Par Wayan – le 22 janvier 2024 – Le Saker Francophone
Nous commencerons par une nouvelle qui a été très peu commentée par les médias grand public, l’écrasante victoire de Trump sur ses collègues du Parti Républicain au premier vote des primaires républicaines, dans l’Iowa :
« La marge de victoire de l’ancien président Donald Trump lors des caucus de l’Iowa lundi a battu le précédent record pour les candidats républicains à la présidentielle, soulignant le large soutien qu’il a attiré lors de la première élection du processus de nomination de 2024.
Trump a obtenu le soutien de 51 % des membres du caucus de l’Iowa, une victoire de 30 points sur le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, arrivé en deuxième position avec 21 % de soutien. L’ancienne ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies, Nikki Haley, a remporté 19 % pour se classer troisième.
Depuis l’avènement du processus primaire moderne en 1972, le précédent record de marge de victoire dans une course compétitive du Parti républicain dans l’Iowa était établi par le sénateur Bob Dole, qui avait battu le poids lourd évangélique Pat Robertson de 13 points lors des caucus de 1988. Dole a remporté 37,4 % des résultats du sondage, contre 24,6 % pour Robertson et George H.W. Bush est de 18,6 %….
Trump reste clairement le favori parmi la base républicaine à l’échelle nationale. Un sondage CBS News/YouGov réalisé la semaine dernière auprès des électeurs probables des primaires du GOP dans tout le pays a révélé que 69 % soutiendraient Trump si l’élection avait lieu aujourd’hui, contre 14 % pour DeSantis et 12 % pour Haley. Et le soutien à Trump parmi les électeurs probables des primaires républicaines à l’échelle nationale n’a fait que croître ces derniers mois. »
Comme de nombreux analystes alternatifs le prédisaient, l’acharnement de l’Etat profond étasunien contre Trump n’a fait que le renforcer auprès des Républicains en faisant de lui un « martyr de la cause ».
Face à cette défaite écrasante, DeSantis abandonne la course en donnant son soutien à Trump, enlevant tout espoir de succès à Haley, qui est la candidate de l’Etat Profond pour le Parti républicain.
Il ne restera plus à cet Etat profond que d’abattre politiquement Trump en l’empêchant légalement de participer à l’élection présidentielle. Osera-t-il aller jusqu’au bout d’un tel geste ? les risques sont énormes après l’indéniable démonstration de son fort soutien populaire :
« Parallèlement, la Cour suprême des États-Unis entendra le 8 février les arguments des deux parties après un recours de l’ex-président Trump sur une décision de la justice du Colorado le déclarant inéligible en raison de son rôle lors de l’assaut du Capitole par ses partisans le 6 janvier 2021. Mais ce recours étant suspensif, son nom figurera bien sur les bulletins de vote au Colorado et ailleurs, jusqu’à ce que la plus haute juridiction statue, à une date indéterminée. »
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La semaine dernière nous parlions de la propagande médiatique anglo-saxonne disant que Poutine allait attaquer l’Europe en montrant un article écrit par un analyste étasunien. Cette semaine, cette propagande s’est étendue à toute l’Europe. Commençons par l’Allemagne :
« La Bundeswehr se prépare à une attaque de Poutine
BILD connaît le scénario ++ Des dizaines de milliers de soldats allemands seraient mobilisés
Dans un scénario d’exercice de la Bundeswehr, la Russie commence déjà dans quelques semaines à se préparer à une guerre contre l’OTAN. En décembre, il y aura « de nombreux morts ».
C’est ce qui ressort d’un document secret. Selon ce document, une éventuelle escalade entre l’OTAN et la Russie pourrait avoir lieu dès ce mois de février. Il s’agit d’un scénario d’exercice qui esquisse pas à pas, mois après mois, comment le dictateur russe Vladimir Poutine agirait et comment l’OTAN devrait se défendre.
Dans ce scénario de la Bundeswehr, l’escalade commence déjà dans quelques semaines. Des dizaines de milliers de soldats allemands devraient être envoyés en mission peu après. »
Puis la Suède :
« La suède est avertie de se « préparer à la guerre ». Le ministre de la défense civile dit aux citoyens de « se bouger » et de se préparer à la fin des 210 ans de paix alors que le pays espère rejoindre l’OTAN à cause des tensions russes. »
La Grande Bretagne évidemment :
« Le ministre britannique de la Défense, Grant Shapps, a prédit un conflit mondial entre l’Occident et la Russie, la Chine, l’Iran et la Corée du Nord d’ici cinq ans. Shapps a appelé les alliés de la Grande-Bretagne à augmenter leurs dépenses militaires en réponse à cette soi-disant « menace existentielle ».
Dans son premier discours en tant que chef de la défense lundi, Shapps a décrit le Royaume-Uni comme une puissance militaire mondiale de premier plan, citant le budget de défense record de 50 milliards de livres sterling (63 milliards de dollars) du pays, ses récentes frappes aériennes contre les forces houthies au Yémen et l’annonce, par le Premier ministre Rishi Sunak, d’un programme d’aide militaire de 2,5 milliards de livres sterling (3,2 milliards de dollars) à l’Ukraine la semaine dernière.
