Découverte d’un macabre ‘camp d’extermination’ au Mexique


Par Tyler Durden − Le 15 mars 2025 − Source Zero Hedge

Un groupe de volontaires, qui recherchait des proches disparus au gré du fléau des disparitions provoquées par les gangs criminels mexicains depuis des années, a découvert un épouvantable « camp d’extermination » dans un village rural proche de Guadalajara, où avaient été construits des fours crématoires. Le choc est d’autant plus fort que la police connaissait l’existence de ce lieu depuis des mois, et ne s’était que fort peu occupé d’y mener des enquêtes. Des témoins affirment que le site a été utilisé comme lieu de détention d’hommes enlevés dans l’objectif de les contraindre à rallier un cartel criminel — et pour enseigner des techniques de torture.

Une partie des centaines de chaussures découvertes dans le « camp d’extermination » sur le site d’un ranch abandonné dans la campagne mexicaine (Ulises Ruiz/Agence France-Presse — Getty Images via New York Times)

C’est un nombre encore non identifié de victimes qui a été découvert, et le travail d’identification de celles-ci n’a pas encore été mené, mais on a trouvé sur site situé aux abords du village de La Estanzuela au moins 700 objets personnels, dont certains semblent avoir appartenu à des femmes et à des enfants — comme une robe d’été bleue, un petit sac à dos rose, ou des chaussures à talon, selon le New York Times. Ces objets, ainsi que d’autres chaussures, apportent pour le moment les meilleures estimations disponibles sur le nombre de personnes qui ont été tuées et/ou traitées sur ce site : on en dénombre des centaines.

« Le nombre de victimes supposément enterrées sur ce site est énorme, et cette découverte fait resurgir la possibilité du cauchemar de l’existence de fosses communes un peu partout sur le territoire du Mexique, » a affirmé Eduardo Guerrero, un analyste de la sécurité au Mexique. Et d’ajouter que les éléments déjà découverts sur ce site font penser aux camps de concentration nazis.

D’après le Washington Post, la découverte de ces éléments gênants sur le petit ranch abandonné situé aux abords de la deuxième ville du Mexique s’est produite sur la base d’indices concernant l’existence du site, laissés sur la page Facebook d’un groupe de citoyens recherchant des personnes disparues. En déplacement sur le site situé dans l’Ouest du pays, ils ont poussé la porte d’entrée du ranch, qui n’était pas verrouillée, et se sont retrouvés face à des scènes dignes d’un enfer.

Ces scènes et odeurs troublantes se trouvent sur la propriété de ce ranch abandonné, aux abords du village de La Estanzuela ((Ulises Ruiz/Agence France-Presse — Getty Images via New York Times)

Ils ont découvert pas moins de trois fours souterrains — dont on pense qu’ils ont été utilisés pour pratiquer des crémations. En utilisant la méthode la plus basique qui soit — planter dans le sol une tige en métal, la retirer et la sentir — on a découvert des restes humains comprenant des centaines de morceaux d’os brûlés. Les indices laissés sur la page Facebook ont été confirmés : cette découverte correspond bien à un « camp d’extermination, » pour reprendre les termes utilisés par les Mexicains.

Le site comporte également plusieurs figurines sinistres de Santa Muerte. On l’appelle également « Notre Dame de la Sainte Mort », ou « L’Osseuse, » Santa Muerte est couramment décrite comme un squelette de femme tenant une faux d’une main, et un globe terrestre de l’autre. Vulgarisé par la série Breaking Bad, ce personnage est considéré comme protecteur des gangs criminels, qui édifient souvent des autels à sa gloire. Ces autels sont souvent ornés d’offrandes : argent liquide, alcool et objets religieux. Il se dit que les membres des gangs lui offrent parfois des sacrifices humains. « Ils kidnappaient des enfants dans d’autres villages et les sacrifiaient devant elle pour préparer un gros coup, » a affirmé début 2025 un ancien membre du gang à l’AFP.

Cet autel consacré à Santa Muerte a été découvert par les autorités lors de la perquisition d’une maison en Équateur ; plusieurs figurines de « l’Osseuse », révérée par les gangs, ont été découvertes dans le camp d’extermination (Marcos Pin/ AFP via Getty Images and CBS News)

Cette enquête soulevée par le groupe citoyen des « Combattants de la Recherche de Jalisco » (Guerreros Buscadores de Jalisco) a provoqué un scandale au Mexique, les citoyens s’indignant d’apprendre que la police avait visité le site pour la première fois dès septembre 2024. Bien qu’elle ait arrêté 10 personnes, libéré deux otages et découvert un corps emballé dans du plastique en cette occurrence, la police n’a pas communiqué à l’époque sur l’énormité de la signification de ce site.

Il reste à définir l’identité de ceux qui ont opéré sur ce site, et sur quelle durée. Les autorités soupçonnent que le responsable puisse être le Jalisco New Generation Cartel (CJNG), le cartel notoirement violent et de plus en plus dominant, qui s’est spécialisé dans le fentanyl, la méthamphétamine, les extorsions, et les marchés parallèles du bois et du carburant.

Des citoyens volontaires excavent l’un des trois fours crématoires souterrains (Ulises Ruiz/AFP/Getty Images via Washington Post)

Des proches du mouvement des Guerreros Buscadores de Jalisco les ont fait exprimer leurs opinions personnelles sur la manière d’opérer sur ce site sinistre. La dirigeante du groupe de volontaires, Indira Navarro, affirme que le gang publiait de fausses annonces d’emplois pour faire venir des hommes jusqu’à un arrêt de bus de Guadalajara. C’est là que les membres du gang les rencontraient pour les acheminer jusqu’au camp d’extermination.

Il est précisé qu’ils arrivaient dans la région de Guadalajara en s’attendant à rencontrer leur employeur, mais qu’au lieu de cela, ils se voyaient emmenés jusqu’au ranch, et contraints à subir un entraînement de type militaire. Ceux qui échouaient, ou qui n’obéissaient pas aux ordres, se faisaient tuer, et leur corps était découpé en morceaux, selon les récits. D’autres pouvaient mourir de déshydratation ou sous les coups. Les recrues étaient contraintes à creuser les trous, puis à fabriquer des fours rudimentaires avec des briques et des pierres — Washington Post.

D’autres observateurs affirment que les activités menées dans ce camp comprenaient des techniques de torture, les élèves ne réussissant pas les épreuves ayant à subir un sort tout droit sorti d’un film d’Hollywood :

Mme Navarro raconte qu’un jeune homme lui a précisé que les jeunes recrues étaient parfois contraintes de brûler leurs victimes dans le cadre de leur entrainement. Quiconque exprimait des objections face aux ordres des instructeurs pouvait se retrouver utilisé pour nourrir des animaux sauvages, comme des lions, selon elle — New York Times.

Les disparitions forcées au Mexique ont une histoire bien plus longue qu’on ne le pense généralement : on a commencé à assembler des données sur ce sujet en 1962, et plus de 120 000 personnes ont disparu depuis lors. Sur ce contexte d’innombrables membres de gangs pratiquant leurs activités à leur guise tout au long de la frontière Sud des États-Unis durant l’ère Biden — et les promesses de campagne de Trump en vue de reconduites massives à la frontière n’ayant pas été suivies d’effets — dans combien de temps des camps d’extermination vont-ils commencer à fleurir sur le territoire même des États-Unis ?

Traduit par José Martí pour le Saker Francophone

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