Le Titanic américain heurte l’iceberg russe


Par Batiushka − Le 28 aout 2023 − Source Global South

Introduction : Le Titanic américain

Sous les ordres de leurs oligarques, de leurs politiciens et de leurs maîtres espions, les médias occidentaux ont soit dénigré les BRICS, soit n’en ont tout simplement pas parlé. Ils préfèrent parler d’un entraîneur de football espagnol qui a embrassé une sportive espagnole ou d’un homme d’affaires russe véreux, assassiné par des terroristes ukrainiens qui ont ensuite tenté de faire porter le chapeau au président Poutine. Et pourtant, le sommet des BRICS a marqué un tournant dans l’histoire du monde, un moment historique que je n’aurais jamais cru voir un jour, qui s’inscrit dans la naissance en cours du véritable nouvel ordre mondial. Le grand jeu occidental qui a commencé en Europe et s’est terminé à Washington est terminé.

C’est un moment capital. Le Titanic américain a heurté l’iceberg russe qu’il a lui-même créé en Ukraine par sa ruse. Et maintenant, le Titanic est en train de sombrer, après avoir heurté le concept de justice et de prospérité internationales proposé par la Fédération de Russie. Ils ont beau réarranger les chaises longues dans la panique et quels que soient les airs de fantaisie joués par la bande de politiciens et de journalistes sur le pont, le Titanic va couler. C’est une justice poétique. L’Occident pensait-il vraiment qu’il pourrait continuer à s’en tirer avec son exploitation du Reste du Monde pendant encore cinq siècles ? Cinq siècles d’injustice n’étaient-ils pas suffisants ?

L’alliance des BRICS

BRICS est l’abréviation de Amérique latine-Europe de l’Est-Asie-Afrique, c’est-à-dire le monde entier à l’exception de l’Occident. À partir du 1er janvier 2024, sous la présidence de la Fédération de Russie, qui possède la plus grande économie d’Europe, le Global BRICS ou BRICS 11, déjà appelé l’Alliance BRICS, sera composé de onze pays : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud et Argentine, Éthiopie, Iran, Arabie saoudite, Émirats arabes unis et Égypte. Sa population passera de plus de 40 % de la population mondiale à plus de 46 %. Dans son brillant discours sur les BRICS, le président Poutine, principal idéologue de l’Alliance, a déclaré que les pays occidentaux ne pourront pas la rejoindre tant qu’ils lui seront hostiles et qu’ils auront décrété des sanctions illégales à l’encontre de plusieurs de ses membres.

En octobre 2024, le seizième sommet de l’alliance BRICS se tiendra à Kazan, dans l’est de la Russie, sous la présidence du président Poutine, qui fêtera ses 72 ans le 7 octobre 2024. Le fait que le sommet soit prévu en octobre suggère que le gouvernement russe s’attend à ce que son opération en Ukraine soit terminée au plus tard à cette date. Le fait que ce sommet se tienne à Kazan, avec sa population mixte chrétienne et musulmane, est également significatif : la Russie regarde vers l’Est, et non vers l’Ouest. Le président Poutine est né à Saint-Pétersbourg, une ville tournée vers l’ouest. Il en a eu assez des trahisons occidentales. Il regarde désormais vers l’est.

Expansion à Kazan

Nombreux sont ceux qui s’attendent à ce que l’alliance des BRICS annonce une nouvelle expansion à Kazan. Beaucoup s’attendent à ce que les 14 membres restants, les États observateurs et les partenaires de dialogue de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) se joignent à l’alliance. Il s’agit du Kazakhstan, du Kirghizstan, du Pakistan, du Tadjikistan, de l’Ouzbékistan, de l’Afghanistan, de la Biélorussie, de la Mongolie, de l’Arménie, de l’Azerbaïdjan, du Cambodge, du Népal, du Sri Lanka et de la Turquie. Les BRICS 25. Toutefois, de nombreux autres pays sont susceptibles d’adhérer également, dans un avenir proche, voire plus lointain.

