Inde-Pakistan : la réponse du berger à la bergère… jusqu’au nucléaire ?

2015-05-21_11h17_05Par Moon of Alabama − Le 27 février 2019

Deux puissances nucléaires sont actuellement engagées dans un échange militaire mutuel qui pourrait facilement dégénérer en guerre nucléaire.

Le 14 février, une voiture piégée a frappé un convoi de policiers à Pulwama, dans la partie du Cachemire contrôlée par les Indiens. Le kamikaze était un homme du coin. Le groupe terroriste basé au Pakistan Jaish-e-Mohammed (JeM) a revendiqué la responsabilité et a téléchargé une vidéo de l’attaquant.

Les élections générales en Inde sont prévues pour mai et le gouvernement Hindou-fasciste indien dirigé par le Premier ministre Narendra Modi est sous pression. L’incident au Cachemire a provoqué la violence des adeptes de Modi contre le peuple cachemiri. Le Pakistan a nié toute implication dans l’incident et a appelé à une enquête conjointe.

Après l’attentat suicide, Modi a immédiatement menacé de riposter contre le Pakistan. Il l’a fait hier. Dans le cadre d’une opération complexe, des avions de combat indiens ont utilisé des missiles à distance de sécurité, achetés à Israël, contre un prétendu camp d’entraînement de JeM près de Balakot. L’Inde a explicitement expliqué qu’elle visait une cible « non militaire ».

Bien que les avions à réaction indiens ne soient pas entrés dans l’espace aérien du Pakistan, la cible se trouvait à l’intérieur des frontières incontestées du Pakistan. Un combat terrestre à petite échelle entre Indiens et Pakistanais sur la ligne de contrôle au Cachemire n’a rien d’inhabituel. Mais l’attaque aérienne dépasse les limites que les deux parties se sont jusqu’à présent imposées.

Le Pakistan a considéré l’incident comme un échec de sa dissuasion. L’Inde possède environ 140 armes nucléaires et le Pakistan, environ 100. L’armée conventionnelle du Pakistan est inférieure à celle de l’Inde. Il s’ensuit donc une doctrine d’escalade asymétrique permettant les frappes nucléaires en réponse à des attaques militaires classiques.

Le Pakistan ne pouvait pas laisser la frappe dans ses propres frontières sans réponse. Ne pas répondre aurait créé un précédent et inviterait d’autres attaques indiennes. Plus tôt dans la journée, deux avions à réaction pakistanais J-17a ont pénétré dans l’espace aérien du Cachemire sous contrôle indien et ont lancé des bombes contre ce que ses militaires ont prétendu être une « cible non militaire » :

Nous n'avons aucune intention d'escalade, mais nous sommes tout à fait disposés à le faire si nous sommes forcés à adopter ce paradigme. C'est pourquoi nous avons entrepris l'action avec un avertissement clair et en plein jour.

Deux jets MIG-21 indiens plutôt antiques se sont précipités pour chasser les avions de combat pakistanais. Ils ont été attirés dans l’espace aérien contrôlé par le Pakistan et les deux ont été abattus. Le Pakistan a publié des photos de l’un des avions à réaction abattus et a affirmé que l’autre était tombé dans une zone contrôlée par les Indiens. Un pilote indien éjecté de son avion et capturé par des troupes pakistanaises qui avaient du mal à empêcher les locaux de le lyncher. Le pilote capturé a eu les yeux bandés et a été interrogé (vidéo). Il s’est identifié comme le commandant de l’escadre Abhi Nandan, numéro de service 27981, et n’a pas répondu à d’autres questions. On dit que son père est un maréchal retraité des forces aériennes indiennes. Le pilote semble maintenant aller bien (vidéo). Il a remercié l’armée pakistanaise de l’avoir sauvé de la foule.

Le trafic aérien au-dessus du Pakistan et de l’Inde occidentale a été fermé.

Dans un discours télévisé, le Premier ministre pakistanais, Imran Khan, a proposé des pourparlers avec l’Inde et a appelé à la désescalade :

« Le seul but de notre action [aujourd'hui] était de faire comprendre que si vous pouviez entrer dans notre pays, nous pouvions faire de même. C'était le seul but à ce que nous faisions », a-t-il déclaré, évoquant l'engagement contre des cibles non militaires au-delà la Ligne de contact.  ...
« Il est important de partir d'ici. Il est impératif d'utiliser nos têtes et d'agir avec sagesse », a-t-il poursuivi.

« Toutes les guerres sont mal calculées et personne ne sait où elles ont conduit. La guerre mondiale devait durer plusieurs semaines, cela a pris six ans. De même, les États-Unis ne s'attendaient pas à ce que la guerre contre le terrorisme dure 17 ans. Je demande à l'Inde : avec les armes que vous avez et celles que nous avons, pouvons-nous vraiment nous permettre une telle erreur de calcul ? Si cela empire, les choses ne seront plus sous mon contrôle, ni chez Modi », a poursuivi le Premier ministre.

« Je vous invite à nouveau : nous sommes prêts. Nous comprenons le chagrin qu'a subi l'Inde à Pulwama et sommes prêts à tout type de dialogue sur le terrorisme. Je répète que le meilleur sens doit prévaloir. Asseyons-nous ensemble et réglons la question avec des pourparlers », a conclu le Premier ministre.

La Chine, la Russie et les États-Unis ont exhorté les deux parties à se retirer et à désamorcer la situation.

Entre-temps, l’Inde a faussement prétendu avoir abattu un avion pakistanais F-16.

Ce sera à Modi de passer à l’étape suivante. Le pilote capturé compliquera la question pour le gouvernement indien. Il doit trouver un moyen de le faire libérer.

Le fait que l’armée de l’air indienne utilise l’antique MIG-21, qui avait volé pour la première fois en 1956, contre le F-17 pakistano-chinois à la pointe de la technologie, ouvre à nouveau des questions sur l’accord corrompu de Modi pour acheter des avions à réaction Rafale à la France. Comme nous en avons discuté en septembre dernier :

En bref: le gouvernement précédent a signé un contrat avec Dassault France pour l’achat de 126 avions Rafale pour 10,6 milliards de dollars. Trente pour cent du prix passerait de Dassault au fabricant aéronautique d'État indien, qui assemblerait la plupart des avions. Modi a pris l'avion pour Paris et a changé l'accord à l'insu de son cabinet et de l'armée du pays. L'Inde n'aura que 36 Rafales mais paiera 8,7 milliards de dollars pour les acheter. Trente pour cent des fonds iraient à une société indienne privée appartenant au groupe privé Reliance, en grande partie en faillite, pour des projets indépendants et sans transfert de savoir-faire. On ignore encore combien Reliance, propriété de la famille Ambani, jadis très riche, remettrait d'argent à Modi et à son parti. Il y a des appels à la démission de Modi, qu'il est peu probable d'entendre. Le problème s'aggravera.

Ne pas répondre à l’attaque d’aujourd’hui laissera Modi paraître faible et risque de lui coûter sa réélection. Répondre avec une nouvelle attaque contre le Pakistan mettra gravement en danger les deux pays.

Moon of Alabama

Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone

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