La violence impérialiste en Syrie [4/7]

L’exceptionnalisme : un prétexte pour l’imperialisme


Par Kim Petersen et B. J. Sabri – Le 13 janvier 2016 – Source ICH

Donc, nous prétendons que ce sont les interventions régionales et internationales qui ont mis la Syrie dans cette situation de violence et que les objectifs occidentaux impérialistes et les objectifs locaux (américains, israéliens, européens, turcs, etc.), agissent au travers du monde arabe.

Nous allons vous botter les fesses Puis nous vous pillerons

Il est aussi évident que toutes les guerres américaines postérieures à la Seconde Guerre mondiale ont été menées pour imposer la domination des USA et confirment ses aspirations à devenir un super-Empire. Encore plus, l’impérialisme américain (l’hyper-impérialisme 1) est non seulement le modèle qui dirige leurs interventions, mais aussi un mécanisme pour changer les systèmes politiques et économiques des autres nations souveraines afin de servir ses intérêts impériaux et économiques. Le moteur central de ce genre d’impérialisme est la doctrine néoconservatrice d’expansion des frontières de l’Empire américain et sa stratégie pour y arriver, spécialement dans le monde arabe 2.

Quatre forces ont été déployées dans cette course forcenée des USA depuis l’effondrement de l’URSS : l’agressivité d’un capitalisme hyper-militarisé, une idéologie impériale belliqueuse, Israël et le sionisme, et enfin un sentiment psychopathe d’exceptionnalisme qui n’est pas une force par lui-même mais un expédient dans un but plus large : ce que l’Amérique nomme exceptionnalisme est uniquement une ruse pour promouvoir une notion artificielle de suprématisme et en abuser.

En ce qui concerne le rôle du sionisme – et la manière dont il façonne les trois autres forces dirigeantes – il s’agit d’un débat qui dépasse l’objet du présent essai. Pourtant, si on le décrit brièvement, Israël et le sionisme sont tellement imbriqués dans le Système dirigeant américain que toutes les politiques US en relation avec les États arabes doivent être considérées à travers le biais d’Israël.

Considérons la perspective globale des USA : alors que le système US avec sa machine de guerre, sa conception particulière du capitalisme et ses relations intimes avec l’industrie militaire est l’âme de son impérialisme, son idéologie impériale et son credo exceptionnaliste est la religion. Un facteur aggravant est la volonté irrépressible, depuis la fondation de la soi-disant république, d’infliger la mort et une destruction massive aux diverses résistances ou désobéissances qui se manifestent. Le mantra de cette politique génocidaire est «Bombardez ! Renvoyez-les à l’âge de pierre», locution utilisée en premier lieu par le Général Curtis LeMay dans son autobiographie de 1965, mantra répétée par chaque commandement militaire US jusqu’à ce jour chaque fois qu’il s’agit d’intimider ceux qui s’opposent à eux. 3

Pour que l’impérialisme US puisse imposer sa totale hégémonie, il lui faut un pouvoir militaire supérieur et une volonté illimitée de violence et d’agressivité. Un penseur néocon de la Brooking Institution, Bruce Jones, exprime sa passion impérialiste en quatre mots dans son livre: Nous devons encore diriger, (Still Ours to Lead), où il détaille, en 214 pages de texte, les outils du contrôle perpétuel.

Pour commencer à répondre à la question «Pourquoi la Syrie», considérons le récapitulatif de l’histoire politique récente des USA. Dans les mémoires de ses années à la Maison Blanche (Waging Peace, Double Day & Company, New York, 1965), le Président Dwight Eisenhower dénigre le Président égyptien Gamal Abdel Nasser avec des épithètes peu amènes et propose à l’Arabie saoudite et à son roi de devenir le leader spirituel et le dirigeant de tout le Monde arabe. L’aversion d’Eisenhower envers Nasser était principalement motivée par la dernière décision révolutionnaire de celui-ci visant à détacher l’Égypte des intérêts américains et anglais en choisissant le financement et la technologie de l’URSS pour construire le barrage d’Assouan.

Eisenhower nommait parfois changement de dictature le passage de l’Égypte d’une monarchie vers une république (1952). Le motif qui se trouvait derrière cette opinion d’Eisenhower sur Nasser et la nouvelle Égypte est transparent. Nasser utilisait les nationalismes arabe et égyptien comme catalyseur pour un renouveau de son pays et appelait à l’union des États arabes ; une union entre États arabes est un anathème pour Washington. Eisenhower savait qu’il s’agissait d’un défi aux intérêts américains.

Quelle sorte d’homme était donc Eisenhower ? Il était le Commandant en Chef des Forces d’occupation en Allemagne. Force qui extermina intentionnellement, entre 1944 et 1949, environ un million de prisonniers de guerre allemands dans des camps américains et français, par la famine et la maladie. 4

Quel est le rapport entre la position d’Eisenhower vis à vis de Nasser et la politique d’Eisenhower en Allemagne ? Comment relier cela à la violence en Syrie ?

Eisenhower soutenait clairement la pulsion à la violence du militarisme et de l’impérialisme américain afin d’imposer sa politique, quel qu’en soit le prix. Quand les USA décident de quelque chose, la retraite est impensable quelles que soient les objections. Il organisa la politique afin de contrer l’Égypte et tout le Monde arabe s’ils souhaitaient se débarrasser du contrôle occidental.

Il décrivait Israël comme un pays entouré d’ennemis sans jamais dire un seul mot sur la façon dont il était devenu un État. Et il ne mentionna jamais le nom de la Palestine ni l’adjectif palestinien dans les sept cents pages de son livre. Mais le traitement des prisonniers de guerre allemands par Eisenhower devint un précédent pour Georges H.W. Bush, Bill Clinton et Georges W. Bush afin d’imposer un blocus total de l’Irak, pendant treize ans, qui causa la mort d’environ un million d’Irakiens par malnutrition et par manque de soins médicaux. La pulsion criminelle d’Eisenhower est la même pulsion que celle des présidents qui lui ont succédé, y compris Barack Obama.

Ces présidents américains criminels ne pouvaient pas se retenir de tuer et de détruire en masse. La politique criminelle d’Obama en Syrie, en Irak, en Libye, au Yémen, au Soudan, en Palestine, et en Afghanistan, ne diffère pas de celle de ses prédécesseurs. Georges H. W. Bush n’exprime aucun regret dans ses mots : «Je ne m’excuserai jamais pour les États-Unis.» Mitt Romney y fait écho avec cette expression : «Je ne m’excuserai jamais pour l’Amérique.»

Dans l’exemple égyptien, quand Nasser se tourna vers l’Union soviétique, Eisenhower et les frères Dulles insistèrent en déclarant que Nasser répandait le communisme ; arrêter son influence dans le Monde arabe devenait une priorité US. De même en suggérant que les Saoudiens deviennent les dirigeants du Monde arabe, Eisenhower démontrait sa méconnaissance historique des nations arabes et de leurs aspirations. Particulièrement en mettant les Arabes sous la coupe des wahhabites, dont les particularités sont la corruption, l’élimination de la dissidence politique, les fausses valeurs islamiques au service du clan, la corruption des gouvernements étrangers, le goût pour les concubines et la décapitation des prisonniers sur les places publiques. 5

L’idée d’Eisenhower n’était, cependant, pas accidentelle. Il imaginait les Saoudiens devenant les Gardiens des lieux saints islamiques contrôlant les masses musulmanes arabes qui viseraient l’indépendance et une vie décente. En d’autres termes, les USA d’Eisenhower étaient déjà en train d’imaginer de tourner le wahhabisme en un ersatz d’Islam et de l’utiliser comme cheval de Troie pour contrôler les Nations arabes de l’intérieur en utilisant l’axiome marxiste «la religion est l’opium du peuple». Nous pouvons en déduire qu’il préparait cette issue. Il rêvait implicitement de faire du wahhabisme l’idéologie confessionnelle des Arabes et des musulmans. Dans ce sens, les Arabes seraient contrôlés à travers l’outil wahhabite.

Pouvons-nous interpréter le wahhabisme comme un outil impérialiste de contrôle ?