« Dans cinq ans, nous pourrions être confrontés à plusieurs théâtres [de conflit], notamment la Russie, la Chine, l’Iran et la Corée du Nord », a-t-il déclaré. « Demandez-vous, en regardant les conflits actuels à travers le monde, est-il plus probable que ce nombre augmente ou diminue ? Je suppose que nous connaissons tous la réponse. Il est probable que cela va croître, donc 2024 doit marquer un point d’inflexion. »
Il faut bien remettre dans le contexte cette nouvelle manipulation politico-médiatique. Le gouvernement Biden voudrait bien que les européens prennent sur leur dos tout le fardeau ukrainien et qu’ils continuent à jouer la stratégie de la tension contre la Russie et ses soutiens car c’est bon pour les affaires du CMI si l’Europe est obligée de s’armer jusqu’aux dents et cela permet au gouvernement étasunien de se concentrer sur la région indo-pacifique.
Alors il faut affoler la population pour qu’elle accepte les sacrifices nécessaires pour se protéger de « l’agression russe ».
Pour marquer encore plus les esprits, c’est finalement tout l’OTAN qui prépare les exercices militaires les plus importants qu’elle ait jamais organisé :
« Avec 90 000 hommes, l’exercice « défenseur inébranlable » est un record en termes de nombre de soldats déployés, selon le président des chefs d’états-majors des pays de l’Otan. Ces grandes manœuvres vont durer plusieurs mois et impliquer 1100 véhicules de combat, 80 avions et 50 navires. Depuis 1988, en pleine guerre froide, aucun exercice allié n’avait atteint une ampleur comparable.
D’ailleurs, c’est très précisément de cela qu’il s’agit, même si le nom de la Russie n’est pas expressément mentionné puisque l’exercice défenseur inébranlable va concerner l’ensemble du continent avec aussi l’envoi de soldats américains et canadiens pour faire face « à un ennemi de taille comparable ». »
« Au cours de deux jours de pourparlers à Bruxelles, les hauts responsables de l’OTAN devraient détailler les plans de ce qui devrait être le plus grand exercice militaire en Europe depuis la guerre froide, plus tard cette année. Ces jeux de guerre se veulent une nouvelle démonstration de force de la part de l’OTAN et de son engagement à défendre toutes les nations alliées contre les attaques.
« Nous avons besoin que les acteurs publics et privés changent de mentalité pour passer d’une époque où tout était planifiable, prévisible, contrôlable et axé sur l’efficacité à une époque où tout peut arriver à tout moment. Une époque dans laquelle nous devons nous attendre à l’inattendu », a- déclaré Bauer, un haut dirigeant de l’OTAN, en ouvrant la réunion.
« Afin d’être pleinement efficaces, même à l’avenir, nous avons besoin d’une transformation militaire de l’OTAN », a ajouté Bauer.
« Cette guerre [en Ukraine] n’a jamais constitué une menace réelle à la sécurité de la Russie, venant de l’Ukraine ou de l’OTAN », a ajouté Bauer. « Dans cette guerre, la Russie craint quelque chose de bien plus puissant que n’importe quelle arme physique sur terre : la démocratie. Si les Ukrainiens peuvent jouir de droits démocratiques, les Russes en auront bientôt aussi envie. »
La dernière phrase est typique de la propagande occidentale qui diffuse la croyance que la Russie ne serait pas démocratique alors que les pays de l’OTAN le sont. Ni en Russie, ni en Europe, ni aux Etats-Unis la soi-disant « démocratie » n’est idéale, puisqu’elle est essentiellement représentative, récupérée par les forces financières et la manipulation médiatique. Mais prétendre que la Russie n’est pas démocratique est de la désinformation divulguée dans le but de dépeindre la Russie comme un pays paria, donc dangereux et contre lequel il est normal de se battre.
« La campagne électorale dans les médias russes en vue de l’élection présidentielle de mars débutera le mois prochain et se poursuivra jusqu’à la date à laquelle les électeurs se rendront aux urnes, a annoncé mercredi la Commission électorale centrale (CEC) russe.
Les candidats seront autorisés à diffuser des publicités de campagne sur les chaînes de télévision et de radio publiques à partir du 17 février, les dernières émissions devant être diffusées avant minuit le 15 mars, date du début du vote. La CEC a également précisé des périodes pendant lesquelles les candidats pourront diffuser gratuitement leurs publicités de campagne.
Selon les règles, chaque média d’État doit réserver une heure de son temps d’antenne en semaine à des fins de campagne, tandis que le quota pour les médias régionaux est de 30 minutes.
L’élection présidentielle elle-même se tiendra entre le 15 et le 17 mars, et l’inauguration est prévue début mai. Il n’y aura pas d’interdiction de diffusion des médias à la veille du vote, cette exigence ayant été supprimée par le président Vladimir Poutine en 2021.
Jusqu’à présent, la CEC n’a enregistré que trois candidats : le député du Nouveau parti populaire Vladislav Davankov, le chef du Parti libéral-démocrate Leonid Slutsky et le député du Parti communiste Nikolaï Kharitonov.
