La revue de presse du 12 février 2024


Par Wayan – Le 12 février 2024 – Le Saker Francophone

Caitlin Johnstone est, elle aussi, stupéfaite face à l’attitude des Etats-Unis que nous qualifions régulièrement ici de « schizophrénique » :

« L’une des choses les plus étranges qui se produisent dans le monde aujourd’hui est la façon dont les responsables américains continuent d’insister sur le fait qu’ils ne sont pas en guerre contre les groupes sur lesquels ils larguent des bombes au Moyen-Orient et qu’ils ne cherchent pas à entrer en conflit avec les personnes qu’ils sont en train d’attaquer.

Peu après une nouvelle série d’attaques massives contre des cibles Houthis au Yémen, le secrétaire de presse du Pentagone, Pat Ryder, a déclaré lundi aux journalistes que les États-Unis n’étaient pas en guerre contre le groupe.

« Nous ne cherchons pas une escalade avec les Houthis. Nous ne sommes pas en guerre contre les Houthis. Nous ne cherchons pas à entrer en guerre contre les Houthis », a déclaré Ryder.

La veille, le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, avait déclaré à l’émission State of the Union de CNN que « les États-Unis n’envisagent pas non plus une guerre plus large au Moyen-Orient », même s’il a refusé d’exclure des attaques directes en Iran, et même si la guerre contre Gaza, soutenue par les États-Unis, s’est étendue aux campagnes de bombardements américains au Yémen, en Syrie et en Irak.

Cela survient quelques jours seulement après que le président Biden a publié une déclaration disant que « les États-Unis ne cherchent pas de conflit au Moyen-Orient ou ailleurs dans le monde », alors que les États-Unis sont en train de larguer des bombes sur plusieurs pays du Moyen-Orient. »

C’est tellement surréaliste. C’est comme si quelqu’un courait vers vous et vous lançait des coups de poing au visage tout en criant « JE NE SOUHAITE PAS ME BATTRE ! CE N’EST PAS UNE AGRESSION ! Ils portent un masque souriant en plastique et prônent la paix du bout des lèvres tout en gérant la structure de pouvoir la plus agressive et meurtrière de cette planète. »

Et bien cette folie continue de plus belle cette semaine. Le 31 janvier Reuters annonçait :

« Le groupe armé irakien Kataib Hezbollah, aligné sur l’Iran, a annoncé mardi la suspension de toutes ses opérations militaires contre les troupes américaines dans la région, dans une décision visant à éviter « l’embarras » du gouvernement irakien, a indiqué le groupe.

« Alors que nous annonçons la suspension des opérations militaires et de sécurité contre les forces d’occupation – afin d’éviter de mettre le gouvernement irakien dans l’embarras – nous continuerons à défendre notre peuple à Gaza par d’autres moyens », a déclaré le secrétaire général du Kataib Hezbollah, Abou Hussein al-Hamidawi. a déclaré dans un communiqué. »

Sous la pression du gouvernement irakien, lui-même sous la pression des Etats-Unis, un des groupes de résistance irakien accepte donc d’arrêter sa tactique de harassement des troupes étasuniennes basées en Irak.

Mais une semaine plus tard, Reuters annonce :

« Un commandant du Kataib Hezbollah, un groupe armé en Irak soutenu par l’Iran et que le Pentagone accuse d’avoir attaqué ses troupes, a été tué mercredi lors d’une frappe américaine, a annoncé l’armée américaine.

« Les forces (américaines) ont mené une frappe unilatérale en Irak en réponse aux attaques contre des militaires américains, tuant un commandant du Kataib Hezbollah responsable de la planification directe et de la participation aux attaques contre les forces américaines dans la région », a indiqué l’armée dans un communiqué. Le commandant n’a pas été nommé.

Deux sources de sécurité, s’exprimant sous couvert d’anonymat, ont déclaré que le commandant était Abou Baqir al-Saadi, tué dans une frappe de drone sur un véhicule dans l’est de Bagdad.

L’une des sources a indiqué que trois personnes avaient été tuées et que le véhicule visé était utilisé par les Forces de mobilisation populaire (FMP) irakiennes, une agence de sécurité de l’État irakien composée de dizaines de groupes armés, dont beaucoup sont proches de l’Iran. Les combattants et commandants du Kataib Hezbollah font partie des FMP. »

Pourtant, les articles de l’époque disaient :

« C’est la première fois qu’une frappe tue des soldats américains dans la région depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre.

La Jordanie affirme que l’attaque a eu lieu en Syrie et non en Jordanie.

Il y a eu d’autres attaques contre des bases américaines dans la région, mais avant dimanche, il n’y avait aucun mort, selon l’armée américaine.

On ne sait pas clairement qui est derrière cette dernière attaque. »

Quand on Google la question « qui est derrière ces attaques », Wikipedia répond :

« Le 28 janvier 2024, un drone d’attaque lancé par Résistance islamique en Irak – une milice chiite soutenue par l’Iran – a frappé la tour 22, un avant-poste militaire américain à Rukban, dans le nord-est de la Jordanie. L’explosion a entraîné la mort de trois soldats américains et en a blessé 47 autres.[3] »

Visiblement, les « milices soutenues par l’Iran » ou autres « Forces de mobilisation populaire » se rejoignent dans un but commun, chasser l’occupant étasunien de la région. Et les Etats-Unis doivent affronter une entité difficile à identifier car, comme pour le Hamas, elle est composée de civils qui luttent pour défendre la souveraineté de leur pays.

