Par Batiushka − Le 27 mai 2022 − Source The Saker Blog
Introduction : Les trois objectifs
Les trois objectifs de l’opération militaire spéciale de la Fédération de Russie en Ukraine ont été clairement annoncés par le président Poutine dès le début, le 24 février. Ils étaient très spécifiques, très limités et excluaient délibérément l’occupation de l’ensemble de l’Ukraine, sans parler d’attaques sur des territoires extérieurs. En outre, toute suggestion d’utilisation d’armes nucléaires était totalement absente – cette question n’a jamais été soulevée que par l’irresponsabilité et la propagande hystériques des politiciens et des journalistes occidentaux. Rappelons que les trois objectifs étaient, premièrement, la libération du Donbass russe des nazis, et, deuxièmement et troisièmement, la démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine en tant qu’« Anti-Russie », créée là par l’Occident depuis 2014. En d’autres termes, l’objectif russe était de terminer la Seconde Guerre mondiale inachevée contre le nazisme et certainement pas de déclencher une « Troisième Guerre mondiale ».
Extension à l’intérieur de l’Ukraine ?
Il est vrai que depuis, le premier objectif de l’opération a dû être étendu à la libération d’une grande partie de la zone côtière de la mer Noire, notamment Kherson et Zaporozhia, afin de relier le Donbass à la Crimée. Initialement, cette action résultait des tentatives de la junte de Kiev de couper l’approvisionnement en eau de la Crimée russe et des menaces qu’elle faisait peser sur la flotte russe de la mer Noire et le pont de Kertch. Toutefois, d’un point de vue stratégique, il serait parfaitement logique d’étendre l’objectif initial à l’ensemble de la côte de la mer Noire, y compris Nikolaev et Odessa, jusqu’à la frontière roumaine.
Ainsi, une éventuelle Ukraine croupion deviendrait un État enclavé, comme la Slovaquie ou le Belarus. Cela permettrait à la Russie de contrôler le nord de la mer Noire, ce qui mettrait à mal les tentatives actuelles des navires occidentaux de vider les réserves de céréales ukrainiennes afin que la malnutrition commence là, une nouvelle famine ou « Holodomor », et fournirait également un pont terrestre vers le territoire russe isolé et menacé de Transnistrie. Il faut souligner que cela ne s’est pas encore produit, mais étant donné la faillite du régime incompétent de Kiev et même l’admission par les États-Unis, le 24 mai, que Kiev ne peut plus assurer le service de sa dette, d’autres provinces ukrainiennes pourraient encore demander à être rattachées à la Fédération de Russie.
Étant donné que les autorités d’Ukraine occidentale reçoivent des fournitures de l’OTAN de l’autre côté de la frontière polonaise et qu’elles font preuve d’une oppression incroyable, d’inspiration nazie, à l’égard de leur minorité pro-russe, notamment en interdisant l’Église orthodoxe russe (Patriarcat de Moscou) et en saisissant et fermant ses églises, nous nous demandons si l’opération spéciale ne devra pas être étendue à cette région également, malgré ses objectifs initiaux. Mais, bien plus encore, l’OTAN pourrait-elle imposer une extension bien plus importante des objectifs de l’Opération par ses menaces à partir des territoires de l’OTAN en dehors de l’Ukraine ?
Extension en dehors de l’Ukraine ?
Tout d’abord, il y a les demandes antidémocratiques d’adhésion à l’OTAN des establishments finlandais et suédois, autrefois neutres. Cette organisation, qui porte les mots « Atlantique Nord » dans son titre, qui vient de perdre une guerre sur les contreforts de l’Himalaya et qui menace maintenant la Chine, veut s’étendre à l’Europe du Nord. Ses dirigeants ont peut-être besoin de prendre quelques leçons de géographie élémentaire ? Pour l’instant, la Turquie bloque ces demandes, mais ses objections pourraient ne pas être maintenues, compte tenu de la pression exercée par les États-Unis sur une Ankara en proie à l’inflation. Quoi qu’il en soit, la Russie a déjà clairement déclaré que si des armes de l’OTAN sont basées en Finlande et en Suède, elles seront détruites. Le deuxième objectif de démilitarisation devra-t-il donc s’étendre à ces pays également ?
Deuxièmement, il y a le cas de la Pologne, qui dispose déjà de deux bataillons (environ 1 000 hommes ?) d’infanterie légèrement armée, actuellement stationnés dans le centre de transport de Pavlodar, en Ukraine centrale. S’agit-il de mercenaires ou de véritables troupes polonaises et de l’OTAN ? Ont-elles en tout cas déjà été détruites par l’attaque de missiles russes du 24 mai ? Cependant, de manière beaucoup plus spectaculaire, il a été annoncé au niveau intergouvernemental que les Polonais et les Ukrainiens sont désormais des « peuples frères sans frontières ». En d’autres termes, comme l’a expliqué la porte-parole russe Maria Zakharova le 23 mai, les citoyens polonais ont donc en principe les mêmes droits que les citoyens ukrainiens en Ukraine, à l’exception, pour l’instant, du droit de vote. Cela signifie que le régime de Kiev a fondamentalement renoncé à sa propre souveraineté.
