Le 16 fevrier 2015 – Source: Russia Today Allemagne
Russia Today sent le soufre pour la presse allemande
Russia Today a publié le 5 février la lettre ouverte de six vétérans russes de la bataille de Stalingrad à la chancelière allemande Angela Merkel [traduite sur notre site]. Russia Today avait demandé au secrétariat de la Chancellerie si Madame Merkel comptait commenter cette lettre ouverte. Le bureau de presse de la Chancellerie a répondu: «Nous ne prenons en principe pas de position sur les lettres ouvertes.»
Le 72e anniversaire de la victoire de l’Armée rouge à Stalingrad avait vu six vétérans russes de la bataille s’adresser dans une lettre ouverte à la chancelière allemande demandant une explication sur les événements en cours en Ukraine, qui prenaient de plus en plus des allures fascisantes, et de mettre cela en rapport avec l’Histoire allemande. Russia Today a documenté l’ensemble de la lettre.
La Chancellerie ayant répondu qu’elle ne commentait pas les lettres ouvertes, il ne fallait pas s’attendre à une réaction ou à une prise de position, même pas pour les vétérans de 90 ans de l’un des moments clés de la lutte contre le national-socialisme allemand.
Mais là où le gouvernement fédéral montre peu de respect et de considération pour les lettres ouvertes, on pourrait penser que la presse libre allait se manifester.
A la question d’un de ses lecteurs, qui lui demandait s’il avait l’intention de publier la lettre ouverte, le rédacteur en chef d’un quotidien du sud-est de l’Allemagne a répondu par un dénigrement et une menace de dépôt de plainte contre le lecteur et la chaîne de télévision Russia Today.
Voilà la réponse:
Cela ne passerait pas dans La libre parole de publier cette lettre ouverte in extenso. Avec tout le respect dû aux anciens combattants: le texte est un ensemble de suppositions et de fausses affirmations, dont le seul objectif reste la justification de l’annexion référendaire de la Crimée et l’appui aux séparatistes en Ukraine, avec des armes, du matériel, de l’argent et des soldats en vacances. Et, nous ne pensons pas que c’est à nous de servir la mauvaise propagande de Russia Today.
Il s’agit du quotidien Freies Wort ou La libre parole [sic], qui tire à 70 000 exemplaires. Il est décrit comme le leader des journaux régionaux pour le sud de la Thuringe et une voix journalistique importante.
Seuls ceux qui ont la volonté d’épouser la position pro-occidentale attireront l’attention des médias.
Irrité par la réponse du rédacteur en chef de La libre parole, Walter Hörmann, notre lecteur, a publié cette réponse sur la plate-forme en ligne de la page du comité de surveillance des médias audiovisuels
La rédactrice en chef de RT Allemagne, Anna Schalimowa, a demandé son avis au rédacteur en chef de La libre parole. Ce dernier a d’abord expliqué que les lettres ouvertes, en principe, ne sont pas publiées. Les exceptions, s’il y en avait, seraient toutefois seulement fonction de leur importance, celle accordée par le journal à des thèmes d’intérêt général, qui seraient de toute façon déjà débattus.
Ces décisions sont soumises, bien sûr, au rédacteur en chef lui-même. En même temps, on ne peut pas reprocher à La libre parole de ne pas faire de place à tous les avis, appels ou lettres ouvertes. Récemment, il y a quelques mois, le journal a en effet publié une telle lettre.
A notre question quant à la personne avait rédigé la réponse, M. Hörmann a expliqué à RT Allemagne que lui-même était l’auteur du papier, mais ne peut toutefois pas en dire plus sur le sujet. Et qu’il n’était pas tenu non plus d’expliquer sa position ni surtout de se justifier, encore moins à une rédactrice en chef de RT Allemagne.
Enfin, selon les dires du rédacteur en chef de la Libre Parole à RT, il ne serait absolument pas possible de publier la lettre ouverte de façon complètement indépendante, que ce soient des extraits ou sa version entière.
A la question de RT Allemagne à propos de la véracité de l’affirmation de mauvaise propagande s’agissant de RT qu’il aurait exprimée, M. Hörmann répond qu’il avait fait cette déclaration en privé et qu’il ne ferait pas cette citation sous cette forme, bien sûr, s’il était en public.
Sur le fait de savoir si, pour émettre cet avis, il avait lu RT Allemagne jusqu’à maintenant, il a répondu : «Je n’ai pas lu RT jusqu’à présent et je ne compte pas non plus le lire à l’avenir.»
En outre, Hörmann a menacé la rédactrice de RT: celle-ci devrait éviter de publier, malgré l’accord du lecteur, les échanges de courriers électroniques, sinon, l’ensemble de la rédaction de RT peut s’attendre à une plainte.
Dans une conversation téléphonique avec RT Allemagne, le lecteur a mentionné qu’il aurait reçu, à l’issue de l’entretien entre Hörmann et la rédactrice de RT, un autre e-mail du rédacteur en chef et avoir été mis sous forte pression par Hörmann. En concertation avec le lecteur, et compte tenu de la menace de plainte de Hörmann, RT se limite à un lien de l’échange des lettres.
Justement, le lecteur déçu de La libre parole écrit dans son post-scriptum: «La libre parole était publiée dans le passé avec un grand titre: La libre parole – Journal indépendant pour le sud de la Thuringe. Ce titre a été retiré il y a quelques semaines. Une bonne connaissance de soi-même?»
Dans ce contexte, la structure de propriété du journal permet d’être bien plus perspicace. Selon les recherches effectuées par RT Allemagne, ce dernier appartient à 70% au Süddeutscher Verlag [un gros éditeur tenu par de grandes familles et groupes allemands ici] et à 30% par la SPD-Medienholding Deutsche Druck- und Verlagsgesellschaft mbh (ddvg) [donc dépendant du Parti Socialiste].
En dépit de plusieurs demandes de RT Allemagne sur l’actuelle structure de propriété du quotidien, nous n’avons reçu aucune réponse, ni du directeur de La libre parole, ni du département de communication du Süddeutscher Verlag.
Traduit par Toma. relu par jj et Diane pour le Saker Francophone.