Mais alors quelle relation entre les « Forces de mobilisation populaires » (FMP) et le gouvernement irakien ? Quels sont ces groupes auxquels les médias occidentaux attachent la sempiternelle phrase « Groupes soutenus par l’Iran ». Moon of Alabama nous l’explique :

« Les groupes FMP irakiens ont été fondés par le gouvernement irakien et sont sous son contrôle. Certains d’entre eux sont chiites et peuvent avoir des affinités idéologiques avec l’Iran.

En 2014 et plus tard, nombre de ces groupes, chiites ou non, ont reçu de l’Iran des équipements et des formations pour lutter contre Etat Islamique. Cette aide a été fournie à la demande du gouvernement irakien.

Cela ne fait pas de ces groupes un élément iranien ou quelque chose d’extérieur aux forces de sécurité irakiennes. Ils font partie intégrante de l’État irakien.

Les dépeindre comme des groupes extérieurs “soutenus par l’Iran“, comparables aux forces d’occupation américaines indésirables en Irak, est un pur mensonge destiné à permettre des attaques contre ces groupes, même lorsque ces attaques sont en fait des attaques contre les forces de sécurité de l’Irak et condamnées par le gouvernement irakien. »

Le Time le confirme :

« Les frappes aériennes américaines contre 85 cibles en Irak et en Syrie vendredi et contre les positions des Houthis au Yémen samedi ont marqué « le début, et non la fin de notre réponse » à une attaque de drone à la fin du mois dernier qui a tué trois soldats américains en Jordanie, a déclaré le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan, à NBC. Le plus haut responsable de l’administration Biden a également refusé d’exclure des frappes aériennes sur le sol iranien.

Pourtant, les frappes de représailles sont vouées à l’échec, notamment parce que l’administration Biden ne semble pas saisir une évidence : les différents groupes militants, pour la plupart chiites, qui composent l’Axe de la Résistance sont loin d’être de simples mandataires iraniens qui opèrent au gré des caprices de l’Iran. Le soutien que l’Iran apporte à ces groupes – généralement des armes et des conseils sur la manière de les utiliser – ne se traduit pas par le type de pouvoir et de contrôle que les sponsors exercent généralement sur leurs mandataires. L’ambassadeur iranien auprès de l’ONU, Amir Saied Iravani, a récemment fait valoir ce point sur NBC, affirmant que même si l’Iran arme et finance ses alliés (à l’exception des Houthis), « nous ne les dirigeons pas. Nous ne leur commandons pas. Nous avons une consultation commune les uns avec les autres. Iravani a décrit la relation de l’Iran avec ces acteurs comme un « pacte de défense », la comparant à l’OTAN. »

Et les médias ont une grande part de responsabilité dans l’incapacité du gouvernement Biden et de la population a « ne pas saisir une évidence » :

« Les médias grand public comme The Guardian, The New York Times et The Wall Street Journal ont autorisé la publication d’articles étonnamment racistes ces derniers jours. Tous parlent des habitants du Moyen-Orient et de ceux d’origine moyen-orientale, pendant que l’empire occidental largue de plus en plus de bombes sur de plus en plus de pays du Moyen-Orient.

Lundi, le Guardian a publié une caricature politique qui ne se distingue pas de la propagande nazie des années 1930, si ce n’est qu’elle représente un musulman au lieu d’un juif. Le dessin montre le dirigeant iranien Ali Khamenei tenant les ficelles des marionnettes de soi-disant groupes mandataires iraniens au Moyen-Orient comme les Houthis, le Hezbollah et le Hamas, exactement de la même manière que les nazis avaient l’habitude de dépeindre les Juifs comme des marionnettistes malfaisants manipulant les affaires mondiales.

Comparez ceci :

à la propagande nazie sur les Juifs manipulant les dirigeants du monde pendant la période précédant l’Holocauste : 

… Le chroniqueur du New York Times, Tom Friedman, qui n’a jamais été confronté à une guerre au Moyen-Orient sans être physiquement excité, a été autorisé, d’une manière ou d’une autre, à publier un article intitulé « Comprendre le Moyen-Orient à travers le règne animal » qui compare les habitants du Moyen-Orient aux insectes et aux parasites.

Il n’y a bien sûr aucune analyse significative dans l’article de Friedman ; il compare littéralement les pays qu’il aime à des animaux et les pays qu’il n’aime pas à des insectes dégueulasses. Le Hamas est une araignée. L’Iran est une « guêpe parasitoïde », et le Liban, le Yémen, la Syrie et l’Irak sont les chenilles dans lesquelles elle pond ses œufs. Netanyahu est un lémurien, sautillant en fonction des exigences politiques du moment, et les États-Unis ? Les gars, comprenez ceci : les États-Unis sont un lion. Roooarr ! »

On retrouve là encore à la fois les méthodes de diabolisation de l’ennemi pour justifier les attaques contre lui et le suprématisme occidental. Les propagandistes occidentaux n’éprouvent même plus le besoin de faire dans la dentelle.