Le colonialisme britannique et son rejeton, celui des USA, relèvent de la même culture, des mêmes bases et idéologies impériales, de la même compréhension, du même suprématisme, et d’une histoire équivalente de colonialisme, impérialisme, militarisme et recours au génocide. Quand Eisenhower propose que les Saoudiens dirigent les Arabes, il envisage la façon de contrôler le pétrole saoudien dans lequel l’ARAMCO possède 50% au moment de sa fondation en 1933. Le wahhabisme, cependant, est le seul outil impérialiste qui peut empêcher toute agression contre l’impérialisme US dans la région. En pratiquant ainsi, Eisenhower marche dans les pas des Britanniques. La Grande-Bretagne est l’ancien occupant de la plupart des frontières Est et Sud de la mer Rouge et du golfe Persique, aidant à la promotion et à la dissémination du wahhabisme au milieu du XIXe siècle 6 afin de harceler et affaiblir l’Empire ottoman qui occupait le reste de la péninsule Arabique, l’Irak et la Grande Syrie.

Mais pour situer le wahhabisme en tant qu’outil impérialiste, nous devons connaître ce qui motive l’impérialisme américain. Particulièrement depuis la lubie de la Destinée manifeste, la culture américaine de la domination a été fixée sur la croyance que le monde est un objet que seuls les USA tout puissants et bénis par Dieu peuvent organiser, civiliser et démocratiser. Marchant sur les pas des principales personnalités américaines qui ont magnifié la stature de l’Empire américain, les néocons sionistes Dick Cheney et son épouse Liz ont rejoint la brigade des suppôts des USA avec leur dernier livre : Exceptional : Why the World Needs a Powerful America. En conclusion, l’exceptionnalisme n’est pas simplement une ruse pour dominer en se servant des notions suprématistes par elles-mêmes, mais c’est un outil pour étendre les limites de la domination des USA.

Par exemple, après que les USA ont envahi et occupé l’Afghanistan en 2001, ils ne demandèrent pas au peuple afghan de voter ; ils utilisèrent un outil de la tradition afghane, la Loya Jirga (le Conseil), pour sélectionner Hamid Karzaï, de la majorité pachtoune, comme président de l’Afghanistan démocratique à la mode américaine. Et quand les USA ont occupé l’Irak, ils ont utilisé l’outil de la Marjaeya chiite (Rassemblement législatif islamique chiite), pour prévenir un sursaut des chiites arabes contre l’occupation des USA. A cette occasion la Marjaeya s’abstint de lancer une fatwa pour résister aux envahisseurs. Les clercs chiites Jawad el Khalisi et Muqtada el Sadr furent une exception. Et grâce à cette abstention, il fut facile à Ahmad Chalabi et au clan Al Hakim ainsi qu’aux USA de s’organiser pour imposer un régime d’occupation en Irak.

Remodeler un pays ou une région selon les règles impérialistes demande cependant un contrôle par plusieurs moyens, y compris militaires. Pour parvenir à un tel contrôle, les idéologues de l’Empire ont mis au point des règles d’opération afin de faciliter le lancement des guerres et des interventions.
Les objectifs spécifiques d’une action impérialiste, les bénéfices à long terme, et les outils pour les mettre en place, ne sont qu’un simple échantillon de telles règles.

Maintenant, si nous cherchons à comprendre ce qu’Eisenhower pensait sur la manière dont les Nations arabes devaient être dirigées, nous devons souligner que cette approche de contrôle par des intermédiaires mandataires, par la cohabitation ou par des moyens auxiliaires a été appliquée bien avant par tous les pouvoirs colonialistes européens dans les territoires qu’ils ont colonisés ; et avant eux par plusieurs autres États puissants et empires à travers l’histoire.

De plus, on peut analyser l’idée d’Eisenhower de contrôler par des moyens différents – religions, animosités ethniques, rivalités sectaires, etc. – à partir d’une perspective conventionnelle : le système américain – de Georges Washington à Barack Obama – dédaigne délibérément la façon dont le monde fonctionne. Cela signifie que les classes dirigeantes US et leurs maîtres capitalistes savent très bien que les sociétés du monde désirent se libérer en suivant leur propre voie vers le changement et le progrès.

