Trump pourrait-il faire de l’ingénierie inverse sur les critères ESG et l’utiliser pour le bien au lieu du mal ?


Par Brandon Smith − Le 14 février 2025 − Source Alt-Market

Avec la mort du mouvement woke bien engagée et la plupart des discussions grand public axées sur l’inclusion, l’égalité et la diversité, il serait peut-être prudent de rappeler aux gens d’où vient tout ce marxisme culturel. Quelle en était la source initiale ? Eh bien, ces programmes se sont répandus comme une épidémie dans le monde universitaire moderne pendant des décennies, mais l’impulsion pour la prise de contrôle quasi totale de la majorité de nos institutions sociales a été le lancement de programmes ESG sous l’égide de l’ONU et d’une armée d’ONG.

La majorité des entités liées aux critères ESG ont été, comme nous le savons maintenant, financées par les gouvernements occidentaux en utilisant l’argent des contribuables pour alimenter une révolution gauchiste artificielle. Comme je l’ai noté dans mon article « Rothschild admet l’échec de l’ESG alors que les globalistes s’orientent vers un programme de « capitalisme inclusif »», publié en septembre 2023 :

Les critères ESG étaient censées être l’outil que les globalistes et les gouvernements utiliseraient pour forcer les entreprises à adopter le modèle du capitalisme des parties prenantes…

L’objectif était d’inciter les entreprises à bombarder le public de messages woke 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Chaque film, chaque émission de télévision, chaque livre, chaque bande dessinée, chaque dessin animé pour enfants, chaque publicité, chaque produit, chaque grand site de médias sociaux, chaque manuel d’employé, chaque interaction sociale serait contaminé par le poison de la propagande woke. Il n’y aurait nulle part où se cacher, nulle part où échapper à ces messages. Et cela a fonctionné, pendant un certain temps…

Il y a quelques années, j’ai soutenu que le programme ESG était en train de mourir après que la Réserve fédérale a commencé à relever les taux d’intérêt. On a observé un déclin général du financement des programmes woke et de la propagande. En d’autres termes, de nombreuses ONG et autres entités recevaient des fonds publics et les réutilisaient pour des projets ESG, DEI et CRT d’extrême gauche. Lorsque la banque centrale a commencé à augmenter les taux d’intérêt, les prêts sont devenus plus coûteux et l’argent a commencé à se tarir.

La dénonciation de ce programme ESG par les médias alternatifs et l’étranglement des flux de liquidités bon marché ont sonné le glas d’un programme vieux de dix ans visant à « wokifier » l’Occident. Il était tellement exposé que Lynn de Rothschild, l’un des leaders de l’ESG et responsable du Council for Inclusive Capitalism, a admis que l’idée était souillée et devait être modifiée ou « repositionnée ».

Je ne pense pas que beaucoup d’Américains se rendent compte à quel point le programme ESG était vraiment omniprésent. La récente mise en lumière de l’USAID par Elon Musk et son équipe DOGE n’en révèle qu’une partie. Par exemple, les millions dépensés par l’USAID pour soutenir des machines de propagande de gauche comme Politico (par le biais d’« abonnements » ultra coûteux) sont assez révélateurs, mais qu’en est-il des milliards de dollars qui ont été investis dans des projets de capital-risque ESG pour financer des dizaines, voire des centaines, de médias en ligne, de films, d’émissions de télévision, de jeux vidéo, de publicités woke, etc. L’ampleur de l’influence était massive.

Et il est probable que la majeure partie des fonds qui ont soutenu cet énorme projet d’ingénierie sociale provenait de la Réserve fédérale et des poches des contribuables américains. Nous avons payé pour notre propre endoctrinement et notre propre déclin économique, et je suis sûr que les gens derrière l’USAID et d’autres institutions malhonnêtes ont bien ri de cela.

Bien sûr, ils ne rient plus maintenant. Ils ont perdu leur emploi. Mais le mal est-il déjà fait ? N’y a-t-il pas de retour en arrière possible ?

Les dépenses excessives de du programme ESG n’étaient pas seulement destinées à changer la culture occidentale, elles visaient également à masquer les faiblesses flagrantes du système actuel. Depuis avant les élections, je n’ai cessé de prévenir que le plus grand adversaire de Trump n’était pas les Démocrates, l’État profond ou les militants de gauche, mais plutôt l’économie américaine. Trump a hérité d’un système en déclin, mais la plupart de ces données sont inconnues du grand public.

L’administration Biden a eu recours à une comptabilité créative pour dissimuler une grande partie des dégâts. Ils n’ont pas pu masquer les effets plus importants de la stagflation sur les prix de détail et le marché immobilier, mais les faiblesses inhérentes au marché du travail, aux salaires, au PIB, aux marchés de l’énergie, à la dette nationale et au dollar américain sont toutes moins bien comprises par le public.

L’administration Biden est partie, mais elle a laissé derrière elle une bombe à retardement ; les données qu’elle a dissimulées sont sur le point d’être révélées et la première année de Trump s’annonce comme un désastre financier s’il ne s’attaque pas immédiatement au problème.

J’ai décrit ce problème en détail dans mon article « Des miroirs aux alouettes : que se passera-t-il après la disparition des manipulations économiques de Biden ? », publié en septembre 2024. Dans cet essai, j’ai prédit la victoire électorale de Trump, mais j’ai également expliqué pourquoi la présidence pourrait être piégée par un krach économique dont la responsabilité serait finalement imputée aux conservateurs.

