de vidéosurveillance de Beit Rima, en Cisjordanie, semblent montrer l’armée israélienne tirant sur trois Palestiniens, en blessant deux et en tuant un, sans provocation. Les images de l’incident montraient un Palestinien abattu se tenant sur une place centrale. Deux autres hommes se précipitent à son secours avant d’être également abattus. La fusillade mortelle dans le village la semaine dernière est le dernier d’une série d’incidents au cours desquels les soldats ont semblé tirer sans provocation, une tendance qui, selon les Palestiniens, s’est aggravée depuis le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza il y a trois mois. »
Plus discret médiatiquement, Borell faisait une visite de deux jours au Liban :
« La mission sera l’occasion de discuter de tous les aspects de la situation à Gaza et aux alentours, y compris son impact sur la région, en particulier la situation à la frontière israélo-libanaise, ainsi que l’importance d’éviter une escalade régionale et de maintenir le flux de troupes. l’aide humanitaire aux civils, que l’Union européenne a quadruplée pour atteindre 100 millions d’euros.
La haute représentante soulignera à nouveau la nécessité de faire progresser les efforts diplomatiques avec les dirigeants régionaux en vue de créer les conditions nécessaires à une paix juste et durable entre Israël, la Palestine et dans la région. »
Pendant que Blinken et Borell faisait de leur mieux pour empêcher que le Moyen-Orient ne s’enflamme, Israël continuait comme si de rien n’était :
« Une frappe aérienne israélienne a tué lundi un commandant d’élite du Hezbollah dans le sud du Liban, la dernière en date d’un échange croissant de frappes de l’autre côté de la frontière qui ont fait craindre une nouvelle guerre au Moyen-Orient, alors même que les combats à Gaza font payer un lourd tribut aux civils.
L’attaque contre un SUV a tué un commandant d’une unité secrète du Hezbollah qui opère le long de la frontière, selon un responsable de la sécurité libanais qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat, conformément à la réglementation. Le commandant, Wissam al-Tawil, était un vétéran de la force libanaise soutenue par l’Iran qui a participé à l’enlèvement transfrontalier de deux soldats israéliens en 2006 qui a déclenché la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah, a déclaré un responsable du groupe. »
La réponse fut immédiate :
« Israël et le Hezbollah se sont rapprochés mardi d’une guerre à grande échelle, alors que le groupe militant libanais soutenu par l’Iran a lancé des drones explosifs sur une base de commandement israélienne clé, déclarant que l’attaque faisait partie de sa réponse aux récents assassinats israéliens de haut niveau au Liban.
Le Hezbollah a annoncé avoir lancé « un certain nombre de drones d’attaque explosifs » sur la base de commandement militaire du nord d’Israël à Safed, la première fois qu’il cible le site.
Alors que les sirènes des raids aériens retentissaient dans le nord d’Israël mardi, des avions, des drones et de l’artillerie israéliens ont frappé plusieurs cibles dans le sud du Liban, y compris une frappe sur une voiture lors des funérailles d’un haut commandant de la force d’élite Radwan du groupe qui avait été tué la veille. »
Pourtant, même les services secrets étasuniens le disent :
« Une évaluation secrète de la Defense Intelligence Agency (DIA) à Washington a révélé que les forces israéliennes auraient « du mal à réussir » dans une guerre sur deux fronts contre le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban, a rapporté dimanche le Washington Post.
Alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a promis d’apporter un « changement fondamental » à la situation sécuritaire le long de la frontière libanaise, des responsables américains l’ont mis en garde en privé contre l’ouverture d’un deuxième front, a rapporté le Washington Post.
« Si tel était le cas, une nouvelle évaluation secrète de l’Agence de renseignement de la défense (DIA) a révélé qu’il serait difficile pour les Forces de défense israéliennes (FDI) de réussir parce que leurs moyens et ressources militaires seraient trop dispersés compte tenu du conflit en cours. Gaza », citant deux responsables anonymes et un rapport classifié de la DIA. »
Et la colonisation continue de plus belle :
« Les législateurs israéliens le disent haut et fort : migration massive depuis Gaza et réinstallation des Juifs
Lors d’une réunion du caucus, les législateurs israéliens de droite ont donné des conseils tels que « dans le nord de la bande de Gaza, nous devons d’abord conquérir, annexer et détruire toutes les maisons ». Chaque fois que quelqu’un mentionnait la recolonisation de Gaza, de vifs applaudissements éclataient »
Et puis, clou sur le cercueil, l’accueil de Blinken par Nethanyahou :
« Signe possible de discorde lors de la rencontre du Premier ministre Benjamin Netanyahu avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken plus tôt dans la journée, le bureau du Premier ministre n’a pas publié de compte rendu de la réunion, comme il le fait habituellement.