Le président sortant Vladimir Poutine, qui se présente comme indépendant, a rassemblé 2,5 millions de signatures, dépassant largement le seuil requis. Cependant, ceux-ci doivent encore être vérifiés par les responsables électoraux. »
Quant à la « démocratie ukrainienne » qu’il faudrait défendre, elle ne parait pas vraiment en bonne état :
« En Ukraine, des journalistes d’investigation victimes de tentatives d’intimidation
En Ukraine, plusieurs journalistes d’investigation ont subi ces derniers jours des tentatives d’intimidation de la part d’inconnus. Tous ces journalistes ont en commun de travailler sur des dossiers sensibles liés à la corruption…
Yuri Nikolov et Denys Bihus se sont montrés pour l’instant prudents sur l’origine de ces tentatives d’intimidation. Mais ils dénoncent le silence pesant de l’entourage du président Volodymyr Zelensky, laissant entendre que des conseillers du bureau de la présidence sur lesquels ils enquêtent pourraient être liés à ces pratiques qui rappellent un temps que les Ukrainiens pensaient avoir oublié. »
Là encore, la dernière phrase laisse à penser que depuis que l’Ukraine a un gouvernement pro-européen les choses se sont amélioré. Elle serait plus « démocratique ». Absolument pas, c’est même le contraire. Partis d’oppositions bannis, opposants emprisonnés ou assassinés, journaux interdits, journalistes intimidés, la liste est longue.
De même pour « la seule démocratie du Moyen-Orient », Israël :
« L’improbable accusation d’intention de commettre une trahison a conduit Meir Baruchin, un professeur d’histoire et d’éducation civique aux cheveux gris et à la voix douce, dans l’aile d’isolement de la célèbre prison du « complexe russe » de Jérusalem début novembre.
Les preuves rassemblées par la police qui l’a menotté, puis s’est rendu à son appartement et l’a saccagé sous ses yeux, étaient une série de publications sur Facebook qu’il avait publiées, pleurant les civils tués à Gaza, critiquant l’armée israélienne et mettant en garde contre les guerres de vengeance…
En Israël, des journalistes chevronnés, des intellectuels et des militants des droits affirment qu’il y a peu d’espace public pour la dissidence sur la guerre à Gaza, même trois mois après le début d’une offensive qui a tué 23 000 Palestiniens et dont on ne voit pas la fin. « Ne vous y trompez pas : Baruchin a été utilisé comme un outil politique pour envoyer un message politique. Le motif de son arrestation était la dissuasion – faire taire toute critique ou toute allusion à une protestation contre la politique israélienne », a déclaré le journal Haaretz dans un éditorial. »
Quant à la « démocratie française » et sa fameuse « liberté d’expression à la Charlie », elle vaut bien elle aussi la « démocratie » russe, ukrainienne, israélienne…
« Fin décembre 2023, au cœur de la guerre d’extermination menée par Israël contre la bande de Gaza, et sans que j’en sois notifié d’aucune manière (vive l’Etat de droit), le site www.lecridespeuples.fr a cessé d’être accessible en France. Lorsqu’on tente d’y accéder, en fonction de l’appareil utilisé et/ou du navigateur, soit on tombe sur une page d’erreur, soit on tombe sur cette annonce : »
Je connais bien ce site qui existe depuis longtemps. Aucune apologie du terrorisme, juste des articles critiques envers Israël et des traductions de dirigeants de « l’Axe de la résistance » comme Nasrallah, le dirigeant du Hezbollah. Le dernier d’une longue série de censure de site d’infos indépendants français.
Quant à la « démocratie allemande », elle parle publiquement d’interdire un parti dont le soutien populaire est en pleine expansion :
« Alors que le groupe d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne continue de prendre de l’ampleur – et que son radicalisme devient de plus en plus prononcé – un nombre croissant de politiciens traditionnels se demandent si la meilleure façon d’arrêter le parti est d’essayer de l’interdire.
Le débat a véritablement démarré après que Saskia Esken, co-chef du parti social-démocrate (SPD) au pouvoir, s’est prononcée plus tôt ce mois-ci en faveur d’une discussion sur une interdiction – ne serait-ce que, comme elle l’a dit, pour « secouer les électeurs » de leur complaisance.
Depuis lors, des politiciens de tous bords politiques se sont demandé si un effort juridique visant à interdire l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), bien que possible en vertu de la loi allemande, serait tactiquement intelligent ou ne ferait qu’alimenter davantage la montée du parti. »
Il semble que le « radicalisme devient de plus en plus prononcé » d’AfD soit dû à leur tendance à vouloir lutter contre l’immigration illégale car, au contraire, ils demandent que l’Allemagne cesse son soutien au gouvernement Zelensky alors que celui-ci est largement soutenu par les Bandéristes, pro-nazis, eux ouvertement d’extrême droite.
Une immigration clandestine qui prend de l’ampleur dans toute l’Europe et réveille des peurs ancestrales dans un continent qui a connu moults « invasions barbares » dans son histoire, en tous cas telle qu’on nous l’enseignait à l’école, et qui résonnent encore dans l’inconscient collectif, spécialement en ces temps d’économie chancelante.