Cette déclaration implique potentiellement une invitation aux forces polonaises à entrer et à prendre le contrôle de plusieurs provinces de l’Ukraine occidentale, que les autorités polonaises convoitent depuis des siècles. L’opération ukrainienne passerait ainsi à un autre niveau. Cette nouvelle armée « ukrainienne » serait une armée de l’OTAN. Cela pourrait potentiellement devenir une invitation à une guerre totale entre l’OTAN et la Russie, puisque la Russie a certainement le droit d’anéantir les troupes étrangères en Ukraine, comme elle l’a déjà fait. Cependant, tout ceci n’est que spéculation et nous devrions attendre des faits concrets avant de tirer des conclusions. Le belliciste notoire Stoltenberg, de l’OTAN, a clairement indiqué le 24 mai que son organisation terroriste ne souhaite pas ce qu’il appelle une « guerre directe » avec la Russie.
Troisièmement, il y a le cas des pays baltes. L’élite installée par les États-Unis en Lituanie, voisine de la vulnérable Kaliningrad russe, a fait preuve d’une agressivité particulière à l’égard de la Russie, menaçant notamment d’interdire l’Église orthodoxe russe (Patriarcat de Moscou) prise en otage – comme cela s’est déjà produit dans de vastes régions de l’Ukraine occidentale. Les gouvernements pro-nazis de Lettonie et d’Estonie ne sont pas loin de la position lituanienne. Cela pourrait-il signifier que la Fédération de Russie pourrait décider de démilitariser et de dénazifier également ces trois pays membres de l’OTAN ? Après tout, ces trois États ont tous des minorités russes opprimées, surtout la Lettonie. L’Estonie est très proche de Saint-Pétersbourg. Quant à Kaliningrad, si jamais l’OTAN avait la bêtise de l’envahir à partir de la Lituanie et de la Pologne, entre lesquelles elle est prise en sandwich, les conséquences seraient terribles.
Quatrièmement, il y a le cas de la Roumanie. Bien qu’elle ait de petites revendications territoriales, peut-être justifiées, sur la frontière sud de l’Ukraine, elle s’intéresse avant tout à la Moldavie. Si elle était tentée d’envahir la Moldavie, elle aurait des problèmes non seulement avec la population de la Moldavie, minuscule et sans protection, dont beaucoup ne sont pas pro-roumains, mais aussi avec la Russie. La Russie permettrait-elle à la Roumanie, armée par l’OTAN, d’envahir la Moldavie, ou préférerait-elle intégrer la Moldavie dans le territoire de la Fédération de Russie avec la Transnistrie pour la protéger de l’OTAN ? Là aussi, les spéculations et les doutes sont nombreux.
Enfin, nous nous demandons si la Fédération de Russie va continuer à tolérer les déclarations et les actions agressives des représentants anti-russes des élites mercenaires installées par les États-Unis en Bulgarie et en Grèce ? Si les élites bulgares et grecques étaient débarrassées de ceux qui « feraient n’importe quoi pour un million de dollars » et si leurs pays redevenaient des territoires pro-russes, cela signifierait que toute la moitié orientale de l’Europe pourrait enfin redevenir une zone tampon pro-russe, sans OTAN. Cette zone comprendrait bien sûr la Hongrie ainsi que la Serbie, le Monténégro, la Macédoine du Nord et la Bosnie-Herzégovine, c’est-à-dire la majeure partie de l’ex-Yougoslavie, où la plupart des gens et certaines classes dirigeantes sont de toute façon pro-russes.
Quant à l’Europe centrale (nous incluons ici les Pays tchèques, l’Allemagne de l’Est et l’Autriche, ainsi que la Slovénie, la Croatie et même l’Albanie) et à l’Europe occidentale, leurs populations devront simplement s’accommoder d’être coupées des matières premières. Cela signifie qu’elles seront privées de pétrole, de gaz, de pâte à papier, d’engrais, de céréales et de minéraux russes et que les plus pauvres d’entre elles risqueront de mourir de faim et d’hypothermie l’hiver prochain en raison des sanctions anti-russes de leurs classes dirigeantes. À moins, bien sûr, que ces populations ne décident de se révolter et de se libérer de leurs élites coloniales néo-féodales installées par les États-Unis. Même le Royaume-Uni offshore, avec son bouffon de Premier ministre Johnson, né à New York, pourrait encore s’y opposer et le rejeter. La situation économique en Europe devient sérieuse.
Conclusion : Le bon sens ou….
Naturellement, nous ne pouvons pas dire ce qui va se passer. Ce que nous pouvons dire très clairement, en revanche, c’est que l’élite américaine et ses sous-fifres de l’OTAN jouent avec le feu. Alors que le dollar glisse quotidiennement, passant désormais sous la barre des 57 pour 1 rouble pour la première fois depuis 2015, certains banquiers occidentaux commencent à paniquer. Si les vassaux de l’OTAN ont un peu de bon sens, ils dissoudront purement et simplement l’OTAN, comme cela aurait dû se produire en 1991, lors de la dissolution du Pacte de Varsovie. Mais, comme on dit, le problème du bon sens est qu’il est très rare. C’est un peu comme l’intelligence, qui est très limitée, alors que la capacité de stupidité est tout à fait illimitée…..
Batiushka
Traduit par Hervé pour le Saker Francophone