Il pourrait s’agir, au minimum, de l’Algérie, du Venezuela, de la Bolivie, de la Thaïlande et de l’Indonésie. Les BRICS 30. Si tel est le cas, le G7, déjà dépassé par les BRICS 5, sans parler des BRICS 11, deviendra inutile, tout comme l’est déjà le G20 divisé. Les BRICS 30, qui représentent bien plus de la moitié de la planète, contrôleront l’immense majorité de l’énergie, des matières premières, des ressources, de la fabrication et de la technologie. D’autres pays voudront les rejoindre, du Viêt Nam à la République démocratique du Congo, en passant par la Serbie et la Hongrie. Les BRICS 100 pourraient bientôt voir le jour : Amérique latine-Europe de l’Est-Asie-Afrique.

L’avenir du monde nord-américain

Il est clair que si tout cela se produit dans les années à venir, peut-être même en octobre prochain, l’ensemble de l’accord post-1945, élaboré par les États-Unis, n’aura plus de raison d’être. Avec lui tomberont l’ONU (dans sa forme actuelle à New York, contrôlée par les États-Unis), la Banque mondiale, le FMI, la CPI (la soi-disant Cour pénale « internationale ») et les autres organisations dirigées par les États-Unis qui exercent un contrôle féodal sur les vassaux des États-Unis en Europe (l’OTAN et l’UE), sans parler de leur colonie canadienne et de leurs colonies insulaires, péninsulaires et côtières : le Royaume-Uni, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, les îles du Pacifique, le Japon, la Corée du Sud et Israël. Tous ces pays devront se trouver un nouvel avenir.

Les États-Unis, s’ils peuvent survivre intacts, devront se débarrasser de leur unionisme, avec son gâchis criminel et endetté, et se diriger vers le confédéralisme, en se réconciliant avec le troisième pays d’Amérique du Nord, le Mexique. La réconciliation anglo-espagnole doit suivre. Pour l’Océanie, le Japon très endetté et la péninsule coréenne encore désunie, la solution est simple et locale, non pas dans les lointains États-Unis coloniaux, mais en Chine. Cette dernière prend d’ailleurs déjà le relais dans le Pacifique occidental et l’Australie, riche en minerais, est déjà dépendante de la Chine. Quant à l’artificiel Israël, sans le soutien de l’Occident, dont il dépend entièrement depuis trois générations, il sera enfin obligé de faire la paix avec le monde arabe.

L’avenir de l’Europe

Il reste l’Europe, l’UE-27, plus petite en termes de territoire, et les 18 pays non membres de l’UE, beaucoup plus grands en termes de territoire : La Russie européenne, la Nouvelle Ukraine, le Belarus, la Géorgie, la Moldavie, le Royaume-Uni, la Suisse, le Liechtenstein, la Norvège, l’Islande, Andorre, Monaco, Saint-Marin, la Serbie et le Kosovo, la Bosnie-Herzégovine, l’Albanie, la Macédoine (du Nord) et le Monténégro. Il s’agit des 45 pays de l’Europe occidentale ex-catholique et ex-protestante et de l’Europe orientale largement orthodoxe et de ses minorités catholiques et musulmanes.

Nous pensons qu’une fois la dissolution du Royaume-Uni achevée, avec la réémergence de l’Angleterre, de l’Écosse et du Pays de Galles longtemps opprimés, la réunification tant attendue de l’Irlande du Nord avec l’Irlande après sa division contre nature et la réémergence de la Catalogne longtemps opprimée par l’Espagne unioniste, ces pays pourraient devenir les 48 pays européens. Avec la fin de l’unionisme centraliste désastreux de l’UE, du Royaume-Uni et de pays comme l’Espagne et la France, et la régionalisation autonome de régions comme le Pays basque, la Bretagne et la Corse, la voie sera libre vers la re-souverainisation, mais aussi la confédéralisation, de l’Europe.