On voit cette tendance dans toute l’Europe mais elle est classée « d’extrême droite » par les médias c’est-à-dire que cette préoccupation d’une partie grandissante de la population est traitée de manière méprisante par « l’intelligentsia » européenne. Là encore est-ce vraiment « démocratique » que de traiter une préoccupation importante d’une grande partie de la population comme étant « mauvaise », au point même d’arriver à bannir un parti s’en préoccupant. Non seulement ce n’est pas démocratique mais cela me parait même une grave erreur politique qui ne fait qu’alimenter les réels populismes, ceux qui attirent les arrivistes politiques.
D’ailleurs, en Grande Bretagne le débat fait rage au sujet des immigrants clandestins sans que les médias traitent Rishi Sunak de dangereux extrême droite à bannir. Alors, deux poids deux mesures ?
« Après deux jours sous haute tension au palais de Westminster avec débats houleux, tractations à huis clos et démissions retentissantes, les dissidents sont revenus dans le rang. Le texte prévoyant la délocalisation du système de demande d’asile au Rwanda a été approuvé en troisième lecture à la Chambre des Communes avec 320 votes pour et 276 contre.
Un soulagement pour Rishi Sunak. Largement devancé dans les sondages par les travaillistes en ce début d’année électorale, le Premier ministre a mis tout son poids dans la balance pour faire aboutir ce projet censé montrer sa fermeté sur une préoccupation majeure de sa base, mais qui aura exposé à vif les divisions de sa majorité, les modérés redoutant une atteinte au droit international et les plus à droite voulant aller plus loin. »
Aux Etats-Unis, on observe la même attitude bloquée au sujet de l’immigration clandestine. Le gouvernement Biden est en pleine dispute avec le Texas sur ce sujet. Les Démocrates sont même prêts à abandonner les financements à l’Ukraine pour ne pas que les Républicains puissent réguler l’immigration clandestine avec leur mur à la frontière. C’est d’ailleurs l’un des sujets qui permet à Trump de rassembler un tel soutien populaire, avec l’arrêt des interventions militaires à l’étranger.
On observe une sorte de comportement totalement hypocrite de la part des élites dirigeantes occidentales. On veut de l’immigration, mais illégale, et on bloque les voix de l’immigration légale. Il semble que les pouvoirs en place veulent de l’immigration, mais qu’elle reste clandestine. Un souhait difficilement explicable sauf à soupçonner que le clandestin est plus facilement corvéable.
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Le feu au Moyen-Orient continue de s’embraser, doucement mais surement. Cette région est entrée dans une phase « guerre qui ne dit pas (encore) son nom » :
« Les Gardiens de la Révolution iraniens ont annoncé tôt ce mardi avoir lancé plusieurs salves de missiles balistiques sur des cibles « terroristes » en Irak et en Syrie, tuant au moins « quatre civils » au Kurdistan irakien selon les autorités locales de la région autonome. »
« Le CGRI iranien affirme qu’une frappe de missile a visé le « quartier général d’espionnage » du Mossad au Kurdistan irakien »
« Des militaires américains blessés lors de la dernière attaque par des militants contre une base en Irak »
« Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré dimanche que son groupe était prêt à mener une « guerre sans restriction » avec Israël en plein échange de tirs transfrontaliers entre les deux parties. »
« Le chef de Tsahal affirme que la probabilité d’une guerre au Liban dans les mois à venir est « plus élevée qu’avant »
« Les rebelles Houthis ont tiré lundi un missile qui a frappé un navire américain au large des côtes du Yémen, dans le golfe d’Aden, moins d’un jour après avoir lancé un missile de croisière antinavire vers un destroyer américain dans la mer Rouge. »
« Les Etats-Unis ont tiré leur sixième salve de missiles sur les Houthis »
« Le président iranien a déclaré qu’une frappe aérienne sur la capitale syrienne, qui a tué cinq hauts responsables des forces de sécurité iraniennes, ne « resterait pas sans réponse ». »
Quant à Gaza dont les israéliens venaient de déclarer la zone nord « libérée du Hamas » :
« Plus de 50 roquettes ont été tirées depuis Gaza vers la ville méridionale de Netivot mardi matin, avec au moins un impact à l’intérieur de la ville méridionale dans le cadre du plus grand tir de barrage de roquettes provenant de la bande depuis plusieurs semaines.
Ces tirs de roquettes sont intervenus alors que les Palestiniens rapportaient que les chars israéliens revenaient en force dans certaines parties du nord de la bande de Gaza qu’ils avaient quittées la semaine dernière. »
Et comme Netanyahou vient de le répéter haut et fort :
« Les États-Unis ont fait pression en faveur d’une solution à deux États plus tôt cette semaine à Davos, le secrétaire d’État américain Antony Blinken affirmant que la voie d’Israël vers une « véritable sécurité » passait par la formation d’un État palestinien.
Le Premier ministre israélien a rejeté cette idée jeudi, affirmant qu’« Israël doit maintenir un contrôle de sécurité sur tout le territoire à l’ouest du Jourdain », pour garantir qu’aucune « terreur ne soit dirigée contre » le peuple israélien.