Pourtant l’Irak n’accuse pas l’Iran de déstabiliser la région mais bien les Etats-Unis :

« Des responsables irakiens ont condamné jeudi la frappe de drone américaine survenue pendant la nuit à Bagdad, qui a tué un haut commandant de la milice soutenue par l’Iran, soupçonné d’avoir mené l’attaque contre une base américaine en Jordanie, qui a tué trois soldats américains. Un porte-parole des forces armées irakiennes a qualifié cette frappe d' »assassinat flagrant » et a déclaré qu’il s’agissait d’un exemple de l’influence déstabilisatrice des troupes américaines et alliées dans le pays. »

Quant à la guerre non déclarée Israël/Liban, elle continue de plus belle :

« Une frappe de drone apparemment israélien jeudi dans le sud du Liban a visé deux membres du Hezbollah, dont un haut commandant du groupe terroriste libanais, à la suite d’attaques de missiles répétées qui ont blessé trois soldats de Tsahal – dont un grièvement – et endommagé une maison près de la frontière.

Alors qu’une série d’attaques transfrontalières tout au long de la journée maintenait les tensions à la frontière, le chef de l’armée de l’air israélienne a menacé que des centaines d’avions d’attaque pourraient être envoyés au Liban à tout moment. »

A Gaza, non seulement l’horreur continue mais elle s’amplifie :

« Benjamin Netanyahu indique que la guerre à Gaza pourrait s’intensifier et ordonne un plan d’évacuation pour Rafah

Un jour après que le président Biden a qualifié la campagne militaire israélienne dans la bande de Gaza d’« exagérée », le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a clairement indiqué que la guerre était susceptible de s’intensifier. Le dirigeant israélien a déclaré vendredi qu’il avait ordonné à ses forces de préparer un plan pour évacuer la population de Rafah avant une invasion israélienne prévue de la ville du sud de Gaza.

Israël affirme que Rafah est le dernier bastion du Hamas et qu’il doit envoyer des troupes pour mener à bien son plan de guerre contre le groupe militant islamique, qui, selon lui, y dispose encore de « quatre bataillons ». Mais on estime que 1,5 million de Palestiniens se sont entassés dans la ville et ses environs après avoir fui les combats ailleurs à Gaza, alors que les Forces de défense israéliennes les ont exhortés à y chercher refuge.

Netanyahu a déclaré qu’une « opération massive » était nécessaire à Rafah. Il a déclaré avoir demandé aux responsables de la sécurité de présenter un « double plan » qui comprendrait l’évacuation des civils et une opération militaire visant à « effondrer » les unités militantes restantes du Hamas. »

Rafah est collée à la frontière égyptienne, les gazaouis ne peuvent plus reculer, sauf à passer en Egypte. On se rappelle que l’un des plans dévoilés par le gouvernement israélien au début de l’attaque contre Gaza était de déplacer les gazaouis vers le Sinaï égyptien. Tout le monde crie « au fou » mais le fou n’entend plus rien :

« L’annonce [de l’attaque contre Rafah] a semé la panique. Plus de la moitié des 2,3 millions d’habitants de Gaza sont entassés à Rafah, qui borde l’Égypte. Beaucoup ont fui là-bas après avoir suivi les ordres d’évacuation israéliens qui couvrent désormais les deux tiers du territoire après l’attaque du Hamas du 7 octobre qui a déclenché la guerre. On ne sait pas où ils pourraient aller ensuite.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, a déclaré que toute offensive terrestre israélienne sur Rafah aurait des « conséquences désastreuses » et a affirmé qu’Israël avait pour objectif de forcer à terme les Palestiniens à quitter leurs terres. L’Égypte a averti que tout mouvement de Palestiniens vers l’Égypte menacerait le traité de paix vieux de quatre décennies entre Israël et l’Égypte.

Un autre médiateur, le Qatar, a également mis en garde contre un désastre, et l’Arabie saoudite a mis en garde contre des « répercussions très graves ». Il existe même des frictions croissantes entre Netanyahu et les États-Unis, dont les responsables ont déclaré qu’une invasion de Rafah sans plan pour les civils conduirait à un désastre.

« Les habitants de Gaza ne peuvent pas disparaître dans les airs », a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock sur X, ajoutant qu’une offensive israélienne sur Rafah serait une « catastrophe humanitaire en devenir« .

Une folie qui touche aussi une partie de la population :

« Plusieurs milliers d’Israéliens manifestent actuellement à Jérusalem, exhortant le gouvernement à résister aux pressions de la communauté internationale pour un cessez-le-feu et à poursuivre la guerre jusqu’à la défaite du Hamas.

De nombreux participants brandissent des affiches avec des photos de soldats tombés au combat et le message selon lequel, par leur mort, ils ont voulu qu’Israël continue à remporter la victoire.

La manifestation semble représenter un repoussoir par rapport aux manifestations plus importantes organisées ces dernières semaines qui faisait pression sur le gouvernement pour qu’il fasse les concessions nécessaires pour obtenir un accord d’otages avant qu’il ne soit trop tard.

