Par Eric Zuesse – Le 23 décembre 2021 – Source South Front
Voici les valeurs annoncées (les « Guiding Principles ») du parti vert européen :
- « Responsabilité environnementale »
- « La liberté par l’autodétermination »
- « Extension de la justice »
- « La diversité, une condition indispensable »
- « La non-violence »
- « En résumé, le développement durable »
Cette « Charte des Verts européens » comble ses vides en enchaînant les clichés, qui plairont à 90% du public, car ils sont écrits de manière à éviter (autant que possible) de dire quoi que ce soit qui soit largement controversé. Par exemple : « Notre réponse est le développement durable, qui intègre des objectifs environnementaux, sociaux et économiques pour le bénéfice de tous. » (Oh ? Et comment cette belle idée va-t-elle se concrétiser dans la réelle politique ? Quelles sont les mesures, et le classement précis des priorités, lorsque l’une de ces valeurs entre en conflit avec l’autre, ce qui arrive souvent ?) Le parti vert semble accompagner les libéraux, mais quelle est leur réalité ? Que font-ils réellement, lorsqu’ils sont au pouvoir ? Dans leur propre pays, et dans l’UE ? Prenons un cas très concret (mais largement représentatif) :
L’Allemagne, comme je l’ai récemment souligné, est tellement corrompue qu’elle n’a pratiquement aucune interdiction sur qui peut faire des dons aux politiciens et pour la somme donnée. Les intérêts étrangers peuvent faire des dons, les entreprises peuvent faire des dons, même les entreprises qui ont des contrats avec le gouvernement (qui vendent au gouvernement) peuvent faire des dons, les dons n’ont pas besoin de passer par le système bancaire, les dons peuvent être acceptés quel que soit leur montant, les dons anonymes sont acceptés, etc. C’est super-libertaire. Les milliardaires et les pluri-millionnaires (les quelques personnes possédant le plus d’argent) ont le droit de contrôler le gouvernement par le biais de leurs médias d’information qui persuadent les électeurs, et par le biais des dons aux campagnes politiques qui présentent les points de vue des candidats préférés des milliardaires de la manière la plus favorable – et les candidats les moins préférés de la manière la moins favorable. C’est le contrôle par l’argent, au lieu du contrôle par les électeurs. C’est du libertarisme.
Une étude universitaire de mars 2015 montrait que, sur les 28 nations membres de l’UE, les cinq seules à être plus corrompues que l’Allemagne sont Malte, l’Autriche, le Danemark, l’Irlande et les Pays-Bas. Puis, le 10 juin 2015, une enquête Pew faite en Allemagne, en Pologne, en Espagne, en France, en Italie, au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Canada, montrait que, parmi ces 8 pays, SEULE l’Allemagne (et avec une grande marge : 57% contre 36%) s’opposait à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Cependant, lorsque les milliardaires allemands et étrangers ont « élu » le nouveau gouvernement allemand qui a été mis en place le 8 décembre 2021, ils ont nommé comme nouveau ministre des affaires étrangères de l’Allemagne la candidate perdante des Verts au poste de chancelier, Annalena Baerbock, dont la carrière entière en tant que candidate et fonctionnaire a été remarquée pour son plaidoyer strident pour l’hostilité envers la Russie et pour l’admission de l’Ukraine dans l’OTAN (l’alliance militaire américaine anti-russe). Elle est ainsi devenue – bien qu’elle ait perdu sa campagne pour la chancellerie – la femme politique la plus puissante d’un parti vert, en Europe ou ailleurs.
Elle a immédiatement inversé les politiques d’Angela Merkel qui avaient permis la construction du gazoduc russo-suisse-allemand, allant de la Russie vers l’Allemagne, le Nord Stream 2, afin d’amener dans l’UE le moins cher de tous les gaz à destination de l’Allemagne, qui est le gaz russe par gazoduc. Les prix du gaz en Allemagne sont déjà en train de grimper en flèche, et les Allemands vont de plus en plus geler, en raison de cette « démocratie allemande » et de son obéissance à ses maîtres milliardaires en Amérique.
Cependant, de nombreux milliardaires européens sont également servis par ce parti « vert ». Tout comme les milliardaires américains du parti démocrate (ou libéral), les milliardaires libéraux européens investissent massivement dans les technologies « vertes » et parient contre leur opposition, les milliardaires conservateurs, qui restent attachés aux combustibles fossiles. Donc : le parti « vert » représente les milliardaires libéraux, contre les milliardaires conservateurs.