« Nous ne nous contenterons pas d’une victoire absolue… Cela entre en contradiction avec l’idée de souveraineté [palestinienne]. Que pouvons-nous faire ? » » a déclaré Netanyahu lors d’un point de presse à Tel Aviv. « J’ai expliqué cette vérité à nos amis américains et j’ai mis un frein à la tentative de nous contraindre à une réalité qui mettrait en danger l’État d’Israël. » »
La situation au Moyen Orient ne peut donc qu’empirer. Alors les « amis américains » vont-ils continuer malgré cela à soutenir inconditionnellement Israël ? C’est fort possible.
Pendant ce temps à Gaza :
« La « grande majorité » des 400 000 Gazaouis décrits par les agences de l’ONU comme risquant de mourir de faim « sont en réalité dans la famine, pas seulement en danger de famine », a déclaré Martin Griffiths, secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence à CNN. Christiane Amanpour.
« Cela constitue un aspect extraordinaire et totalement indésirable de la guerre à Gaza », a-t-il déclaré. « Cela a amené la famine à une vitesse incroyable en première ligne. »
Un petit reportage de terrain sur la situation en Cisjordanie occupée.
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Quant à l’Ukraine, l’opinion occidentale sur le sujet est résumée par cet article, publié sur le site du Carnegie endowment for international peace, dont le titre dit tout : « La guerre en Ukraine est devenu un sujet accessoire pour l’Occident » :
« La guerre semble de plus en plus lointaine et étrangère, tout en devenant une affaire de routine. Les manifestations en faveur de l’Ukraine sont de moins en moins visibles et les drapeaux ukrainiens sont de moins en moins exposés : à certains endroits, ils sont désormais dépassés en nombre par les drapeaux palestiniens. Le conflit Israël-Gaza a dispersé le pouvoir des alliés de Kiev et détourné l’attention mondiale de l’Ukraine, brisant ainsi le consensus pro-Ukraine.
À mesure que la perception de la guerre a évolué, l’image du président ukrainien Volodymyr Zelensky a également évolué. Jusqu’à récemment, il était presque impossible d’imaginer un article critiquant Zelensky, dont le visage faisait la une des plus grands magazines et journaux du monde.
Ce culte du héros a suscité la fureur du Kremlin, où les responsables aimeraient imaginer que ce sont eux qui entreront dans l’histoire comme des héros classiques à une époque non héroïque. Pourtant, grâce à leurs actions en Ukraine, c’est l’adversaire méprisé de la Russie qui semble assumer ce rôle. Comparés à Zelensky dans sa tenue kaki emblématique, les responsables russes posant en tenue militaire ressemblaient à des touristes ou à des fans de cosplay de second ordre. Alors qu’ils semblaient jouer la comédie, Zelensky était devenu le chouchou du monde.
Cependant, à mesure que la guerre en Ukraine est de plus en plus considérée comme une petite guerre périphérique, la vision du monde sur Zelensky a également changé. Il est toujours un héros, juste un héros lointain : le héros de quelqu’un d’autre. »
Le gouvernement étasunien n’ayant plus vraiment d’espoir que l’Ukraine soit un vrai danger pour la Russie, ce serait plutôt le contraire, alors « adieu Zelenski et bon courage pour la suite. Va voir les européens de ma part ».
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La Chine annonce déjà ses statistiques économiques pour l’année 2023 :
« Le Bureau national chinois des statistiques a publié mercredi une série de données clés sur l’économie chinoise pour l’année 2023. Parmi elles, la plus intéressante est la croissance annuelle du PIB de 5,2 %, ce qui est supérieur à l’objectif attendu. Une fois de plus, la trajectoire réelle de l’économie chinoise se démarque de certaines opinions pessimistes, critiques et même théories d’effondrement, démontrant une résilience et un potentiel solides. Selon des estimations basées sur les prévisions de la Banque mondiale concernant les taux de croissance des principales économies en 2023, la croissance économique de la Chine est environ 1,5 fois supérieure à celle des États-Unis et environ 16,5 fois supérieure à celle de la zone euro. La contribution de la Chine à la croissance économique mondiale est supérieure à celle combinée des Amériques, de l’Europe et du Japon, ce qui en fait un moteur majeur de la croissance économique mondiale.
D’après les rapports et commentaires de divers médias nationaux et internationaux, il est évident que ce chiffre est généralement conforme aux, voire dépasse, les attentes du marché. Pour être honnête, la reprise de l’économie chinoise en 2023 ne s’est pas déroulée sans heurts. L’impact de « l’effet cicatrice » de la pandémie sur l’économie a été plus important que prévu, le secteur immobilier étant toujours atone. Dans le même temps, la faiblesse de la reprise économique mondiale a exercé une pression sur la croissance du commerce, et les effets d’entraînement de mesures telles que la hausse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale et l’appréciation du dollar américain ne doivent pas être sous-estimés. Le public, à des degrés divers, a ressenti les impacts de ces défis nationaux et externes dans ses perceptions au niveau micro au cours de l’année écoulée. »
Pour placer un rideau de fumée devant ces bonnes nouvelles économiques chinoises, la propagande médiatique occidentale se déchaine :
L’économie chinoise a un sérieux problème
Un autre signe que l’économie chinoise est en mauvaise situation
La très mauvaise situation économique chinoise est un mauvais coup pour Xi
Voici pourquoi l’économie chinoise est en difficulté sur de nombreux points
Pour beaucoup de chinois, l’économie est ressentie comme étant en récession
« La veille de l’examen de la fonction publique chinoise, Melody Zhang arpentait anxieusement le couloir de son dortoir, répétant ses réponses. Ce n’est qu’en revenant dans sa chambre qu’elle réalisa qu’elle avait pleuré tout le temps.