La manifestation de ce soir vise à renforcer la position exprimée à plusieurs reprises par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a promis de poursuivre le combat jusqu’à la « victoire totale ». »

Il est de plus en plus évident que dans son esprit « victoire totale » veuille dire vider Gaza de ses habitants, crime contre l’humanité ou pas.

Un autre indice démontrant cela est que quand le Hamas propose un traité de paix raisonnable :

« Le groupe militant du Hamas a publié une contre-proposition visant à mettre fin définitivement au conflit à Gaza, a rapporté mercredi Reuters. Cette initiative est une réponse au plan de cessez-le-feu publié la semaine dernière par les médiateurs égyptiens et qataris, soutenu par les États-Unis et Israël.

Un projet de plan du Hamas consulté par l’agence de presse propose un cessez-le-feu en trois étapes de 135 jours qui aboutirait à une cessation des hostilités et à un retrait des forces israéliennes.

La première phase verrait les militants du Hamas libérer les otages israéliens restants de Gaza en échange de 1 500 prisonniers palestiniens détenus en Israël, a rapporté Reuters. Les phases ultérieures impliqueraient le début de la reconstruction du territoire dévasté de Gaza et un échange des restes des personnes tuées au cours de la guerre de quatre mois.

Il envisage également un accord visant à mettre fin définitivement au conflit d’ici la fin de la troisième phase de 45 jours. La trêve permettrait également la livraison de nourriture supplémentaire, de fournitures médicales et d’autres formes d’aide aux 2,3 millions de Gazaouis, dont beaucoup ont été déplacés par la violence au milieu des avertissements d’une crise humanitaire qui s’aggrave. »

Netanyahou y oppose une fin de non-recevoir en criant à la victoire :

« Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rejeté un plan proposé par le Hamas pour mettre fin au conflit à Gaza, déclarant aux journalistes qu’« il n’y a pas d’autre solution que la victoire absolue » sur les militants palestiniens.

Le texte du plan a été divulgué à Reuters mardi et rejeté par Netanyahu dès le lendemain.

« Se soumettre aux exigences délirantes du Hamas, que nous venons d’entendre, non seulement n’apporterait pas la liberté des otages, mais cela ne ferait qu’inviter à un massacre supplémentaire ; cela provoquerait un désastre pour Israël dont aucun citoyen israélien ne veut », a déclaré Netanyahu lors d’une conférence de presse. »

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En Ukraine, une autre ville est sur le point de tomber, Avdiivka :

« Les troupes russes progressent vers Avdiivka, posant une situation « critique » pour les forces de Kiev, ont averti les chaînes ukrainiennes Telegram, dans un contexte où cette ville de la région de Donetsk pourrait être la première colonie capturée par Moscou en huit mois.

En octobre dernier, la Russie a lancé une offensive contre la colonie considérée comme une porte d’entrée vers la ville voisine de Donetsk occupée par la Russie et un élément essentiel dans l’objectif du Kremlin de prendre le contrôle de toute la région du sud-est du Donbass.

La chaîne Telegram Ukraine Fights a indiqué dimanche que « la situation dans la ville est devenue critique », ajoutant que des avions d’attaque russes étaient entrés dans la ville par le nord-est et que les troupes russes avaient contourné les formations de combat ukrainiennes et pris pied dans les bâtiments. »

Les tensions politiques en Ukraine augmentent. Zelensky a finalement virer son chef des armées :

« Le président Volodymyr Zelensky a annoncé le limogeage du plus haut commandant ukrainien, le général Valerii Zaluzhnyi, dans le cadre du plus grand remaniement militaire depuis le début de l’invasion à grande échelle de la Russie il y a près de deux ans.

La décision du président fait suite aux tensions entre Zelensky et son chef militaire extrêmement populaire après l’échec de la contre-offensive tant vantée de l’Ukraine, et alors que l’Ukraine est confrontée à une nouvelle attaque russe, à une pénurie de soldats et de munitions et à l’aide américaine bloquée au Congrès.

Le remplaçant de Zaluzhnyi sera Oleksandr Syrskyi, qui occupe depuis 2019 le poste de commandant des forces terrestres ukrainiennes. »

Le problème est que Sysrskyi est bien moins populaire dans les rangs :

« La question est maintenant de savoir ce que Syrskyi, 58 ans, apporte à la guerre. Plus particulièrement, il a aidé à défendre Kiev contre les assauts russes et a orchestré une contre-offensive réussie à Kharkiv.

Mais Syrskyi est également connu pour avoir dirigé ses forces vers un hachoir à viande à Bakhmut, envoyant vague après vague des troupes pour faire face aux tirs russes. En fin de compte, les mercenaires du groupe Wagner, soutenus par le Kremlin, ont capturé la ville.

Pour cette raison et d’autres, Syrsky est profondément impopulaire auprès de la base ukrainienne.

« Très mauvaise décision », a déclaré un capitaine militaire ukrainien au NatSec Daily. Le capitaine, comme d’autres, a bénéficié de l’anonymat pour éviter des représailles ou pour donner son opinion sans fard.

