les étapes de la prise de pouvoir par le capitalisme financier
Par Christian Darlot − Février 2022
La crise pandémique commencée en 2019 est le plus récent développement d’un projet de coercition des peuples préparé depuis plusieurs décennies, mis en œuvre par la financiarisation de l’économie internationale au cours des années 1980-2000, puis aggravé après la crise économique de 2008 due à la spéculation financière. Les évènements récents doivent être considérés comme un épisode de la mainmise de la puissance financière supranationale sur les nations.
La mondialisation heureuse, pour ceux qui en profitent
Jusqu’à la fin du XXe siècle, la circulation des marchandises et des personnes était limitée par le coût des transports et la souveraineté des États. Mais, affranchi de maintes contraintes matérielles par des progrès techniques, le libre-échange a été promu à l’échelle mondiale au cours des années 1980-2000. Profitant de l’usurpation de la monnaie, confisquée aux États, et de l’extension des télécommunications permise par les progrès de l’informatique, des satellites et des fibres optiques, les firmes supra-nationales ont organisé la mondialisation afin d’accaparer la différence de salaire entre les pays industrialisés et les pays où elles ont transféré la production. L’allongement des circuits de production et de distribution, en imposant aux firmes industrielles et commerciales de disposer d’une importante trésorerie, a aussi permis aux banques de prélever un péage sur les échanges mondiaux. La mondialisation des échanges s’est ainsi durcie en une globalisation plaçant l’ensemble de la production et des échanges sous contrôle des financiers.
Dans les pays naguère industrialisés les usines fermèrent et les ouvriers furent mis au chômage, mais leur détresse ne toucha pas la bourgeoisie, même moyenne, qui se croyait à l’abri. Cependant, à mesure que les délocalisations progressaient, le pouvoir d’achat diminuait dans les pays industrialisés, et les emplois techniques qualifiés se raréfiaient : quand un pays produit de moins en moins, il n’a plus besoin d’ouvriers, puis n’a plus besoin d’ingénieurs de production ni bientôt d’ingénieurs de conception, et finit par n’avoir plus non plus besoin de recherche appliquée ni fondamentale ! Désormais même la bourgeoisie moyenne ressent la menace de déclassement.
La liberté de circulation des capitaux a aussi permis aux firmes multinationales et aux personnes les plus riches d’envoyer leurs profits vers les paradis fiscaux pour ne payer que très peu d’impôts aux États nationaux. Les impôts et les cotisations sociales pèsent donc à présent sur les personnes et les entreprises dont l’activité est locale : classes moyennes, PME et leurs employés. Les producteurs ainsi taxés sont ceux que la liberté de circulation des marchandises et des services expose directement à la concurrence des entreprises des pays où le coût du travail est faible et où les grandes firmes ont délocalisé leur production.
Dans l’Union Européenne, les « quatre libertés de circulation » (personnes, marchandises, services et capitaux) ont été proclamées principes fondamentaux de l’organisation sociale. La Commission européenne, outrepassant ses droits depuis trente ans, a imposé aux gouvernements des choix dictés par les firmes supranationales. Ainsi dirigée en sous-main, l’Union Européenne n’oppose pas de résistance aux stratégies de domination mises en œuvre par les dirigeants des États-Unis et de la Chine. Par exemple, les fabricants européens de panneaux photovoltaïques ont été contraints à cesser leur activité par la concurrence de firmes chinoises exportant à prix cassés.
Dans les pays anglo-saxons, l’affaissement de l’industrie fut un moment compensé par le « capitalisme de pillage » accaparant les productions matérielles et intellectuelles des pays soumis. En Russie pendant les années 90, en France à présent, les entreprises sont systématiquement détruites et les brevets volés par la finance, au moyen de monnaie qu’elle fabrique sans contrepartie réelle. La complicité des dirigeants économiques et politiques est assurée par la corruption et le chantage aux mœurs et aux malversations. Plus que jamais au cours d’une Histoire pourtant riche en turpitudes, les dirigeants français se vautrent dans la trahison. La liberté de circulation des capitaux, imposée par l’UE, a permis à des firmes étrangères d’accaparer des pans entiers de l’industrie française : Péchiney, Arcelor, Lafarge, Alcatel, Alstom, etc. Les firmes étasuniennes utilisent les lois étasuniennes pour affaiblir leurs concurrentes par des amendes énormes, puis les achètent. Le plus récent scandale, et l’un des plus graves, est le vol de la branche énergie d’Alstom. Le ministre devenu président l’a offerte sur un plateau à General Electric, qui s’est ainsi appropriée les connaissances et le savoir-faire sur les turbines nucléaires françaises. Innombrables sont de tels exemples, en tous domaines. Pays occupé, la France apporte son tribut à l’occupant, en payant à un coût démesuré des cabinets de conseil étrangers pour faire mal des études que les administrations dessaisies savent faire bien.
En France, plutôt que de laisser les esprits ingénieux inventer l’industrie de l’avenir, plutôt que d’élever le niveau de formation scientifique et technique, les classes dominantes préférèrent promouvoir leurs rejetons et acheter la paix sociale en multipliant des emplois administratifs, privés et publics, et en faisant distribuer des allocations par l’État et les départements, aux frais de la collectivité. Ce ne sont pourtant pas des allocations que demandaient les chômeurs, mais des emplois productifs correctement rémunérés. À présent le pouvoir au service des dominants remet en cause ces allocations et accuse les Français de ne pas s’adapter au sort qui leur est fait. Le compromis entre classes de l’après-guerre, prolongé cahin-caha jusqu’à la décennie 90, a finalement été abrogé par l’oligarchie, qui a pris le pouvoir sur une société très appauvrie.
Dans le domaine financier, la dérégulation a suscité un entraînement mimétique incitant les banques à des innovations à la limite de l’illégalité. Aux États-Unis, les taux d’emprunts variables ont ainsi permis de faire peser sur des emprunteurs naïfs la responsabilité de prêts garantis par des contrats hypothécaires léonins. Puis la notion anglo-saxonne de « propriété économique » a autorisé les banques à saisir les maisons des débiteurs insolvables, mis à la rue. Le marché immobilier en a été déséquilibré. En 2008, deux des plus grandes banques étasuniennes, Goldmann-Sachs et Morgan, se concertèrent pour profiter de l’engagement excessif dans ce marché de leur rivale Lehman Brothers, afin de la ruiner et de s’en partager les dépouilles dont la valeur dépassait de beaucoup les dettes de cette banque à leur égard. Des complicités politiques, et la corruption d’un juge de New York, leur permirent de déclencher, au moment choisi, l’effondrement bancaire déjà inéluctable, et de rafler les actifs de leurs concurrentes en difficulté. Les titrisations opaques étendirent la crise à toute la finance. Les banques et compagnies d’assurance européennes qui avaient spéculé sur la place de New-York furent entraînées dans la crise et perdirent beaucoup, ce qui équivalut à un transfert net de ressources des classes moyennes d’Europe vers les classes opulentes des pays anglo-saxons. Pour sauver les banques de la faillite les États les renflouèrent, mais l’idéologie libérale leur interdit de les nationaliser, et ne leur permit même pas de les placer sous tutelle publique. Et puisque les États ne contrôlent plus l’émission de leur monnaie, ils ne purent renflouer des banques moyennes qu’en empruntant de la monnaie à des grandes banques, celles-là mêmes qui avaient organisé la crise !
L’escroquerie continue et, depuis plus de dix ans, la Banque Centrale Européenne, à la suite de la FED, rachète des actifs financiers, augmentant ainsi les liquidités. Comme la consommation et la production stagnent dans les pays développés, ces capitaux comptables ne sont pas investis en capital productif, mais utilisés pour spéculer. Des bulles boursières enflent, déconnectées de la réalité économique. La baisse d’activité, et l’évasion fiscale organisée par les mêmes puissances financières, mettent en déficit les États, auxquels la BCE prête désormais, les incitant ainsi à aggraver le déficit.
Toutes ces manœuvres ont encore accru la puissance des principales firmes financières, Black Rock, Vanguard, et des banques qu’elles contrôlent. Pour constater l’existence d’une oligarchie mondiale, il suffit d’observer les relations entre les grandes firmes : les mille plus grandes firmes industrielles et commerciales sont contrôlées par cent grandes banques, elles-mêmes possédées par dix grands fonds financiers. Concurrence et libre-échange au niveau commercial, cartels et oligopoles au niveau financier, cette structure révèle le « capitalisme de connivence ». Mais bien entendu « connivence » n’est pas « obédience ». Il n’y a pas de « coupole » mafieuse centrale décidant de tout, mais des cercles de quelques milliers de possédants, tantôt en rivalité, tantôt en complicité. Ce sont eux qui exercent le pouvoir et choisissent les gouvernants.
La contestation et les moyens de l’étouffer
Toutefois les moyens permettant la domination permettent aussi de la contester. Grâce aux progrès de l’informatique et des télécommunications nécessaires à la mondialisation, de nouveaux moyens d’échanger des informations sont désormais accessibles à un nombre croissant de gens. La confrontation des idées et des situations personnelles fait apparaître des mouvements de pensée s’opposant à la domination des cercles oligarchiques mondiaux. Ces mouvements échangent des idées et coordonnent leurs actions. En les vilipendant comme « populistes », les classes dominantes avouent ainsi que, pour elles, écouter le peuple est inadmissible !
