Par Tom Luongo – Le 18 avril 2023 – Source Gold Goats ‘N Guns
Les « Pentagon Papers » font le tour du monde comme le grand événement de ces deux dernières semaines. La controverse porte sur les « fuites » de documents d’information stratégiques détaillant les plans futurs des États-Unis pour la guerre en Ukraine. J’ai suivi cette histoire d’un œil attentif, mais j’ai voulu attendre de voir comment elle évoluait avant de la commenter.
Je sais, il est rare de nos jours que l’on n’opte pas pour l’appât à clics au plus fort de l’anxiété.
Ce matin, Kit Knightly, du Off Guardian, a publié un article très intéressant sur le processus de désinformation, qui mérite qu’on s’y attarde. Même si je ne suis pas d’accord avec sa conclusion, ou plus précisément si je suis ouvert à une conclusion différente, son Disinfo Radar n’est pas loin du point zéro de l’étalonnage.
Cette fuite a toutes les caractéristiques d’un faux, selon l’heuristique en 5 points de Kit, une heuristique qui, selon moi, a de la valeur, mais pas une valeur singulière. Cette « fuite » ne correspond pas à ce modèle en raison des autres réactions qu’elle a suscitées. En effet, tandis que les médias devaient balayer l’affaire, leur rôle de gardien de l’information a été mis à rude épreuve. Or il s’avère que ce n’est pas dans l’habitude des détenteurs du pouvoir de faire ça. Nous y reviendrons plus tard.
Black is the new Red
Pour l’instant, concentrons-nous sur ceux qui ont des lunettes noires, ceux qui vivent dans un état perpétuel de cynisme. Pour eux, il est facile de rejeter cet événement de la manière dont Kit le fait, en le considérant comme quelque chose qui déplace la fenêtre d’Overton de manière à renforcer le récit dans lequel ils veulent que vous soyez engagés – dans ce cas, nous manœuvrer pour soutenir une autre guerre pour le mondialisme.
Il s’agit d’un contenu conçu, dans le langage des médias sociaux, pour stimuler l’engagement. Parce que le système s’est adapté, ils ne fabriquent plus le consentement, ils cultivent la participation. Les réfutations hargneuses et les louanges chaleureuses s’enregistrent de la même manière dans l’algorithme. Ils ne veulent pas votre accord, ils veulent votre attention. Et lorsqu’ils sentent que l’histoire est en train de perdre son public, eh bien, voici quelques faits super secrets que vous n’êtes pas censés connaître.
C’est un excellent point sur lequel je suis d’accord, en théorie. Oui, ils utilisent de multiples approches pour influencer l’opinion publique. Oui, ils aiment distribuer des pilules rouges aux gens normaux pour leur donner la dopamine bon marché de la « compréhension des choses » .
Mais le problème avec ce type de compréhension, c’est justement qu’il s’agit d’une forme de psy-op.
Le fait d’identifier formellement ce phénomène donne aux agents de la désinformation la possibilité d’utiliser ces deux techniques (et d’autres encore) pour que des gens comme Kit et des compagnons de route comme Whitney Webb et d’autres ne cessent d’essayer de comprendre de quoi il s’agit.
Je déteste mettre Whitney sur la sellette parce que je l’apprécie sincèrement et que je pense qu’elle est une analyste honnête, mais je dois le faire à cause de son obsession actuelle, Jamie Dimon, au sujet duquel de nombreuses personnes m’ont posé des questions (encore une fois, j’y reviendrai plus tard).
Ce qu’il faut observer, c’est que lorsqu’ils ont compris, ils écrivent, parlent et envoient des messages à ce sujet.
Cela génère du trafic, donne un retour positif et a toutes les apparences du vrai journalisme et de la sincérité (ce dont je ne doute pas, soit dit en passant), mais est-ce pour la bonne raison ?
Il me semble que c’est de la poudre aux yeux pour que les gens intelligents se sentent intelligents et pensent avoir une longueur d’avance sur les méchants. Les réactions positives stimulent la croissance du nombre d’abonnés et du chiffre d’affaires, renforçant ainsi l’idée du travail bien fait.
Mais est-ce vraiment le cas ? Ou s’agit-il simplement de rats qui suivent la piste tracée pour eux par les marchands de fromage ?