Le plan de remodelage des nations arabes de l’intérieur est un ajustement des méthodes de base américaines de domination. L’administration Eisenhower imaginait l’utilisation de l’outil wahhabite à travers ce schéma : parce que le premier précepte du wahhabisme demande au peuple une totale obéissance à ses dirigeants, contrôler les masses musulmanes à travers des régimes intermédiaires wahhabites serait aisé à réussir. Aussi les généralissimes américains eurent une vision : soumettre les musulmans à la volonté d’un roi saoudien, au travers des édits et des fatwas, impliquait indirectement l’obéissance aux USA, qui eux protégeraient les dirigeants saoudiens. (Note : L’obéissance aux dirigeants est citée dans le Coran [An-nisa Surah: 4:59]. Cependant ce concept est sorti de son contexte car ce verset met des conditions à ce que l’obéissance implique et quel type de dirigeant la mérite.)

C’est de cette façon que les Saoudiens ont obtenu l’obéissance : la fondation de l’État saoudien en 1932 était basée sur un pacte entre eux et l’establishment religieux wahhabite, soutenu depuis le milieu du XIXe siècle par les Britanniques qui occupaient physiquement la majorité de la péninsule Arabique, qu’ils dirigeaient par l’intermédiaire des clercs wahhabites contrôlant tous les aspects religieux de l’État. Ceci comprenait l’enseignement de leur vision de l’islam et leur interprétation de la charia islamique (les Lois), les cursus religieux scolaires, la nomination des imams et muftis, le prosélytisme, la levée de fonds mais, encore plus important, le maintien d’une stricte obéissance du peuple à l’État. Le résultat direct de cet arrangement a été que toute résistance ou critique du clan Saoud est automatiquement interprétée comme une contravention aux lois islamiques et même comme une défection à l’islam. (Pour une information plus complète, et pour comprendre comment les Saoudiens usent du wahhabisme – appelé de manière opportuniste islam – comme instrument de pouvoir d’état absolu, lire la note 7.)

Puis, pour donner une idée de la façon dont le wahhabisme contrôle le peuple saoudien aux côtés des Saoud, imaginez ces deux exemples concrets. Quand environ 500 000 militaires US ont campé en Arabie saoudite sous prétexte de les défendre contre la menace irakienne (Operation Desert Shield, 1990), Al Saoud a jugulé les objections des citoyens à l’aide du clergé wahhabite. Ils ont lancé une fatwa soutenant l’installation des militaires US et la guerre américaine sous prétexte que l’Irak était athée en raison de son idéologie baathiste socialiste arabe. 8

Contrairement au système officiel wahhabite, payé et contrôlé par la Maison des Saoud, qui maintient le régime en phase avec les désirs et la politique des USA à travers les familles régnantes, le wahhabisme populaire couramment défini comme salafisme est militant et supporte une idéologie pan-islamique. Cette idéologie pan-islamique n’est pas nécessairement anti-occidentale, ni anti-orientale. Elle est plutôt axée sur un but précis : défendre les musulmans et leurs pays dans le sens le plus strict des interprétations islamiques de la charia.

Personne n’a enfourché le pouvoir idéologique militant du wahhabisme plus que les USA de Jimmy Carter et Zbignew Brzezinski. Avec la Maison des Saoud prête, pour de multiples raisons, à dépenser des milliards de dollars pour soutenir les buts US dans l’Afghanistan « envahie » par les soviétiques, Carter et Brzezinski ont transformé le wahhabisme, une religion uniquement concernée par l’interprétation stricte du Coran et son application dogmatique de l’islam, en une idéologie de guerre (djihad), afin de combattre les Russes athées. Quelque trente ans après que l’URSS eut quitté l’Afghanistan, une nouvelle équipe d’impérialistes US, les néocons sionistes et leurs dirigeants saoudiens, ont élargi les objectifs du wahhabisme afghan pour en faire un autre outil au but déclaré, et démontré par les événements, de désintégrer le système des Nations arabes. 9