Une autre personne connaissant bien les opérations de Syrskyi a fait écho à ce point de vue. Il est peu probable que sa nomination ait un effet positif pour l’Ukraine, car Syrskyi est considéré par ceux qui sont en première ligne comme un général sévère de type soviétique qui met ses hommes en danger sans pitié.

Cette personne a ajouté que les troupes ukrainiennes ont donné à Syrsky un surnom horrible : « Boucher ». Le capitaine a confirmé que le surnom est resté, tout comme « Général200 » – qui signifie 200 morts sur le champ de bataille. »

Voilà qui ne va pas remonter le moral d’une armée qui l’a déjà à zéro :

« L’armée ukrainienne est confrontée à une pénurie critique d’infanterie, ce qui entraîne un épuisement et une baisse du moral sur la ligne de front, ont déclaré cette semaine des militaires sur le terrain – une nouvelle dynamique périlleuse pour Kiev, près de deux ans après le début d’une guerre acharnée et sanglante avec la Russie.

Lors d’entretiens sur la ligne de front ces derniers jours, près d’une douzaine de soldats et de commandants ont déclaré au Washington Post que le manque de personnel constituait actuellement leur problème le plus critique, alors que la Russie a repris l’initiative offensive sur le champ de bataille et intensifie ses attaques.

Un commandant de bataillon d’une brigade mécanisée combattant dans l’est de l’Ukraine a déclaré que son unité comptait actuellement moins de 40 soldats d’infanterie, des soldats déployés dans les tranchées de première ligne qui retiennent les assauts russes. Un bataillon entièrement équipé en compterait plus de 200, a déclaré le commandant.

Un autre commandant d’un bataillon d’infanterie d’une autre brigade a déclaré que son unité était également épuisée. »

Mais alors pourquoi un tel remaniement à ce moment :

« Le nouveau chef militaire ukrainien a indiqué vendredi qu’il souhaitait créer un nouvel élan, affirmant que ses objectifs immédiats étaient d’améliorer la rotation des troupes sur les lignes de front et d’exploiter la puissance des nouvelles technologies, à un moment où les forces de Kiev sont largement sur la défensive dans la guerre avec Russie.

« De nouvelles tâches sont à l’ordre du jour », a déclaré Syrskyi sur sa chaîne Telegram.

Il a également souligné l’importance de « nouvelles solutions techniques et de la mise à l’échelle des expériences réussies, telles que l’utilisation de systèmes sans pilote et de moyens de guerre électronique modernes ».

Bien qu’il ait fourni peu de détails, ses remarques semblaient correspondre à l’objectif déclaré de Zelensky d’apporter un « renouveau » aux forces armées et d’adopter une nouvelle approche du combat. »

Améliorer la rotation des troupes veut dire mobilisation générale et forcée, que le parlement ukrainien est en train de voter, c’est-à-dire envoyer encore plus de civils mal entrainés dans des « hachoirs à viande ». Cela ne fera que répéter les échecs de Bhakmut et d’Avdiivka. Quant à exploiter la puissance des nouvelles technologies, commencer cela en pleine déroute me semble un peu tard. Bref, des objectifs totalement illusoires.

Moon of Alabama nous propose une autre explication à ce remaniement :

« Pourquoi Zelensky aurait-il nommé un commandant que l’ensemble des forces armées détestent ?

En fait, il s’agit d’une “caractéristique de conception” et non d’un bogue.

Rappelons que la raison pour laquelle Zaluzhny a été renvoyé est qu’il était devenu trop puissant : il était trop aimé des troupes et de la population. Pourquoi ? L’une des raisons est probablement qu’il s’est battu à plusieurs reprises pour les troupes. Au début de l’année 2023, des documents ont été divulgués montrant qu’il avait presque supplié Zelensky de retirer les troupes de Bakhmut, mais que le narco-Fuhrer avait refusé, voulant qu’il s’agisse d’une défense symbolique de la ville – peut-être pris d’illusions romantiques genre Stalingrad.

Récemment, on a prétendu que Zaluzhny avait également tenté d’obtenir le retrait total d’Avdeevka. Il ne semble pas qu’il aime gaspiller des hommes pour ce qu’il sait être des efforts infructueux. Syrsky, en revanche, semble heureux de les réduire à néant.

Alors, est-ce que c’est devenu évident ? Zelensky a besoin d’un commandant en chef qu’il peut contrôler, quelqu’un qui n’est pas universellement aimé par les troupes ; quelqu’un qui ne peut pas utiliser ces troupes à un moment opportun pour “marcher sur Kiev” et évincer Zelensky de sa citadelle. Syrsky semble correspondre au rôle prototypique parfait : indéfectible, impopulaire, peu charismatique et, surtout, non tenté par des ambitions politiques – le factotum servile idéal du régime de Zelensky. »

Il se pourrait bien que cette malheureuse initiative marque le début de la fin pour Zelensky.

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Cette semaine Tucker Carlson s’est discrètement rendu à Moscou pour y faire une interview surprise de Poutine. Il l’a ensuite publié sur son profil X et a atteint 190 millions de vus en trois jours. Un incroyable succès montrant une vraie soif d’information par le public. L’interview dure 2 heures et est disponible en version sous-titrée français ici. Poutine y présente sa version des événements.