Afin de mater cette révolte, les oligarchies ne peuvent exercer la violence directe que localement, faute de forces de répression suffisante. Elles ont donc recours à la propagande anxiogène, comme l’imputation des fluctuations climatiques à l’activité humaine. Depuis vingt ans, elles pratiquent surtout le « capitalisme du désastre », pour effrayer les peuples et leur imposer des actes contraires à l’intérêt national. La campagne d’attentats téléguidés – à commencer par le plus spectaculaire, celui de Manhattan en 2001 -, a servi de prétexte à promulguer des lois d’exception, intégrées depuis dans la législation ordinaire. Des agressions meurtrières contre des États faibles ont causé la mort ou l’exil de millions de personnes. Une immigration massive est organisée en Europe, tandis qu’un discours racialiste tend à cristalliser et à opposer des groupes ethniques. Pour renforcer son pouvoir et faire accepter la tyrannie, l’oligarchie ne veut pas déclencher des évènements incontrôlables mais faire perdurer une crise jamais résolue. En France, elle laisse se développer la violence quotidienne et agite la menace de la guerre civile en tentant d’opposer des fractions du peuple : population d’origine/immigrés, « racistes misogynes »/« citoyens du monde », « frileux »/« premiers de cordée », « populistes passéistes »/« européistes tournés vers l’avenir », GJ/bourgeoisie, « fachos roulant au diesel »/« éveillés climatiques », et maintenant vaxx/non-vaxx.
La crise du Covid-19 est une nouvelle étape dont l’épidémie de 2010 fut une répétition générale. Sous couvert d’épidémie, en diffusant un discours de peur, par la censure des experts scientifiques et médicaux indépendants et par des mesures de contrainte, les oligarchies tentent de dissimuler les antagonismes de classe et d’affermir le contrôle des populations. La « lutte contre la pandémie » n’est pas une nécessité sanitaire mais une manœuvre politique. On réduit les moyens des hôpitaux, on interdit les soins précoces et les médicaments efficaces, on distribue des médicaments toxiques aux personnes dépendantes. On incite les adultes à se faire peur et à agir de façon enfantine dans un monde imaginaire. On contraint les gens à s’enfermer eux-mêmes. On impose l’imitation d’un modèle de comportement absurde, et on blâme les mauvais joueurs, bientôt traités d’assassins. Des injections dangereuses maintiennent l’inquiétude, et des injonctions contradictoires déstructurent la personnalité. Des masques, tantôt inutiles tantôt obligatoires, effacent les visages. Les lieux de rencontre sont fermés. Ainsi on sépare les personnes et on détruit la culture commune.
Comme le proverbial voleur chinois, les gouvernements ont imposé d’abord le passe sanitaire, puis l’ont remplacé par le passe vaccinal et préparent un passe plus général et plus contraignant, (environnemental ?). Un régime totalitaire est instauré par les moyens habituels : centralisation du pouvoir, propagande, censure, gouvernement contraire au Droit, règne par décret, suspension des libertés publiques et privées, abrogation des droits personnels, instauration de règles oppressives, maintien de l’ordre imposé par une violence démesurée, calomnie et persécution des opposants, définition d’une sous-classe de citoyens accusés d’aggraver la situation, incitation à les dénoncer. Dans l’UE, les libertés commerciales sont maintenues, et la liberté abrogée est celle de la circulation des personnes ! Signe des temps. Ces agressions évidentes sont justifiées par un récit officiel déformant grossièrement la réalité mais s’imposant par la peur, jusqu’à convaincre la masse des gens mal informés et faire d’eux des serviteurs dociles du pouvoir.
Pour acheter les milliards de doses d’injections aux grandes firmes pharmaceutiques, renflouer les PME et même les personnes, les États se sont énormément endettés auprès des banques. À présent les dirigeants naufrageurs les endettent encore, sous prétexte de relancer l’activité économique mise à mal par les confinements. Cette fois, la monnaie entre dans le circuit économique soumis à la pénurie, et provoque de l’inflation appauvrissant les classes populaires et moyennes.
Sous prétexte d’apurer les conséquences de la crise sanitaire, les États rembourseront les banques, comme précédemment, causant un nouveau transfert net de ressources des classes populaires et moyennes d’Europe vers les grandes compagnies financières et les classes opulentes, surtout celles des pays anglo-saxons. Les peuples d’Europe sont donc coincés entre la hausse des prix, la baisse des revenus, la dégradation et la privatisation des services publics, et l’augmentation des impôts, situation ne pouvant déboucher que sur l’appauvrissement et la révolte.
