Par Brandon Smith – Le 12 Juillet 2018 – Source alt_market
Le crash de 2008 a apporté avec lui une série de paradigmes économiques étranges rarement, voire jamais vus dans l’histoire ; paradigmes qui ont renversé l’analyse budgétaire normale. Alors que certains fondamentaux restent les mêmes, peu importe ce qui se passe, la présentation de ces données a été délibérément faussée pour cacher la vérité. Mais quelle est la vérité ? Au fond, la vérité est que la plupart des économies du monde sont beaucoup plus faibles que ce que les gouvernements et les banques centrales ont montré. Cela est particulièrement vrai pour les États-Unis.
Cela dit, un pays poursuit une stratégie opposée depuis de nombreuses années – ce qui signifie qu’il a caché sa préparation économique plus que ses faiblesses. Je parle bien sûr de la Chine.
Lorsque nous mentionnons la Chine dans le monde de l’analyse alternative, plusieurs problèmes surgissent : l’endettement croissant de la Chine, les dépenses gouvernementales pour des programmes d’infrastructure apparemment inutiles comme des « villes fantômes », la banque centrale chinoise et son sous-ensemble de corporations aux chiffres financiers opaques. Ces choses alimentent l’idée que lorsqu’une catastrophe financière mondiale va se produire, inévitablement, elle va émaner d’abord de la Chine. Elles donnent également au public américain la fausse impression qu’une guerre commerciale contre la Chine sera facilement gagnée et que la Chine va immédiatement faiblir sous le poids de ses propres instabilités voilées.
Cependant, si l’on étudie réellement le comportement et les activités de la Chine au cours de la dernière décennie, on peut voir apparaître une méthodologie derrière la folie apparente. En fait, certaines actions de la Chine semblent suggérer que ce pays se prépare depuis des années aux conditions géopolitiques exactes que nous voyons aujourd’hui. C’est comme si quelqu’un les avait prévenus à l’avance…
En termes de préparation à une guerre commerciale avec les États-Unis, la Chine a mis en œuvre plusieurs mesures importantes. Par exemple, pendant au moins les dix dernières années, le pays a délaissé une économie purement exportatrice et réduit sa dépendance aux ventes de biens aux États-Unis. En 2018, les achats chinois de biens de consommation devraient surpasser ceux des consommateurs américains. Au cours des cinq dernières années, la consommation intérieure en Chine a représenté entre 55% et 65% de la croissance économique, et la consommation privée a été le principal moteur de l’économie chinoise – PAS les exportations.
L’argument selon lequel la Chine est en quelque sorte dépendante des marchés et des consommateurs américains pour maintenir son économie en vie n’est qu’un mensonge. La Chine attire maintenant un marché au détail aussi attrayant que celui des États-Unis, et son marché intérieur pourrait prendre le relais au cas où les marchés américains seraient soudainement fermés aux exportations chinoises.
Le problème de la croissance rapide de la dette chinoise est souvent présenté comme le principal argument contre la survie de cette nation à une réinitialisation économique mondiale ou à une guerre commerciale, avec son système bancaire parallèle menaçant de déclencher une longue crise cachée du crédit et une chute des marchés boursiers. Mais ce n’est pas l’histoire complète.
Le montant exact de l’impression de monnaie fiduciaire que la banque centrale de Chine a entrepris après l’accident de 2008 n’est pas connu. Certaines estimations calculent la dette de la Chine à environ 250% de son produit intérieur brut. Selon les normes habituelles, cela suggère qu’une crise du crédit est imminente. Mais l’intérêt soudain de la Chine pour l’expansion de la dette était-il une simple réaction ou faisait-il partie d’un plan plus vaste ?
Juste après 2008, un argument commun contre la résilience de la Chine était la notion que la Chine dépendait de sa détention de réserves en dollars américains afin de maintenir faible sa propre monnaie. Cela signifie que les entreprises chinoises ont dû vendre des biens aux États-Unis en échange de dollars, qu’elles ont ensuite échangés avec la banque centrale contre des yuans. La banque centrale chinoise détenait alors ces milliers de milliards de dollars en réserve pour maintenir le dollar artificiellement plus fort sur le marché mondial, et le yuan plus faible, soutenant et perpétuant ainsi l’ancien modèle d’exportation.
De toute évidence, cet argument n’est plus applicable ou carrément absurde.
L’expansion de la dette propre de la Chine et l’émission d’obligations du Trésor ont commencé en 2005 dans le cadre du programme « Panda Bond ». À l’époque, cette information a été traitée comme une nouveauté ou une blague par la communauté économique dominante. Aujourd’hui, c’est une puissante motrice, car les actifs libellés en yuan se répandent dans le monde entier.
La Chine n’a plus besoin de détenir des dollars ou des actifs libellés en dollars afin de maintenir sa devise plus faible pour les marchés d’exportation. Elle peut simplement gonfler et monétiser sa propre dette, tout comme le font les États-Unis. Mais pourquoi la Chine prendrait-elle la peine de le faire ? Pourquoi sauter dans le même jeu de dette qui a causé tant de problèmes aux nations occidentales ?