Alors panique dans les médias/gouvernements occidentaux car Poutine risquait de fissurer la version occidentale des évènements en Ukraine en présentant la sienne :

« L’interview de Tucker Carlson avec le président russe Vladimir Poutine pourrait voir l’expert conservateur ciblé par les législateurs de l’Union européenne, ont déclaré à Newsweek des membres actuels et anciens du Parlement européen.

Le travail de Carlson en Russie pourrait mettre l’ancien animateur de Fox News dans une situation délicate avec l’UE, a déclaré à Newsweek Guy Verhofstadt, ancien Premier ministre belge et actuel membre du Parlement européen.

Le législateur – qui a appelé l’UE à envisager d’imposer une « interdiction de voyager » à Carlson – a décrit Carlson comme « un porte-parole » de l’ancien président Donald Trump et de Poutine, ajoutant : « Comme Poutine est un criminel de guerre et que l’UE sanctionne tous ceux qui l’aident dans ses efforts, il semble logique que le Service pour l’action extérieure examine également son cas. »

Expliquant le motif de son interview, Carlson a déclaré mardi dans une déclaration vidéo : « La plupart des Américains n’ont aucune idée de la raison pour laquelle Poutine a envahi l’Ukraine ni de quels sont ses objectifs actuels. Nous ne sommes pas ici parce que nous aimons Vladimir Poutine. Nous ne vous encourageons pas à être d’accord avec ce que Poutine pourrait dire dans cette interview, mais nous vous invitons à la regarder. Vous devriez en savoir le plus possible. » »

Puis attaque ad hominem contre le journaliste :

« Carlson a été accusé de faire écho à la propagande russe et à la désinformation sur l’Ukraine en se demandant pourquoi les États-Unis devraient dépenser des milliards pour aider le pays à se défendre.

Durant son séjour en Russie, Carlson a déjà été accusé de propager des mensonges. Même le Kremlin a déclaré qu’il avait tort de prétendre qu’aucun autre journaliste occidental n’avait tenté d’interviewer Poutine. Les responsables de Poutine ont déclaré qu’ils avaient simplement refusé tous les autres.

Carlson est déjà une figure célèbre parmi les propagandistes pro-Kremlin en Russie, avec des extraits de ses émissions fréquemment diffusés à la télévision d’État. La BBC a noté que chacun de ses mouvements en Russie avait été largement rapporté.

Bien que Carlson soit un personnage diminué après avoir été l’animateur le mieux noté de Fox News, il dispose toujours d’un large public parmi les républicains que Poutine cherche à atteindre. »

Boris Johnson, celui qui avait empêché un traité de paix entre l’Ukraine et la Russie en avril 2022 comme le rappelle Poutine dans cette interview, est particulièrement remonté contre Carlson :

« « Lorsque Tucker Carlson est allé au Kremlin, il avait une fonction bien connue de l’histoire. Il devait être le larbin du tyran, le dictaphone du dictateur et un traître au journalisme », a écrit Johnson dans un éditorial pour le Daily Mail vendredi.

« Dans son bonheur flatteur, riant et bouche bée d’avoir un » scoop « , il a trahi ses téléspectateurs et auditeurs du monde entier », a écrit Johnson. Utilisant l’argot britannique pour désigner les fesses, Johnson a qualifié l’interview de « servilité suceuse de cul envers un tyran ».»

Pour ce général français, Poutine est même en train de gagner la « guerre des narratifs » grâce à cette interview.

Mais la panique s’est vite calmée, l’interview elle-même fut peu commentée, seuls les 190 millions de spectateurs auront eu l’occasion de voir l’autre face de la médaille, sans les interférences de la propagande occidentale. Une autre face qui correspond grandement aux faits que présentent les médias alternatifs, non pas parce qu’ils sont « à la botte de Poutine » comme veut le faire croire la propagande, mais parce que c’est le résultat de leur observation du terrain. Et, dans cette observation, le rôle de l’Occident n’est effectivement guère reluisant.

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Puisque nous parlons de « guerre des narratifs », nous finirons par cet article de Johnstone qui, en se basant sur l’interview de Poutine, nous explique les subtilités de la propagande occidentale pour imposer son narratif :

Dans la guerre de propagande, il est très difficile de vaincre les États-Unis

Par Caitlin Johnstone – Le 11 février

Un moment peu remarqué de la récente interview de Vladimir Poutine par Tucker Carlson fut quand Poutine a laissé entendre que les puissances de l’OTAN étaient à l’origine du sabotage du pipeline Nord Stream, en 2022. Carlson a répondu en demandant pourquoi Poutine ne présenterait pas de preuves de cela au monde, afin de « remporter une victoire dans la guerre de propagande ».

« Dans la guerre de propagande, il est très difficile de vaincre les États-Unis, car les États-Unis contrôlent tous les médias du monde et de nombreux médias européens », a répondu Poutine, ajoutant : « Les bénéficiaires ultimes des plus grands médias européens sont les institutions financières américaines. »

Je ne connais pas la nature spécifique de ses insinuations à propos du Nord Stream, mais Poutine a tout à fait raison quant à la force de la machine de propagande américaine. De tous les fronts sur lesquels on pourrait choisir de défier les États-Unis, la propagande est sûrement le moins favorable. L’empire américain possède de loin la machine de propagande la plus sophistiquée et la plus efficace qui ait jamais existé, fonctionnant avec une telle complexité que la plupart des gens ignorent même son existence.

