…mais que vous n’osiez pas demander à Peter Duesberg (°)
(°) Peter Duesberg, est un biologiste d'origine allemande professeur de biologie moléculaire et cellulaire à l'université de Californie à Berkeley.
Par Gilad Atzmon − Le 18 avril 2020 − Source Unz Review
En 2002, Arnold S. Relman, professeur de médecine à l’Université Harvard, avait déclaré : «La profession médicale est achetée par l’industrie pharmaceutique, non seulement en termes de pratique de la médecine, mais également en termes d’enseignement et de recherche. Les institutions académiques de ce pays [États-Unis] se permettent d’être les agents rémunérés de l’industrie pharmaceutique. Je pense que cela est lamentable, honteux.»
Tous ceux qui sont intéressés par la notion de vérité, et sa recherche, reconnaissent ce qui a conduit le professeur Relman à dénoncer sa profession et ses normes. Son observation peut être appliquée à presque tous les domaines universitaires et de recherche. Plutôt que de traquer la vérité, le plus souvent nos universités et nos instituts de recherche distordent «l’image de véracité» et «l’illusion du discours scientifique» pour les faire correspondre aux intérêts et aux discours que les puissants attendent d’eux. Nous faisons cela pour notre passé, l’Histoire, ainsi que pour la physique, la chimie, la biologie, les sciences politiques, les études juridiques et la plupart des autres domaines universitaires.
Pourtant, bien que la vérité soit évasive et sujette à des agressions incessantes par ceux qui sont censés en être les gardiens, la vérité néanmoins survit. Miraculeusement, elle manifeste un trait unique et indéniable : elle se révèle toujours.
Peu de scientifiques vivants ont subi autant de harcèlement public que le professeur Peter Duesberg. Certains ont quasiment accusé le scientifique de massacres de masse. Et pourtant, c’est Duesberg qui, bien avant tout le monde, avait noté que la science médicale s’était progressivement avérée compromise et traîtresse dans ses mœurs.
Que nous voulions l’admettre ou pas, Peter Duesberg a prédit la tourmente institutionnelle actuelle liée à la nouvelle maladie Covid-19 et la dangereuse conjonction entre, d’un côté ceux qui singent l’image de la «pensée scientifique», et de l’autre l’industrie pharmaceutique avec d’autres oligarques à l’affût d’opportunités financières puisées dans la souffrance humaine.
Duesberg est connu par beaucoup de gens comme le «dénégateur du VIH». Dans les années 80, alors qu’il était professeur à l’Université de Californie à Berkeley, il était arrivé à la conclusion que le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) était un virus passager 1 inoffensif et avait peu à voir avec la condition de SIDA.
Je n’ai pas d’opinion et je ne suis pas qualifié pour commenter les théories scientifiques de Duesberg. Pourtant, c’est son travail qui a alerté de nombreux esprits critiques, dont le mien, sur le fait inquiétant que la science médicale s’était fourvoyée. Avec les années, il est peut-être plus troublant – pour certains – qu’il soit devenu clair que – peu importe si la science de Duesberg était juste ou pas – l’essentiel de son argumentation a été adopté par la plupart d’entre nous, y compris ceux qui nient la validité de sa science.
Les recherches de Duesberg l’ont amené à croire que ce n’était pas le VIH qui causait la condition du SIDA, mais que c’était les modes de vie, au sein de la communauté homosexuelle masculine à l’époque, qui ont rendu cette communauté si vulnérable. Il a évoqué principalement la consommation de drogues illicites et les interactions sexuelles libertines. Il a pratiquement blâmé les victimes, mais lorsque celles-ci ont apporté les changements nécessaires à leur mode de vie, le SIDA est devenu en quelque sorte «moins contagieux».
Duesberg était un scientifique du style des romantiques du XIXe siècle, il comprenait l’essence de la pensée scientifique en général et de la science médicale en particulier. Il a observé que les patients atteints du SIDA mouraient de diverses maladies liées à la défaillance du système immunitaire, mais les malades «ne sont devenus des victimes du SIDA» qu’une fois diagnostiqués «séropositifs». Duesberg avait déjà senti un « loup » dans les années 80. Il a compris que nous avions accumulé des statistiques plutôt que pensé scientifiquement au problème. Il a identifié le rôle corrosif de l’industrie pharmaceutique et l’impact dangereux des institutions mondiales de santé. Maintenant au plus fort de la crise de la Covid-19, beaucoup d’entre nous peuvent à peine supporter la puanteur de cette embrouille qui a poussé exponentiellement le loup à devenir un dinosaure pourri.
La discipline médicale est traditionnellement définie comme la science de la santé, de la prévention et du traitement des maladies. Des formes de science médicale sont apparues dans de nombreuses cultures et sous différentes variantes, mais tout au long de la recherche, la science s’est principalement engagée à maintenir la santé, identifier les symptômes et définir un processus de traitement.
