Comprendre les tactiques du globalisme subversif


Par Brandon Smith − Le 12 septembre 2018 − Source alt_market


Lorsque l’idéologie du globalisme est discutée dans les cercles du mouvement pour la liberté, il y a souvent des malentendus quant à la source de la menace et ce qu’elle représente réellement. Dans certains cas, cela peut se faire à dessein. Dans notre époque récente du supposé « populisme », promu par des figures comme Donald Trump, une génération entièrement nouvelle et très verte de militants de la liberté se retrouve à se focaliser sur la gauche politique en général, mais ceux-ci semblent obsédés par l’attaque des symptômes du globalisme plutôt que de rechercher la source. Je l’attribue à une campagne de propagande intelligente menée par des institutions globalistes.


Par exemple, lorsqu’on évoque le globalisme sous l’angle de ses influences conspiratrices, le nom de George Soros est généralement mentionné. Soros est un croquemitaine évident pour les militants de la liberté parce qu’on peut trouver son argent dans de nombreuses organisations marxistes culturelles (justice sociale) et son influence est facilement saisie et comprise de cette façon. Les conservateurs aiment mettre l’accent sur Soros parce qu’il semble résolument de gauche et que le globalisme devient ainsi synonyme de mouvements de gauche. Mais qu’en est-il de tous les globalistes de la droite politique ?

Le globalisme a ses gardiens dans les deux camps politiques ; des gens qui manipulent ou contrôlent carrément les dirigeants politiques et les messages politiques à droite comme ils le font à gauche. Alors que quelqu’un comme George Soros agit comme gardien de la gauche, nous avons aussi des gens comme Henry Kissinger, un gardien globaliste pour la droite. Les relations étroites de Kissinger avec l’administration Trump ou son amitié de longue date avec le Russe Vladimir Poutine sont beaucoup moins évoquées dans le mouvement pour la liberté ces jours-ci. Pourquoi ? Parce que cela ne correspond pas au faux récit, que les globalistes « ciblent » Trump ou Poutine. Lorsqu’on examine ces dirigeants et leurs liens avec un vaste éventail de partisans globalistes, cette affirmation devient absurde.

En 2016, quelques mois avant l’élection présidentielle, le média globaliste Bloomberg publia un article qui salivait sur la possibilité que Trump avale et assimile ce qu’il appelait le « Tea Party », pour finalement le détruire. À l’époque, les médias utilisaient le terme « Tea Party » comme code pour tout groupe souverainiste ou constitutionnaliste, tout comme les médias ont essayé de nous envelopper dans le terme « alt-right » après l’élection de Trump.

Il y avait une raison pour laquelle Bloomberg trouvait particulièrement réjouissante l’idée que Trump absorberait le mouvement pour la liberté. Le mouvement devenait une menace décentralisée pour l’agenda globaliste, une menace qu’il n’était pas facile de quantifier ou de dominer parce qu’elle n’avait pas de direction identifiable. Nous étions un mouvement basé sur la connaissance et l’action individuelle. Nos meilleurs leaders ont été des enseignants, et non des politiciens, et ce sont des gens qui ont prêché par l’exemple, pas par mandat ou par rhétorique.

Le mouvement pour la liberté gagnait du terrain dans tous les domaines imaginables, depuis le démantèlement des médias grand public par le biais de plates-formes alternatives jusqu’à la grande riposte contre le culte de la justice sociale. Il fallait faire quelque chose.

C’est l’arrivée de Trump, une icône de la culture pop trash avec un goût pour le sensationnalisme. Il n’était pas un homme d’État comme Ron Paul expliquant les subtilités des problèmes de l’Amérique d’une manière mesurée. Non, Trump était comme une boule de démolition, un message fort et flagrant pour la gauche que nous étions fatigués d’être sur la défensive et que nous venions pour eux. Mais la réalité était que Trump n’était pas un élément nécessaire de la lutte. Il ne l’a jamais été. L’anti-globalisme et la justice anti-sociale faisaient déjà partie des médias dominants. La gauche était déjà en déliquescence. Ce n’est pas Trump qui a créé cette vague, c’est le mouvement de la liberté qui l’a fait pour lui, il l’a juste fait entrer à la Maison Blanche. De rien, Donald.

Le problème était que Trump n’était pas ce qu’il semblait être pour beaucoup de gens. Avec toute sa rhétorique contre les élites bancaires qu’il qualifiait de créatures du « marais » étouffant Washington, Trump a ensuite chargé son cabinet présidentiel d’élitistes et de globalistes dès qu’il a été élu. Ces mêmes membres du cabinet et conseillers ont ensuite assisté à des réunions de globalistes comme le groupe secret Bilderberg APRÈS que Trump a été élu. Des gens comme l’agent bancaire Rothschild et secrétaire au Commerce Wilber Ross, qui y a officiellement participé en 2017, ou le conseiller Peter Thiel [aussi fondateur de Palentir Technologies, NdT], qui y a officiellement participé en 2018.

Cela ne m’a pas surpris du tout. J’avais prédit que ce serait le résultat probable (avec une présidence de Trump) dans mon article « Clinton contre Trump et la cooptation du Mouvement de la Liberté », publié en septembre 2016.

Le fait est qu’il ne suffit pas de choisir le camp de la droite politique pour protéger les militants de la subversion globaliste. En se ralliant autour de politiciens contrôlés et en entravant nos actions, le mouvement pour la liberté se rend vulnérable et décidément impuissant.

La question se pose donc : comment continuer à lutter contre la guerre de 4ème génération qui nous est imposée ? Une partie de la solution réside toujours dans notre propre compréhension de l’ennemi.

Je maintiens toujours l’idée que la meilleure façon de comprendre le globalisme est d’étudier et d’exposer les efforts d’un groupe appelé la « Fabian Society », aussi connu sous le nom de Socialistes fabiens. La société a été fondée en Angleterre en 1884 et était une extension des groupes « Round Table » établis par les élitistes mondiaux de l’Ouest de l’époque. Les Fabiens ont été à l’avant-garde de presque tous les mouvements pro-socialistes et pro-globalistes du siècle dernier, et bien qu’ils ne reçoivent pas autant d’attention que des institutions comme le Council on Foreign Relations ou même le Bilderberg Group, leurs discussions ouvertes sur leurs propres motivations et objectifs en font une source de données primordiales sur la psychologie de nos adversaires.

La Fabian Society a de multiples mascottes qui font allusion à la nature du globalisme. L’un des symboles du groupe est une tortue en colère avec le slogan « Quand je frappe, je frappe fort », indiquant la nature lente et délibérée du globalisme et sa diffusion méthodique dans tous les aspects de notre vie quotidienne.

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Une autre mascotte qu’ils ont utilisée dans le passé est un loup déguisé en mouton, un symbole qui, je pense, s’explique de lui-même, mais pour clarifier les choses, une personne qui semble être anti-globaliste dans sa rhétorique ou qui est critiquée par des gens comme les Fabiens peut encore être un Fabien déguisé. Leurs relations avec les élitistes exposeront leur véritable nature de cheval de Troie.

Je pense cependant que la meilleure représentation de ces personnes et de leur pensée réside dans leurs propres mots. Voici quelques citations d’anciens membres :

« … La conspiration ouverte apparaîtra d’abord, je crois, comme une organisation consciente d’hommes intelligents et, dans certains cas, riches, comme un mouvement ayant des objectifs sociaux et politiques distincts, ignorant la plupart des appareils existants de contrôle politique, ou l’utilisant seulement comme un outil accessoire dans les étapes, un simple mouvement de plusieurs personnes dans une certaine direction, qui découvriront bientôt, avec une sorte de surprise, l’objet commun vers lequel ils se dirigent tous. De toutes sortes de façons, ils influenceront et contrôleront le gouvernement ostensible. » – H.G. Wells : The Open Conspiracy : Blue Prints for a World Revolution, 1928.