Le 8 septembre 2021, la lettre d’information « Capital Radar » titrait « ‘le pari le plus important des 100 prochaines années’ : 1,25 million d’euros venant des Pays Bas pour les Verts » (« « Wichtigste Wahl der nächsten 100 Jahre » : 1,25 Millionen Euro aus den Niederlanden für die Grünen ») et rapportait que :
- Un milliardaire néerlandais de la technologie fait un don de 1,25 million d’euros aux Verts allemands.
- Il s’agit du don le plus important de l’histoire du parti.
- Dans une interview accordée à RND, ce grand bienfaiteur explique pourquoi Annalena Baerbock devrait piloter le navire de l’État et pourquoi les élections fédérales sont si importantes.
Amsterdam. L’entrepreneur et philanthrope néerlandais Steven Schuurman [archive.md/ZjwWW] a fait un don de 1,25 million d’euros aux Verts allemands. Il s’agit du don le plus important de l’histoire du parti. Le milliardaire Schuurman, né en 1975, est cofondateur et ancien directeur de la société de recherche et d’analyse de données Elastic et cofondateur d’Atlantis Entertainment. Il a déjà donné des millions pour la campagne électorale néerlandaise.
Les Verts ont déjà reçu d’importantes sommes d’argent cette année : l’héritier pharmaceutique Antonis Schwarz [archive.md/COcng] leur a légué 500 000 euros ; le Greifswald Moritz Schmidt, qui s’est enrichi grâce à des transactions en bitcoins, un million d’euros ; et l’héritier de Sebastian Schel, 250 000 euros. Le programme électoral pour les élections fédérales stipule : « Les dons aux partis devraient être plafonnés à un montant annuel maximum de 100 000 euros par donateur. » [Mais l’Allemagne dispose de lois distinctes pour les candidats, et aucune limite n’est imposée aux dons qui leur sont destinés].
Schuurman aurait déclaré que, des trois candidats au poste de chancelier, seul Baerbock prenait le réchauffement climatique au sérieux. Il a ignoré le danger plus urgent et plus proche d’éviter une guerre nucléaire, car les engagements politiques de Baerbock sont violemment anti-russes. Aucun milliardaire américain et allié – qu’il soit libéral ou conservateur – ne s’y oppose. Mais ces politiques sont rouge-sang, surtout maintenant.
Au niveau de l’UE elle-même, la personne la plus puissante sur l’ensemble de l’Union européenne est un vieil ennemi de la Russie, le milliardaire américain George Soros, qui contrôle l’Open Society Foundation et d’autres « organisations à but non lucratif » qui ont versé des milliards de dollars au cours des décennies précédentes (depuis 1993, deux ans seulement après que sa guerre auto-déclarée contre le communisme en Russie ne soit plus une excuse, car la Russie a abandonné le communisme en 1991) dans des révolutions de couleur ciblées contre la Russie. Le 5 novembre 2017, Alex Gorka, titrait « Le mythe de la démocratie européenne : Une révélation choquante », et commence ainsi :
C’est un secret de polichinelle que le « réseau Soros » possède une vaste sphère d’influence au Parlement européen et dans d’autres institutions de l’Union européenne. La liste de Soros a été rendue publique récemment. Le document énumère 226 députés européens de tous bords politiques, dont l’ancien président du Parlement européen Martin Schulz, l’ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt, sept vice-présidents et un certain nombre de chefs de commission, de coordinateurs et de questeurs. Ces personnes promeuvent les idées de Soros, telles que l’arrivée de nouveaux migrants, les mariages homosexuels, l’intégration de l’Ukraine dans l’UE et la lutte contre la Russie. Le Parlement européen compte 751 membres. Cela signifie que les amis de Soros disposent de plus d’un tiers des sièges.
George Soros, un investisseur américain d’origine hongroise, fondateur et propriétaire de l’ONG Open Society Foundations, a pu rencontrer le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker sans « aucun ordre du jour transparent pour leur réunion à huis clos. »
Nombre de ses agents au Parlement européen, mais pas tous, sont des Verts. Les milliardaires américains et alliés font des dons à tous les politiciens qui sont prêts, désireux et capables de faire progresser l’empire américain pour qu’il englobe le monde entier, et ne font pas de dons à un seul parti.
Soros était l’un des principaux bailleurs de fonds du coup d’État qui a commencé sous l’administration Obama (dirigée par Victoria Nuland et Hillary Clinton), en juin 2011, pour renverser le président ukrainien démocratiquement élu, Ianoukovitch, le remplacer par un régime raciste-fasciste (ou nazi) anti-russe et s’emparer de la plus grande base navale de la Russie, qui était et est toujours en Crimée, pour la transformer en base navale américaine. (Poutine a pu bloquer cette tentative.) Hillary et Obama avaient rencontré pour la première fois Ianoukovitch en 2010 mais n’ont pas réussi à le persuader de faire pression pour que l’Ukraine devienne membre de l’OTAN. L’OTAN était alors très impopulaire parmi les Ukrainiens. Entre 2003 et 2009, seuls quelque 20 % des Ukrainiens souhaitaient l’adhésion à l’OTAN, tandis qu’environ 55 % y étaient opposés. En 2010, Gallup constatait qu’alors que 17 % des Ukrainiens considéraient que l’OTAN signifiait une « protection de notre pays », 40 % disaient que c’était « une menace pour notre pays ». Les Ukrainiens considéraient majoritairement l’OTAN comme un ennemi, et non comme un ami. Mais après le coup d’État ukrainien d’Obama en février 2014, « l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN obtiendrait 53,4% des voix, un tiers des Ukrainiens (33,6%) s’y opposeraient. » Obama a retourné l’Ukraine, d’un pays neutre à la frontière de la Russie en un pays nazi anti-russe. Et Annalena Baerbock est un fervent partisan de l’Ukraine nazie d’aujourd’hui.
Cependant, le parti « vert » est vert dans un sens : il suit le vert des dollars, pas celui des électeurs. En dehors de cette façon d’être vert, il n’est que rouge-sang. Même les politiques proposées par le parti « vert » pour lutter contre le réchauffement de la planète sont futiles et n’empêchent en rien l’épuisement de la planète. Elles ignorent la seule politique qui, même de façon concevable, pourrait arrêter le réchauffement de la planète : interdire l’achat d’actions et d’obligations de sociétés d’extraction de combustibles fossiles. Donc, ce sont de véritables imposteurs. La réponse des milliardaires est de parier soit sur des projets commerciaux farfelus pour stopper le réchauffement climatique, soit sur la prolongation dans le futur de l’utilisation des combustibles fossiles et d’ignorer le bien-être des générations à venir. En d’autres termes, tous les milliardaires, qu’ils soient libéraux ou conservateurs, ne sont en réalité que des rouges-sang, pour étendre encore plus leur empire, en dernière analyse.
Cela ne vient pas de ce que les électeurs veulent ; cela reflète UNIQUEMENT ce que les milliardaires veulent. Voici quelques données montrant qu’en dépit de toute la propagande des milliardaires en faveur de l’expansion de l’empire des États-Unis et de leurs alliés, la majorité des habitants de certains pays – dont l’Allemagne – n’en veulent pas :
Seuls les Allemands « s’opposent à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN » : 57% contre 36%
« L’adhésion de l’Ukraine à l’UE » : les Allemands s’y opposent à 54% contre 41%, les Français à 53% contre 46%.
« Opposition à l’approvisionnement de l’Ukraine en armes contre la Russie » : Allemands 77% contre 19%, Français 59% contre 40%, Italiens 65% contre 22%.
https://www.pewresearch.org/global/2015/06/10/2-russian-public-opinion-putin-praised-west-panned :
En 2013, la médiane de la favorabilité de la Russie dans l’UE était de 37% ; au moment de 2015, elle était tombé à 26% – 26/37 ou 30% de moins que seulement deux ans plus tôt, c’est-à-dire avant qu’Obama se soit emparé de l’Ukraine lors d’un coup d’État américain très sanglant. (Obama a été l’héritier d’Hitler le plus réussi depuis la Seconde Guerre mondiale, et a particulièrement réussi à mettre en péril la sécurité nationale des Russes en s’emparant de l’Ukraine à la frontière de la Russie et en intensifiant l’alliance militaire anti-russe, l’OTAN, alors que la tentative d’Hitler de conquérir la Russie s’était avérée être un échec colossal).
Ainsi, Baerbock, la politicienne « verte » la plus puissante d’Europe, et même du monde, bien qu’elle ait échoué dans les urnes, tire sa haine (envers la Russie), son bellicisme, non pas des électeurs, mais de l’envie pure et simple des milliardaires américains et alliés, d’étendre leur empire américain et allié, pour englober le monde entier. C’est ce qu’elle (et de nombreux politiciens du Parti Vert) pousse le plus à faire.
Les « Verts » sont en réalité rouge-sang, celui de la guerre.
Eric Zuesse
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone