Par Stratediplo − Le 6 octobre 2019 − Source stratediplo
Il semble nécessaire de rappeler une fois de plus que le terrorisme n’est pas un acteur ou une faction, ce n’est qu’une stratégie.
Cette stratégie consistant à frapper au hasard pour générer la terreur a été utilisée, par exemple, par les anarchistes il y a un peu plus d’un siècle, par les séparatistes (algériens, basques, corses…) il y a un demi-siècle et par les Mahométans aujourd’hui (en France en tout cas). Et évidemment, comme on l’annonçait il y a trois ans, la défaite de l’ennemi lointain auquel le gouvernement français avait, en 2016, laborieusement mais mensongèrement attribué les attentats de 2015, n’a pas mis fin aux attentats d’inspiration mahométane en France.
En réalité le gouvernement utilise systématiquement le mot « terrorisme » comme euphémisme pour djihad, une pratique à laquelle l’incitation a été expressément autorisée par le ministre de l’Intérieur le 5 août 2014 – « ce n’est pas un délit de prôner le djihad ». Quand il déclare, pour des crimes parfois individuels et de peu de victimes, que la piste terroriste est (ou n’est pas) écartée, il n’entend pas par là un motif de génération de terreur mais un motif idéologique, en l’occurrence mahométan, comme on le constate aisément à l’étude contextuelle de chaque mention du mot « terrorisme » par le gouvernement. Or le terrorisme a été pratiqué en France, par diverses factions, depuis presque un siècle et demi, bien avant l’introduction de l’islam.
De son côté l’islam pratique certes le terrorisme depuis sa naissance, la terreur étant son moyen principal de soumission des populations, et il n’a pas attendu pour cela qu’on forge en français le néologisme « islamophobie » signifiant précisément « terreur de l’islam ». Mais le terrorisme n’est pas son seul mode d’expression et d’action, et en l’occurrence, les meurtres multiples de jeudi dernier ne relèvent aucunement du terrorisme. Non seulement ces meurtres ne susciteront pas la terreur, mais de plus ils n’ont pas été commis pour la susciter. Ce qui terrorise les populations c’est la perspective que chacun et n’importe qui puisse être la prochaine victime puisque le terrorisme frappe, à dessein, aléatoirement. Hier la bombe au Milk Bar, aujourd’hui un camion « déséquilibré » qui fonce sciemment dans la foule anonyme, c’est du terrorisme. Mais le même camion qui fonce sur le parvis d’une synagogue, plutôt que d’une église ou d’une pagode, c’est déjà de l’intimidation discriminatoire qui effraie les Israélites mais n’affole ni les Chrétiens, ni les Bouddhistes et encore moins les athées sans lieu de culte.
En l’occurrence, le meurtre de plusieurs policiers dans une enceinte policière ne peut pas effrayer la population civile qui ne se sent pas visée, et le perpétrateur qui était loin d’être un idiot le savait évidemment. Son mobile n’était donc pas terroriste. En confiant intentionnellement l’enquête à une cour juridictionnelle incompétente, à savoir le parquet antiterroriste, l’État (le procureur) obtiendra, sauf erreur de terme, un non-lieu, puisqu’aucun attentat terroriste n’a été commis jeudi à la préfecture de police, ce que tout magistrat techniquement compétent ne pourra que constater. Il y a eu meurtre, multiple et prémédité et dont il serait fort judicieux (sinon politiquement opportun) de révéler le mobile, mais il n’y a pas eu d’attentat terroriste.
Le motif n’était pas non plus coercitif ou de chantage, comme dans le cas où une faction vise certaines emprises étatiques en exigeant leur retrait, puisque cette action n’a été permise que par la complicité ou l’incompétence des services censés prévenir ce type d’action, et qu’il suffit d’un simple rappel à l’ordre (déterminé et énergique) pour qu’une telle action soit impossible à l’avenir, donc cette opération n’avait aucune chance d’intimider l’État, ou d’influencer sa politique, et le perpétrateur le savait aussi.
Le seul mobile était, et c’est de moins en moins exceptionnel en France, cultuel [religieux, NdSF]. La profession de foi clamée la nuit précédente suffisamment fort pour réveiller les voisins en est la preuve. Le choix du lieu assurait aussi que ce serait un acte ultime, censé garantir le paradis, alors que s’il avait été commis dans la résidence policière (où les policiers ne sont pas armés) au lieu de la préfecture il aurait pu ne pas être ultime, et donc être inutile puisqu’Allah ne juge pas toute la vie mais les derniers actes. L’échange de messages télématiques avec l’épouse et complice confirme encore la finalité religieuse de ces actes. Enfin le choix de l’outil et de la méthode (égorgement), ainsi qu’à n’en pas douter la prononciation de la formule bismillah [au nom de Dieu] sans laquelle le sacrifice rituel n’a pas la valeur rédemptrice escomptée, ne laissent aucun doute.
En l’absence de législation spécifique au sacrifice humain en France de tels actes relèvent simplement du droit criminel commun, au même titre que le meurtre passionnel, l’exécution crapuleuse, l’assassinat raciste ou l’homicide fortuit non prémédité. Mais cela n’a rien à voir avec du terrorisme.
Relu par Kira pour le Saker Francophone