Des tensions ont éclaté à Khartoum à la suite d’une lutte de pouvoir entre les forces militaires et paramilitaires du pays.
Par RT – Le 19 avril 2023
La bataille pour le contrôle du Soudan est entrée dans sa cinquième journée, suite à l’échec d’un armistice de 24 heures déclaré mardi par l’armée soudanaise et un groupe paramilitaire rival.
Quelle est la situation actuelle au Soudan ?
De violents combats ont lieu dans la capitale du pays, Khartoum, dans la ville voisine d’Omdurman et dans d’autres points chauds après que des affrontements ont éclaté entre les forces armées soudanaises (SAF) et les forces de soutien rapide (RSF) samedi. L’Organisation mondiale de la santé a estimé qu’au moins 270 personnes ont été tuées et plus de 2 600 autres blessées dans ce conflit armé, citant le ministère soudanais de la santé. Le comité de l’Union des médecins du Soudan a déclaré mercredi que plus de la moitié des hôpitaux de la capitale et des villes adjacentes n’étaient plus en mesure de servir les patients, certains ayant été bombardés, d’autres attaqués et pillés.
Quelle est la cause du conflit ?
Le conflit est alimenté par une lutte de pouvoir entre le général Abdel Fattah al-Burhan, qui dirige les Forces armées soudanaises, et son rival, le général Mohamed Hamdan Dagalo, également connu sous le nom de Hemeti, chef des Forces républicaines de sécurité. Les tensions sont nées d’un différend sur l’intégration des FAR, une force paramilitaire, dans les forces armées du pays, ainsi que sur la juridiction qui devrait superviser cette procédure. Le processus de fusion est une exigence cruciale énoncée dans l’accord de transition du Soudan, qui était initialement prévu pour le 1er avril, mais qui n’a pas encore été signé.
Qu’est-ce que l’accord de transition ?
En avril 2019, un coup d’État militaire organisé conjointement par le RSF et les SAF a conduit à l’éviction du président Omar al-Bashir, qui était au pouvoir depuis 30 ans. Un accord de partage du pouvoir a été conclu en août 2019 entre le Conseil militaire de transition et l’Alliance pour la liberté et le changement, formant un Conseil de souveraineté transitoire (CST) de 11 membres pour ouvrir la voie à un gouvernement de transition dirigé par des civils. Le pays est depuis lors gouverné par le CST, avec le chef de l’armée al-Burhan en tant que président et Hemeti de RSF en tant que vice-président. Un nouveau coup d’État en octobre 2021 a perturbé l’accord de transition, ce qui a conduit à un nouvel accord en décembre dernier.
Pourquoi le RSF s’oppose-t-il à l’intégration dans les forces armées du pays ?
Des rapports font état d’un désaccord entre Hemeti et al-Burhan sur la nomination du commandant en chef de l’armée pendant cette période d’intégration durant plusieurs années, le RSF plaidant pour que le chef d’État civil occupe ce poste, ce à quoi l’armée s’oppose. Adel Abdel Ghafar, membre du Conseil du Moyen-Orient, a également déclaré aux médias que le RSF « a résisté à l’intégration dans l’armée » parce qu’il craint « de perdre son pouvoir ».
Comment le conflit a-t-il affecté la communauté internationale ?
Les combattants auraient pris pour cible des travailleurs humanitaires, des hôpitaux et des diplomates. Josep Borrell, responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, a déclaré lundi que l’ambassadeur de l’UE au Soudan « a été agressé dans sa propre résidence« . Un convoi de véhicules de l’ambassade des États-Unis aurait également été attaqué le même jour. L’ambassade de l’Inde a également annoncé dimanche qu’un de ses ressortissants « touché par une balle perdue » samedi avait « succombé à ses blessures« . Le Programme alimentaire mondial des Nations unies a temporairement interrompu ses opérations au Soudan après que trois employés ont été tués.
Quelle est la voie à suivre ?
La pression monte sur les parties belligérantes pour qu’elles mettent fin aux combats afin que les habitants bloqués puissent recevoir l’aide et les fournitures dont ils ont désespérément besoin. Les deux parties se sont accusées mutuellement d’avoir violé le précédent cessez-le-feu. Le RSF a de nouveau annoncé son « engagement total pour un cessez-le-feu complet » dans les prochaines 24 heures, « à partir de six heures du soir aujourd’hui, mercredi, correspondant au 19/4/2023, jusqu’à six heures du soir demain, jeudi, 20/4/2023« . Le groupe a exhorté son adversaire, qui n’a pas encore commenté la proposition, à « respecter l’armistice conformément à l’heure annoncée« .
Selon Al Jazeera, alors que d’autres pays craignent une escalade du conflit, le comité des médecins soudanais a mis en garde contre une « paralysie du système de santé au Soudan« .
RT
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
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