Par Moon of Alabama – Le 27 février 2021
La deuxième vague de la pandémie actuelle de Covid-19 s’est tassée et la population en a assez des restrictions. La pression est immense pour mettre fin aux mesures de confinement et de nombreux politiciens feront ce que leurs électeurs souhaitent. Mais il y aura une troisième vague et elle sera probablement plus importante que la seconde. J’essaie ci-dessous d’expliquer pourquoi il en est ainsi et ce que cela signifie pour nos sociétés. Mes conclusions peuvent sembler alarmistes et je peux me tromper, mais le scénario n’est pas impossible et je ne suis pas le seul à penser qu’il est probable.
La grippe espagnole est arrivée en trois vagues étalées sur 18 mois. À l’été 1919, la plupart des populations avaient acquis une certaine immunité contre elle. Pendant la saison hivernale de grippe de 1919, la nouvelle maladie n’était plus un danger public.
Voici une courbe similaire pour les États-Unis pendant la pandémie de Covid-19.
Les États-Unis viennent de passer ce qui correspond – par rapport à 1918/19 – à la deuxième vague de la pandémie.
La situation est similaire dans de grandes parties du monde. La pandémie de Covid-19 vient de terminer sa deuxième vague.
Il y a une ou deux semaines, l’Europe et les États-Unis avaient atteint le fond du creux. A partir de là, ce fut une remontée. Malgré la poursuite des mesures de confinement, le taux d’évolution du nombre de nouveaux cas est déjà redevenu positif. Le nombre de nouvelles infections est à nouveau en augmentation. La troisième vague a commencé.
Quels sont les facteurs en jeu actuellement et comment peuvent-ils affecter la forme de la troisième vague ?
Les nouveaux variants du virus, les mesures pharmaceutiques et non pharmaceutiques, chaque facteur aura son effet. Mais le comportement des gens sera le facteur le plus important.
Nouveaux variants
En Europe comme en Amérique, le variant britannique B.1.1.7 du virus est en train de devenir dominant. La souche est 50% plus infectieuse et plus mortelle que les variants du virus qui ont tourné jusqu’à présent. (Il existe d’autres variants préoccupants (VoC) qui deviendront pertinents dans les phases ultérieures, en particulier ceux qui peuvent infecter des personnes immunisées contre le virus original).
Les chiffres de la Grande-Bretagne et du Danemark montrent qu’il ne faut que quelques semaines pour qu’une souche mieux adaptée comme B.1.1.7 prenne le dessus.
Interventions pharmaceutiques
Nous n’avons pas de médicaments reconnus qui pourraient aider à supprimer ou à guérir les infections à Covid-19. (Certains candidats sont encore en cours de développement. D’autres, comme l’Ivermectine, sont encore à l’essai).
Heureusement, et contrairement à ce qui se passait en 1918/1919, nous disposons aujourd’hui de vaccins qui fonctionnent bien pour prévenir les maladies graves et les décès. Des études menées en Israël (1, 2) et en Écosse (1) montrent une grande efficacité des vaccins dans la population. Ce genre de choses fonctionne.
Mais les vaccinations à l’échelle d’une population prennent du temps. Au rythme actuel, il est peu probable que les vaccinations soient suffisantes pour empêcher une troisième vague. Elles pourraient l’atténuer un peu, mais c’est tout ce que nous pouvons espérer.
La vaccination actuellement en cours des groupes prioritaires, les personnes les plus menacées, contribuera à réduire le nombre de décès au sein de ces groupes.
Interventions non pharmaceutiques
Les mesures non pharmaceutiques, telles que les mesures de confinement et les masques, ont contribué, lors des première et deuxième vague, à faire baisser le taux de réplication R en dessous de 1. Mais la prochaine vague sera marquée par un variant du virus 50 % plus infectieux. Pour maintenir le taux de réplication en dessous de 1 lors de la troisième vague, il faudrait donc prendre des mesures non pharmaceutiques plus strictes pour garder le virus sous contrôle.
Le taux d’augmentation des nouveaux cas au Danemark d’une semaine à l’autre est maintenant de 33% ! Et ce, malgré les mesures de confinement en cours.
Comportement
Une part croissante de la population ignore le confinement et le port du masque. Ce ne sont pas tous des Covidiots. La population en a tout simplement assez.
