La Suède dit non à l’OTAN


Par Mads Jacobsen – Le 16 septembre 2016 – Source katehon

Malgré le fait que le gouvernement suédois a décidé, au début de cette année,  de signer le Host Nation Support Agreement avec l’OTAN, il en est sorti et a précisé que le processus d’adhésion à l’OTAN ne serait pas poursuivi.

Cette décision a été prise peu de temps après la publication d’un rapport, commandé par le gouvernement suédois, visant à présenter les avantages et les inconvénients de devenir membre potentiel de l’OTAN. Le rapport indique que le scénario selon lequel la Russie attaquerait la Suède, si elle était seule, est fantaisiste, et que tout conflit militaire en Europe du Nord éclaterait probablement dans les pays baltes – encore une fois avec la Russie dépeinte comme l’agresseur possible – mais que c’était également très improbable.

Margot Wallström, ministre des Affaires étrangères de la Suède, a commenté en disant qu’elle favorise «un dialogue plus politique et de vastes partenariats bilatéraux et internationaux, plutôt que de se joindre à l’OTAN» (http://thelocal.se du 9 Septembre, 2016). Elle a en outre ajouté que la liberté de ses alliances militaires convenait bien à la Suède et contribuait à créer la sécurité et la stabilité en Europe du Nord.

Le rapport conclut que l’OTAN ne contribuerait pas à apporter une solution significative aux capacités militaires actuellement insuffisantes de la Suède. En fait, ce serait très probablement coûteux pour le contribuable suédois. Le gouvernement suédois a déjà décidé que, entre 2016 et 2020, les dépenses militaires devraient augmenter de $1,2 milliards (Billner 2016), atteignant ainsi le montant total de $27 milliards. De plus, ce serait également créer une crise politique inutile avec la Russie. Le seul avantage présenté par le rapport est la question de savoir comment la Suède allait réagir dans le cas d’une «agression russe» dans la région de la Baltique, et un renforcement de la «capacité de dissuasion» de l’Ouest (Radio Suède 9 Septembre, 2016) – ce qui est une façon polie de dire «l’augmentation de la puissance de l’OTAN à entraver la Russie».

Fait intéressant, l’ambiance au sein de la population suédoise sur la question de l’adhésion à l’OTAN a changé depuis l’année dernière. Dans une enquête menée en juin 2016, 49% des participants ont dit qu’ils étaient contre l’adhésion de la Suède à l’OTAN (l’année dernière, ils étaient 39%), 33% étaient pour l’adhésion (l’année dernière, il était 41%), et 18% étaient indécis (l’année dernière 20%) (http://thelocal.se du 7 juillet, 2016). Pour cette raison, la décision prise par le gouvernement suédois de rester neutre sur cette question est en conformité avec les souhaits de la population suédoise.

En Suède, les discussions sont toujours en cours sur l’opportunité de coopérer davantage, ou même de rejoindre le Strategic Communications Centre, StratCom de l’OTAN, qui est un organe chargé d’influencer l’opinion publique en présentant le récit le plus favorable aux buts et objectifs de l’alliance, telles que «la lutte contre la propagande russe». En fait, StratCom se trouve en contact avec des branches diverses du gouvernement, de l’armée et de l’éducation à l’intérieur de la Suède.

La Suède étant devenue récemment un membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, son influence et sa position dans le système international sont de plus en plus importantes, pour le moment. Espérons que le gouvernement suédois va opter pour une position neutre entre l’Occident et la Russie, en dépit de ses attitudes plus pro-U.S. et OTAN. La stabilité régionale et la non-confrontation, tant en Europe proprement dite que, plus précisément, dans la région de la mer Baltique, devraient être parmi les priorités les plus élevées, et la Suède a le potentiel pour agir en tant que médiateur diplomatique à cet égard.

Malheureusement, l’accord d’adhésion à l’OTAN et les connexions avec StratCom pourraient saboter cette position pour la Suède, mais le choix de ne pas poursuivre le processus d’adhésion à l’OTAN signifie qu’il y a encore de l’espoir.

Mads Jacobsen

Sources :

Billner, Amanda. La Suède dit non à l’OTAN bien que l’étude présente des avantages de l’adhésion. Bloomberg, 9 septembre 2016. Web. 13 sept 2016. http://www.bloomberg.com/news/articles/2016-09-09/sweden-says-no-to-nato-even-as-study-shows-advantages-of-joining

Centre des communications stratégiques d’excellence de l’OTAN à Riga, en Lettonie (stratcomcoe). Résultats de la recherche pour «Suède». Web. 14 sept 2016. http://www.stratcomcoe.org/search/node/sweden

Radio Suède. L’adhésion à l’OTAN n’est pas pour la Suède : ministère. Radio Canada International, le 9 septembre 2016. Web. 13 sept 2016. http://www.rcinet.ca/eye-on-the-arctic/2016/09/09/nato-membership-not-for-sweden-ministers/

Les Suédois changent d’opinion sur l’OTAN une fois de plus. le 7 juillet 2016. Web. 13 sept 2016. http://www.thelocal.se/20160707/more-swedes-now-against-nato-membership

Qu’est-ce qui se passerait si la Suède rejoignait l’OTAN ? Web. 13 sept 2016. http://www.thelocal.se/20160902/what-would-happen-if-sweden-joined-nato

Traduit et édité par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

   Envoyer l'article en PDF   

3 réflexions sur « La Suède dit non à l’OTAN »

  1. Ping : Revue de presse inter. | Pearltrees

  2. Ping : Laleph : Actualite alternative

  3. Ping : Laleph : Actualite alternative

Les commentaires sont fermés.