Je dis cela en tant que personne très consciente de sa propre tendance à agir de la sorte. Il n’est pas difficile de tomber dans le mauvais trou de lapin, obsédé par les faits sans savoir ce qu’ils signifient…
C’est pourquoi toute heuristique dans un espace d’information aussi pollué que celui-ci nécessite une vérification constante des erreurs.
Converser avec les tyrans
Découvrir les techniques de contrôle, c’est découvrir les mécanismes. Dans ce cas, cependant, on a l’impression de découvrir l’agenda, mais je ne pense pas que ce soit le cas ici.
En fin de compte, cela rappelle le destin ultime de Gene Hackman dans le film classique de Coppola, The Conversation, jouant de son saxophone dans les ruines de son appartement, une fois sa paranoïa satisfaite.
Malgré toutes ses compétences et sa virtuosité, au lieu d’être un atout, il a été rayé de la carte tandis qu’il chassait les ombres.
C’est le piège de se concentrer sur le quoi (la corruption) et le comment (les mécanismes) mais pas sur le pourquoi.
Il s’agit d’un problème grave pour l’avenir.
Il va sans dire qu’il faut se méfier de ceux qui détiennent le pouvoir. Nous opérons tous dans ce domaine avec cette motivation de base. Il n’y a pas de doute. Il est de notre devoir de découvrir des vérités, mais il est également important de remettre en question nos propres cadres, de peur que nous ne devenions des répétiteurs réflexes de la désinformation que nous croyons dévoiler.
Ainsi, dans ce cas, rejeter les Pentagon Papers comme une simple technique de contrôle peut sembler juste mais être complètement faux parce que cela suppose l’erreur fondamentale de cette période de l’histoire, qui consiste à croire qu’il n’y a qu’un seul grand club qui se dispute le contrôle de l’Occident.
L’enfer de la division
J’ai produit de nombreux articles qui plaident en faveur d’une contre-révolution au sein de la hiérarchie du pouvoir américain. Le principe de base est que lorsque des groupes s’approchent de menaces existentielles pour leur pouvoir et/ou leur position, ils réagissent de manière prévisible pour maintenir leur pouvoir.
Ce n’est pas compliqué. Mais cela signifie que les personnes corrompues peuvent agir à l’encontre de la manière dont elles ont réagi précédemment, en abandonnant d’anciennes relations. Je n’ai jamais cru que l’identité de groupe était éternelle parce que je ne crois pas que les cartels soient autre chose que méta-stables, basés sur une coïncidence mutuelle des besoins.
C’est pourquoi nous devons rester ouverts aux gens qui nous surprennent par des actions qui semblent hors normes.
Seuls les plus nihilistes sur le plan idéologique suivraient la voie de Davos. Seuls ceux dont la haine de l’humanité est née d’un profonde source d’amour pour tout ce qui est malthusien nous amèneraient à ce point. [invitant à une guerre ouverte entre puissances dotées de l’arme nucléaire]. Et nier qu’il y ait quelqu’un en mesure de s’opposer à cela de notre côté du nouveau mur de Berlin n’est qu’une capitulation déguisée en cynisme. ( je souligne)
Pour comprendre à quel point Davos est vraiment fragile, je vous propose la situation suivante : pour le prix de quelques centaines de points de base, la Fed a forcé un coup d’État au Royaume-Uni, la BCE a entamé un cycle de resserrement avec un contrôle accru de la courbe des taux, FTX et sa pyramide de Ponzi en crypto-dollars offshore en plein essor ont probablement explosé, et la Banque nationale suisse a été contrainte d’intervenir contre la ruée sur le Crédit suisse.
Cela me ramène aux Pentagon Papers. C’est le comble de la folie de croire qu’il n’y a pas de gens qui essaient honnêtement d’arrêter ce train avant qu’il ne s’arrête à la Troisième Guerre mondiale. Il est franchement irresponsable de considérer cette fuite comme une brique de plus dans le mur impérial sans envisager sérieusement l’idée qu’elle a été faite par des patriotes au Pentagone.
Car il est très facile de construire cet argument, surtout si l’on considère à quel point la réponse de l’administration « Biden » a été exagérée. Pensez-vous que John Kirby soit vraiment aussi doué pour la désinformation et la fausse piste ?
Je ne le pense pas.
En fait, son échange avec les médias indique clairement que l’administration n’avait pas prévu ce genre de chose. Lorsque les médias demandent ouvertement comment ils peuvent aider (ce qui semble confirmer le point 1 de Kit), nous sommes entrés dans un nouveau territoire. Pourquoi ?