L’opportunité qui amène à cette désintégration planifiée est le soi-disant Printemps arabe. A part les soulèvements tunisiens et égyptiens authentiques – ultérieurement subornés et renversés par l’Occident et l’Arabie saoudite – il n’est pas surprenant que les vagues successives violentes de ces printemps heurtent uniquement des pays arabes sélectionnés, Libye, Syrie et Yémen, qui ne sont pas subordonnés aux USA et à Israël. Et ce n’est pas tout, le militantisme wahhabite saoudien est sorti de son modèle afghan pour devenir une force multi-nationale dirigée spécifiquement contre les musulmans arabes. Ainsi, après 1 400 ans de conversion à l’islam, des musulmans arabes sont aujourd’hui accusés d’apostasie et de déviationnisme.

La raison pour laquelle nous ne voyons la bannière des wahhabites militants armés que dans ces pays arabes sélectionnés est l’évidence qui démontre leur usage politique et stratégique coordonné par les USA et l’Arabie saoudite. Cela pointe aussi vers cette conclusion raisonnée : parce que deux pays combattent pour des objectifs similaires en Syrie – le renversement de Bachar al-Assad par l’intermédiaire de groupes armés financés et entraînés par les deux, ainsi que pour finir à isoler le Hezbollah – ces objectifs les réunissent sur trois points :

  1. Les USA (et Israël), ainsi que la Maison des Saoud, unissent leurs forces afin de réaliser les plans US de partition de l’Irak, de la Syrie, de la Libye et du Yémen.
  2. Pour souligner le rôle des Saoudiens dans la réalisation de leurs plans, les USA diminuent leur pression sur eux, en encourageant leur désir de devenir un pouvoir militaire régional comme le prouve leur guerre d’agression contre le Yémen, publiquement justifiée comme défense contre une présumée invasion iranienne du Monde arabe. Mais la menace saoudienne envers l’Iran embrasse une cible plus large : détruire l’islam de l’intérieur en déclarant ouvertement que les musulmans chiites sont des apostats et des hérétiques. Ceci a radicalisé le conflit intérieur à l’islam et aux Nations arabes, divisant les musulmans en bons et mauvais selon les critères wahhabites, et a rendue acceptable la violence religieuse comme voie pour résoudre les problèmes politiques.
  3. Le remodelage du Moyen-Orient ferait de l’Arabie saoudite le pivot d’une nouvelle alliance qui définirait l’avenir des Palestiniens et du Monde arabe. (Pour plus d’informations sur l’alliance émergente entre l’Arabie saoudite et Israël, lisez la note 10 (Pour une vue plus large concernant l’animosité des Saoudiens contre le chiisme, qui accessoirement est la foi officielle de l’Iran, lisez la note 11 et 12).

Si on porte attention à la manière dont les USA promeuvent les idéologies jihadistes douteuses, nous devons aussi mentionner qu’immédiatement après le 9/11 de nouveaux termes sont apparus et ont circulé massivement : islamique, djihad, islam radical, guerre sainte, etc. Nous ignorons qui édite le site Web du Washington’s Blog.com, mais l’article Sleeping With the Devil: How U.S. and Saudi Backing of Al Qaeda Led to 9/11, apporte des informations considérables sur la façon dont les USA utilisent les wahhabites saoudiens dans ces guerres. Plus d’informations peuvent être recherchées en ligne.

Alors que contrôler les masses arabes de l’intérieur, comme par exemple dans les royaumes du Golfe aujourd’hui renommés émiratsétats ou royaumes, s’est avéré une méthode efficace, les contrôler par des moyens extérieurs est bien plus direct et violent et possède toutes les caractéristiques du colonialisme impérialiste classique. Comprendre le fonctionnement de ces politiques nous amène à saisir plus largement la signification de la violence en Syrie. En conséquence, nous devons porter la discussion vers une autre conclusion : le plan derrière la destruction systématique de la Syrie, de l’Irak, de la Libye et du Yémen, et la déstabilisation des États arabes, ne peut être isolé du plan général de démantèlement et de destruction du système nationaliste du Monde arabe. Et, bien que non arabe, l’Iran se situe dans ce méli-mélo en tant qu’un des pivots d’une dynamique qui sert à soutenir les buts impérialistes, diviser pour régner, à travers l’amplification et la diabolisation des différences confessionnelles.