Il est important de garder à l’esprit qu’à mesure que la vérité est révélée, il y a toujours un risque que le public (et le monde de l’investissement) panique. De nombreux économistes alternatifs, dont je fais partie, ont évoqué la possibilité que si la vérité sur notre économie était un jour largement connue, l’ensemble de l’édifice mondial pourrait s’effondrer sous le poids de la révélation. Si les gens savaient à quel point la corruption et la fraude font partie de notre vie quotidienne, de notre économie et de notre cadre national, que se passerait-il ?

Il ne suffit pas de simplement tirer le rideau et de dévoiler la laideur qui se cache en dessous, il faut aussi proposer une solution. La réponse pourrait en fait venir des projets ESG mêmes qui ont été conçus initialement pour détruire les États-Unis.

L’ESG tirait son argent d’une dépense de la dette sans précédent et de l’argent des contribuables. Cela ne fonctionnera pas pour des raisons évidentes. Cependant, les mesures tarifaires de Trump pourraient être la solution. En d’autres termes, faire payer aux entreprises et aux importateurs le rajeunissement de la production nationale et peut-être même insuffler une nouvelle vie à une renaissance culturelle basée aux États-Unis.

L’accord initial de l’ALENA (et des politiques similaires) supprimant la plupart des barrières commerciales entre les États-Unis, le Mexique et le Canada a été une incroyable trahison de l’économie américaine par une coalition de néoconservateurs et de Démocrates, facilitée en 1992 par George H.W. Bush, obsédé par la globalisation.

Bush (et d’autres membres du gouvernement) voulaient un accord similaire à l’Union européenne en Amérique du Nord, un organisme supranational qui finirait par abolir les frontières et fonctionnerait comme une entité économique et sociale unique. L’ALENA n’est entré en vigueur qu’en 1994, mais le président Bill Clinton l’a certainement soutenu. En l’espace de six ans, les emplois et l’industrie manufacturière aux États-Unis se sont effondrés.

Tout retour des droits de douane est systématiquement diabolisé comme un déclencheur de catastrophe financière (tout comme toute tentative de geler le plafond de la dette est présentée comme la fin du monde par les Démocrates). L’exemple d’Herbert Hoover et des droits de douane Smoot-Hawley est toujours évoqué en comparaison avec les politiques de Donald Trump.

L’establishment a déjà tenté de faire porter à Trump la responsabilité du problème de stagflation existant. Même si la crise a éclaté sous la présidence de Joe Biden, ils ont quand même essayé de faire de Trump et des conservateurs les boucs émissaires de l’événement. Heureusement, cela n’a pas tenu, mais cela pourrait cette fois-ci si Trump ne fait pas attention.

Pour l’instant, il semble que Trump utilise les droits de douane comme un moyen de pression à court terme pour forcer les pays à corriger les déséquilibres géopolitiques (comme la question de l’immigration illégale). C’est la meilleure utilisation des droits de douane dans les conditions actuelles, et jusqu’à présent, le Mexique et le Canada ont rapidement cédé. Cela dit, des droits de douane moins élevés à long terme seront nécessaires pour corriger les déséquilibres commerciaux à plus long terme et les États-Unis n’ont tout simplement plus la base industrielle nécessaire pour le faire efficacement.

Si le président espère mettre fin à l’avalanche de la dette nationale et de l’impression de monnaie tout en libérant le travailleur américain moyen de la tyrannie de l’impôt sur le revenu, il aura besoin d’un système de droits de douane établi par des experts et d’une industrie manufacturière réorganisée pour éviter une forte inflation.

Les droits de douane obligeront en fin de compte les États-Unis à redevenir une nation productrice. Mais comment y parvenir rapidement ? Je suggérerais, comme mentionné ci-dessus, que Trump mette en œuvre un programme de type ESG (environnement, social et gouvernance) conçu pour subventionner partiellement les entreprises qui établissent de nouvelles activités de fabrication sur le sol américain. Je pense que ce programme pourrait également être utilisé pour offrir des subventions ou des financements à faible coût à des projets culturels ayant une position pro-occidentale. Et tout cela pourrait être financé par un pourcentage des recettes provenant des droits de douane de Trump au lieu de l’impôt sur le revenu.

En d’autres termes, faire payer aux entreprises et aux importateurs la reconstruction de l’économie américaine et de la culture américaine qu’ils ont tenté de détruire au cours des dix dernières années.

Cette action représenterait-elle une ingérence du gouvernement dans le libre marché ? Eh bien, oui et non. Ne prétendons pas qu’il existe un marché pour la propagande anti-occidentale et les entreprises woke. Les dernières années ont prouvé que les consommateurs ne veulent pas de ce que le mouvement woke vend. Le gouvernement ne ferait que subventionner les secteurs de l’économie que les consommateurs américains VEULENT réellement voir survivre.

En fin de compte, si nous voulons réparer les dommages causés à l’Amérique par le coup d’État du programme ESG et des institutions corrompues comme l’USAID, nous devons suivre les lois de la physique : toute action produit une réaction égale et opposée. Ils ont utilisé les critères ESG pour le mal, et nous utiliserons ces critères ESG (ou quelque chose de similaire) pour le bien. Je ne peux pas imaginer de meilleure façon d’encourager un boom manufacturier et un boom culturel aux États-Unis et d’éviter une spirale de mort stagflationniste en même temps.

Brandon Smith

Traduit par Hervé pour le Saker Francophone

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