Parce qu’il n’en a jamais été ainsi auparavant. Oui, nous savions que les médias étaient des sténographes de cour, des gens comme Kit et moi-même le savions depuis plus d’une décennie. Mais brûler ouvertement ce qui reste de leur crédibilité pour soutenir la désinformation afin de préserver les secrets de l’administration, c’est quelque chose de très très nouveau.
Il ne s’agissait pas d’une manœuvre d’échecs doublement secrète en 12 D réalisée par des joueurs hypercompétents. Il s’agissait bien plus de ce à quoi cela ressemblait à première vue, un moment de panique brutale de la part de personnes dont les mensonges ont été dévoilés, et ce dans le but de limiter les dégâts.
Voici une meilleure question qui circule depuis des jours : comment les gens du FBI peuvent-ils trouver l’auteur de la fuite si rapidement alors qu’ils sont aussi incapables de garder un secret que de localiser leur cul avec une carte et leurs deux mains ?
Votre vision du monde est-elle si noire que vous ne puissiez même pas envisager que ce « passionné d’armes à feu » de 21 ans (comme si c’était péjoratif), tout droit sorti du Casting central des merdeux de gauche, ne leur ait pas été donné en pâture pour que leur réponse paraisse aussi insensée qu’elle l’était ?
Cela ne ressemble pas à de la panique pour vous ?
Sérieusement, si ce gamin était un patriote aussi égaré qu’on le décrit, vous ne pensez pas qu’il ne se serait pas penché sur la question et qu’il n’aurait pas pris fait et cause pour un officier supérieur qu’il respecte et qui essaie d’empêcher l’armée américaine d’être entraînée dans une nouvelle guerre qu’elle ne pourrait pas gagner ?
Je ne dis pas que c’est vrai. Ce que je dis, c’est que vous ne pouvez pas réduire cette possibilité à zéro, ou même ne pas la considérer comme très probable, simplement parce que votre cynisme est votre mécanisme de défense contre la déception.
Dans mon monde, le Complexe militaro-industriel est terrifié à l’idée que tout le monde découvre que ses armes ne fonctionnent pas. Le ministère de la défense est tout aussi terrifié à l’idée que nous découvrions qu’il a dépensé des milliers de milliards pour le bien-être impérial et pas grand-chose pour la préparation militaire réelle, ou qu’Obama et compagnie l’ont délibérément laissé à l’état de coquille vide.
Ce qui devrait vous effrayer davantage, c’est de savoir pourquoi on a laissé faire cela et pour qui c’était un objectif stratégique.
Voilà une question à laquelle personne à Washington ne veut répondre !
Même si vous pensez que tout cela n’est qu’une vaste escroquerie visant à continuer à plumer les Muppets pour obtenir des crédits annuels, il n’y a pas lieu de penser qu’ils ont divulgué ces plans pour vendre davantage d’armes.
Car il s’agirait d’une affaire réglée d’avance. Vendre des armes pour quelques trimestres dans une crise de la dette souveraine et de la monnaie pour perdre une guerre (ou deux) qui culmine dans l’humiliation complète de l’armée américaine.
Il est impossible que les patriotes du Pentagone et les escrocs du CMI adoptent cette stratégie. Les motivations ne concordent pas.
Parler à la main invisible
De la même manière, comme je le soutiens depuis près de deux ans, les motivations de Wall St. et de la Fed ne s’accordent pas non plus. Ce qui me ramène à Whitney Webb et au PDG de JP Morgan Chase, Jamie Dimon. Whitney fait le tour des médias avec son dernier exposé sur les liens entre Dimon et Jeffrey Epstein.
Je ne me prononce pas sur la qualité du travail de Whitney ni sur ses motivations.
Le moment choisi coïncide, bien sûr, avec les ennuis judiciaires de Dimon sur le même sujet, qui, nous le savons, est une question hautement politisée. Or, s’il est une personne qui a le pouvoir de soutenir les efforts de la Fed pour reprendre le contrôle de sa politique monétaire, c’est bien Jamie Dimon.
En tant que tel, Dimon représente l’une des plus grandes menaces pour les résultats souhaités par Davos, à savoir un avenir dominé par une surveillance totale de toutes les activités financières via les CBDC. Qu’on ne s’y trompe pas, je n’ai pas du tout confiance en Dimon, mais je sais aussi qu’il est un point d’appui sur lequel reposent de nombreux projets d’avenir.
