Par René Lamertume − Février 2024
Un point rapide sur la situation de notre pays pourrait donner ceci : l’inflation affame une part de plus en plus importante de la population ; la dette extérieure du pays augmente démesurément sans aucun contrôle ; dans le secteur économique, des milliards d’euros s’envolent chaque année pour financer l’industrie, l’agriculture, le tourisme de pays étrangers; la filière industrielle est pratiquement détruite, celle énergétique bien engagée et celle de l’agriculture s’accélère ; le chômage est en hausse continuelle, due en particulier, à la désindustrialisation de notre pays et à l’importation imperturbable de chômeurs de pays étrangers ; l’éducation est en échec ; notre pays se suicide, au moins économiquement, en Afrique ; la culture qui devrait assurer la cohésion de la société est rongée de l’intérieur ; l’Etat devient incapable de garantir la paix sociale, la sécurité des personnes et des biens, et même les institutions ; Mais en plus, notre pays est en guerre affichée contre l’un des pays, militairement les plus puissants de la planète, et seul disposé à lui fournir une énergie à un coût raisonnable.
Depuis plusieurs décennies, nous subissons les orientations et directives bruxelloises (certes regardées avec bienveillance par les groupes dits d’opposition), mais nous devons déduire que c’est sans rapport1 avec le bilan qui précède. Dans les pays de l’ouest européen, la situation est sensiblement la même, calamiteuse. Pour les pays de l’est européen, les versements de plantureux subsides, venant de l’ouest, réduisent les critiques.
L’UE soutient la guerre militaire contre la Russie ( l’Otan est la structure dédiée sur ce sujet, mais cette dernière ne pourrait pas être activée à ce point, sans l’ingérence de l’UE dans les pays). Notons à ce sujet ce que sont devenues les « valeurs occidentales » : le fait qu’un pays en occupe un autre pour protéger une population en Europe, c’est mal, tandis qu’il n’y a rien à dire au fait qu’un occupant massacre la population autochtone d’un pays au Moyen-Orient.
La guerre en Ukraine est accompagnée d’une guerre économique féroce. Sur le plan militaire comme sur le plan économique, l’UE a perdu la partie mais s’entête (on attend avec impatience, les résultats des audits destinés à éclairer comment ont été utilisés, les sommes astronomiques, et le matériel fournis à l’Ukraine). Création imposée aux peuples européens, elle devrait souffrir de son bilan, mais on assiste au contraire à la prise en main de plus en plus brutale des pays, par la couche dirigeante de l’UE, facilitée, il faut le répéter, par l’absence quasi complète de forces attachées aux intérêts nationaux des pays de l’ouest européen2.
Il faut ajouter à ce tableau un élément capital : la russophobie, beaucoup plus important qu’il ne semble à première vue. Une variante consiste à crier haut et fort que les russes, vont envahir leurs voisins. La construction de différents murs et de bunkers, la fermeture de frontières entre la Russie et la périphérie de l’UE, est destinée à créer un sentiment d’insécurité face à ce pays. On peut se demander pourquoi, d’un seul coup, la russophobie est sortie de terre et a atteint des sommets, pourquoi la raison ne vient pas à la rescousse. On pourrait souligner par exemple que la Russie est sous peuplée et qu’elle se développe très bien sur son territoire, grâce en particulier aux sanctions économiques occidentales. On pourrait relever que la Russie serait bien stupide d’envahir les pays de l’Europe de l’est et de devoir alors les prendre en charge financièrement sans retour intéressant, à la place des pays de l’Europe de l’ouest. Mais ce serait reconnaître que la Russie est dirigée de manière plus futée que les pays de l’Europe de l’ouest et qu’un pays qui défend ses intérêts s’en sort mieux que celui qui remet son destin à autrui. Cette attitude xénophobe de l’UE a nécessairement une fonction bien précise, et c’est probablement un calcul de survie.
La russophobie prend place dans une politique délibérée, consistant à créer un ennemi et à entretenir l’affrontement. L’ennemi a vraiment été créé par le non respect des accords de Minsk, par la décision de faire entrer l’Ukraine dans l’Otan, par l’agression contre la population du Donbass ; et quand la Russie a décidé de protéger la population du Donbass, elle a été désignée comme agresseur.
Ainsi, pour maintenir cette couche administrative qui apporte la ruine aux pays de l’ouest européen, qui façonne les pays de l’est européen en les achetant, la solution, classique, consiste en la création d’un ennemi. Nous voyons, et cela devrait se répéter, la diffusion régulière d’« informations » sur les intentions supposées belliqueuses de la Russie, ce qui a plusieurs fonctions, entre autres : de servir de béquilles à l’UE, de permettre aux pays de l’est de soutirer des sommes complémentaires à leurs collègues de l’ouest, et aussi de continuer à verser, sans contrôle et hors de toute raison, des sommes à l’Ukraine (par le truchement opportun de qui nous savons).
Résumé : en Ukraine, la guerre militaire est perdue pour l’Occident, mais elle se poursuivra tant que les Ukrainiens se sacrifieront. Dans l’UE, la guerre économique est perdue mais elle se poursuivra grâce à la russophobie. Car l’autre solution consisterait à reconnaître ses torts. Supposons que l’information sur ce qui se passe vraiment dans le monde, soit libérée. Alors les citoyens de l’Europe de l’ouest comprendraient enfin pourquoi leurs pays s’effondrent tandis que d’autres vont très bien. Cette situation résultant des décisions absurdes3 des instances dirigeantes, et du laxisme des représentations nationales, cela entraînerait des recherches de responsabilité. Le climat de russophobie devrait donc perdurer puisque la survie de l’UE en dépend.
Néanmoins, comme on ne peut pas empêcher la vérité de s’infiltrer, et de faire s’effondrer les mensonges, malgré le travail de soutien des médias de gouvernement, la vérité sur le rôle et le travail de la bureaucratie européenne pourrait bien se répandre. Et on peut penser que ses jours sont comptés, mais les populations des pays de l’Europe de l’ouest ont un rôle à jouer.
René Lamertume
Notes