La médecine comporte deux parties cruciales :
1. Le diagnostic : l’art ou l’acte d’identifier une maladie à partir de ses signes et symptômes
2. Le plan d’action : nous comprenons que la médecine occidentale existait avec efficacité avant que nous ne possédions les moyens d’effectuer des «dépistages viraux» médico-légaux, que ce soit pour le SIDA ou la Covid-19. En 1917, au moment de la grippe espagnole, les patients étaient diagnostiqués porteurs de la maladie sans l’aide de «bio-laboratoires» ni de dépistages post-mortem. Il en va de même pour le paludisme, la pneumonie, différents cancers, etc. Ils ont ensuite été traités selon les connaissances et les moyens disponibles.
Il devrait être embarrassant d’admettre que quatre mois après le déclenchement de la crise sanitaire actuelle et plus d’un siècle après la grippe espagnole, la science médicale et les autorités de santé publique n’ont pas beaucoup progressé.
Celles-ci ont probablement moins de compréhension de la philosophie au cœur de leur profession. Nous voyons les gouvernements désespérés de mettre la main sur des respirateurs et des trousses de dépistage de la Covid-19 juste pour découvrir que les respirateurs sont en fait mortels et que les dépistages ne fonctionnent pas vraiment. En fait, nous apprenons, un peu trop tard, que mettre le patient sur le ventre donne souvent de meilleurs résultats qu’un respirateur.
Comme dans le cas du SIDA, nous insistons pour réduire une situation difficile, impliquant une multitude de symptômes et d’implications complexes, à simplement un «dépistage binaire» de la Covid-19 [ils sont infectés ou non, NdT].
Duesberg n’a pas nié que les jeunes hommes mouraient en grand nombre comme résultat de maladies infectieuses dans les années 1980. Ce dont il doutait, c’était de savoir si tout cela était dû à un seul virus mystérieux. Il croyait, et avec raison, que l’expérience et la santé humaine sont complexes et ne peuvent être réduites à un raisonnement binaire ou à un seul facteur. Duesberg, comme Relman une décennie et demie plus tard, s’est rendu compte que la science médicale en Occident était compromise. Au lieu de maintenir la santé, donner un diagnostic et traiter des maladies, elle s’était engagée à soutenir l’industrie pharmaceutique et d’autres institutions satellites associées à cet univers corrompu [par l’argent et la bureaucratie, NdT].
Peter Duesberg n’a pas été le premier à signaler l’effondrement des mœurs scientifiques médicaux. Notamment, le philosophe autrichien Otto Weininger s’est rendu compte au début du XXe siècle que la science médicale était sur le point de perdre son lien avec une compréhension holistique [globale] de l’humain en tant qu’organisme et était destinée à se transformer en «une question de drogues, une simple prescription de produits chimiques.» Il semble probable que Duesberg aurait trouvé un terrain d’entente avec Weininger.
Certains Étasuniens, ces derniers jours, ont été choqués par le fait que de nombreux décès à New York ont été mis sur le compte de la Covid-19 bien qu’ils n’aient jamais été testés positifs. Je soutiens le point de vue opposé. La science médicale peut parfaitement fonctionner sans dépistages de la Covid-19. En Grande-Bretagne, nous faisons confiance au public pour se diagnostiquer comme porteur de la maladie et s’auto-isoler en conséquence. Si un Britannique peut se diagnostiquer comme porteur d’un virus mortel sans dépistage, nous devons supposer qu’un professionnel de la santé étasunien instruit peut faire de même pour un patient. [Opinion pour le coup assez peu scientifique, NdT]
Ce que Peter Duesberg a compris bien avant la plupart des gens, c’est que les soi-disant organisations mondiales de la santé peuvent ne pas avoir fonctionné avec ce qui est traditionnellement considéré comme le fondement de l’éthique médicale. Trente ans plus tard, nous sommes enfermés par nos gouvernements qui suivent les directives d’une telle organisation, qui offre peu ou pas de pensée scientifique médicale et encore moins une stratégie de sortie de la crise actuelle.
La leçon que nous tirons de la saga Duesberg n’est pas nouvelle. La vérité, la sagesse et le génie créatif sont la propriété de quelques-uns seulement. Pour qu’une société progresse et réalise son potentiel, elle doit apprendre à tolérer ses francs-tireurs, ceux qui nous font le plus souvent peur, jusque dans nos tripes. L’empire anglophone a été spectaculaire en célébrant le génie, la pensée révolutionnaire et controversée, mais ces jours sont depuis longtemps révolus. Quand les États-Unis seront assez courageux pour analyser leur déclin, ils pourront identifier les éléments autoritaires qui les ont privés des qualités qui les avaient rendus grands.
Gilad Atzmon
Traduit par jj, relu par Kira pour le Saker Francophone
Notes
- Un virus passager — un virus inoffensif que l’on trouve fréquemment dans les échantillons de tissus malades mais qui ne contribue pas à provoquer la maladie ↩