Ainsi, pour moi, ses nouveaux problèmes juridiques sont une contre-attaque contre lui, dans le cadre d’une campagne classique de dénigrement et d’exhumation de vieux dossiers visant à faire pression sur lui pour qu’il quitte son poste. Si vous pensez que JPM est un monolithe, vous avez une vision simpliste des organisations. Ce n’est pas le cas. Il y a beaucoup de gens chez JPM qui vendraient Dimon pour beaucoup moins que trente pièces d’argent.
Si Davos ne peut pas se débarrasser de Jerome Powell à la Fed, Dimon est la meilleure cible suivante.
Cela ne veut pas dire que Whitney ne devrait pas nous informer des connexions de Jamie Dimon, de son passé, etc. Mais prouver que Dimon est sale, c’est comme prouver que le soleil se lève à l’est. Ses récents commentaires dans le rapport annuel de JPM sur l’utilisation de l’expropriation pour se procurer de l’énergie stable pour l’avenir s’expliquent facilement.
Wall St. aime les échanges unilatéraux et la définition de la politique monétaire. Il est fort probable que Powell perde le combat politique au Capitole et que JPM doive soutenir des politiques climatiques débiles sous peine de disparaître, il est donc logique de jeter un os aux fous de Davos. Mais sa position selon laquelle le pétrole a besoin d’investissements importants est également authentique.
Tout le monde s’est concentré sur les fermes solaires et les éoliennes, mais la déclaration de Dimon incluait également la seule chose pour laquelle vous utiliseriez réellement l’expropriation… les pipelines. Et les oléoducs sont un des grands interdits de Davos.
Le vrai travail du journaliste/analyste est de se demander pourquoi, tout d’un coup, nous connaissons les associations passées de Dimon avec Epstein ?
Qui a semé cette information dans le zeitgeist ? Si vous voulez mordre à l’hameçon et « dévoiler le vrai Jamie Dimon » , ne devriez-vous pas aussi vous demander pourquoi quelqu’un vous a mis cette idée en tête ?
Si vous êtes vraiment intéressé par la vérité, vous devriez toujours garder votre radar en bon état de marche.
Mais si Dimon est vraiment un larbin du WEF/Davos, alors pourquoi est-il poursuivi par une parodie de tribunal similaire à ce que Donald Trump subit actuellement (également un ennemi de Davos) et à ce qui a été fait à Matteo Salvini en Italie pour sa politique en matière d’immigration.
Personne ne défend Jamie Dimon en tant que victime d’une campagne de diffamation soutenue par Soros parce qu’il est l’incarnation de ce qui est détesté dans le monde en ce moment : un homme riche et blanc, PDG de la banque la plus puissante du monde.
Demandez-vous qui a intérêt à le faire tomber.
Si Dimon était un larbin de Davos comme le suggère Whitney, pourquoi ses problèmes juridiques ne disparaissent-ils pas au lieu de se multiplier ?
C’est le cœur de l’une de mes heuristiques de base pour essayer de distinguer les vraies informations des fausses : qu’essaie-t-on de me faire croire à propos de ce qui se trouve devant moi ? Est-ce que j’y crois ?
Pourquoi cela est-il amplifié par les moteurs de réponse des médias sociaux ?
Cette question est d’autant plus pertinente que l’on sait pertinemment que si Dimon est sur la sellette, c’est parce qu’il a ouvertement défié l’orthodoxie de Davos en matière de changement climatique en se faisant l’écho de la rhétorique de Powell selon laquelle les taux doivent rester plus élevés plus longtemps, parce que sa société a été à l’avant-garde de la transition d’un système d’eurodollars soutenu par le LIBOR vers un nouveau système centré sur les États-Unis et fondé sur le SOFR, et parce qu’il s’est rendu à Davos 2023 cette année et a proclamé que le pétrole serait encore là pour les cinquante prochaines années.
En fin de compte, la conversation que nous devrions avoir n’est pas de savoir qui a fait quoi avant que le jeu n’atteigne sa phase terminale, mais qui ils deviendront lorsque leur tête sera sur le billot et pourquoi ?
Et c’est là la véritable heuristique nécessaire pour déterminer où vont les choses et qui est de quel côté.
Tom Luongo
Traduit par Zineb, relu par Wayan, pour le Saker Francophone