Zhang espérait commencer une carrière dans la propagande d’État après plus de 100 candidatures infructueuses dans l’industrie des médias. Avec un nombre record de 2,6 millions de personnes postulant pour 39 600 emplois gouvernementaux dans un contexte de crise du chômage des jeunes, elle n’a pas réussi à s’en sortir.
« Nous sommes nés à la mauvaise époque », a déclaré ce diplômé de 24 ans de l’université Renmin de Chine.
« En période de ralentissement économique, personne ne se soucie plus de ses rêves et de ses ambitions. La recherche interminable d’un emploi est une torture. »
Une crise de confiance dans l’économie dissuade les consommateurs de dépenser et les entreprises d’embaucher et d’investir, dans ce qui pourrait devenir un mécanisme auto-alimenté qui érode le potentiel économique à long terme de la Chine.
La Chine a connu une croissance de 5,2 % l’année dernière, soit plus que la plupart des grandes économies. Mais pour les diplômés au chômage, les propriétaires qui se sentent plus pauvres car leurs appartements perdent de la valeur et les travailleurs qui gagnent moins que l’année précédente, la deuxième économie mondiale a l’impression de se contracter. »
Voici donc quelques titres, parmi beaucoup d’autres du même genre, faits pour donner l’impression que l’économie chinoise est en mauvaise posture alors qu’elle fait partie de celles qui s’en sont les mieux sorties dans le contexte d’une économie mondiale peu performante.
Alors que quand les médias et élites économiques parlent de l’économie des Etats-Unis c’est sur le ton « ce n’est pas si mauvais que cela » :
« David Solomon, le nouveau PDG de Goldman Sachs (GS.N), s’attend à ce que l’économie américaine évite un ralentissement important cette année, mais a averti que l’inflation pourrait rester plus tenace que prévu et peser sur la croissance.
« Cela a été plus constructif que ce à quoi nous nous attendions », a déclaré Solomon à Reuters mercredi dans une interview. « Je pense toujours qu’il existe un risque, en particulier en ce qui concerne le travail, l’alimentation et l’essence, que l’inflation soit plus forte que ce que les gens pensent. »
L’inflation des prix à la consommation aux États-Unis sur 12 mois a atteint 3,4 % en décembre, contre 3,1 % le mois précédent. Mais si l’on exclut la volatilité des prix des produits alimentaires et de l’énergie, le rythme de hausse des prix est tombé de 4 % à 3,9 %, ce qui témoigne d’une modération continue des pressions sous-jacentes sur les prix.
Il y a un an, les acteurs du marché craignaient que la campagne agressive de la Fed visant à augmenter les coûts d’emprunt ne déclenche un ralentissement économique, mais les consommateurs et les entreprises sont restés résilients et le marché du travail a résisté.
« Je pensais qu’il y avait de fortes chances que l’économie connaisse un véritable ralentissement, mais nous avons eu un atterrissage beaucoup plus doux », a déclaré Solomon. »
D’ailleurs le gouvernement chinois voit parfaitement ce qu’il appelle une « guerre cognitive », c’est-à-dire une guerre pour gagner non pas du terrain mais des esprits :
« Lancer une « guerre cognitive » contre la Chine a été un moyen important pour les forces occidentales anti-chinoises d’attaquer et de discréditer le pays en 2023. Certains hommes politiques et médias occidentaux ont publiquement terni l’image de la Chine en propageant des récits incluant « la théorie de l’effondrement de l’économie chinoise » dans leurs discours, une tentative d’inciter et de provoquer le mécontentement à l’égard de la Chine.
Lorsque l’économie chinoise a traversé une période difficile en juin et juillet, avec des indicateurs économiques majeurs tombés en deçà des attentes, un chœur de voix poussant la théorie de « l’effondrement de la Chine » à travers les médias occidentaux a atteint un ton frénétique, produisant certains des propos les plus sensationnels et les plus absurdes pour alimenter leur guerre cognitive contre la Chine.
Un certain nombre de mensonges sont apparus dans plusieurs publications journalistiques occidentales très réputées, mobilisant quatre techniques fréquemment utilisées lorsqu’il s’agit de diffamer et de discréditer l’économie chinoise. Les analystes chinois déclarent que ces reportages irresponsables sont démentis par les faits et rejetés par un public perspicace. »
Pour finir sur le sujet de la propagande anti-chinoise, ce texte d’Arnaud Bertrand, ce français vivant en Chine. Le fait de vivre à l’extérieur du monde occidental, tout en le connaissant bien pour y avoir été éduqué, permet d’adopter une vision extérieure plus objective sur lui :
« Cela peut paraître anodin et sans conséquence, mais c’est en réalité très important.