Dans un article de « fact-checking » intitulé « 5 mensonges et 1 vérité tirés de l’interview de Poutine avec Tucker Carlson », Politico Europe qualifie cette affirmation de mensonge, au motif que la Russie possède des médias publics alors que les médias américains sont privés.

« Les plus grandes sociétés de médias d’information sont privées et opèrent sans contrôle direct du gouvernement, contrairement au paysage médiatique contrôlé par l’État en Russie », écrit Sergueï Goryachko de Politico. « La télévision d’État russe et les principales agences de presse sont la propriété du gouvernement, et le Kremlin contrôle les autres médias ou détruit ceux qui ne veulent pas collaborer. »

Au bas de l’article se trouve une ligne qui se lit comme suit : « Sergey Goryashko est hébergé à POLITICO dans le cadre du programme de résidence EU4FreeMedia financé par l’UE. »

EU4FreeMedia est une opération de gestion narrative de l’Union européenne créée pour aider à intégrer les « journalistes russes en exil » dans les principales publications européennes, c’est-à-dire pour fournir une amplification médiatique maximale aux expatriés russes qui ont une dent contre le gouvernement actuel de Moscou. Il est géré avec la participation de Radio Free Europe/Radio Liberty, une opération médiatique financée par le gouvernement américain sous l’égide des services de propagande américains USAGM.

Je n’aurais vraiment pas pu trouver une illustration plus parfaite de ce dont je parle ici que le gouvernement américain et ses laquais européens qui mènent un projet complexe et élaboré visant à orienter davantage les médias européens contre la Fédération de Russie, ce qui se manifeste par un article de Politico qualifiant Poutine de menteur et affirmant que la propagande n’existe pas en Occident.

Il existe une vieille blague disant ceci :

Un Soviétique et un Américain sont dans un avion, assis l’un à côté de l’autre.

« Pourquoi volez-vous vers les États-Unis ? » demande l’Américain.

«Pour étudier la propagande américaine», répond le Soviétique.

« Quelle propagande américaine ? » demande l’Américain.

« et bien voilà », répond le Soviétique.

En réalité, la nature de l’empire centralisé américain lui permet de mener une campagne de propagande internationale massive et continue à travers des plateformes médiatiques qui sont pour la plupart privées. Un réseau diversifié de facteurs alimente cette dynamique que j’ai détaillée dans mon article inhabituellement long intitulé « 15 raisons pour lesquelles les employés des médias de masse agissent comme des propagandistes », mais l’essentiel est que quiconque est suffisamment riche pour contrôler une plate-forme médiatique grand public va avoir un intérêt direct à préserver le statu quo sur lequel repose leur richesse, et ils coopéreront de diverses manières avec les structures de pouvoir de l’establishment à cette fin.

Le fait que ces médias semblent indépendants mais fonctionnent comme des organes de propagande pour l’empire américain permet à leur propagande de s’implanter dans l’esprit des gens sans déclencher le moindre réflexe de pensée critique ou de scepticisme, ce qui ne serait pas le cas si les gens savaient que ces médias étaient faits pour les nourrir de propagande. La propagande n’a vraiment de pouvoir de persuasion que si vous ne savez pas que vous la subissez.

L’invisibilité de la propagande américaine est encore renforcée par les méthodes subtiles par lesquelles elle est administrée, dont nous avons un magnifique exemple avec la couverture des atrocités de masse en cours à Gaza, soutenues par les États-Unis.

Dans un article intitulé « La couverture de la guerre à Gaza dans le New York Times et d’autres grands journaux ont fortement favorisé Israël, selon une analyse », The Intercept rapporte qu’une analyse de 1 000 articles du New York Times, du Washington Post et du Los Angeles Times sur la guerre d’Israël contre Gaza a révélé que les médias utilisaient systématiquement des choix de mots qui servaient les intérêts israéliens en matière d’information.

« Des termes très émouvants pour le meurtre de civils comme « massacre », « tuerie » et « horrible » étaient réservés presque exclusivement aux Israéliens qui ont été tués par des Palestiniens, plutôt que l’inverse », rapportent Adam Johnson et Othman Ali de The Intercept. . « Le terme « massacre » a été utilisé par les rédacteurs et les journalistes pour décrire le meurtre d’Israéliens et de Palestiniens dans un rapport de 60 contre 1, et « massacre » a été utilisé pour décrire le meurtre d’Israéliens et de Palestiniens dans un rapport de 125 contre deux. « Horrible » a été utilisé pour décrire le meurtre d’Israéliens contre Palestiniens à 36 contre 4. »

C’est le genre de manipulation qu’un consommateur d’information occasionnel ne remarque pas. À moins que vous ne soyez à l’affût des préjugés et que vous gardiez une trace des mots qui sont ou ne sont pas utilisés et à quel endroit, vous ne remarquerez probablement pas l’absence de mots chargés d’émotion lorsque vous faites un reportage sur les Palestiniens tués par les Israéliens.