Peut-être parce qu’elle sait quelque chose que nous ne savons pas. Au cours de la phase initiale de la crise des produits dérivés, la possibilité pour la Chine de rejoindre le panier des droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international a pris le devant de la scène. Avec le yuan en tant que membre du panier de DTS, son potentiel de devenir un centre financier pour le commerce mondial plutôt qu’un simple centre d’exportation et d’importation serait assuré. Mais le FMI a fixé certaines conditions avant que la Chine ne puisse y adhérer. L’une de ces exigences était une liquidité monétaire beaucoup plus grande et un marché du yuan plus « librement utilisable ». En d’autres termes, pour que la Chine rejoigne le panier des DTS, elle devait d’abord s’endetter considérablement.
C’est exactement ce qu’elle a fait : ne pas soutenir son système bancaire (bien que cela soit une excuse valable) ou soutenir forcément ses marchés boursiers. Au contraire, la Chine voulait un siège à la table du « nouvel ordre mondial », et elle a acheté ce siège grâce à une expansion massive de la dette. La Chine a été officiellement incluse dans le panier de DTS en 2016.
La Chine a été un ardent défenseur du système du panier de DTS, et le pourquoi devient clair si vous comprenez ce que les globalistes ont l’intention de faire pour l’avenir du cadre monétaire mondial. Ce plan a été décrit pour la première fois dans le magazine The Economist contrôlé par les globalistes en 1988 dans un article appelant aux débuts d’une monnaie mondiale en 2018. L’article stipule que l’économie américaine et le rôle du dollar comme réserve mondiale devraient être diminués, et que le panier des droits de tirage spéciaux du FMI pourrait être utilisé comme un pont pour mettre en place une monnaie unique pour toutes les économies du monde.
Cette monnaie serait bien sûr administrée et contrôlée par les élites bancaires du FMI.
Depuis 2009, la banque centrale chinoise a demandé que le panier de DTS devienne une « monnaie de réserve super-souveraine », autrement dit un système monétaire mondial. En 2017, le vice-gouverneur de la banque centrale de Chine a déclaré que les banques centrales devraient accroître leur utilisation du panier de DTS en tant qu’unité de compte et qu’une plus grande liquidité en DTS devrait être encouragée. En 2015, la banque centrale chinoise a suggéré que le système du panier de DTS « passe au tout numérique », en créant une version électronique de cette monnaie de réserve afin qu’elle puisse se répandre rapidement.
Il n’est pas surprenant que le FMI soit entièrement d’accord avec ce plan et ait même suggéré dans des articles récents sur son site Web que les cryptomonnaies et la technologie de type blockchain sont l’évolution future du système monétaire.
Le globaliste notoire George Soros a révélé quelques détails plus sombres de ce que le FMI appelle la « réinitialisation économique mondiale » dans une interview en 2009 ; ces détails comprenaient une économie américaine affaiblie, un dollar moins fort et que la Chine devienne un nouveau moteur économique pour le monde.
Enfin, la Chine s’est clairement préparée à une crise considérable du dollar ou de la stabilité économique mondiale, comme en témoigne son stockage soudain et agressif de réserves d’or au cours de la dernière décennie. Seulement récemment surpassée par la Russie dans les achats, la Chine est l’un des acheteurs nationaux d’or les plus agressifs. Un stock d’or en expansion constituerait une couverture efficace contre l’effondrement du marché du dollar. Si le dollar perd son statut de réserve mondiale, des pays comme la Chine et la Russie sont bien placés pour en atténuer les dommages. Compte tenu du fait que le FMI détient officiellement environ 3 000 tonnes d’or, les globalistes sont également bien placés en cas de crash du dollar.
Il semblerait que la Chine ait été incluse à plusieurs niveaux dans le plan de réinitialisation globale. Toutes les actions mentionnées précédemment suggèrent une connaissance anticipée d’un changement radical du modèle du dollar. La guerre commerciale elle-même fournit une couverture parfaite pour cette réinitialisation économique, comme je l’ai mis en garde dans mes derniers articles. La Chine jouerait un rôle important dans la réinitialisation, car elle a la capacité de vendre massivement les bons du Trésor américain et lâcher ainsi le dollar comme monnaie de réserve mondiale, provoquant une réaction en chaîne sur les marchés mondiaux alors que leurs partenaires commerciaux sont organisés en une chaîne de domino.
Ils vont probablement le faire tranquillement (comme la Russie l’a fait récemment), afin de se débarrasser de leurs bons du Trésors américains avant que la nouvelle de ces ventes frappe les médias dominants. Les principaux bénéficiaires de cet acte seront les globalistes, tandis que la Chine s’est placée pour survivre (pas nécessairement pour prospérer) pendant le chaos. Il n’en va pas nécessairement de même pour les États-Unis, dont le talon d’Achille est la dépendance totale à l’égard de la primauté du dollar.
Brandon Smith
Traduit par Hervé, relu par Cat pour le Saker Francophone
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