Arash @thekarami - 15:26 UTC – 27 Fev. 2021 Répondre à @thekarami Ces confinements commencent à ressembler aux guerres sans fin dans la mesure où chaque fois que quelqu'un s'exprime contre eux, tout un tas de gens crient que nous devons continuer jusqu'à ce que nous atteignions un objectif arbitraire et toujours en mouvement. Et pour ceux d'entre vous qui sont nouveaux, je ne suis pas un négationniste, je ne suis pas anti-masque, mon frère est médecin dans un hôpital et a été directement touché. J'ai pris cela au sérieux pendant les trois premiers mois, six mois, neuf mois mais cela fait 12 mois et ils parlent de 2022 ? 2022 !? Non.
Conclusion
La troisième vague arrivera avec un virus plus grave qui va dominer. Dans certains pays (notamment en Europe de l’Est), la plupart des gens ignorent déjà les mesures de confinement. Il est peu probable que les autorités puissent faire pression pour en obtenir d’autres encore plus fortes. Nous devrons surfer sur cette vague dans ces conditions.
À la fin de la pandémie de grippe espagnole, la population avait atteint une sorte d’immunité collective. Suffisamment de personnes étaient immunisées contre le virus pour prévenir d’autres grandes épidémies. Une grande partie de cette immunité collective a été obtenue lors de la deuxième vague de cette pandémie, lorsque de très nombreuses personnes ont été infectées. La troisième vague a donc été moins importante que la seconde.
En Europe et aux États-Unis, même après la deuxième vague, nous sommes loin de l’immunité collective. Moins de 10 à 15 % de la population ont eu la maladie et a acquis une immunité. L’immunité peut être obtenue par infection ou par vaccination. Au cours des prochaines semaines, nous n’aurons une capacité de vaccination suffisante que pour immuniser les 10 ou 20 % de la population les plus menacés. Les 70 à 80 % restants ne sont toujours pas immunisés et sont toujours en danger.
Tout cela fait qu’il est probable que la troisième vague de cette pandémie, avec un virus plus fort, des interventions moins efficaces, une faible immunité des troupeaux, sera beaucoup plus importante que la deuxième vague. Au lieu de 250 000 nouveaux cas par jour aux États-Unis pendant le sommet de la deuxième vague, nous pourrions voir 2,5 millions de nouveaux cas par jour pendant la troisième vague.
Il y a un facteur qui pourrait empêcher cela. Il fera plus chaud et la saisonnalité joue un rôle dans les infections respiratoires. Mais de la mi-juin à août 2020, on a observé une forte augmentation des cas aux États-Unis et en Amérique du Sud, et l’Afrique du Sud a été fortement touchée, même pendant l’été. Je suis donc sceptique quant au facteur saisonnalité.
On peut penser qu’un plus grand nombre d’infections n’aura pas beaucoup d’importance puisque les personnes les plus vulnérables auront été vaccinées et seront protégées, que les hôpitaux ne seront pas débordés et que le nombre de décès n’augmentera pas tant que ça.
Mais ce serait une erreur.
Environ un quart à un tiers de la population américaine est atteinte d’une maladie (surcharge pondérale, diabète) qui la rend vulnérable au Covid-19. Pas autant que les personnes très âgées, mais toujours dans une mesure importante. Avec un nombre d’infections dix fois supérieur à celui de la deuxième vague, nous verrons certainement beaucoup plus de personnes ayant besoin d’une aide médicale professionnelle qu’auparavant.
Mais les personnes âgées auront été vaccinées. Les unités de soins intensifs n’en seront pas remplies comme lors de la première et de la deuxième vague. Les plus jeunes, qui seront infectés à un taux dix fois plus élevé que lors de la deuxième vague, rempliront les unités de soins intensifs.
Il n’y aura plus de grands-pères ou de grands-mères en âge de mourir de Covid-19, mais des mères ou des pères dans les meilleures années de leur vie. La somme des années de vie perdues (YLL) pendant la troisième vague sera donc probablement supérieure à la somme de la deuxième vague.
Il est difficile de dire combien de temps il faudra pour que la troisième vague atteigne son apogée. Dès que les mesures de confinement prendront fin, nous assisterons à nouveau à une forte croissance exponentielle qui pourrait bien dépasser la croissance que nous avons connue lors des vagues précédentes. Mon intuition pour les États-Unis est que d’ici la fin mars à la mi-avril, ils connaîtront la plus forte croissance de nouveaux cas jamais vue.
Mais là encore, ce n’est qu’une intuition et je me trompe peut-être. En fait, j’espère complètement me tromper.
Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone