Par Fred Deion – Le 16 Janvier 2019
Vivons-nous une période de rupture historique ? Si nous choisissons de répondre par la positive, qu’est-ce qui nous permet d’être affirmatifs ? Avant de faire un pronostic sur le futur (même proche), un bon réflexe est celui du conducteur, qui jette un coup d’œil dans le rétroviseur avant de dépasser.
Ceux qui sont nés juste après la fin de la guerre (à partir de 1945) ont grandi dans la période appelée les Trente Glorieuses : Plan Marshall pour reconstruire l’Europe dévastée, climat d’optimisme et consommation des ménages soutenue qui alimente la croissance et le plein emploi, stabilité géopolitique (Pax atomica)… C’était le bon vieux temps que rien ne semblait pouvoir troubler.
Puis les quelques lézardes ont commencé à apparaître dès les années 1970 : premier élément d’incertitude dans le système financier avec la fin de la convertibilité dollar-or, fin de l’énergie gratuite avec les premiers chocs pétroliers.
À la fin des années 1980 et au début des années 1990, c’est la chute du mur et l’effondrement de l’Union soviétique. Bush père fanfaronne et proclame l’avènement d’un nouvel ordre mondial (avec en mire les USA en seule superpuissance) qui ne verra jamais le jour. Le tournant du millénaire assiste au kick-off du terrorisme djihadiste le 11 septembre 2001.
Ces dix dernières années, la situation s’accélère :
- Crise financière (2007-2009), incertitudes sur l’euro, bulles de crédit, développement de la finance de l’ombre (shadow banking) ;
- Printemps arabes avec des conflits qui embrasent la région (Libye qui devient une zone de non-droit, guerre civile en Syrie et au Yemen, naissance de EI en Irak suite au fiasco de l’intervention américaine, etc.) ;
- Crise migratoire (qui découle en partie du point précédent) avec un afflux de réfugiés (auxquels s’agrègent des réfugiés économiques provenant d’autres pays, et quelques terroristes).
Aujourd’hui, la machine semble s’emballer. Tous les pays du G7 ont de nouvelles situations à affronter (ou vont devoir le faire), maintenant ou dans un futur très proche :
- Crise sociale en France qui a viré à une situation quasi-insurrectionnelle avec le mouvement des gilets jaunes ;
- Modalités du Brexit britannique toujours inconnues ;
- Incertitudes aux USA (shutdown, guerre commerciale avec la Chine, etc.) ;
- Surendettement public et/ou privé (à peu près tous, mais avec une mention particulière pour le Japon, les USA, et l’Italie) ;
- Pour cette dernière, on peut ajouter la grande fragilité de ses banques. Lors des difficiles négociations entre Bruxelles et Rome au sujet du budget italien, de nombreux clients italiens ont vidé leurs comptes pour déposer leur épargne auprès de banques suisses ; point d’évasion fiscale, juste une mesure préventive pour éviter d’être victime d’un éventuel bail-in. Ces retraits ont évidemment été peu médiatisés…
- Et pour que la liste des pays du G7 soit presque complète, l’Allemagne, sous forme de question : combien de temps pourra-t-elle (et voudra-t-elle) encore porter à bout de bras l’Union européenne et sa zone euro ?Au vu de ce qui précède, nul besoin d’être voyant pour deviner que la prochaine décennie sera agitée…
Fred Deion
http://actufreddeion.blogspot.ch
Fred Deion est un auteur suisse. Son livre, Ruptures millénaires, jette un coup de projecteur sur quelques événements historiques qui ont marqué la vie des hommes. Ces périodes chaotiques ont eu un impact considérable sur les populations, qui ont vu leur destin basculer. Gardons à l’esprit leurs tragiques épreuves, pour mieux faire face aux défis d’aujourd’hui et de demain.
Si l’histoire se répète, le passé indique le futur. Que peut nous dire le passé sur notre XXIe siècle ?