Ce type d’opinion se manifeste de toutes sortes de manières, comme dans les gros titres d’aujourd’hui sur le meurtre par Tsahal d’une petite Palestinienne de six ans nommée Hind Rajab et de sa famille. Des organes de propagande étasuniens comme CNN, le New York Times et la BBC ont respectivement titré « Une fillette palestinienne de cinq ans retrouvée morte après avoir été coincée dans une voiture sous le feu israélien », « Une fillette de 6 ans portée disparues ». « Une équipe de secours retrouvée morte à Gaza, selon le groupe d’aide, » et « Hind Rajab, 6 ans, retrouvée morte à Gaza quelques jours après des appels téléphoniques à l’aide ». En revanche, Al Jazeera rapporte la même histoire avec le titre « Le corps d’une fillette de 6 ans tuée dans des tirs israéliens « délibérés » retrouvé après 12 jours », et Middle East Eye titre « Hind Rajab : une jeune Palestinienne retrouvée morte après avoir été coincée sous le feu israélien pendant des jours ».

Il est facile de remarquer la différence lorsqu’ils sont placés les uns à côté des autres comme je viens de le faire, mais à moins que vous n’y prêtiez vraiment attention et que vous n’ayez une bonne idée de ce qui se passe ici, vous risquez de manquer ce qui se passe. Si vous êtes comme la plupart des gens et ne lisez pas au-delà du titre, vous ne saurez jamais, d’après les gros titres des médias impériaux, que l’enfant a été tuée par Israël, et vous ne saurez certainement rien de son appel téléphonique terrifié alors qu’elle était piégée par les tirs des FDI et entourée des corps de ses proches décédés. Si vous regardez les médias traditionnels et leurs itérations en ligne renforcées par des algorithmes pour obtenir des informations sur le monde, vous aurez une journée de plus avec une perspective déformée de ce qui se passe à Gaza.

La presse occidentale écrit constamment des titres comme celui-ci lorsqu’elle tente de minimiser l’impact de la mort d’une personne aux mains d’un parti avec lequel elle sympathise, en particulier en ce qui concerne les Palestiniens. Le mois dernier, la BBC a publié un article intitulé « Un nombre record de civils blessés par des explosions en 2023 », comme si des gens manipulaient mal des feux d’artifice ou quelque chose du genre au lieu d’être activement tués par les bombes israéliennes. La BBC a ensuite révisé son titre atroce, mais l’a révisé dans la direction opposée, en remplaçant « Nombre record » par « Nombre élevé » pour minimiser encore davantage l’impact.

Comparez cela avec les gros titres de la BBC lorsqu’elle parle des Ukrainiens tués par les frappes aériennes russes  – il y en a un récent intitulé « Guerre d’Ukraine : les frappes aériennes russes font cinq morts à Kiev et à Mykolaïv ».

Vous avez compris ? En Ukraine, des gens meurent à cause des bombes parce que la Russie a lancé des frappes aériennes russes et les a tués de manière très russe, tandis qu’à Gaza, les gens sont blessés par des explosions parce qu’ils se sont trop rapprochés d’un type de matériau explosif.

La semaine dernière, le Washington Post publiait un article d’opinion intitulé « L’Amérique est-elle complice de la guerre sanglante d’Israël à Gaza ? Mais cela a été considéré trop lourd par les rédacteurs du Post, qui ont rebaptisé l’article « La guerre entre Israël et Gaza a-t-elle changé votre sentiment d’être américain ? » pour empêcher les Américains de trop réfléchir à la guerre sanglante menée par Israël à Gaza et à la complicité de leur pays dans cette guerre.

Dans un article de mercredi intitulé « Biden essaie à nouveau avec les Arabes américains du Michigan », Farah Stockman, membre du comité de rédaction du New York Times, a écrit une phrase absolument insensée : « L’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre semble affecter les perspectives électorales de Biden. » Et le New York Times l’a imprimé.

Relisez cette ligne. Elle dit que les Arabes américains rejettent Biden à cause de l’attaque du Hamas du 7 octobre, ce qui est bien sûr absurde ; ils rejettent Biden parce qu’il soutient un génocide à Gaza. Elle a écrit cette ligne absurde parce que dans le New York Times, vous ne pouvez pas dire des phrases comme « le génocide israélien à Gaza » ou « la facilitation des crimes contre l’humanité par le président », et vous ne serez pas embauché si vous êtes le genre de personne qui serait enclin à l’écrire. Au lieu de cela, le titre prétend que, pour une raison inexplicable, les Arabes américains sont simplement en colère contre Biden parce que le 7 octobre s’est produit.

Mais encore une fois, ces petites manipulations passent inaperçues si vous n’y prêtez pas attention. Tel est l’éclat de la machine de propagande invisible de l’empire américain. C’est pourquoi il est très difficile de gagner une guerre de propagande contre les États-Unis, c’est pourquoi les Occidentaux ont été si bien manipulés pour accepter un statu quo de guerres sans fin, d’écocide, d’injustice et d’exploitation, et c’est pourquoi le monde est tel qu’il est actuellement.

A lundi prochain

 

 

 

 

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