Deux confédérations européennes

Cette Europe à 48 aurait beaucoup de choses en commun. Évidemment, pas assez pour constituer une Union, comme le montre la catastrophe qu’est l’UE, mais certainement assez pour former deux Confédérations. La première pourrait être celle de l’Europe occidentale ex-catholique/protestante des 33 : Allemagne, France, Italie, Angleterre, Pologne, Espagne, Pays-Bas, Belgique, Suède, Tchéquie, Portugal, Autriche, Suisse, Catalogne, Irlande, Danemark, Slovaquie, Finlande, Norvège, Écosse, Croatie, Pays de Galles, Lituanie, Slovénie, Lettonie, Estonie, Luxembourg, Malte, Islande, Andorre, Liechtenstein, Monaco et Saint-Marin.

La seconde Confédération serait celle de l’Europe de l’Est à 15, majoritairement chrétienne orthodoxe : Roumanie, Hongrie, Grèce, Serbie et Kosovo, Bulgarie, Géorgie, Moldavie, Albanie, Bosnie-Herzégovine, Macédoine, Chypre, Monténégro, Russie, avec son importante minorité musulmane, Nouvelle Ukraine et Biélorussie. L’orientation de ce groupe, dirigé par des Russes d’Europe et d’Asie, serait eurasienne, vers le centre manufacturier mondial qu’est la Chine, reliée à l’Europe par la nouvelle route de la soie. Cela signifie que cette Confédération d’Europe de l’Est sera la clé des routes vers l’Asie pour la Confédération d’Europe de l’Ouest. L’Europe occidentale, qui se terminera par l’Atlantique, se tournera vers l’Europe de l’Est et passera par elle.

Conclusion : Place Rouge, Moscou, 9 mai 2045

Certains soldats soviétiques ont assisté à l’humiliante invasion de l’URSS par les nazis en 1941. Ils ne s’attendaient pas à voir la victoire à Berlin en 1945. Il y avait des soldats américains qui sont entrés triomphalement en Afghanistan en 2001. Ils ne s’attendaient pas à être mis en déroute en 2021. En décembre 2021, personne ne s’attendait à voir la Fédération de Russie, humiliée par les États-Unis pendant trente ans depuis décembre 1991 (« une station-service avec des bombes nucléaires »), devenir le seul pays au monde à tenir enfin tête à la brute américaine et à commencer sa libération de l’Ukraine deux mois plus tard. Il faut toujours se préparer à l’inattendu. Verrons-nous alors ce qui suit ? Commencez à vous préparer à l’inattendu :

Le Concert de la Victoire du Centenaire de la Confédération des Nations de l’Europe Occidentale, Place Rouge, Moscou, 9 mai 2045, devant le Tsar Nicolas III, successeur du défunt Président Vladimir Vladimirovitch Poutine. Elle s’ouvre avec le chœur de l’armée du tsar russe qui chante « Katyusha », suivi par les cornemuses écossaises qui jouent « Scotland the Brave », l’orchestre royal de Norvège qui joue « Solveig’s Song » de Grieg, les cornemuses et les danseurs du bagad de Bretagne, la valse de l’empereur jouée par l’orchestre de Vienne, « Nessun Dorma » chanté par l’opéra de Milan, Le « Fado Portugues » joué par l’Orchestre de Lisbonne, « La Mer » de Trenet joué par l’Orchestre de Paris, le Standard of St George d’Alford joué par les Royal Marines, la Sonate au clair de lune de Beethoven jouée par l’Orchestre de Berlin, et enfin l’hymne national russe « O God, Keep the Tsar Strong and Mighty » (Ô Dieu, garde le Tsar fort et puissant).

Batiushka

Recteur orthodoxe russe d’une très grande paroisse en Europe, il a servi dans de nombreux pays d’Europe occidentale et j’ai vécu en Russie et en Ukraine. Il a également travaillé comme conférencier en histoire et en politique russes et européennes.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

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