Sous prétexte d’une urgence médicale fictive, les oligarchies tentent d’atteindre plusieurs buts :
- Endetter les États, afin de les contraindre à payer aux puissances financières une rente prélevée sur le peuple, et à privatiser les équipements publics rentables.
- Mettre l’économie à l’arrêt et acculer à la faillite les petites et moyennes entreprises productives.
- Permettre ainsi aux détenteurs des masses de monnaie créées sans contrepartie depuis 2008 de les utiliser pour acquérir à bas prix les actifs réels et intellectuels des États et des PME.
- Provoquer des pénuries suscitant l’angoisse et permettant d’instaurer un revenu universel distribué par le pouvoir pour rendre les citoyens dépendants.
- Institutionnaliser ainsi une inégalité des classes sociales, la faire accepter et la stabiliser au moyen d’un contrôle social autoritaire, appliqué par les États mais réellement organisé par les oligarchies contrôlant les États, dans leur propre intérêt.
- Afin d’éviter les révoltes, diviser la population des pays vassalisés et même la réduire.
- Prétexter de l’extension mondiale des épidémies et des changements climatiques pour arracher de plus en plus de pouvoir aux États, encore un peu contrôlés par les peuples, pour les transférer à des institutions internationales contrôlées par les oligarques.
L’égarement des populations obtenu par la pandémie sert maintenant à promouvoir le projet de monnaie dématérialisée permettant de ponctionner autoritairement les peuples, sans qu’ils puissent s’y opposer. La monnaie numérique irait de pair avec l’identité numérique permettant de contrôler toute la vie sociale : état de santé, état civil, comptes bancaires, impôts, amendes routières, cursus d’études, voyages et même déplacements quotidiens, la liste est immense. Tout contrevenant aux ordres des dirigeants pourrait être exclu de la vie sociale et même privé d’accès à la monnaie.
La tyrannie covidingue serait ainsi la première étape vers le totalitarisme.
Depuis 2008, à la faveur des distributions massives de monnaie sans contrepartie réelle, chaque groupe financier a amassé un trésor virtuel qu’il doit au plus tôt investir dans des biens tangibles, avant que la monnaie ne se déprécie. Les mieux avisés tireront parti de l’effondrement partiel de l’économie mondiale et profiteront de sa réorganisation, tandis que d’autres seront éliminés. Cette concurrence est vitale ; la rafle des biens des dominés est urgente. La crise prévue a donc peut-être été déclenchée plus tôt que voulu. Pour consolider sa domination, l’oligarchie est pressée de détruire les États nationaux et de remplacer la sidération des peuples par la terreur, puis par une tyrannie durable. C’est désormais le « capitalisme du chaos ».
La maladresse de l’exécution du projet, que même des esprits dociles commencent à percevoir, révèle la hâte des groupes oligarchiques. Partout dans le monde, les peuples prennent conscience que la comédie covidienne fut coordonnée pour les dominer, et ils se coordonnent à leur tour pour lutter contre l’asservissement. La tromperie est décelée. Son énormité suscitera une colère d’autant plus grande que des millions de personnes souffriront dans leur santé. La violence de la répression paraît à la mesure de la crainte que la révolte inspire aux dirigeants mis en place par l’oligarchie.
L’ennemi ne doit cependant pas être sous-estimé. Ses plans ont été longuement élaborés, et les variantes prévues sont incessamment mises à jour pour les adapter aux circonstances. Il sait infiltrer les mouvements protestataires et identifier les opposants. À présent, la pause de la propagande sur l’épidémie prépare la prochaine étape, masquée par des gesticulations guerrières. La panoplie est large des tactiques permettant de faire progresser la stratégie d’asservissement des peuples : inflation réduisant les revenus, pénuries de nourriture et de chauffage, chômage de masse, panne d’internet gênant la diffusion de l’information vraie et la coordination des résistants, relance de la propagande réchauffiste, nouvelle campagne d’attentats, visant par exemple une centrale nucléaire.
Ou bien un nouveau virus, vraiment dangereux cette fois.
La perte d’autorité des États compromis dans cette crise est prévue par l’oligarchie qui fera appeler, par la presse aux ordres, à un gouvernement supranational renforçant encore son pouvoir. L’OMS tente déjà de s’imposer aux services de santé nationaux. Mais établir un contrôle coercitif sur tous les habitants des pays vassaux de l’empire financier est une visée si ambitieuse, si démesurée, que l’échec est inévitable. La perte d’autorité des pouvoirs dominés par l’oligarchie sera aussi une occasion historique de mettre en place des règles sociales plus justes et des institutions politiques vraiment démocratiques. Toutefois cette évolution ne se fera pas sans heurts, et sans doute maintes vies humaines seront-elles prématurément interrompues au cours des troubles à venir.
Christian Darlot
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