« J’ai aussi dit très clairement que le socialisme signifie l’égalité des revenus ou rien, et que sous le socialisme, vous ne seriez pas autorisé à être pauvre. Vous seriez nourri de force, vêtu, logé, enseigné et employé, que vous le vouliez ou non. Si l’on découvrait que vous n’aviez pas assez de caractère et de capacité de travail pour mériter votre existence, vous pourriez être exécuté avec bonté ; mais tant qu’on vous permettrait de vivre, vous devriez bien vivre. »George Bernard Shaw, The Intelligent Woman’s Guide to Socialism and Capitalism, 1928

« Je ne prétends pas que le contrôle des naissances est le seul moyen d’empêcher l’augmentation de la population. Il y en a d’autres, que les opposants au contrôle des naissances, il faut bien le supposer, préféreraient. La guerre, comme je l’ai fait remarquer tout à l’heure, a jusqu’à présent été décevante à cet égard, mais la guerre bactériologique pourrait peut-être se révéler plus efficace. Si une peste noire pouvait se propager dans le monde une fois par génération, les survivants pourraient procréer librement sans que le monde soit trop plein. Il n’y aurait rien là-dedans qui offenserait la conscience des dévots ou qui limiterait les ambitions des nationalistes. La situation pourrait être quelque peu désagréable, mais qu’en est-il de cela ? Les gens de haut niveau intellectuel sont indifférents au bonheur, surtout celui des autres. » – Bertrand Russell, The Impact of Science on Society, 1953

« Je pense que le sujet qui sera le plus important politiquement est la psychologie de masse. (…) Divers résultats seront bientôt obtenus : que l’influence familiale est obstructionniste… Lorsque cette science sera étudiée avec diligence, elle sera strictement limitée à la classe dirigeante. La population ne pourra pas savoir comment ses convictions ont été générées. Lorsque la technique aura été perfectionnée, chaque gouvernement qui a été chargé de l’éducation d’une génération pourra contrôler ses sujets en toute sécurité sans avoir besoin d’armées ou de policiers… La propagande éducative, avec l’aide du gouvernement, pourrait atteindre ce résultat en une génération. Cependant, deux forces puissantes s’opposent à une telle politique : l’une est la religion, l’autre le nationalisme … Une société scientifique mondiale ne peut être stable sans un gouvernement mondial. » – Bertrand Russell : The Impact of Science on Society, 1953

« Et il me semble qu’il y aura dans la prochaine génération une méthode pharmacologique pour faire aimer leur servitude et produire une sorte de camp de concentration indolore pour des sociétés entières, pour qu’on leur enlève leurs libertés et qu’ils en profitent, car ils seront distraits de tout désir de se rebeller par la propagande, le lavage de cerveau ou sa version améliorée par des méthodes pharmacologiques. » – Aldous Huxley, The Ultimate Revolution, 20 mars 1962, Berkeley Language Center

Aujourd’hui, la Société fabienne existe toujours et fonctionne comme un groupe de réflexion comme tout autre groupe de réflexion globaliste. Leurs articles et essais poussent la dernière propagande globaliste de l’effacement de la souveraineté nationale à la promotion de la politique de genre et de la « fluidité » de genre. Mais que pouvons-nous tirer de ces écrits et des déclarations des anciens membres ?

Premièrement, les globalistes utilisent des tactiques de guérilla pour atteindre leurs objectifs et ils agissent souvent lentement et discrètement au fil des années ou des décennies. La Société fabienne a été nommée d’après le nom du général romain Quintus Fabius Maximus qui a utilisé des tactiques d’attrition et de retard pour vaincre ses ennemis. Les activistes de la liberté doivent commencer à penser en termes de jeu à long terme, un peu comme le fait un joueur d’échecs, afin de saisir l’agenda globaliste. Les événements déclenchés aujourd’hui peuvent avoir des effets escomptés qui ne sont pas nécessairement évidents pour nous aujourd’hui, à moins que nous ne réfléchissions à la manière dont ils se rapportent au système dans son ensemble.