https://scmp.com/news/china/diplomacy/article/3248981/israel-gaza-war-palestinian-envoy-un-thanks-china-true-friend-its-support
L’envoyé palestinien auprès des Nations Unies a qualifié la Chine de « véritable ami prêt à faire tout ce qu’il peut pour aider le peuple palestinien » et a déclaré : « Nous connaissons très bien la position de la Chine. C’est une position de principe. Nous travaillons en très étroite collaboration avec eux dans ce domaine. » Le Conseil de sécurité des Nations Unies soutient tous les efforts et toutes les résolutions appelant à un cessez-le-feu immédiat et à la fourniture d’une aide humanitaire. «
En quoi est-ce important ? Parce que cela signe essentiellement l’arrêt de mort d’un effort de longue date des États-Unis visant à retourner le monde musulman contre la Chine, en essayant de répandre la fausse idée selon laquelle la Chine était anti-musulmane. Le résultat – qui, quand on y pense, est en fait assez hilarant – est qu’ils ont réussi à croire en leur propre propagande, sans que le monde musulman y croie !
Vous vous retrouvez donc dans une situation assez ironique où les pays occidentaux se trompent complètement sur la réalité – croyant que la Chine est une sorte d’ennemi de l’Islam – et sur la réalité des pays musulmans, illustrée par ce que disent les Palestiniens, disant « non, en fait, la Chine est un peu notre meilleure amie ! »
Et il ne s’agit pas seulement des Palestiniens. Nous savons que la Chine s’est rapprochée à la fois de l’Arabie saoudite et de l’Iran, raison pour laquelle ils ont récemment réussi à négocier une détente historique entre les deux pays. Et vous pouvez trouver des dizaines de déclarations pro-chinoises de la part de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) – qui rassemble tous les États musulmans du monde – comme celle-ci où elle « salue les efforts de la République populaire de Chine pour prendre soin de ses citoyens musulmans » : https://oic-oci.org/docdown/?docID=4447&refID=1250
En fin de compte, tout cela vient de l’orgueil et de la conviction exprimée à l’époque par le chef de cabinet adjoint de George Bush, Karl Rove, selon laquelle en tant qu’empire, les États-Unis pourraient créer leur propre réalité : « Nous sommes un empire maintenant, et quand nous agissons, nous créons notre propre réalité » est la citation exacte (https://en.wikiquote.org/wiki/Karl_Rove#:~:text=%22That’s%20not%20the%20way%20the,how%20things%20will% 20tri%20out). Ils pensaient qu’après avoir tué des millions de musulmans pendant la guerre contre le terrorisme (« au moins 4,5 à 4,7 millions » selon le projet Costs of War de l’Université Brown : https://watson.brown.edu/costsofwar/), ils pourraient d’une manière ou d’une autre faire que la Chine soit perçue comme le grand méchant anti-musulman du monde. Et eux-mêmes en ont été convaincus : demandez à n’importe qui dans la rue en Europe ou aux Etats-Unis si la Chine ou son propre pays est plus anti-musulman et on vous répondra invariablement que c’est la Chine… D’autant plus insensé aujourd’hui que les Etats-Unis sont en train de soutenir un énième massacre de musulmans à Gaza…
Mais le fait est que cette « création de notre propre réalité » ne fonctionne de plus en plus que sur eux-mêmes et le résultat est que l’Occident est de plus en plus déconnecté du reste de la réalité mondiale, à son détriment. L’Occident, de plus en plus, est dans la matrice alors que le reste du monde a longtemps mangé la pilule rouge.
Et je sais que tout cela est incroyablement difficile à entendre pour quelqu’un qui n’a jamais été exposé qu’à la matrice de « création de notre propre réalité ». Je peux déjà anticiper les réponses « mais les Ouïghours » à ce post. Mais que cela vous plaise ou non, ce ne sont que des faits : la Chine entretient des relations incroyablement bonnes avec le monde musulman et les États-Unis – ainsi que l’Occident dans son ensemble – sont ceux qui sont perçus comme ils voulaient décrire la Chine. Personne ne crie « mort à la Chine » dans le monde musulman…
Quant aux Ouïghours, j’ai écrit à de nombreuses reprises sur ce sujet : ce qui s’est passé au Xinjiang n’était PAS un effort contre l’islam mais un effort contre le séparatisme. L’islam a une très longue histoire en Chine, bien antérieure aux Ouïghours : elle remonte au VIIe siècle – moins de vingt ans après la mort de Mahomet – faisant de la Chine l’un des pays au monde ayant la plus ancienne tradition islamique. Les Ouïghours sont originaires de Mongolie/Sibérie méridionale et ont migré vers le Xinjiang entre le IXe et le XIe siècle… alors que le Xinjiang faisait déjà partie de la Chine sous les dynasties Han et Tang des siècles auparavant. Et lorsque les Ouïghours sont arrivés en Chine ils ont suivi le manichéisme, le tengrisme et le bouddhisme, ils ne se sont convertis à l’islam que plus tard, progressivement jusqu’au XVe siècle.
