Par Bernard Pons − Juillet 2024
Le philosophe André Suarès disait : « la raison oblige, elle contraint, mais la beauté délivre.» Délivrer, ça veut dire précisément refaire naître en nous cette aspiration à la liberté. Cette aspiration à la liberté, c’est la vie, c’est le mouvement.
Chercher la beauté ; c’est aimer. Littéralement fabriquer de l’amour, le produire avec votre énergie la plus intime. Soyez conscient de ce que vous aimez, l’amour est le lien entre tout. Aimez votre terre votre tribu. La tribu est la base sécure de notre être, car sa définition réside dans l’impossibilité d’en être éjecté. Nous sommes animal dans une tribu.
La liberté n’est pas l’absence de contraintes. Dans un monde sans contraintes, il est impossible de construire, essayez de fabriquer un moteur sans contraintes. Impossible. La liberté absolue est un monde sans moteur, la vie incarnée par des lions dans la savane. Les lions ne discutent pas de contraintes. Ça sert à quoi un moteur ? ben si on te demande, à faire tourner les manèges à petits chevaux, à installer des petits bals perdus, à faire la fête ! Un moteur sert à fabriquer la liberté, La liberté n’est pas l’absence de contraintes ; mais la gestion des contraintes. Nous sommes autonomes car nous sommes dans quantités d’interdépendances, nous sommes libres car nous sommes portion d’une tribu. Enlevez la tribu, la nation, les frontières et vous vous enlèverez la liberté.
Notre puissance individuelle est fournie par ce lien, plus vous aimez votre terre, vos semblables, les liens qui lient vos semblables, plus vous êtes puissant. Et alors vous vous donnez le droit de penser, d’être libre, d’être humain. Le but n’étant pas d’être heureux, qui est une piètre consommation, mais bien d’être humain. Dans sa dimension divine.
« Si on oublie l’animalité en nous alors on sombre dans la bestialité ». Heidegger.
Pendant des millénaires la terre était sacrale, et donc inappropriable. Il faut rappeler que la racine indo-européenne fondamentale et primordiale du sacral, le sc, le ske, signifie inappropriable, intouchable, non monnayable.
Ce qui fonde notre puissance, c’est notre sacralité, la troisième voie c’est cette communauté primordiale, cette communauté organique comme nous la trouvons dans la cellule nucléaire familiale / ethnique ; quelle que soit sa dimension. La civilisation ne se vend pas, la civilisation ne s’achète pas, elle est notre sacralité. Les hommes sur cette terre communient et produisent ensemble articulant la direction d’évolution du groupe par le peuple.
Mais voilà ; nous sommes quelques années après le néolithique. Le plus gros marché est celui des obligations – les biens nommées -. Vous savez ce que c’est une obligation ? C’est le marché de la dette. Les entreprises ou l’état créent des titres de dettes ; mais quel est l’engagement du titre ? c’est vous ! Vous êtes acheté et vendu comme des ressources.
Est-ce que j’ai la gueule d’une ressource ?
Comprendre le peuple comme ressource revient à le juger ; le quantifier pour pouvoir le négocier. Et quelque chose de déjà jugée devient quelque chose d’inintelligent. Le jugement commence quand la pensée s’arrête ; Le jugement bloque l’intelligence ; une fois que quelque chose est jugée ; il est fixé, sans évolutions possible. Ou alors avec une évolution contrainte. Ce qui implique que la direction d’évolution vient du haut, ou du diable, mais d’une autre entité que le peuple. Ce qui est contraire à la liberté.
Revenons sur terre ; pourquoi la guerre ? Car les banques occidentales veulent pouvoir spéculer sur les peuples ; Ukrainien, Gazaouite, tout ce qui vit. Cela nous enrichira me direz-vous, oui, mais nous contraindra, cela augmente le paradigme d’un système mortifère finalement fatal.
Il nous faut bien comprendre que cette idéologie esclavagiste des temps modernes n’est pas universelle ; l’idée qu’un jour un paysan dit à sa femme « la terre est moche mais l’usine est belle, nous allons partir à la ville » n’a jamais eu lieu. Ils sont partis parce qu’on les a expropriés de leur terre commune. Mais en les expropriant de leur terre commune, on ne les a pas simplement expropriés d’une matérialité spatiale, on les a expropriés d’une communion transcendantale. Et, là, la grande misère civilisationnelle du temps contemporain s’est accélérée. Nous dit Cousin.
Nous avons vu que les hommes sur cette terre communient et produisent ensemble par un chaos productif. Le chaos n’est qu’une incomplétude de l’ordre, l’incomplétude est ontologique de la conscience sacrée. Les hommes doivent veiller a ne pas être déresponsabilisés par un levier anonyme de leur production qui s’accapare la direction du groupe, car celui-ci organisera la guerre.
Pourtant l’humanité résiste à ce vertige, la majorité des civilisations mondiales ne veulent pas jouer à ce jeu-là. « Le développement oui, mais nous n’allons pas abandonner ce que nous sommes » disent les non-alignés.
Ce que nous sommes c’est des êtres grand et puissant, plus puissant que la structure, c’est le fait des hommes de ne pas être passif, ne soyons pas déresponsabilisés par une structure anonyme; – le jeu n’est pas de bien se placer dans une structure, mais de définir celle qui nous convient -.n’ayons pas peur de notre nature, n’ayons pas peur du chaos.
Bien sûr, la peur de la nature est une des plus grandes peurs, c’est la peur de nous-même. Une angoisse profonde, existentielle. La peur de la nature et la peur de nos émotions, la peur du chaos nous conduis à fabriquer des civilisations. Et les civilisations se battent entre elles.
« Dans leur ignorance, ils parlaient de civilisation, alors que c’était un élément de leur esclavage. » – Tacite (sur les Celtes « romanises » Vie d’Agricola, XXI, 3 (98 ap. J.-C.))
Bernard Pons