C’est particulièrement vrai sur le plan économique. Les globalistes mettent en scène des bulles financières de nombreuses années à l’avance et utilisent la crise économique comme catalyseur du changement social à grande échelle. Habituellement, il en résulte une centralisation de plus en plus grande de la richesse et du pouvoir. Cependant, le changement de domination financière est subtil pour ceux qui n’accordent pas une attention particulière aux détails. Une bulle du marché peut mettre une décennie à se développer avant qu’elle ne soit délibérément éclatée. Entre-temps, tous les fondamentaux crient que quelque chose ne va pas du tout, mais la majorité du public reste inconsciente jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

Deuxièmement, le contrôle des gouvernements et des dirigeants politiques est primordial pour le succès du globalisme. L’idée que N’IMPORTE QUEL grand dirigeant politique arrive au pouvoir sans influence globaliste est tout à fait naïve. Trump et sa créature des marais en sont des exemples parfaits. La rhétorique n’a pas de sens, et si ces dirigeants peuvent parfois jeter un os à leur base, en fin de compte, leurs actions ne font que pousser la balle en avant pour les globalistes. Cela peut même inclure le sabotage de leur propre présidence pour faire place à une « solution » globaliste.

Troisièmement, la psychologie de masse est une obsession globaliste. Tout pouvoir découle de la perception. Les figures de proue et les groupes idéologiques offrent parfois la promesse d’un avantage social au public sans trop d’efforts de leur part. La tentation de cette offre peut amener les gens à remettre leur libre arbitre en échange. Mais tout « progrès » n’est pas vraiment avantageux pour les masses et la misère suit habituellement de tels accords faustiens avec les élites. L’évasion est difficile.

Par conséquent, les globalistes doivent contrôler le récit à tout prix. Le public doit être divisé autant que possible afin de le distraire de la main de la cabale elle-même, derrière le rideau. Et tout groupe qui s’y oppose directement doit être coopté ou détruit. Plus les gens se concentrent sur les globalistes et leurs organisations comme source principale d’instabilité sociale, plus ils deviennent mal à l’aise.

Quatrièmement, la plupart des actions globalistes d’aujourd’hui reposent sur une guerre de 4ème génération, ce qui signifie que peu de choses sont exactement ce qu’elles semblent être. Je soupçonne que le succès des militants de la liberté les a forcés à adopter des formes de théâtralisation plus élaborées. Rien de ce qu’ils font n’est jamais simple à moins d’avoir étudié les motivations et l’état d’esprit des globalistes, alors ils deviennent plutôt prévisibles, sans originalités et bizarrement robotisés dans leur comportement. Ils semblent brillants dans l’exécution de leurs agendas seulement parce qu’ils ont des siècles d’expérience dans la mise en œuvre des mêmes combines encore et encore. Ce sont des arnaqueurs sociopathes ; ils sont intelligents et sans remords, mais pas des génies dans tous les sens du terme.

Pour l’instant, éduquer le mouvement général pour la liberté et les gens qui nous entourent sur ces questions reste la meilleure méthode pour dérégler la machine globaliste. Il faut éviter de tomber dans les pièges narratifs qu’ils créent, car c’est notre tâche principale que de contrer leurs psychés. Ils ont consacré beaucoup de réflexion et d’énergie à essayer de coopter nos efforts, ce qui devrait faire réfléchir tout le monde. Car si nous n’étions pas une vraie menace, pourquoi s’embêteraient-ils avec nous ?

Brandon Smith

Note du Saker Francophone

Vous pouvez lire ou relire Propaganda, le livre d'Edward Bernays, le neveu de Freud et sans doute le père du marketing moderne, qui explique comment manipuler les masses sans coup férir.

En ce moment, hasard du calendrier, sort aux éditions du Rubicon une édition française du livre de HG Wells avec un titre prémonitoire, le Nouvel Ordre Mondial. Vous pouvez écouter Pierre Hillard présentwe ce livre qui utilise une partie des sources de Brandon Smith, les deux auteurs suivant les mêmes pistes, de deux points de vue différents, libertarien pour Brandon Smith et catholique pour Pierre Hillard.

Traduit par Hervé, relu par Cat pour le Saker Francophone

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