Les Ouïghours sont loin d’être les seuls musulmans en Chine, le pays compte 10 minorités ethniques officiellement musulmanes, sur 56 au total. Et pas seulement au Xinjiang, on rencontre des communautés musulmanes presque partout en Chine. Et quand on regarde les faits, la Chine est bien plus accommodante envers l’Islam que la plupart des pays occidentaux. Par exemple, selon la loi, toutes les universités du pays doivent avoir des cantines Halal (qui sont d’ailleurs très bien pour y avoir mangé) et il n’est pas permis de manquer de respect à la religion (comme brûler le Coran, dessiner des caricatures du prophète , etc.). La Chine compte également un total de 40 000 mosquées, dont 24 400 au Xinjiang, soit une moyenne d’une mosquée pour 530 musulmans, ce qui est supérieur au nombre d’églises par chrétien en Angleterre.
Il est tout à fait vrai que pendant quelques années – cela s’est considérablement atténué maintenant – le Xinjiang a eu des mesures de sécurité relativement extrêmes, que l’on peut parfaitement critiquer. Cela faisait suite à des dizaines d’attentats terroristes à travers le pays perpétrés par un groupe séparatiste ouïghour extrémiste appelé ETIM, une branche du Parti islamique du Turkestan, fondé au Pakistan, qui ont tué des milliers de personnes. Le groupe est reconnu comme organisation terroriste par presque tous les pays musulmans. La Chine a réagi en envoyant de nombreuses personnes – celles soupçonnées d’appartenir à ce groupe ou d’avoir des sympathies pour lui – dans des établissements que le gouvernement a appelés « centres d’enseignement et de formation professionnels », où le concept était qu’au lieu d’envoyer ces individus en prison, le gouvernement leur enseignerait des compétences pratiques pour les réintégrer dans la société et associer cela à une bonne dose d’éducation civique/patriotique. Le Xinjiang disposait également d’une surveillance intense, de commissariats de police placés toutes les quelques centaines de mètres ou de mesures telles que l’obligation d’enregistrer chaque couteau que l’on possédait auprès de la police. Cependant, ces mesures sévères ont été couplées à d’énormes efforts de réduction de la pauvreté dans la région – la pauvreté étant toujours une cause profonde de dissidence – ainsi qu’à un énorme effort visant à transformer le Xinjiang en une destination touristique majeure en Chine. Et surtout, à aucun moment la Chine n’a eu recours à la diabolisation ou à l’altération des musulmans comme les États-Unis l’ont fait par exemple après le 11 septembre : au contraire, il y a eu une énorme campagne de relations publiques en Chine pour améliorer l’image du Xinjiang et des Ouïghours, ce qui a comme résultat que cette région est perçue de manière bien plus positive dans le pays qu’il y a 10 ans.
Tout cela a été institué vers 2017 et quelques années plus tard : tout le monde – même les plus grands détracteurs de la Chine (les plus honnêtes intellectuellement) – s’accorde à dire que ces établissements de « formation professionnelle » sont désormais quasiment tous fermés, que les mesures de sécurité ont désormais été considérablement réduites et que le Xinjiang est désormais la première destination touristique de Chine, accueillant le nombre fou de 265,44 millions de visites touristiques en 2023. Il est donc juste de dire qu’ils ne sont pas du tout dans une mauvaise situation. Cela a été récemment admis par deux des plus célèbres spécialistes allemands de la Chine qui ont visité le Xinjiang : https://nzz.ch/meinung/xinjiang-china-kampf-gegen-terrorismus-und-separatismus-ld.1753509 ou ce rapport du Berliner Zeitung d’un journaliste ayant visité la province en octobre : https://berliner-zeitung.de/wirtschaft-verantwortung/in-china-liegt-das-neue-zentrum-des-welthandels-ein-reisebericht-aus-xinjiang-li .437120
Je ne veux pas donner l’impression que la Chine est parfaite, elle ne l’est absolument pas, aucun pays ne l’est. D’une part, il n’y a pas de fumée sans feu et si de nombreux Ouïghours ont été tentés par le séparatisme et avaient de la sympathie pour l’ETIM, c’est sans doute parce qu’ils pensaient avoir affaire à une mauvaise affaire. Et encore une fois, vous pouvez parfaitement critiquer la façon dont la Chine a répondu à tout cela, même si je crois personnellement qu’elle surpasse de loin (pas même comparable, en réalité) la façon dont les États-Unis ont traité des problèmes similaires dans l’Afghanistan voisin : en bombardant simplement tout le monde et en consolidant ainsi la détermination de la population à se ranger du côté des talibans. Le Xinjiang se retrouve désormais avec un PIB par habitant supérieur à celui de la plupart des pays asiatiques – supérieur à celui de la Thaïlande par exemple – et le PIB par habitant de l’Afghanistan est inférieur de moitié à celui de la Corée du Nord !
Mais vous ne pouvez pas vivre dans une réalité alternative – dans la matrice – où la Chine serait cet État anti-musulman qui « s’est opposé aux Ouïghours simplement parce qu’ils sont musulmans », parce que ce n’est tout simplement pas vrai du tout. Et si vous croyez cela, c’est en fait vous-même que vous blessez, car cela signifie que vous ne comprenez pas le monde dans lequel vous vivez, et que vous prenez donc des décisions basées sur la « création de notre propre réalité » par l’empire américain, qui est en fait un déni de réalité. »
A lundi prochain