A partir du moment où les Britanniques ont promis la Palestine au mouvement sioniste et où du pétrole a été découvert dans le sous-sol arabe, et si on considère la quasi homogénéité des sociétés arabes dans ces vastes contrées, mettre en place un plan afin de les maintenir sous un contrôle colonialiste occidental permanent est devenu un objectif. Dans ce plan, chacun des éléments suivants a son importance :

  1. Prévenir toute tentative d’unité arabe afin d’affaiblir leur pouvoir collectif.
  2. Attiser des conflits ethniques et sectaires comme moyen d’affaiblir leur pouvoir étatique.
  3. Déstabiliser le système arabe à travers Israël.
  4. Empêcher les Palestiniens d’accéder à des solutions favorables, en les opposant entre eux, afin de les maintenir dans les bras des Occidentaux.
  5. Contrôler le pétrole et les autres ressources.

Ainsi au sujet de l’unité arabe, le plan existe depuis le pacte secret franco-britannique Sykes-Picot en 1916 pour diviser les provinces précédemment dominées par l’Empire ottoman… Pourtant, avec toutes les nations d’Asie de l’Ouest et d’Afrique du Nord qui ont obtenu leur indépendance du colonialisme européen après les Première et Seconde Guerres mondiales, l’idée d’un nationalisme arabe avait survécu au plan occidental de partition en entités séparées et continuait d’être une force idéologique incontrôlable. En outre, l’unique catalyseur qui poussait les Arabes à trouver un terrain d’entente commun était leur déni de l’État sioniste européen israélien en Palestine arabe.

Kim Petersen  est un ancien éditeur de la newsletter de Dissident Voice. On peut le joindre à kimohp@inbox.com

J. Sabri est un observateur des politiques colonialistes modernes impérialistes sionistes et de leurs résultats arabes contemporains. On peut le joindre à b.j.sabri@aol.com

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Traduit par Gabriel, édité par jj, relu par Diane et Nadine pour le Saker Francophone

NOTES

  1.  B. J. Sabri, The Hyper-Imperialist ParadigmPart 1Part 2Part 3Part 4Dissident Voice, 2003
  2. Free Republic, Empire Builders: Neoconservatives and their Blueprint for U.S. Power, Note : originally published by the Christian Science Monitor in 2003
  3. Quoted in the New York Times Obituary, Gen. Curtis LeMay, an Architect Of Strategic Air Power, Dies at 83, 2 October 1990. Quoted in Spartacus Educational, Curtis LeMay. Quoted in History News Network, Bomb them Back to the Stone Age: An Etymology.
  4. James Bacque, Other Losses, Third Edition, Talonbooks, Vancouver, 2011.
  5. GRAPHIC: Rare & Illegal Footage Shows Public Beheadings in Saudi Arabia
  6. David Livingstone, Globalists created Wahhabi Terrorism to Destroy Islam and Justify a Global State .
  7. Saudi Basic Law of Governance
  8. Judith Miller, WAR IN THE GULF: Muslims; Saudis Decree Holy War on Hussein, New York Times, 20 January 1991.
  9. The Greater Middle East Project (An extensive multi-link document)
  10. * For an American Zionist view, Atlantic piece, Israel and Saudi Arabia: Togetherish at Last?
    * For an imperialist view, WSJ piece, Saudi Arabia Reluctantly Finds Common Ground With Israel About Iran.
    * For an Israeli perspective, Jerusalem Post, Israeli-Saudi relations best kept quiet
    * The Times of Israel: In very rare public meet, Israeli, Saudi officials name Iran as common foe
    * Arutz Sheva, Saudi Official Shakes Hands with Israelis in Rare Meeting
  11. Al-Monitor.com, Why Salafists see Shiites as their greatest enemy
  12. Washingtonsblog, The Real Reasons Saudi Arabia Hates Iran
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