Il a refusé également d’envoyer les comptes rendus de la réunion de Blinken avec le cabinet de guerre. »
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En ce moment, les médias parlent régulièrement de « frappes russes sur les villes ukrainiennes », sans expliquer le pourquoi du comment. De Defensa nous explique ce qu’il en est :
« Nous avons eu désormais trois très puissantes attaques de missiles en trois semaines, avec des résultats absolument dévastateurs. Nous pouvons dire sans la moindre équivoque qu’ils ont créé un choc terrible dans l’ensemble du système de l’OTAN parce que l’Ukraine avait été équipée [ces derniers mois] avec au moins un tiers de toutes les capacités de défense aérienne de l’OTAN, – missiles et centres de commandement, de repérage, de guidages, y compris les radars les plus avancés dont certains venus d’Israël, – installés à Kiev et dans toute l’Ukraine et remplaçant l’ancien système hérité de l’ère soviétique en service jusqu’au printemps 2023 et qui a été anéanti par les Russes dans les mois suivants.
» Tout cela été remplacé par l’Ouest à l’automne 2023 par les systèmes les plus avancés de l’OTAN, et mis complètement à genoux par les trois dernières attaques russes. Ce point a été confirmé de tous côtés, avec une documentation importante, avec des photos… Ce système a donc été pénétré, complètement maîtrisé sinon anéanti, avec des dommages colossaux, et cela grâce aux missiles ‘Kinzhal’… »
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Régulièrement, nous observons des signes de schizophrénie chez le gouvernement étasunien. Or un récent événement nous en donne une des causes. Une très mauvaise communication au sein du gouvernement :
« Le Pentagone n’a pas informé le président Joe Biden et d’autres hauts responsables de l’hospitalisation du secrétaire à la Défense Lloyd Austin pendant trois jours, ont déclaré trois responsables américains.
Le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, et d’autres hauts collaborateurs de la Maison Blanche n’étaient pas au courant de l’hospitalisation d’Austin le 1er janvier jusqu’à ce que le ministère de la Défense leur envoie un message le 4 janvier, ont déclaré deux autres responsables américains. Sullivan a informé Biden peu de temps après la notification du DOD jeudi.
Les responsables ont déclaré qu’il était hautement improbable qu’Austin ait informé Biden en privé avant le briefing de Sullivan. « Si Jake ne le savait pas, le président ne le saurait pas », a déclaré l’un d’eux. « Qui lui aurait parlé de l’état d’Austin si ce n’était Jake ? Et si quelqu’un l’avait dit au président, Jake aurait été son premier appel.
Tous les responsables et autres personnes qui ont parlé de cette histoire ont bénéficié de l’anonymat pour discuter d’une question sensible. »
Cela veut dire qu’en pleine période de tension militaire au Moyen-Orient, le ministre de la défense s’absente plusieurs jours sans que le reste du gouvernement ne soit au courant.
Réaction de Biden après une telle nonchalance de la part de son ministre :
« « Le président a une confiance totale dans le secrétaire Austin », a déclaré le responsable. Un porte-parole du Conseil de sécurité nationale a fait écho à ce sentiment, notant que Biden « attend avec impatience que [Austin] revienne au Pentagone ».
Voici une capture d’écran du site web d’une des plus grandes compagnies d’armement étasuniennes ou l’actuel ministre de la défense, celui dont parle l’article ci-dessus, est désigné comme faisant partie du conseil d’administration :
« Lloyd Austin est un membre du conseil d’administration de Raytheon Technologies. Il y apporte son expertise gouvernementale, son expérience dans les affaires internationales. Il en est membre depuis 2016. »
Ceci expliquant surement cela.
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En Europe la paranoïa envers la Russie continue d’être poussée par les médias anglais et étasunien. En témoigne cet article d’un commentateur politique étasunien :
« L’armée britannique va devenir la première ligne de défense européenne si Vladimir Poutine envahit. »
Des milliers de troupes seront en alerte pour se déplier en « quelques jours » alors que le Royaume Uni prend le commandement de la « force de réaction très rapide » à partir du 1er janvier. »
Les Etats-Unis étant bloqués par le Congrès dans leur aide à l’Ukraine c’est naturellement la Grande Bretagne qui reprend le flambeau :
« Ce n’est pas encore la guerre de Crimée, façon 19ᵉ siècle, avec le Royaume-Uni confrontant l’Empire russe, mais la signature vendredi à Kiev d’un accord bilatéral de coopération en matière de sécurité, entre Londres et Kiev, représente « un événement historique, sans exagération », selon les mots de Ihor Jovka, un proche conseiller de Volodymyr Zelensky.
« Cela signifie d’abord plus de sécurité, des armes antichars, des missiles, des centaines de milliers de nouveaux obus d’artillerie et la formation de milliers de soldats ukrainiens », a déclaré Rishi Sunak, qui a reçu une standing ovation au Parlement ukrainien, après y avoir déployé le drapeau de l’Union Jack, signé par tous les membres de son cabinet.
C’est la première fois qu’un pays signe avec l’Ukraine un tel accord réciproque de sécurité : le texte garantit qu’en cas d’agression extérieure, ou bien aggravation de la situation actuelle, la Grande-Bretagne s’engage à coordonner une réponse d’urgence dans les 24 heures. Une réponse qui passera le cas échéant par une livraison immédiate et automatique d’équipements militaires, aussi bien sur terre, sur mer que dans les airs, sans demande préalable.
Il n’en a pas fallu plus à Dmitri Medvedev, le vice-président du Conseil de sécurité russe, pour déclarer que tout déploiement de troupes britanniques en Ukraine serait considéré comme une déclaration de guerre entre Londres et Moscou. »
Dans cette vidéo où David Cameron réitère son soutien à long terme à l’Ukraine, on voit bien son incompréhension devant le fait que la Russie résiste encore alors qu’elle a tout l’OTAN contre elle :
« Notre objectif est qu’avec nos alliés nous allons clairement montrer à Poutine qu’il ne peut pas nous éviter, que l’on n’est prêts à supporter l’Ukraine jusqu’en 24, 25, 26.
Nous sommes préparés à accorder ce support car c’est absolument le challenge de notre génération.
Je ne veux pas rentrer dans les chiffres, au niveau munitions et tout le reste mais vous savez, il suffit d’additionner le PIB des pays de la coalition et l’on dépasse la Russie de 1 à 25, il ne devrait donc pas être impossible pour nous d’être suffisamment industrialisé. »
Un discours de technocrate qui n’a toujours pas pris les leçons du Vietnam, de l’Afghanistan, du Yémen, et bien d’autres échecs militaires occidentaux et qui, surtout, ne réalise pas qu’une des causes majeures de ce problème [l’approvisionnement en armes et munitions] est que les Etats européens ne peuvent plus réquisitionner les entreprises pour cause de guerre, ultralibéralisme oblige, alors que c’est ce qu’a fait la Russie. Mais une telle évidence est tellement en dehors de leur champ idéologique qu’ils ne peuvent même pas y penser.
Le magazine spécialisé étasunien Defense News est du même avis :
« La stratégie industrielle du Pentagone décrit le problème, pas la solution
De grands changements sont nécessaires pour résoudre les problèmes liés à la base industrielle de défense et à la chaîne d’approvisionnement des États-Unis.
Le ministère de la Défense a publié jeudi ce qu’il a qualifié de première stratégie industrielle de défense nationale en son genre. Comme la plupart des stratégies de ce type, celle-ci ne parvient pas à fournir un regard sans crainte sur les causes profondes et les actions spécifiques nécessaires à une amélioration rapide, mesurable et durable. Mais ces pages contiennent des lueurs d’espoir et des graines pour les plans de mise en œuvre les plus importants. »
Mais, évidemment, la solution proposée par le magazine n’est, elle aussi, pas la solution :
« Ces échecs mettent également en évidence les décalages entre la politique, la programmation et la budgétisation au sein du ministère de la Défense et l’incapacité du budget à soutenir les stratégies de sécurité nationale et de défense désormais dangereusement dépassées.
Pendant trop longtemps, le ministère de la Défense a essayé de prétendre qu’il pouvait continuer à faire ce qu’il faisait et à le faire dans le cadre de budgets qu’il savait trop faibles. Pour combler ces lacunes, elle a tenté de prétendre qu’elle pouvait réduire ses forces dès maintenant en échange d’une augmentation de ses capacités plus tard, tout en continuant à atteindre ses objectifs stratégiques. Nous pouvons clairement voir que ces compromis ne fonctionnent pas. Pas pour la force. Pas pour la mission. Et pas pour l’industrie ou la nation. »
Le Pentagone bénéficie déjà d’un budget supérieur à celui de tous les ministères de la défense du reste du monde réunis. L’augmenter encore n’est donc surement pas la solution. Sauf pour les entreprises du CMI qui bénéficient de cette gabegie.
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Pour finir, une autre vidéo, de Zelensky à l’époque où il était amuseur public à la TV ukrainienne, montre comment le comportement d’un individu est, comme le montre la célèbre expérience dite de « la prison de Stanford » dont je vous avais déjà parlé, surtout le résultat de sa place dans la société. :
« Je vous le promet, l’année prochaine je reprends la Crimée. Bien sûr, je suis le premier à ne pas y croire, (rires du public) mais en tant que président, je suis obligé de vous donner confiance, la foi en l’avenir, bla bla bla et tous ces genres d’absurdités ».
Une caricature de ce qu’il est, maintenant que c’est lui le président.
A lundi prochain